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EAN : 9782375840061
99 pages
La Dragonne (15/01/1900)
4.5/5   8 notes
Résumé :
Lorsqu'on a un train à prendre , on peut y monter ou décider de le laisser passer.
Tout dépend des circonstances ....
C'est justement la situation à laquelle est confronté le jeune héros de ce livre qui est à la croisée des chemins .
Pendant les trois jours et trois nuits que nous allons passer avec lui , il sera ainsi question de la rencontre amoureuse avec une femme blessée , de son ami d'enfance, de la relation difficile avec son pére .....d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Voici un court roman porté par une très belle écriture , poétique et sensible, intimiste , addictive, aux accents mélancoliques , aux formules stylées et accrocheuses, savamment distillées.
Ce récit explore avec une beauté surannée l'angoisse et les craintes du jeune narrateur, cette sensation d'étouffer, une oppression qui l'empêche d'agir --------tremblements, jambes vacillantes--------il se coule alors dans l'abîme de la solitude , nouvelle chez lui, car il n'est jamais seul à la maison !
Ce garçon de vingt ans , Mathias a soif d'absolu , la vie lui fait peur ........il se cherche , effrayé par l'ombre de son père, dans le silence et le manque d'estime de lui -même .....
Confronté à l'ennui, inquiet , le regard triste, neurasthénique ,flirtant avec l'idée du suicide, il désirait guérir "Tout d'abord de ses parents, ensuite de la mélancolie ".
Nous passerons trois jours et trois nuits à ses côtés car il est à la croisée des chemins .
Lorsque l'on a un train à prendre, peut- on y monter ou décider de le laisser passer ?
Il évoque les rapports difficiles avec son pére , l'amitié indicible de son ami François qui porte sur lui un regard bienveillant parfois sarcastique, à bon escient , la rencontre amoureuse avec une femme blessée , les retrouvailles avec un ancien professeur, avec un junkie philosophe .......
Le destin est- il bien celui que l'on croit choisir ou pas ?
Le plus important ce sont les réflexions intéressantes sur l'art et la maniére d'écrire, la douleur de vivre mais sa douceur aussi ? Et la douceur d'être au monde ........
Cet ouvrage minutieux qui se lit comme un petit précis de mélancolie dessine en creux de superbes portraits de personnages abîmés par la vie .
Une bien belle découverte , édité chez la Dragonne, Distribution : Les Belles Lettres .
"Il eut le sentiment que tout était habitable,
Sauf peut- être ce sentiment lui- même. "
L'auteur, que je ne connais pas est né à Montpellier en 1972, surtout connu comme nouvelliste et
Poète. ( il a écrit une demi- douzaine de livres ) .
Merci à Marie ma libraire .
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Ce que j'aime avec Fabien Sanchez, c'est qu'aucun de ses livres n'est pareil à un autre.
Certains auteurs ont un style bien à eux, à chaque fois reconnaissable, ainsi qu' un faisceau d'obsessions identiques de livres en livres, pas lui. de son premier recueil de nouvelles Ceux qui ne sont pas en mer à celui-ci Un train est passé, en passant par des recueils de poèmes et un autre superbe roman le sourire des évadés, Fabien Sanchez explore le champ de l'écriture,
non pas pour distraire, mais pour nous mettre le nez dans ce qui nous préoccupe tous ; il parle du quotidien mais dans un langage de plus en plus recherché, allégorique, riche de sens et de nuances, l'on a l'impression qu'il reste à la surface des choses et des êtres comme pour mieux
en exprimer les zones cachées et les profondeurs.
Le regard qu'il pose sur les sentiments humains est toujours bienveillant, mais l'on sent bien que lorsqu'il parle des autres, il ne parle pas pour eux, mais pour nous, et de lui-même ; il y a chez lui un souci de la vérité des sentiments et une exigence stylistique, comme si le style voulait leur rendre hommage, et que de cet hommage, naisse une oeuvre d'art.
Car ce qui importe chez lui, comme il l'a déclaré, ce n'est pas tant de raconter une histoire, sinon la manière dont on la raconte. le style est tout, et Fabien Sanchez n'en manque pas.
