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Yoann Gentric (Traducteur)
EAN : 9782742794805
400 pages
Actes Sud (06/02/2011)
3.58/5   6 notes
Résumé :

Par une triste journée de septembre 1980, une jeune servante tamoule, Chellam - accusée par une fillette de six ans, Aasha, d'avoir joué un rôle dans la mort mystérieuse de sa grand-mère -, s'apprête à quitter, pour n'y plus revenir, la "Grande Maison" de Kingfisher Lane qui abrite les Rajasekharan, une famille de notables indiens de la ville d'Ipoh, en Malaisie. Sa soeur aînée, Lima, s'étant, une sem... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Le récit d'Et c'est le soir toute la journée débute en 1980. Et c'est la fin de l'histoire. La déchéance d'une bonne à tout faire, la mort d'une vieille dame, le départ vers l'Amérique d'une jeune fille. Trois personnages féminins, auxquels il faut ajouter ceux d'une mère de famille au bord de la crise de nerfs et d'une fillette de 6 ans névrosée, qui sont au coeur du roman de Preeta Samurasan, les hommes n'y jouant qu'un rôle subalterne. Habilement, la romancière va revenir en arrière, tisser la toile du temps à l'envers, et expliquer pourquoi on en est arrivé là. L'histoire est avant tout celle d'une famille indienne en Malaisie, plutôt aisée, mais souffrant du complexe des minorités de ce pays, à l'instar de la communauté chinoise, qui semble plus que dubitative (comme l'auteure, sans aucun doute) quant à l'harmonie multiraciale dont se vantent les autorités de ce pays musulman et, en principe, démocratique et sans discrimination d'aucune sorte. Ceci, c'est l'arrière plan, car plus on remonte dans le temps au fil du roman, plus le noeud de vipères que constitue la cellule familiale devient patent, nourri de rancoeurs et de jalousie recuites. La belle-mère hait sa bru qui le lui rend bien, la fille cadette essaie de ressembler à l'aînée, sans y parvenir, se rapproche de la servante tamoule, avant de la trahir. Quant au père, sans doute lassé par cet atmosphère vicié, il s'est construit un autre foyer, avec une femme chinoise. Samarasan raconte les petits et grands événements de cette maison indienne, avec un luxe de détails et de descriptions inouïs, une cruauté insensée, et un style luxuriant qui demande une attention de tous les instants. Ce roman, entre Proust, Balzac et Mauriac, toutes proportions gardées, est très exigeant et parfois aride, et d'une lenteur languissante. Il n'en reste pas moins un véritable tour de force, écrit dans une langue superbe, riche en portraits psychologiques, d'une effarante précision. Il y a un grand souffle à l'intérieur, le même qui est nécessaire pour en venir à bout.
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Un roman « familial ». Une description âpre des liens familiaux, des restes de la colonisation britannique, de la corruption, des constructions asymétriques entre « peuples » en Malaisie. Un regard sans complaisance sur les assignations « ethniques », les inégalités entre femmes et hommes, les domestiques et les maîtres, les relations avec la maladie et la vieillesse. Les histoires construites et celles inventées des enfants, leurs nécessaires fantômes.

Des personnes plus que des personnages, en particulier Aasha, Chellam et Uma.

On entre dans ces tranches de vies et, au fil des pages, se dessine un monde si familier dans ces différences, une proximité des situations, des rancoeurs, des incapacités.

Le propre des vrais romans n'est pas de dépayser mais grâce à l'ancrage, à l'inscription dans des réalités locales de nous montrer l'universel et les similitudes de « la condition humaine »

Un roman à savourer, un kaléidoscope, et une belle langue.
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Et c'est le soir toute la journée, c'est l'histoire d'une famille indienne les Rajasekharan en Malaisie, avec un forte mise en avant des personnages féminins. Il y a d'abord Chellam la bonne, que l'on rencontre dès le début de l'histoire par cette journée de 1980 où la jeune femme est renvoyée de la « Grande Maison » de la famille. Après cela, les chapitres vont s'enchainer à différents moments du passé, sans respecter l'ordre chronologique pour petit à petit arriver à comprendre tout ce qui s'est passé avant et comment on en est arrivé à cette journée.

