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Marianne Millon (Traducteur)
EAN : 9782330149222
400 pages
Actes Sud (03/03/2021)
3.42/5   32 notes
Résumé :
1888. Pauvre diable et anarchiste dépenaillé, Ric-Ric s'est réfugié dans une grotte perdue des Pyrénées. Sur ce territoire sillonné par les contrebandiers et les malfaiteurs, il découvre par hasard les fungus, de gigantesques champignons anthropomorphes auxquels il donne vie accidentellement. Emerveillé par leurs extraordinaires capacités, Ric-Ric voit en eux l'arme qui va lui permettre de concrétiser ses désirs : conquérir la belle Mailís, instaurer une société ana... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Enfin une traduction!
Je poste de nouveau cette note de lecture faite lors de la publication catalane de cette incroyable fable signée par l'éclectique Albert Sánchez Piñol. Parution prévue en mars.

Est-il possible d'être déçue par un roman de Sánchez Piñol? Non, et cette incroyable fable mycologique qu'est Fungus nous prouve une nouvelle fois que l'imagination du romancier catalan ne connaît pas de limite.
En 1888, un modeste militant anarchiste, Ric-Ric, fuit dans les Pyrénées catalanes, et trouve refuge dans une vallée oubliée où seuls les contrebandiers et une poignée d'autochtones vivotent.
Ce retour à la nature n'a cependant rien de bucolique. Les lieux sont inhospitaliers, tout comme les locaux qui l'exploitent et l'humilient.
Un soir, après avoir bu plus que de raison, Ric-Ric réveille par inadvertance des Fungus, champignons géants dotés d'une force peu commune et qui semblent lui obéir au doigt et à l'oeil. Ric-Ric voit dans ces créatures l'occasion de mener une révolution libertaire. Elles sont 4, ils seront 5, pile le nombre nécessaire à la formation d'une cellule anarchiste. Et Ric-Ric d'évoquer Bakounine et le nouvel ordre social debout sur une souche face à des bolets géants pour instaurer un nouveau régime républicain loin de cette forêt.
Ainsi commence cette aventure, métaphore du pouvoir et de la tyrannie, car Ric-Ric, fort de cette invincible et fantastique armée, perd non seulement ses idéaux de vue, mais ne voit pas qui sont réellement les Fungus et comment fonctionne leur société, pourtant idéalement démocratique, et ce sans connaître aucun idéal.
Quand Ric-Ric s'écrie « Ieu soi lo rei dels Pireneús! », il nie aux autres une identité, et ne voit pas que la situation lui échappe.
Fungus, c'est Les Voyages de Gulliver revisités par Marcel Mauss, le folklore pyrénéen des «minairons», (ou Mamur, petits génies que l'on peut capturer, la veille de la Saint Jean dans les montagnes) mêlé aux considération sur les monstres et surtout sur le pouvoir. Comment s'acquiert-il, où se trouve-t-il, quel est le secret de la toute puissance?
Albert Sánchez Piñol est un romancier anthropologue de formation, et c'est sans doute ce qui donne à ce formidable roman fantastique une dimension unique, qui se lit comme une fable libertaire. Car l'armée des champignons est en marche et bien fous sont ceux qui s'opposeront à elle ou qui voudront, comme Ric-Ric, utiliser le pouvoir de cette force collective pour leur rêve de puissance ou de gloire.
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Mais où se trouve donc le Pouvoir ?

Si vous vous posez la question, je vous invite vivement à lire ce roman d'Albert Sanchez Pinol.
Cette fable fantastique met en scène Ric-Ric, un anarchiste plutôt benêt et très porté sur le "vincaud", et qui se retrouve dès le début du roman dans une grotte perdue des Pyrénées.
Si Ric-Ric peut se considérer comme le héros du livre, autant le dire tout de suite, c'est un anti-héros par excellence !
Et si les héros étaient plutôt ces champignons géants, les Fungus, auxquels Ric-Ric redonne vie par hasard...
Par hasard ? ou par chance ? ou encore par malchance si on en croit la belle et intelligente Mailis qui croit dur comme fer que ces Fungus amèneront l'anarchiste à sa perdition.

Je n'adhère pas toujours à la littérature fantastique mais j'avoue avoir pris beaucoup de plaisir à lire ce livre.
Il m'a d'abord décontenancée, puis amusée et a finalement réussi à me passionner.
Au début, on se demande bien où l'auteur veut en venir et surtout s'il ne s'est pas laissé déborder par son imagination mais plus on avance dans le livre, plus on comprend ses intentions et ce qu'il essaye de faire passer comme message à travers cette incroyable métaphore.

