AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782330061234
752 pages
Actes Sud (02/03/2016)
4.02/5   86 notes
Résumé :
Par un froid matin de mars 1705, un gamin de quatorze ans approche des trois tours noires du château de Bazoches. Sa dernière incartade chez les carmélites de Lyon lui a valu d'être expédié auprès de Vauban pour apprendre l'ingénierie militaire. Après l'enfant à Barcelone, les années d'instruction en Bourgogne, le voici engagé successivement au sein des deux coalitions européennes qui convoitent la couronne d'Espagne lors de la guerre de Succession, jusqu'au siège d... >Voir plus
Que lire après Victus : Barcelone 1714Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
4,02

sur 86 notes
5
6 avis
4
6 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
Vous vous souvenez de « Games of Thrones » ? Oui, sans doute... encore que… un pan du public babéliote pourrait bien faire partie de la minorité à laquelle ce nom ne dit rien… un autre pan ne se référant qu'à la saga romanesque « A Song of Ice and Fire » d'où elle est tirée…
Mais pourquoi vous parler d'une série télévisée, autre que pour souligner son effondrement spectaculaire ? Qu'en reste-t-il, à part quelques parodies cochonnes (dont un livre de cuisine…) ?
Je vous laisse répondre… et en profite pour vous proposer de lire une histoire au moins aussi palpitante, armé de ces quelques lignes et de mon t-shirt Pecosa.

Les guerres que se mènent, en ce début 18ème, les couronnes européennes, n'ont rien à envier aux scénarios de fantasy… Bourbon ? Lannister ? Habsbourg ? Stark ? Tout le sang de leurs sujets sur leurs mains brodées d'hermine…

Cette référence à la pop-culture mondiale est surtout là pour situer les côtés « accessible » et addictif de ce livre. Un nain ne serait pas de trop pour vous tourner les pages, avant de finir par le lancer, frustré que cette histoire ne s'arrête en si bon chemin… Et pourtant, on était prévenu !

Mêlant diaboliquement bien le récit historique et le roman d'apprentissage, à partir d'un avant-propos nous certifiant la véracité de l'extraordinaire, fleurissant les espaces laissés libres par la mémoire de l'Histoire, Sànchez Piñol s'inspire de l'art de Vauban pour nous bâtir un roman sans faille.

Il s'apprécie d'autant plus que le sujet est toujours d'actualité, et que notre auteur est catalan, mais préférant l'espagnol-castillan (rayer la mention inutile) pour l'écrire. Quelque soit notre opinion sur cette longue histoire, que l'on soit favorable aux langues régionales, ou bien digne d'un jacobin centralisateur, on ressortira de cette lecture plus intelligent.
Avec habileté, l'auteur nous rappelle les spécificités de cette vénérable république de Catalogne, sans tomber dans l'hagiographie fantasmée pour indépendantiste, renvoyant au final chaque « camp » dans les cordes de ses contradictions.

Alors, plutôt que d'entamer une autre série, partez en quête (aisée) de ce livre chez votre bouquiniste, et privilégiez si possible sa version brochée pour profiter au mieux des nombreuses illustrations et schémas qui le ponctuent. J'ai commis l'erreur de l'acquérir en « poche », et la loupe n'était pas fournie avec ( même remarque que pour « Les Fusils » de Vollmann )…

P.S : et pour ceux qui ne sont pas encore convaincus, voyez avec Pecosa et sa critique nettement plus détaillée… et hypnotique !
Commenter  J’apprécie          8418
"Pugna magna victi sumus" auraient pu s'écrier les Catalans en ce jour funeste de septembre 1714. Après avoir tenu le siège de la ville depuis le mois de juillet 1713 face aux troupes de Berwick, ils assistent impuissants à la chute de la cité et aux massacres qui s'ensuivent.
Quelques décennies plus tard, Marti Zuvinia, fils d'un marchand barcelonais, ancien élève de Sebastien le Preste de Vauban, ingénieur militaire, engagé successivement auprès des Bourbons puis des Habsbourg écrit ses mémoires depuis son exil autrichien, bien décidé à donner un récit très personnel du siège de Barcelone.

