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Critique de SaveurLitteraire


Gustave Flaubert et son monument, Madame Bovary… avalé avec difficulté en Terminale, disséqué par un enseignant passionné, face à une classe dubitative. Si l'histoire m'avait autant ennuyé qu'affligé, la plume, elle, a su se faire une place dans mon coeur. C'est ainsi que les correspondances de Flaubert se retrouvent en ma possession, par ma soif de curiosité sur un auteur assez fascinant ; et si je n'ai pas encore pu lire les oeuvres de George Sand, ce moment d'intimité passé avec ces deux écrivains classiques saura bien attiser ma curiosité sur les titres de chacun.

Tu aimes trop la littérature, elle te tuera est une correspondance qui s'étend sur de longues années, à la plume plutôt qu'à l'ordinateur, d'une écriture à l'encre plutôt qu'au clavier. Une amitié dont nous n'avions pas forcément connaissance, franche et pure, le reflet du genre d'amitié que l'on ne retrouve pas à notre époque moderne. Avant d'en venir aux correspondances, une préface d'une trentaine de pages nous introduit aux deux noms et au contexte, aux liens qui unissent ces personnes. Je n'aurais donc qu'un regret pour cette lecture : avoir lu la préface avant de débuter, car elle en dit beaucoup ; considérez-la plus comme un résumé de toute la correspondance que comme une préface d'introduction.

Comme pour tout ouvrage théorique, toute brique de témoignage, de non-fiction, il vaut mieux ne pas chercher à tout lire en une fois, privilégiez peut-être une autre lecture et alternez pour apprécier à sa juste valeur ce gros pavé de 600 pages ! Qu'y a-t-il à en dire, d'ailleurs ? Ne connaissant que la plume de Flaubert, j'en retrouve avec un sourire de nostalgie les nombreux aspects dont avait parlé mon enseignant de Terminale, la douleur que l'écriture de Madame Bovary a suscité chez son auteur, et quelques unes de ses réflexions sociales. C'est aussi l'occasion de découvrir George Sand, une femme de lettres à qui l'on doit des chefs d'oeuvres !

Le plus intéressant à noter dans ces correspondances, outre le fait qu'elles aient duré aussi longtemps, outre le fait qu'on ait accès à autant de lettres et de billets, c'est… le respect qu'ils ont l'un pour l'autre, un respect sans borne malgré les nombreuses différences qui les séparent. Leur amitié n'est jamais entachée par les profondes divergences d'opinions qui les animent. Tous deux savent écouter l'autre, tout en faisant valoir leur point de vue, si l'on en juge par les longs billets passionnés qui s'étendent au fil des années. La mauvaise humeur ne dure jamais entre eux.

Les deux correspondants sont des plumes avant tout, aussi nous ne serons pas étonnés de lire des échanges sur des problématiques de style et de création ; Tu aimes trop la littérature, elle te tuera en est remplie, pour notre grand plaisir ! C'est comme s'il s'agissait des coulisses de grands auteurs classiques, des sujets qui intéresseront peut-être les jeunes plumes que nous sommes. Loin de s'arrêter aux affaires de création, les auteurs parlent également de leur vie et de leurs difficultés, de leurs convictions ; une véritable mine d'informations s'ouvre à nous, de quoi en apprendre plus intimement sur la France des années 1870, principalement, et les moeurs, la mentalité, qui s'en ressentent. Bien évidemment, des différences entre nos deux époques, mais tout de même, un intérêt très fort pour cette partie de l'Histoire du pays.

Enrichissant moment d'échanges amicaux et tendres, où chacun appelle l'autre avec des surnoms affectueux, des boutades rigolotes, une telle dynamique qui s'en dégage… alors, certes, ça sera une lecture longue et parfois fastidieuse, nous ne lisons pas de la fiction après tout, alors n'hésitez pas à lire autre chose en même temps, pour varier les plaisirs et ne pas vous lasser, car la brique en vaut la peine !
Lien : https://saveurlitteraire.wor..
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