Sa prose s'enrichit de livre en livre, gagne en maturité, en maitrise ; mais pas en sagesse, et heureusement, elle reste au service de personnages écorchés vifs, jamais tièdes, toujours denses, profonds et inspirés, au point que l'on se demande s'ils ont existé ou ne sont que pure invention, car dans la vie de tous les jours, on ne trouve pas toujours des personnages aussi vivants, inspirés que Mathias le narrateur, ou son ami François, ou Jean Gadenne (faut-il voir dans ce nom un clin d'oeil à l'écrivain Paul Gadenne ?) le drogué du village ou cette femme blessée Beatrice Kleinfinger dont Mathias tombe amoureux, sorte d'antithèse (le mot est barbare) d'Emma Bovary.
Rien n'est superflus, tout va toujours à l'essentiel, ou l'effleure, quand il ne tourne pas tourne autour.
Ce court roman se lit d'une traite, le souffle court, et l'on arrive à la fin, hors d'haleine, riche d'émotions, et un brin planant au-dessus du réel., qui, comme l'écrivait René Char, ne se traverse que soulevé.
Fabien Sanchez a déclaré : J'écris aujourd'hui pour arracher sa part d'ombre à ce que l'ombre a autrefois caché dans son indicible clarté.
L'ombre et la clarté sont les deux pôles de ce huitième livre de l'auteur, et entre les deux, il y a des personnages qui sont le reflet de l'indicible, et qui, le reflétant, deviennent les figures incarnées de nos multiples visages.
Chez Fabien Sanchez, je n'est pas un autre ; je est tous les autres.
Ici, je le cite, pour conclure :
Ce qui nous rend tous identiques est que nous sommes tous singuliers.
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Voici un texte captivant, bouleversant, sur un amour empêché entre un jeune homme de vingt ans désoeuvré dans sa vie de province et une femme blessée par les vicissitudes de l'existence.

Le style est parfait : ciselé et d'une grande maitrise narrative, portée par une fluidité avantageuse.
Les personnages sont extrêmement attachants, qui nourrissent chacun des réflexions sur le sens caché ou révélé de l'existence, mais aussi, pour le jeune narrateur qui se pique d'écrire, sur le sens même de sa démarche artistique qui n'est pas sans rappeler qu'il existe encore des auteurs que cela intéresse, dont c'est le véhicule premier de la recherche, je pense ici, par exemple, à André Gide.

Ce livre captivant de bout en bout sur la vie d'une jeune homme écrit par un auteur d'âge mur, nous apprend que le temps ne fait rien a l'affaire ; mais seulement la foi en la vie et en la recherche acharnée de la vérité, à tous le moins, dans les versants où celle-ci nous délivre, non pas sous la forme péremptoire d'un message, mais plutôt celle, fragile, d'une prière, les différents visages que peut emprunter la beauté quand elle soulève le rideau du réel et nous transporte vers ce qu'il y a de plus ténu et de plus précieux en nous- même.

Un livre exceptionnel ! Comme son auteur, je ne pèse pas mes mots !!!
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il s'agit d'un court roman qui s'attache à mettre en lumière ce moment
dans la vie où tel un animal rétif, on recule devant l'obstacle comme pour
savourer un peu encore cette zone familière de "l'avant". Il l'évoque avec
pudeur et un humour grinçant parfois.Il faudrait ajouter que le style d'écriture y a la part belle, ce qui, dans le champ de la littérature contemporaine est tellement à contre courant que cela ressemble à de l'héroïsme, ne pas flatter la bêtise, ne pas chercher à donner des conseils ou des clés. bref, je vous en recommande chaudement la lecture!
