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EAN : 9782072853142
256 pages
Gallimard (29/08/2019)
3.82/5   14 notes
Résumé :
«On ne nous aimait pas, enfermés dans un milieu clos, sans marques d'affection ni la possibilité de fixer des repères. Nous étions dans le même guêpier, égarés dans un tunnel ou une voie sans issue, et à mesure que nous avancions, la neige effaçait les empreintes de nos bottes pour prouver que nous n'existions pas.»

Dans chacun de ses romans, Jean-François Samlong ne cesse d'interroger la violence qui secoue La Réunion. Cette fois-ci, dans un style pe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Ce récit - témoignage poignant , historique, relate une grave injustice commise entre les années 1962 et 1983 auprès d'enfants réunionnais, « transplantés » en terre de France , dans le Centre surtout : Creuse, Corrèze,Cantal... plus de 2000, brisés par l'exil forcé , «  Une machine à expatrier » sous les auspices d'un député célèbre d'alors .....

L'état était là pour chambarder les vies ,faisant signer les mères de famille pour un soi- disant séjour en métropole avec un billet aller et retour ...
Mensonge abyssal !
L'histoire d'Héva, ( je ne la dévoilerai pas,, n'en disons pas plus) , jeune réunionnaise âgée de 16 ans à l'époque , soeur courage de Tony et Manuel , témoigne cruellement de ces vies séparées , piégées, suspendues: «  L'état Français était là , dans sa folie à engendrer des enfers » .

Juste prier, pleurer , une douleur sur le visage, cette loi scindait, divisait, fragmentait , mentait sans dévier de ses principes ni douter d'elle même .
Rapt d'enfants ? Fausses promesses ? Mensonges ? Oeuvre du diable ? Quelle illusion!

Le civilisateur, l'état français se couvrait d'opprobre.
Pourquoi s'est - t- on tu ?

Le silence est partout, autour des cases en bois aux toits de taule de la Réunion, à l'aéroport d'Orly , jusque dans les rues de Guéret et dans les journaux...
Pourquoi ce silence, cette chape de plomb? Interroge l'auteur réunionnais ?
Comment réparer ces vies brisées cinquante ans après ?

Il pose des questions douloureuses : ces enfants dont les plus jeunes avaient six mois ont été disséminés un peu partout , afin de servir de «  commis » ,en «  apprentissage » dans des fermes , au coeur de contrées où régnait le silence dans une campagne déserte et vieillissante , presque à l'aveuglette, sans compassion , ni générosité.
Privés de leurs origines ces enfants ne reverront pas leur pays natal avant longtemps.
Racisme, préjugés, maltraitance , suicide et dépression, l'auteur mêle le vécu intime aux faits objectifs , historiques, véridiques, pointe du doigt un scandale , un drame humain resté dans les tiroirs secrets de la République jusqu'en 2014....
C'est un roman bien documenté, sans concession où le sordide côtoie la révolte - dénonciation de faits précis .
Une terrifiante transplantation, «  migration forcée » au coeur du froid et du racisme .

Un ouvrage nécessaire dont les mots incisifs et tranchants , désespérés, mordants, cruciaux , libèrent et délivrent la lutte d'Héva, , et les lourds mensonges de l'Histoire récente .
Une reconstitution de la mémoire nécessaire , à méditer ..