Les personnages féminins sont les plus présents dans l'histoire, avec Chellam, mais également Vasanthi – Amma – la mère de famille, ses filles Asha la petite dernière par laquelle on observe une partie de l'histoire et qui suit partout Uma la fille aînée qui s'apprête à partir pour l'Amérique et finalement Paati la belle mère qui n'a jamais accepté Amma. Mais les personnages masculins ne sont pas laissés de côté, notamment avec Appa – le père de famille – homme aisé qui a fait le choix d'épouser une femme pauvre, qui n'était pas de sa condition, mais qui maintenant semble plutôt le regretter.

Les chapitres qui se succèdent sans ordre chronologique, m'ont un peu perturbé au début, d'autant plus que j'ai eu des difficultés à rentrer dans l'histoire qui est assez lente. Il m'a finalement du atteindre le milieu du roman pour commencer à me mettre dedans et à m'attacher à cette famille. Avec du recul, j'apprécie finalement ce désordre chronologique car on comprend finalement les liens entre les personnages, les causes et les conséquences.

C'est un roman intéressant, bien construit avec des personnages qu'on n'aime pas forcément mais que j'ai apprécié découvrir et comprendre. Au final, si je me suis un peu ennuyée sur le début, je suis contente de l'avoir lu.

Lien : http://raconte-moi.net/2016/..
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Par une triste journée de septembre 1980, une jeune servante tamoul, Chellam, est chassée de la "Grande Maison" de Kingfisher Lane qui abrite les Rajasekharan, une famille de notables indiens de la ville d'Ipoh, en Malaisie. Peu à peu le mystère se lève sur les raisons de ce congédiement et sur l'histoire de cette famille...

"Peu à peu" mais ô combien lentement...

L'auteur a un style à couper le souffle, et elle sait en jouer pour créer une atmosphère particulière, envoûtante et mystérieuse. Mais ses mots lyriques m'ont malheureusement plus ennuyée que fascinée, je me suis perdue dans les méandres de cette histoire centrée sur quelques personnages seulement. Je me suis sentie étouffée par cette atmosphère confinée, lourde de secrets et de non-dits.
C'est un roman qui demande disponibilité et concentration, un roman dense qui ne se laisse pas appréhender facilement...

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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Même si Ratnam avait pris soin de retirer son cure-dent avant de parler, son malais de marché, déjà martyrisé par sa langue de Tamoul, buta sur sa panique, trébucha, avançant par saccades, cherchant des mots qui ne venaient pas, se perdant clans un labyrinthe de préfixes, de titres et de temps inutiles, inventés. "Pardon lah, Encik, répéta-t-il sans fin. Cette femme, vous voyez cette femme. Bébé qu'arrive. Pardon Encik, pardon pardon pardon", et ce qu'il voulait vraiment dire par là, ce n'était pas simplement : Pardon de sembler si oublieux de votre cause pourtant infiniment plus importante, mais aussi : Pardon d'être étranger, de ne pas maîtriser votre langue, ses subtilités innombrables et sa merveilleuse tradition de poésie pastorale, Pardon d'avoir la peau un tantinet trop brune, Pardon d'adorer éhontément des idoles de pierre et de bois, et, surtout, Pardon d'avoir voté pour ceux qui veulent ravir à vos mains méritantes le contrôle de cette terre féconde, le Pays Malais. Mais, clans la mesure où Ratnam aurait déjà eu beaucoup de peine à formuler tous ces sentiments en tamoul, il y avait peu de chances que, dans les conditions extrêmes qui régnaient cette nuit-là, il parvienne à les exprimer en malais.
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A mesure que Ratnam avançait, la foule environnant le taxi s'épaississait ; des flots de gens se déversaient d'immeubles en feu ; des visages surgissaient derrière vitres et pare-brise, grands et nets, luisants et crispés, pleins de dents et plein d'yeux. Quelque chose de petit et de dur frôla le toit de la voiture.
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Video de Preeta Samarasan (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Preeta Samarasan
Née en Malaisie en 1976, Preeta Samarasan est partie aux Etats-Unis en 1992 pour y terminer ses études secondaires. Après un Master en musicologie, elle a obtenu une bourse de l'université du Michigan pour y suivre un Master en Creative Writting. Elle a publié des nouvelles dans différentes revues (Hyphen, Asia Literary Review...). Son premier roman, "Et c'est le soir toute la journée", a été sélectionné sur les listes de l'Orange Prize et du Commonwealth First Book Award. Elle vit à présent en France avec son mari et sa fille, dans un petit village de la Haute-Vienne.
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