Ceux qui ont lu La Peau froide et Pandore au Congo se doutent qu'Albert Sánchez Piñol ne s'attelle pas à l'élaboration d'un roman historique classique. Trempant sa plume dans du poil à gratter, il dynamite le genre et nous offre une oeuvre magnifique, magistrale, mémorable.
Scindé en trois parties, "Veni", "Vidi", "Victus", Victus. Barcelone, 1714 est un roman à tiroirs, dans lequel le héros, qui est aussi le narrateur, s'arroge le droit d'interrompre la linéarité du récit en y greffant des réflexions et des anecdotes.
Roman d'apprentissage, récit initiatique, roman picaresque, Victus est l'autobiographie d'un homme qui n'est vertueux, ni héroïque, aucunement prédestiné à accomplir des actes illustres, mais un personnage dont le parcours, tributaire des rencontres et des aléas de l'histoire, se construit au hasard d'évènements souvent tragiques. Il y a du Gil Blas de Santillane dans Victus, du Quichotte et du Simplicius Simplicissimus: on y trouve des aventures extravagantes, des tableaux de moeurs, de la satire, une représentation de toutes les couches de la société (la plus noble n'étant pas toujours celle qu'on croit), de la grandeur et de la bassesse ....

Délicieusement irrévérencieux, drôle, lyrique, poétique, épique, burlesque, ce roman fait oublier tout ce que l'on a pu lire sur la guerre de Succession d'Espagne. Albert Sánchez Piñol, qui écrit pour la première fois en espagnol, ne ménage ni la chèvre ni le chou, au point de penser qu'il risque de recevoir quelques "bofetadas de todos los lados". Ici l'Espagne n'est pas un pays mais "un vieux moribond" "couvert de pustules". Charles Quint est "le Taré", Louis XIV, "le Monstre". La Castille? "Prenez une contrée, installez-y une tyrannie, et vous aurez la Castille." Les conseillers de la Généralitat? "Des pantins en astrakan qui se croyaient très importants car ils n'avaient pas l'obligation de se découvrir devant un roi et portaient un bonnet et une tenue de velours rouge."
On l'aura compris, Sánchez Piñol rase gratis. Son sens de la formule et son ton incisif et mordant chatouilleront les peaux les plus sensibles. Les héros des chroniques passent à la trappe, les personnages de second plan occupent le devant de la scène et le peuple de Barcelone est le héros de cette geste. Quant au Castillan Antonio de Villarroel qui fut commandant de Barcelone, il occupe enfin la place que le romancier estime lui être due. Absence de manichéisme et trivialité à chaque page, nul doute que le roman a dû susciter le débat dans un contexte politique particulièrement tendu.

Heureusement, l'amour, l'amour malgré soi, malgré la raison, malgré le détachement et une certaine forme d'égoïsme, s'empare de Zuvi "Longues-Jambes" et permet à Sánchez Piñol de nous offrir quelques lignes magnifiques (ah, cette mystérieuse boîte à musique et la robe violette d'Amelis...) dans un style très personnel: "Ils allaient me tuer. Non, pire; coudes et genoux me transportaient vers une noirceur plus malheureuse que la mort. Et tout ça pour un vieux voûté, un nain difforme, un enfant cruel et une catin brune. Puisque les poètes n'osent pas, je vais le dire. L'amour, c'est de la merde."
Lorsque notre héros, Zuvinia dévore "un gros roman" (Le Quichotte?) et s'esclaffe, son compagnon de route lui reproche son inclination pour une oeuvre qui ridiculise la geste épique au lieu de l'exalter. Et Marti de lui répondre: "Voilà la grande vérité que referme cette histoire: la raison se trouve dans la déraison". La vérité de Victus. Barcelone, 1714, c'est que folie, lucidité et humour font ici bon ménage.

Je m'incline donc très respectueusement et tente une hypnose collective, "Lisez Albert Sánchez Piñol", "Lisez Albert Sánchez Piñol"; "Lisez Albert Sánchez Piñol".....
Commenter  J’apprécie          5213

Encore un auteur espagnol que je découvre avec plaisir.