J'avoue, à ma honte —— que je n'avais pas entendu parler de cette tragédie —-jusqu'à certaines émissions récentes ( quelques années ) qui dévoilèrent ce Scandale .
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Après la seconde guerre mondiale l'île de la Réunion souffre de disette, la population
s'accroît et la violence aussi. Lorsqu'en 1962 ,un cyclone balaie l'île, la laissant
complètement ravagée, un malaise social s'installe et fin 62 l'Etat fait appel à .
Michel Debré qui pense que l'émigration d'une grande partie de la jeunesse pourra apaiser
les tensions.
C'est après ces explications que J.F.Samlong commence son roman.
La fillette de 15ans Héva Lebihan , accompagnée de ses 2 jeunes frères Tony et Manuel
partent pour la France ; des promesses de vie meilleure ont poussé la mère à signer
l'éloignement de ses enfants, ce sera la même chose pour plus de 2000autres , certains seront
même kidnappés.
En 2014, Heva, devenue fonctionnaire à Guéret et mère de famille, heureuse avec son mari
Samuel, lui aussi déporté,se décide à écrire sa biographie. C'est un moment très douloureux,
elle a fait quelques belles rencontres quand même,(en particulier dans une famille juive,)
hormis chez la plupart des fermiers qui traitaient ces enfants plus mal que leurs animaux et
c'est peu dire.
Heva raconte la séparation d'avec ses petits frères, puis la longue quête pour les retrouver
morts ou vivants. Puis cette apparente tranquillité qui ne peut cacher ces blessures d'enfance
- En 2004 l'Assemblée Nationale adopte une résolution relative aux enfants réunionnais
placés en métropole. Ce vote a eu lieu devant un hémicycle aux 2 tiers vide, mais sous les
yeux de 26 ex mineurs présents.
C'est un roman qui crie la douleur des enfants ,J.F.Samlong est natif de l'île, ce qui apporte
encore plus de force dans l'écriture. Certaines scènes sont terribles ,mais chaque mot choisi
est juste.
Il est dommage que 2 romans qui traitent d'un sujet injustement méconnu, dans lesquels
rien ne diverge sortent à quelques mois d'intervalle ;"l'Ile aux enfants" d'Ariane Bois.
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2015. Ceci n'est pas une date mais un nombre. Celui des mineurs « déportés » de l'île de la Réunion vers la métropole, de 1962 à 1984. Des enfants, parfois en très bas âge, arrachés à leur famille pour repeupler des territoires souffrant d'un déclin démographique et donner des bras aux fermes de la Creuse, de la Corrèze, du Cantal… Des enfants séparés de la fratrie, corvéables à merci. Mais selon le député de l'île de la Réunion, Michel Debré et « père » de la loi (même si déjà des idées similaires avaient été évoquées sous la III° république), c'était pour le bien être de tous, en particulier des enfants pour leur donner un savoir, un métier… genre coups de pied au cul éducatifs…

Jean-François Samlong, originaire de la Réunion et ayant lui-même échappé de peu à ce gouffre de l'exil, narre une histoire poignante et terrifiante. Si l'aspect romancé est le choix de l'auteur, il n'en demeure pas moins que les faits sont réels et tragiques.

Le lecteur fait la connaissance d'Heva des années après les faits. Elle est mariée, a deux enfants et a décidé de relater son parcours pour montrer au monde ce qu'ont subi des centaines d'enfants. Elle sait que par l'écriture on peut également se reconstruire, que les mots ont cette puissance de transmettre et pouvoir réapprendre à aimer. Et à s'aimer. Sans angélisme et sans haine, elle va mettre des mots sur les maux, mettre des pansements de vocables sur les blessures qui suintent encore. Nous sommes le 18 février 2014.

Si le récit est crépusculaire, un personnage solaire se dessine tout au long de la narration, c'est justement celui d'Heva Lebihan, jeune adolescente prise dans les mailles du filet de la République Française avec ses deux jeunes frères : Manuel et Tony. Leur père est en prison pour homicide volontaire et leur mère agonise après un avortement clandestin. Tous les ingrédients sont réunis pour que les services de l'Etat les interceptent pour les parachuter dans la région de Guéret. Séparés, Heva sera la plus chanceuse pour être accueilli chez une certaine Dame Clery (de son vrai nom Fischol) et d'un sieur Jérôme. Tout est glacial, sévère mais la jeune réunionnaise ravale ses larmes et fait preuve d'un courage exemplaire. Monsieur Jérôme tombe malade et il devra la vie à Heva. Reconnaissant, il va tout faire pour que l'adolescente retrouve ses frères avec l'aide de l'infirmier, d'un inspecteur au grand coeur et du directeur du foyer de l'enfance qui, à titre personnel, s'insurge contre de telles pratiques colonialistes. Madame Clery va aussi la soutenir car elle sait trop bien ce que signifie que perdre les siens, la Shoah ayant décimé sa famille. Quant à Monsieur Jérôme lui aussi, sait combattre, ancien résistant il s'est échappé pendant la Deuxième Guerre mondiale d'un camp de la mort.
Toute l'ingéniosité de l'écrivain que de mettre ces deux tragédies en parallèle ; si on ne peut les comparer, des enfants sont morts par suicide ou suite à des maltraitances, des violences sexuelles ont été commises, et combien de mineurs ont été internés d'office et ont péri dans l'anonymat le plus assourdissant…

Un roman bien sombre mais qui se veut réconciliant, et cet espoir est d'autant plus beau que beaucoup de questions se posent encore sur ce scandale français. 22 ans de transferts d'enfants, d'orphelins, de mineurs isolés, basculés du jour au lendemain dans un univers inconnu et sans recevoir aucun amour. Une route de l'exil forcé où les corps survivent mais où les âmes s'éparpillent.
« Un soleil en exil », une lecture incontournable et peut-être un nouveau tremplin pour redonner de l'espérance à ces nombreux exilés dont l'enveloppe de l'enfance fut enlevée pour la jeter trop tôt dans un monde impitoyable d'adultes.