Un roman surprenant ! Et prenant !

Merci aux éditions Actes Sud et à Babelio pour cette belle découverte.
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Je suis sortie de " mes" Sentiers battus en m'engageant sur les traces de Fungus,le roi des Pyrénées. C'est la critique de Pecosa qui m'avait donné ce désir d'aventure en allant rencontrer un bien étrange anarchiste ! Il s'agit d'un conte fantastique et philosophique dont le coeur du propos est le Pouvoir. Qu'est ce qui pousse les hommes à le convoiter? Comment le trouver? Qu'en faire? Mais aussi ,qu'est ce qui pousse à obéir et jusqu'où peut on aller dans la soumission ?
Ric Ric,le héros de l'histoire est en quelque sorte l'antithèse de Frodon Sacquet ! Il se présente comme un anarchiste mais on le découvre bien vite comme un lâche,un poltron,un opportuniste. Son seul bon côté est d'avoir ( eu) un coeur et d'être tombé éperdument amoureux de Mailis. C'est cet amour qui,sans qu'il l'ait prévu ni contrôlé va l'amener à faire sortir de l'état végétal toute une communauté de champignons dont il devient le roi. Ces créatures,si monstrueuses soient elles physiquement, renferment pourtant plus de sagesse et d'humanité que leur roi... dommage qu'il leur manque " la fonction symbolique" et donc la capacité de rêver...
Les beaux principes anarchistes de Ric Ric sont vite oubliés dès qu'il s'empare des rênes du pouvoir.. certains passages sont hilarants,comme lorsqu'il veut encore croire à ses valeurs et qu'il tient un discours sur l'anarchie,convoquant tous les grands noms de ce mouvement pour expliquer aux fungus ce à quoi il veut les employer! On trouve de l'aventure,de l'humour,de l'amour,des épopées guerrières digne du seigneur des anneaux mais la dérision domine.
Pour finir,la morale est poétique et humaniste, on y entend presque le petit Prince nous parler!
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Au dire de la quatrième de couverture, l'auteur parle de ce roman comme étant un "western hivernal du XIXe siècle dans les Pyrénées".
Une description épique à laquelle j'ajouterai l'adjectif "fantastique" et préciserai que nous sommes en présence de belligérants répugnants.
Cela dit, je crois que ces précisions peuvent être devinées en regardant simplement la très réussie couverture de ce roman.
Ce qui est moins visible, c'est à quel point le côté ridicule des choses contées ici met en exergue l'extravagance de cette fable qui joue avec la politique et la nature, sans qu'elle apparaisse pour autant comme un simple délire.
Albert Sánchez Piñol semble user judicieusement de sa formation en anthropologie pour exposer au fil de l'histoire les traits caractéristiques des deux espèces en présence desquelles nous sommes.
Et si l'une des deux est incapable de jouir de l'irréel, de l'imaginaire et de la projection, le lecteur, lui, en jouira constamment à la lecture de ce roman singulier.
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Justice pour les Champignons ! de retour à ses amours du fantastique historique, Albert Sánchez Piñol force sans doute un poil sur la farce pour un résultat néanmoins très réjouissant.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/07/11/note-de-lecture-fungus-le-roi-des-pyrenees-albert-sanchez-pinol/

1888, entre France, qui continue de ronger son frein nationaliste après la terrible défaite de 1870 face à la Prusse et la sanglante répression de la Commune de 1871, et Espagne, qui se remet à peine de la troisième guerre civile carliste en moins de cinquante ans, et ce malgré la prise en 1876 de la capitale navarraise des partisans de la branche aînée des Bourbon et la fuite vers la France de leur prétendant au trône, la barrière pyrénéenne est traversée de quelques passages peu engageants, vallées encaissées entre les montagnes, où règnent, hors des rares incursions de la Garde Civile ou de la Gendarmerie, quelques ramassis de contrebandiers et divers réprouvés ayant la haute main officieuse sur ces confins. Dans l'une de ces vallées quasiment mythiques, qui va jusqu'à partager avec l'Andorre le nom de son chef-lieu, La Vella, et où la langue catalane chère à Albert Sánchez Piñol règne également en maîtresse, Ric-Ric, un activiste anarchiste de piètre envergure, en fuite face à la répression policière qui fait alors rage à Barcelone, est réduit en esclavage (de justesse, car la mort le guettait de fort près) par les brigands sur lesquels il est tombé, par une maladresse chez lui presque systémique. Destin qui n'aurait certainement pas eu grand-chose de singulier si, un soir de beuverie débridée et de rêves d'amour en début de matérialisation, Ric-Ric n'était tombé sur trois champignons aussi géants que vivants, désormais plus ou moins voués à son service. Voilà tout à coup de quoi changer la vie d'une personne, d'une vallée et peut-être du monde !

