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Critique de ATOS


« Pourquoi sommes nous devenus des illettrés de la mort ? » , tel est la question que pose Dominique Sampiero dans le passage du souffle dans la petite éternité d'air qu'il nous offre ?
Pourquoi claquemurer notre parole ? Pourquoi est il difficile de parler de l'instant de nos séparations ? Lorsque nous devons lâcher le filin de la barque, lorsque d'une rive à l'autre notre amour fait le pont, parler de mort, c'est parler de Nuit, ce n'est pas épouser les ombres, ce n'est pas faire un pacte avec la mort, parler de Nuit, ce n'est pas refuser le prochain jour, c'est prendre contre son corps l'instant pénétrant de la dernière heure dans la chaleur de la vie.
« Nuit procure des lampes aux eaux dormantes »,
« Nuit est un fer qu'on forge les yeux fermés ».
Nuit cille, vacille, la nuit tourne la boucle des jours. La Nuit donne sa valeur au jour.
« Nuit fait son drap autour des corps ».
Il faut songer à parler Nuit, comme nous devons apprendre à rêver chaque journée.
La mort est devenu notre plus grand tabou de langage.
Pourtant qui peut la nier ? Mutiques aux yeux ouverts nous ignorons l'éternité de notre amour.
«  Pour écrire un seul vers Il faut encore avoir été auprès de mourants, être resté assis auprès de morts, dans la chambre, avec la fenêtre ouverte et les bruits qui venaient par à-coups » nous a appris Rainer Maria Rilke,
Oui comme « la nuit est profonde au regard du jour ».
« Que chacun porte sa nuit et il n'y aura plus d'aveuglement » «  Regarder l'autre pour la première fois ». « Douter de cette parole, c'est douter du voyage ».
Nous avons perdu l'appétit de nos voyages, nous oublions la lumière du jour, de Nuit, nuus avons peur, nous sommes plus démuni que le premier homme au fond de sa caverne, de sa peur il en a fait une mythologie, que ferons nous de notre peur ?
Alors écrire pour comprendre, pour voir plus loin, pour comprendre qu'on ne pleure que d'être celui qui reste lorsque l'autre nous quitte.
Nous avons un vilaine habitude nous voulons toujours habiller la mort, «  habillés ceux qui sont nus » comme écrivait Pirandello, nous parons la mort d'un linceul auquel nous donnons le poids de nos Vérités, alors que nous sommes incapables de prendre a vie à bras le corps.
La Poésie est dans chaque interstice de la Vie. Elle connaît tous les passages, elle peut nos faire franchir. Voyager, partir et revenir. C'est un cycle, une ronde, comme l'histoire de tout le monde.
Merci à Dominique Sampiero pour ces belles confidences.

Astrid Shriqui Garain
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