À la fin du 18ème siècle un très vieil homme dicte ses mémoires, depuis le moment où jeune Catalan qui se fait difficilement à la discipline de son école religieuse, il est envoyé au Château de Bazoches apprendre l'ingénierie des fortifications auprès du grand Sébastien le Prestre de Vauban, jusqu'à la fin du siège de Barcelone, soit une dizaine d'année de sa très longue vie. La première partie à Bazoches est particulièrement prenante avec de nombreux dessins qui explicitent le propos.
Puisqu'il s'agit de mémoires, c'est par les yeux et la compréhension de Marti Zuviria, personnage historique, que nous assistons à la guerre de succession d'Espagne. le « monstre » (Louis XIV) veut installer son petit-fils Philippe sur le trône laissé vacant par la mort de Charles II, tandis que l'Autriche veut imposer Karl, fils cadet de l'Empereur. L'Espagne est alors séparée en deux entités, la Castille qui soutient le Bourbon et la Catalogne qui est plutôt pour le Habsbourg. Un des moments important de cette lutte pour le pouvoir est le siège de Barcelone. du côté de la Castille, combattent conformément à l'esprit de l'époque des soldats professionnels qui remplissent un contrat, tandis que Barcelone est défendue par les habitants. Dans cette fresque se côtoient personnages historiques et créations littéraires, tous assez complexes. Comme le héros lui-même parfois lâche et parfois courageux, parfois égoïste, et parfois plein d'amour.
J'aurais aimé savoir si l'existence des Ponctués, ces ingénieurs en poliorcétiques, formant une sorte de confrérie au-delà des nationalités est réelle.
Que le nombre de pages, un peu plus de 700 dans l'édition poche d'acte Sud, ne vous rebute pas, ce roman vous transportera dans les deux sens du terme.

Commenter  J’apprécie          320
Fougueux, drôle et puissamment subtil, un grand roman historique du magicien Sánchez Piñol.

Publié en 2012 (pour première fois écrit en castillan et non en catalan), traduit en français en 2013 chez Actes Sud par Marianne Millon, le troisième roman d'Albert Sánchez Piñol se démarque des deux précédents, à la fois en abordant de nouveaux codes et genres pour servir de réjouissant terrain de jeu, et en inscrivant au coeur de l'ouvrage l'un des plus dramatiques moments historiques de l'histoire catalane, à savoir le siège de Barcelone en 1714.

Ayant joliment chahuté le roman verno-lovecraftien dans « La peau froide » (2002) et le récit dickenso-burroughsien dans « Pandore au Congo » (2005), Albert Sánchez Piñol s'attaque donc ici au roman historique dans toute sa splendeur, nous proposant de nous plonger dans la guerre de Succession d'Espagne (1701-1715) en général, et dans l'art militaire des sièges, appliqué à celui de Barcelone (1714), en particulier.

De sa paisible retraite viennoise après une vie entière de guerre et d'aventure, à la veille de la Révolution française, Martí Zuviría, le narrateur catalan, âgé de 98 ans, nous livre, en les dictant à son assistante Waltraud, les souvenirs de sa jeunesse d'étudiant – bientôt maître – en poliorcétique (l'art de la guerre de siège), élève de l'immense Vauban lui-même, devenu, après la mort de celui-ci en 1707, ingénieur d'assaut et de défense d'abord au service de la coalition française (soutenant le prétendant Philippe V), puis au service de la coalition autrichienne (soutenant le prétendant Charles III), au service de laquelle il organise la défense de Barcelone, la poursuivant même lorsque la « grande politique » de la coalition la conduit à abandonner la Catalogne à son sort…

Haut en couleurs et en anecdotes croustillantes, grâce à la verve toute picaresque de ce vieillard cynique revivant ainsi ses jeunes années, le récit nous éclaire aussi subtilement, au-delà des péripéties historiques, sur la mentalité et le statut des mercenaires au cours de ces guerres « professionnelles », soixante-dix ans avant l'invention des levées en masse et des armées nationales qui contribueront à révolutionner la guerre à partir de 1789, mais aussi sur cette étrange confrérie transnationale des « ingénieurs » et « techniciens militaires », d'une froide neutralité, pour lesquels leur art, leur science et leur succès « mathématique » a le plus souvent infiniment plus d'importance que toute considération sociale, politique, ou même humaine et personnelle.

Beaucoup plus que dans ses deux premiers romans, et d'une manière qui évoque nettement cette fois le travail effectué en Italie par Valerio Evangelisti ou par le collectif Wu Ming sur le roman historique et le « nouvel « épique » , le récit d' Albert Sánchez Piñol se fait aussi violemment politique, mettant en scène notamment avec une toute particulière attention et une belle réussite les palinodies d'une grande bourgeoisie catalane férocement nationaliste en apparence, mais bien décidée à défendre avant tout ses intérêts de classe, quel qu'en soit le prix, en réalité. Rare pour l'époque dans les extrêmes atteints, la cruauté développée, lors de la conclusion de ce siège de Barcelone, demeure un traumatisme historique pour la Catalogne, même s'il est toujours tenté de l'enfouir, que viendra seule relativiser la terrible entrée des franquistes dans la ville trahie en janvier 1939.