On sait depuis les remarquables « La peau froide » (2002) et « Pandore au Congo » (2005) à quel point le Catalan Albert Sánchez Piñol aime à jouer de peuplades fantastiques surgissant aux confins, océaniques ou souterrains, de notre monde connu, pour y confronter avec humour et sens du drame nos frêles certitudes. On sait aussi depuis « Victus » (2012) – dont la lectrice et le lecteur français restent inexplicablement pour l'instant privés de la « suite », « Vae Victus », pourtant publiée en 2015 en Catalogne – à quel point il excelle à transformer des moments-clé de l'histoire de son pays en savoureux petits monuments picaresques dignes du roman historique rénové et savamment anachronisé, à la Wu Ming ou à la Valerio Evangelisti.

Agrémenté d'une superbe couverture et nourri des illustrations intérieures de l'artiste-peintre Quim Hereu, tenant entre autres de l'école imaginaire de l'estrambotismo, « Fungus », publié en 2018 et traduit du catalan en mars 2021 chez Actes Sud par Marianne Millon, renoue nettement avec la veine la plus fantastique de l'auteur, même si les lieux de l'affaire ont cette fois à voir avec la très catalane Andorre et avec la mythologie pyrénéenne des muscats et des menairons, plutôt qu'avec l'Atlantique Sud ou le bassin du Congo, et même si la présence en force de la Garde Civile et de l'Armée française, le moment venu, inscrivent aussi cette fable dans les marges de l'histoire moderne de la Catalogne.

