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EAN : 9782070138661
304 pages
Gallimard (27/09/2012)
4.25/5   4 notes
Résumé :
'L'adjoint Choppy se souvint d'Ernestine Généreuse qui lui avait confié que Sitarane, disposant d'une force surnaturelle chez les morts, se métamorphoserait en rapace, vipère, limace, glouglou, et qu'il devindrait une "mort-ombre" pour punir ses ennemis. D'un côté, il y aurait ceux qui useraient de tabous pour être dans les bonnes grâces de l'Ombre ; de l'autre, ceux qui manipuleraient des talismans pour se protéger d'El... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ecoutez la rumeur du train qui traverse la nuit. Entendez le grondement sourd de la vengeance. A qui appartiennent ces cris de colère, ses invectives teintées de fureur ? D'une guillotine qui file dans le noir pour obtenir réparation, Jean-François Samlong réécrit l'histoire la plus sanglante de la Réunion, l'histoire de Sitarane. Mais qui donc est cet homme passé de contre-maître à assassin ? Qui sont les hommes qui composent la bande de "buveurs de sang" ? Entre réalité historique et littérature, l'auteur déterre le passé pour mieux s'interroger sur la violence de ces hommes encore pris dans l'étau colonialiste du début de XXe s. Ecrit avec force et passion, sentez le souffle diabolique caresser les pages denses et poétiques d'un des plus grand traumatisme de l'île intense. Glaçant !

De 1909 à 1910, La Réunion fut le témoin de crimes odieux et abjects. Derrière ces épisodes sanglants, se cache désormais un nom bien connu de ses habitants : Sitarane. Avec sa bande de buveurs de sang dont le mystérieux sorcier Saint-Ange, l'homme sema la terreur avec démonstration dans toute la région sud de l'île, laissant derrière lui une légende à son nom. Après vols, meurtres et nécrophilie, cette bande de malfaiteurs aux obscures pensées, a finalement été débusquée puis condamnée. Entre crainte et fascination, on peut encore à ce jour voir des adeptes se coucher sur la tombe du célèbre assassin, mais aussi les poignées de certaines maisons ornées de plaques dissuasives. le passé au présent.

Historique, ce livre n'en est pas moins un très beau travail littéraire. D'une écriture riche et dense, Jean-François Samlong fait danser les mots, même les plus terribles, avec une poésie déconcertante. Redoutable, l'auteur réussit à nous faire frissonner d'angoisse au son du vilebrequin de Fontaine le déverouilleur de portes, ou encore sentir la poudre jaune soufflée par Saint-Ange gagner notre sommeil. Car derrière la monstruosité des faits, se cache un mode opératoire précis et sinistre. Implacable. 

Entrecoupés de scènes menant le meurtrier et ses complices à l'échafaud, l'auteur contextualise les faits historiques pour expliquer la violence des hommes. Sans jamais juger, celui-ci utilise avec ingéniosité les paroles des journalistes et gendarmes de l'époque et met ainsi la lumière sur la poigne colonialiste dont découle sûrement cette violence trop souvent ignorée.  
A vrai dire, je vous déconseille de le lire à la nuit tombée tant l'ambiance créée par Samlong est oppressante ! Malgré cette lecture fouillée et cette atmosphère inquiétante, l'écriture reste parfois un peu difficile, mais toujours savoureuse. 

Alors que grignoter à lecture de ce livre ? Et bien sans mauvais jeux de mots, un chemin de fer ! Petite pâtisserie sucrée et colorée, cette gourmandise me semble toute choisie pour parfaire cette lecture passionnante.
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UNE GUILLOTINE DANS UN TRAIN DE NUIT
(Jean-François SAMLONG)