Enfin, sous les apparences primesautières du récit d'apprentissage (fût-il « à la dure ») et de l'exactitude historique, Albert Sánchez Piñol réussit aussi, au fil de ces 600 pages, une bien subtile parabole sur les ambiguïtés de la mémoire, sur les omissions et les réécritures, conscientes et inconscientes, que subit le « réel » lorsque ses gardiens ont de véritables intérêts à défendre, bien après les faits eux-mêmes.

Avec toute la fougue, la verve et le rire auxquels Albert Sánchez Piñol nous avait déjà habitués, un roman historique qui contribue nettement, aux côtés de quelques autres peu nombreux, à redonner du sens à ce genre parfois bien galvaudé.
Commenter  J’apprécie          94
Voici un excellent roman historique sur Vauban et le XVIII eme siècle. Nous suivons la vie de Marti Zuviria entre 1705 et 1714. Il sera d'abord apprenti ingénieur au château de Bazoches où il apprendra, sous la férule de Vauban, les rudiments de la fortification et l'art de les faire tomber. Puis la vie le ramènera dans sa ville natale de Barcelone qui est prise dans la tourmente de l'histoire et des guerres de succession dynastique entre la France, l'Espagne et l'Autriche. Il sera ainsi amené à défendre sa ville pendant le siège de 1714 qui durera un an.

L'auteur sait rendre vivant et accessible son sujet qui est pourtant très compliqué. le roman est émaillé de dessins, de plans et de tableau des personnages principaux, ce qui rend l'histoire plus vivante. le ton choisi est souvent truculent et assez drôle si bien que l'on avale les 600 pages du livre assez vite. Une belle réussite!
Commenter  J’apprécie          160

Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
En l'an 1700 mourait l'empereur Charles II d'Espagne, un avorton, un paquet de bave qui, s'il n'avait été roi, aurait passé sa vie enfermé dans un monastère. Ses sujets espagnols l'appelaient "L'Envoûté". Je ne serai pas aussi compatissant, alors appelons-le "Le Taré". Il n'eut pas d'enfants. Comment aurait-il fait? Il était tellement siphonné qu'il dut mourir sans savoir que la nouille qui lui pendait entre les jambes servait à autre chose qu'à faire pipi.
Tous les rois sont par définition, tarés ou finissent par le devenir. La seule question est de savoir si pour leurs sujets, il vaut mieux être gouvernés par un abruti ou par un salopard. Dans ma jeunesse, j'étais favorable aux sots car eux au moins se contentent de manger du faisan et laissent les gens tranquilles. Le Taré, par exemple, fut très décrié en Castille, mais très populaire en Catalogne. Pourquoi? Eh bien parce qu'il ne fit jamais rien. Son atrophie cérébrale était un reflet de la Castille et de son empire coagulé. Cela convenait aux Catalans. Moins un roi gouverne et plus loin il se trouve, mieux cela vaut.
Bien avant sa mort, il était déjà évident que ce débris humain de Taré passerait l'arme à gauche sans avoir d'enfants. La logique voulait que tous les charognards d'Europe fussent aux aguets. Bien plus tard, je rencontrai un noble français qui, au tournant du siècle, avait servi à l'ambassade de Madrid. Il y avait tant d'espions à la cour... qu'ils se procurèrent même les caleçons du roi! L'examen ne laissait aucun doute: Charles n'éjaculait pas. Et d'après les lois naturelles de la nature, pas d'enfants sans sperme.
Commenter  J’apprécie          161
A la différence du monstre qu’il servait, Vauban détestait toute velléité expansionniste. Par lésinerie, un concept ridiculement élevé du terrain, si vous le voulez. Pour Vauban, la France n’était pas un pays bon, mais parfait. Ainsi donc, pourquoi nourrir quelque ambition que ce fût ? Toute son énergie se consacra à conserver le legs géographique des ancêtres. A fortifier les frontières jusqu’à un degré tellement extrême que toute attaque fût avortée même avant de cesser d’être un projet. L’idée du pré carré était de lui, c’est le nom que les mangeurs de grenouilles donnent à leur foutu pays : la France comme un monolithe parfaitement défini, éternel, compact et en paix.
Commenter  J’apprécie          110
Vauban inversa les principes traditionnels de la muraille, l'inclinant de plus en plus, suivant un escarpement qui atteignait parfois soixante degrés. Grâce à l'angle des murs, les projectiles des canons rebondissaient dessus au lieu de les pénétrer. Et étant donné que les canons ont tendance à tirer à l'oblique, il était extrêmement difficile de les toucher avec un minimum de précision. De surcroît, la hauteur médiévale des murailles était devenue un inconvénient, de sorte que la technique de Vauban consista à les détruire derrière un fossé très profond, en les dissimulant. Dans certains projets, les fortifications épousaient un profil même plus bas que les bâtiments en place. Cela produisait un effet curieux : une armée qui se serait dirigée vers la ville n'aurait pratiquement pas aperçu les défenses, en revanche les bâtiments civils qui se trouvaient derrière seraient apparus nettement.
Les donjons médiévaux qui jalonnaient les enceintes fortifiées furent remplacés par des bastions. C'étaient des sortes de fortins encastrés dans les murailles, qui adoptaient généralement une forme pentagonale. (...) La forme pentagonale n'a pas été choisie au hasard. Les attaquants devront nécessairement se décider à escalader l'un des côtés saillants du bastion. En toutes circonstances, les bastions adjacents protègeront leurs compagnons sous un feu soutenu. Pendant que les assaillants avancent, on leur tirera dessus et on les bombardera depuis les murailles et les bastions, et on les arrosera de milliers de litres de liquides inflammables.
Si au lieu d'un bastion, on attaque un pan de muraille, c'est encore pire. Les pauvres idiots qui descendent dans le fossé ne remontent plus jamais. On leur tire dessus de trois côtés : depuis la muraille et depuis les bastions qui la couvrent, à gauche et à droite.
Commenter  J’apprécie          30
Décrire le charme de cette créature n'a rien de facile. N'étant pas poète, et pour résumer, je dirai que comme femme, elle était tout ton contraire, ma chère et repoussante Waltraud. Ne te fâche pas. Je veux dire que tu es plus fessue qu'une abeille, et qu'elle avait une taille minuscule. Tu marches l'échine courbée comme une mule ; elle se déplaçait avec l'assurance de certaines femmes distinguées, nobles ou non, mais qui se savent capables d'écraser des empires sous leurs talons. Tes cheveux semblent toujours avoir été trempés dans un baril de graisse, alors que les siens étaient fins et longs jusqu'à l'épaule, couleur rouge pastèque. Je n'ai pas vu tes seins, Dieu m'en garde, mais ils pendent certainement comme une paire d'aubergines. Les siens tenaient parfaitement dans une coupe. (...)
Quoi d'autre ? Ah oui ! Petites oreilles, sourcil couleur brique et aussi fins qu'un pinceau à deux poils. Comme la majorité des rousses, elle était criblée de taches de rousseur. Elle en avait exactement six cent quarante trois. (Plus tard, quand je parlerai du régime académique de Bazoches, on comprendra pourquoi je les ai comptées).
Commenter  J’apprécie          40
... à part l'anglais et l'allemand, on m'apprit la langue des ingénieurs.
Il existait un code gestuel par lequel les "maganons" pouvaient communiquer secrètement, y compris en public. Ils se parlaient par signes (...)
Au milieu du fracas de la bataille, assourdissant, il est très utile de pouvoir communiquer avec les mains. "Reculez", "Munition !", Penchez-vous, franc-tireur sur votre gauche". Les Ducroix m'expliquèrent que ce qui avait commencé par des signes basiques devenait de plus en plus sophistiqué au point d'atteindre l'hermétisme propre aux "maganons".
Imaginez maintenant un ingénieur au service d'une armée. Son supérieur le présente au commandant militaire de la forteresse. En public, l'ingénieur en chef proclame au nouveau-venu : "Le général Untel, à qui même Cobulon ne ferait pas d'ombre en assiégeant les places fortes d'Arménie !" Mais pendant ce temps il monte et descend les mains en disant : "Celui que tu vois à ma droite est un monsieur-je-sais-tout, ne t'avise pas de l'écouter. Quand il donnera quelque ordre stupide, acquiesce, mais n'obéis pas ; c'est moi qui te dirai ce qu'il faut faire."
Commenter  J’apprécie          40

autres livres classés : vaubanVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (199) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3166 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}