Comme s'en expliquait l'auteur dans un bel entretien de novembre 2018 avec Gustau Nerin, bourré d'humour et de petits grains de folie, dans les colonnes du journal catalan El Nacional (à lire ici), il y a une jouissance particulière à pousser les crans possibles des détours ethnographiques, pour l'anthropologue de profession qu'est l'auteur, et de se donner des moyens inhabituels et hilarants de conduire des expériences de pensée autour du pouvoir en soi (mis en scène dès les premières lignes à travers une légende carolingienne fondatrice, transmise de père en fils parmi les muscats catalans), de l'instinct d'obéir face à l'instinct de commander, de la définition centrale du « Ici, qui est le patron ? », du test de l'intuition de Marcel Mauss disant que le pouvoir résiderait dans la société et non dans le leader. S'il faut pour cela construire, sur la frontière pyrénéenne, un véritable western sous la neige, bannissant soigneusement néanmoins tout romantisme de la contrebande comme du paysage, qu'à cela ne tienne : Albert Sánchez Piñol est notre homme. Tout au plus pourra-t-on s'interroger sur le réglage du volume de farce contenu dans cette fable mycologique totalement débridée, où la gaudriole et la tactique du gendarme s'affrontent à grandes rasades de vin chaud, dans une horreur malgré tout omniprésente : là où Pierre Senges et Vladimir Sorokine, pour ne citer qu'eux, maîtrisent à la perfection les mécanismes fins de leurs carnavals bakhtiniens respectifs, il me semble que l'auteur catalan, moins expérimenté dans ce domaine-là sans doute, utilise moins adroitement par moments ses meilleures munitions d'humour noir et de rire gargantuesque. Il reste évidemment indéniable que même un roman au calibrage contrasté de la part d'un tel auteur demeure plus intéressant ou captivant que plus de 95 % de l'actuelle production romanesque.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Sur le chemin de la grotte, il pensa à elle. L’alcool lui brouillait l’esprit, mais il se rappelait parfaitement que Mailís viendrait le lendemain, à l’aube. Il avait bien fait de lui donner rendez-vous à l’ostal de Cassian et pas dans sa cauna, remplie d’immondices, de suie et de couvertures en peau de chèvre tachées de mille masturbations. Il devait faire attention : le lendemain, arriver avant elle, l’attendre et l’emmener immédiatement se promener dans la forêt ou ailleurs. Parce que la règle la plus ferme des contrebandiers les poussait à éviter tout contact avec des femmes. La présence d’une femme, une femna, comme ils disaient, provoquait des avalanches et des arrestations imprévues. Les muscats étaient ainsi, plus une croyance était irrationnelle, plus ils s’y attachaient. Oui, pour éviter des conflits et des malentendus, il allait devoir se lever tôt. Très tôt.
Il parcourut la dernière portion du chemin menant à la grotte. Des deux côtés, des pentes enneigées, avec des forêts de jeunes arbres. Il s’arrêta dans un tournant et regarda sur la droite. C’était une pente à quarante-cinq degrés saupoudrée d’arbres minces. Entre les petits arbres, plus haut, il y avait quatre de ces champignons grandioses, groupés. Et cela arriva.
L’amour.
Cette nuit, dans cette courbe enneigée, un sentiment nouveau naquit chez Ric-Ric. En regardant ces quatre champignons, en haut d’un versant, il sentit la joie dans sa poitrine. Une force enthousiaste, comme un aiglon qui lutte pour briser sa coquille. Une joie qui lui annonçait qu’avec Mailís, sa vie allait changer. Et il se dit que cela, cette euphorie si nette, si insolite, devait nécessairement être de l’amour, et que l’amour était une sorte de révolution intérieure.
Alors il se rappela qu’il l’avait invitée à prendre le petit-déjeuner et qu’il n’avait rien à manger. Amoureux, ivre, regardant ces champignons grands et fiers, il pensa : « Je vais en couper un bon morceau et je le mettrai sur le poêle, ce sera comme manger un gâteau. » Lui seul pouvait concevoir une telle sottise. Mais ce fut ainsi que tout commença.
Il grimpa, s’enfonçant dans la neige jusqu’aux genoux, s’accrochant aux branches des jeunes arbres, heureux qu’à l’euphorie du vincaud s’ajoute celle de l’amour. Tandis qu’il montait, le chapeau melon et le manteau noir contrastaient avec cette neige si blanche, argentée sous la lune. Les quatre champignons émergeaient avec un orgueil vertical. De la main, il chassa la neige du chapeau de l’un d’eux, un chapeau rond et grand comme une table de jeu. Ce chapeau avait la peau fine et froide, humide, la surface était légèrement bombée. Il voulait en couper un triangle, comme une portion de gâteau. Le couteau, tenu par un homme gorgé d’alcool et d’amour, pratiqua une incision.
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Mais quand Ric-Ric tenta d'escalader ce corps grandiose et irrégulier, le champignon, qui semblait ne pas comprendre ce que voulait faire l'humain, resta obstinément passif.
- Oui, je sais ce que tu penses, lui dit-il : te monter te semble impliquer une hiérarchie de classe. Mais ne te laisse pas abuser par les apparences, camarade Borgne. Comme tu es plus grand et plus fort, il est logique et solidaire que tu me transportes, et non l'inverse.
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Ce fut un rêve bref, très bref, fugace. Il dura la moitié de la moitié d'un instant. Peut-être moins. Un rêve plus bref que s'il avait été allumé par une allumette, qu'un claquement de doigts : fugitif comme le battement d'ailes d'un colibri, comme le battement de paupières d'un bébé. Éphémère comme un éclair dans la nuit sombre. Mais ce fut un rêve. C'en était un. Et, comme dans tous les rêves, la signification remplaça le temps.

p.344
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Qu'allait-on lui faire ? il se passa la main sur le visage : il ne voulait pas y penser. Il avait toujours cru que Le Borgne était le fungus le plus solidaire. Et, curieusement, c'était précisément lui qui le jugerait. C'était du moins ce qu'avait laissé entendre Le Petit. Il était très déconcerté. Car il se rendait maintenant compte qu'il avait été victime d'un malentendu typique des dictateurs : tous les tyrans se croient aimés jusqu'à ce que leur peuple les pende.

p.323
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Ordóñez fut le premier surpris par l'attirance qu'il éprouvait pour elle. Les femmes qu'il connaissait étaient soumises, pudiques et discrètes. Celle-ci, en revanche, se disputait avec son père comme si l'autorité paternelle n'existait pas et elle buvait du "vincaud", chaud ou froid, comme un homme. Lors d'une des rares occasions où il put la coincer, Antonio l'interrogea encore sur la légende locale des "menairons", ou quel que soit leur nom. Maílis lui expliqua que, en tant que maîtresse d'école, elle se servait de ce récit populaire : c'était un outil parfait pour instruire les enfants sur les risques de l'ambition, de la vanité et de la démesure. Dans le conte il était très difficile de trouver le Pouvoir véritable, et il ne finissait pas dans les mains de ceux qui le recherchaient le plus, mais des plus humbles : les "menairons". L'authentique Pouvoir ne consistait donc pas à dominer les autres, mais à devenir une meilleure personne.

p.124
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