Lien : https://squirelito.blogspot...
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"Un Soleil en exil", le dernier roman de Jean-François Samlong, écrivain phare de la Réunion, pointe du doigt un scandale, un drame humain trop longtemps resté dans les tiroirs secrets de la République, le déplacement d'enfants, leur exil forcé loin de leur île natale, vers des départements sous-peuplés, le Tarn, la Corrèze, la Lozère entre autres, mais surtout la Creuse. Enfants "ramassés", enfants arrachés à leur famille, enfants blackboulés depuis leur terre ancestrale et jetés dans l'inconnu, contraints de se confronter aux affres climatiques de l'hiver hexagonal, à la solitude, l'écartèlement des fratries, selon le fallacieux argument, mué en théorie péremptoire, "sortir de l'île est un enrichissement".
L'auteur met en oeuvre deux formes d'écriture : un exposé objectif des faits, l'énoncé historique d'une injustice perpétrée en toute "légalité"; évocation neutre, implacable, d'une filière du rapt organisé en vertu de "bons" sentiments officiels qui masquent l'exploitation servile dont ces jeunes Réunionnais seront les victimes.
Et puis, se déploie le récit-témoignage d'Héva Lebihan, déportée avec ses deux frères : magnifique chant de douleur qui décrit et crie, à vif, l'incompréhension des enfants, leur égarement de jeunes êtres bafoués, méprisés, en butte au racisme, à la tragédie de leurs origines, à l'anathème de leur couleur de peau. Héva, grande soeur courage, nous plonge dans cette région enclavée, inhospitalière : immersion désolée dans un monde hostile, sombre, glacé, labyrinthique.
Héva débarque (est débarquée) en métropole le 6 septembre 1970 et, en 2017, à la fin de ce roman flamboyant, elle se prend à rêver d'un retour à l'île de son enfance, avec mari et enfants.
C'est un roman prenant, poignant, à la fois sans concession dans la révélation-dénonciation de faits sordides, et paradoxalement, extrêmement pudique dans la mise en scène de l'horreur.
On attendait ce roman, beau et parfaitement architecturé. On lit avec passion cet ouvrage nécessaire où les mots libèrent de lourds mensonges de l'Histoire récente, sans manichéisme aucun, qui ouvre les yeux de tout lecteur sur ce qui ne saurait être prescrit.
A lire. A ressentir. A méditer.
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Quel intérêt à romancer cet épisode dramatique de l'histoire de la Réunion ?

Depuis quelques années, de nombreux reportages ont rendu compte de la souffrance de ces enfants arrachés à leur famille. Rien de nouveau hélas.

De plus, pour avoir écouté l'auteur parler de son roman, la démarche est partiale : il n'a recueilli que peu de témoignages et toujours à charge, dans le sens d'une idée préconçue des faits.

À mon sens, le sujet aurait mérité d'être traité sur deux autres plans :
- Qu'est ce qui a décidé des hommes à déraciner ces enfants en pensant que ce serait bien pour eux ?
- Que s'est-il-passé pour ceux qui ont été accueilli par des personnes aimantes (car, oui, il y en a eu) ?

Deux sujets autrement complexes, auxquels l'auteur a préféré une démarche simpliste et univoque.
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critiques presse (1)
LeMonde
16 décembre 2019
L’écrivain réunionnais livre le roman de la vie brisée de milliers des jeunes Réunionnais « transplantés » en métropole entre 1963 et 1982.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
«  Non. Le fruit pourri tombe mais ne pourrit pas l’arbre, alors que le pouvoir pourrit tout l’intérieur du corps de ces hommes politiques véreux . »
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«  Les enfants qui se cachent pour ne pas mourir, puis cachent qu’ils ont été cachés, à qui l’on cache leurs origines ou dont les origines se cachent , nous enseignent que c’est par un récit que se compose notre identité .
Boris Cyrulnik .
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Visible derrière la brume, la ferme se distinguait en effet par une tristesse gravée dans la pierre semblable à celle d'un tombeau. A son état de grand délabrement, j'ai senti croître en moi un sentiment de panique. J'avais l'impression que la vie ne pouvait pas sortir de ces murs chargés de lierre, prisonnière d'une atmosphère nuisible à l'esprit, l'étouffant, l'engluant comme la boue englue les chaussures.
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Ne pas flancher. Ne pas sangloter. Le bruit de mon pas m'a encouragée à marcher vers la porte, à l'instant où j'aurais aimé que quelqu'un me dise comment exister si on ne sait pas où l'on va, alors que même les bêtes, la nuit, se rassemblent pour dormir.
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Il n’est pas de loi qui clame que l’enfant doit naître dans l’amour et grandir dans la haine.
Si elle existe il faut l’enfreIndre.
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