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Critique de Pecosa


Julian, républicain espagnol de 87 ans, rescapé de Mauthausen et membre du Centre Mémoire et Action quitte l'Argentine pour la Costa Blanca. Son ami Salva y a retrouvé la trace de Karin et Fredrik Christensen, anciens bourreaux du camp. Ces derniers, qui coulent une retraite en apparence paisible près d'Alicante ont pris sous leur aile Sandra, une jeune Espagnole enceinte et un peu paumée. Celle-ci va se retrouver peu à peu mêlée à la traque de Julian, écouter ses souvenirs, connaître ses secrets, et grandir.
Le roman s'articule autour de la relation inattendue et bien croquée entre un vieil homme hanté par sa némesis et une jeune femme à la dérive, seuls personnages authentiques dans cet univers fait d'apparence et de fausse respectabilité. Ce que cache ton nom revisite de manière efficace le traditionnel thème des voisins bien sous tout rapport et celui de la manipulation mentale dissimulée sous une épaisse couche d'hypocrite gentillesse. Les octogénaires ne sont pas ici de vieux gâteux ou de grands enfants qui somnolent en attendant la mort, mais des hommes et des femmes qui continuent de se battre, aiment, luttent contre un corps qui les lâche, trichent, mentent, rêvent. Cette approche de la vieillesse est une des grandes réussites du roman. La pudeur avec laquelle Clara Sanchez évoque la vie de Julian à Mathausen est également louable et tranche avec ce que l'on a coutume de lire sur le sujet, lorsque les auteurs fascinés par le mal se complaisent dans le sordide.
Malheureusement, la traque de Julian consiste à observer le phalanstère nazi, son fonctionnement et les relations qui unissent les différents protagonistes cachés en Espagne depuis des décennies, et 400 pages c'est trèèèèèès long. le cheminement psychologique de Sandra, l'attentisme des personnages principaux et l'improbable histoire d'amour manquent de crédibilité. Et que dire du tête à tête victime/bourreaux et des ultimes révélations pareilles aux dernières flêches des guerriers scythes....La dernière page tournée, on se dit "Tout ça pour ça?" et on file relire Semprun.
Le grand mérite du roman (et ce qui a sans doute justifié l'attribution du prix Nadal) est tout compte fait d'avoir su tirer de l'oubli le sort des "Rot Spanier", les triangles bleus, ces républicains espagnols internés dans les camps de concentration. Depuis la parution du livre en Espagne, la romancière reçoit régulièrement des lettres d'insulte et de menace.
Sur environ 7300 déportés à Mauthausen entre 1940 et 1945, arrêtés par les Allemands ou livrés par Vichy, seuls 2000 survécurent. Libérés par la 11ème DB de Patton en mai 1945, ils accueillirent les troupes alliées avec une immense banderole, "Les républicains anti-fascistes saluent les forces libératrices."
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