En dépit de ce titre couperet – qui me fait toujours frémir d'horreur – en dépit de la fréquentation de ce personnage atrocement patibulaire qu'est Sitarane, j'ai lu le dernier livre de Jean-François SAMLONG publié chez Gallimard, avec grand plaisir.
Qu'on ne s'y trompe pas ! Je n'ai aucune attirance pour le morbide, le glauque, le sordide, épithètes qui viennent tout de suite à l'esprit dès que l'on aborde l'épopée sanglante et pitoyable du criminel buveur de sang. Non, je ne me complais pas dans l'horreur. Et l'auteur non plus puisqu'il a su garder tout au long de son récit une distanciation suffisante.
Je cite :
« Mais à la seule idée qu'il me faut écrire la suite, j'en ai la nausée. Je n'y renoncerai pas toutefois. »
Pas de complaisance donc envers le crime. L'auteur ne se pose ni en défenseur, ni en accusateur ; il relate soigneusement ce que disaient les journalistes de l'époque et les rapports officiels de la gendarmerie et du procès. Et du coup, pas de complaisance non plus envers ceux qui sont « du bon côté de la justice », ni envers ce contexte sociétal si particulier en ce début de XXe siècle avec ces mentalités non encore sorties du concept esclavagiste et cet environnement colonial sans état d'âme. Á ce propos, j'ai relevé à plusieurs reprises cet agacement (mais sans doute est-ce plus que de l'agacement) de l'auteur envers ces comparaisons animalières qui foisonnent sous la plume des chroniqueurs de l'époque… comme elles fleurissent dans maints ouvrages de littérature. Évoquer l'animalité de l'autre, c'est lui refuser le droit d'exister en tant qu'être humain…
L'intérêt constant que j'ai éprouvé à suivre cette espèce de « chemin de guillotine » inscrit dès le début de l'aventure vient de la mise en littérature de cet événement marquant l'histoire de notre île. En page de garde, cette note de l'auteur :
« Cette histoire tisse des liens avec des faits réels et des personnages qui ont réellement existé, certes, mais tout le reste est littérature »
Une belle littérature en tout cas… Les différents chapitres s'articulent sur ce train de nuit conduisant bourreau et suppliciés vers leur destin. Et les mots pour décrire cette course fatale rendent bien le caractère implacable de cet instrument de la destinée parcourant la profondeur d'une nuit sombre et inquiétante.
Mais cette nuit est aussi celle qui embrume les pensées de Sitarane… du moins celles que lui prêtent l'écrivain : là aussi, le jeu des ressassements traduit bien ces pensées en boucle qui devaient, - qui pouvaient, peut-être – défiler dans l'esprit malade du bandit et crée une atmosphère lourde d'enfermement, d'impossible issue due à cette accumulation de crimes et de profanations venue d'un être aux extrêmes confins de la déshumanisation.
Plaisir de découvrir un beau texte, donc et une belle composition. Mais le bonheur de la lecture ne serait pas complet s'il n'y avait dans ces pages autant matière à réflexion.
Pourquoi cette violence ? Là je ne peux que citer J.F Samlong :
« Depuis trente ans, en effet, je m'escrime à mettre en scène (à défaut de la comprendre et de la justifier) cette violence qui, venue du fond des âges, creuse jusque dans les entrailles d'une île… »
Mais un élément d'explication ressort de la lecture de cet ouvrage dans lequel l'auteur, comme dans d'autres de ses oeuvres relie les actes de violence au passé esclavagiste, colonialiste et au monde profondément inégalitaire que nous subissons toujours.
Voilà qui peut expliquer aussi l'emprise d'un Sitarane sur l'inconscient de l'île, ces cultes insensés qu'on lui voue (faut-il qu'une population soit déboussolée pour trouver en un criminel tel que Sitarane, un vengeur !) , plus d'un siècle après son exécution, la peur et l'horreur qu'il suscite aussi comme si par le biais de ces actes sanguinaires, une porte s'était ouverte sur le Mal, sur l'enfer.
Et… faut-il l'avouer ? Lorsque j'ai pris ce livre dans les rayons d'une librairie, avant de passer à la caisse, j'ai eu le réflexe d'arracher le bandeau rouge portant la mention « Sitarane story ». Story ? Heu… Pourquoi cet anglicisme ?


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Retour sur des crimes commis par Sitarade et sa bande dans le sud de la Réunion durant les années 1909-1910. « Cette histoire tisse des liens avec des faits réels et des personnages qui ont réellement existé, certes, mais tout le reste est littérature ». La Réunion et le colonialisme.

Une histoire commencée il y a plus d'un siècle, qui se transmet. Une histoire dilatée au gré des écritures, des ajouts, des déplacements entre obscurité et violence.

Saint-Ange le sorcier, Sitarane le nègre africain, Fontaine et son vilbrequin. Des femmes : Zabel, dame Hoarau, Lisette, Ernestine Généreuse. Une île, une grotte, une nuit d'une « indignité sans nom ».

Un texte à la hauteur de son terrible titre « Une guillotine dans un train de nuit ».

Les interrogatoires, les mensonges, les mesquineries loin des bravaches attitudes, le rejet des responsabilités sur l'autre…

Le couperet. Et Cayenne pour le sorcier. Encore les colonies… et l'espace ouvert des légendes.

« le vent éparpilla les nuages ; le ciel laissa entrevoir une trêve, tandis que des pelletées de terre recouvraient les cercueils »
Lien : http://entreleslignesentrele..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Le vent éparpilla les nuages ; le ciel laissa entrevoir une trêve, tandis que des pelletées de terre recouvraient les cercueils
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Ne pas retrouver la lumière ne signifie pas qu’elle ait disparu
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