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Mon ego démesuré allait être carbonisé, essoré, lessivé, ratiboisé. Je le pressentais. Mais je me devais d’admettre que je ne m’étais rarement senti aussi vivant, allongé dans le hamac du jardin, qu’en cette fin d’après-midi où je rêvassais à la capitale – sauf lorsque je vacillais sous la brûlure des baisers de Marie, quand elle murmurait à mon oreille : « Toi et moi, c’est à la vie à la mort. » J’avais commis un crime, songeai-je, j’avais bafoué les élans les plus nobles chez une jeune personne, les plus purs que le monde puisse offrir, chez une fille prête à tout, et même à donner sa vie pour moi. Peut-être la vie me punirait-elle – ou Dieu. On ne peut faire le mal impunément. Le salut se paye comptant. De quoi étais-je épris, si ce n’était de beauté, avec l’art comme moyen le plus sûr de l’effleurer ? C’est vrai que j’avais de la chance, mon père avait eu là une idée géniale, me prendre un billet pour la plus belle ville du monde. Et puis m’éloigner de mes parents était devenu salutaire. « Tu es une sorte d’esthète », me disait François. « Un aristocrate de la sensiblerie », disait encore Marie. Mais quand je me comparais à mes prochains, je n’étais pas pire qu’un autre. J’avais un bon fond. J’aimais Dieu, la vie, les gens, mais de façon ténue, homéopathique, à petites doses, non sans un certain flou. L’ennui m’était supérieur, et ce que je craignais le plus était de continuer de m’ennuyer après la mort.
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Cette femme, Béatrice, ne devais-je pas plutôt m’en méfier ? Elle était trop intelligente et trop malheureuse. Névrosée au dernier degré. Oui, et alors ? Je marchai d’un pas pressé, mon être tout entier empli de fougue, et comme portée par celle-ci. Ainsi donc, je me rendais chez elle. Je n’avais pas le choix. Il me fallait agir de la sorte. Une force m’y poussait, qui me dépassait, dont je ne cernais pas les contours, mais qui s’imposait à moi. Avec fatalité ? Tout de même pas. L’heure n’était pas si grave. L’heure était propice, c’est tout. Il ne s’agissait que de curiosité, de dissiper un doute. Rien n’était innommable dans mon existence. Il existait des mots et des phrases pour chacun de mes sentiments. Je n’étais pas un personnage de Beckett. Je n’étais ni Malone, ni Molloy. Mon moi, au contraire de ces personnages, était identifiable. Je le connaissais. L’être qui résidait en ce point n’était pas sans nom, sans passé, sans possibilité de se frayer un chemin dans un champ symbolique de visions et de sensations. Je n’essayais pas d’être ou de devenir, comme Malone ; j’étais. Je n’avançais pas masqué dans la vie, ni n’étais en quête d’identité. Je me connaissais par cœur, comme dirait un collégien. Du moins le croyais-je. Il fallait le vérifier tout de suite. Béatrice. La revoir. M’assurer que je n’en étais pas amoureux. Me délivrer d’un songe ou d’un sort funeste. Elle était un peu sorcière sur les bords, oh oui, car magique, ou magicienne. Étais-je ensorcelé ? Je pressais le pas dans les rues, je courais presque, en fait. C’était comme si la ville n’avait pas d’existence, avec ses passants, ses immeubles, qui étaient comme autant de décors nébuleux à l’intérieur d’un rêve. J’évoluais dans une contrée qui n’était que le miroir déformant de mon esprit – j’allais dire mon cœur. Le lien qui les reliait l’un à l’autre était rompu. Le lien qui me reliait à beaucoup de choses était rompu. Mais au moins, j’en avais fini avec les tergiversations. J’allais droit au but, comme une flèche filant au centre de sa cible.
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" L'écriture est une mise à l'écart, et l'écrivain un anachorète qui, à mille lieues de tout enrôlement social , n'a qu'un credo : vivre dans l'angle mort du social et du temps .
Dans l'angle mort du monde " .........

Pascal Quignard .
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Les rues de Sommargues ne me semblaient plus aussi vides de sens, ce soir. Grâce à notre rencontre avec Jeannot la seringue ; grâce aux verres de whisky bus avec mon ami en écoutant du jazz. Je me sentais gonflé à bloc comme une voile sous le vent ; bien dans ma peau. J’avais vingt ans ; la vie devant moi. Je songeai à monsieur Garrel qui avait l’air si désespéré, mais
aussi à Béatrice, qui l’était tout autant. Pourquoi fallait-il que la vie s’assombrisse pour certains ? Le chagrin ne touchait-il que les êtres pourvus d’une sensibilité particulière, préservant ceux que François et moi aimions appeler les philistins ? Je n’avais pas de réponse à cette question. Ce soir était un soir sans réponse.
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