la souffrance ne se raisonne pas.
Mon Dieu, qu’est-ce qu’un mot ? On l’interprète comme on veut. Avec un mot, on fait pendre un innocent.
Une femme, quand elle est héroïque, ne l’est pas à demi.
Et pourquoi ne m’aimez-vous pas ? Vous avez peut-être aimé déjà quelqu’un qui ne me valait pas. Je ne vaux pas grand-chose, c’est vrai, mais j’aime, et n’est-ce pas tout ?
l’amour est une fleur trop délicate pour se relever quand on l’a foulée aux pieds.
Je savais me contenter du moins, donc le plus devait m’accabler, puisque le mieux est l’ennemi du bien. Et puis d’ailleurs y a-t-il une vraie beauté pour les sens ? La véritable est celle qui plaît. Celle dont on est rassasié est comme si elle n’avait jamais été. Et puis encore il y a le plaisir du changement, et c’est peut-être là tout le secret de la vie. Changer, c’est se renouveler ; pouvoir changer, c’est être libre. L’artiste est-il né pour l’esclavage, et n’est-ce pas l’esclavage que la fidélité gardée, ou seulement la foi promise ?
Montrez-moi cet homme dans vos bras, ou aimez-moi, Thérèse ! Faute de cette solution, je n’en vois qu’une troisième, c’est que je me tue pour en finir… C’est lâche et stupide, cette menace banale et rabattue par tous les amants désespérés ; mais est-ce ma faute s’il y a des désespoirs qui font jeter le même cri à tous ceux qui les subissent, et suis-je fou parce que j’arrive à être un homme comme les autres ?
Par toutes ses voix, par celle de l’amitié comme par celle de l’opinion, le monde lui criait de se relever et de se reprendre. C’était là le devoir en effet selon le monde, dont le nom en pareil cas équivaut à celui d’ordre général, d’intérêt de la société : « Suivez le bon chemin, laissez périr ceux qui s’en écartent ». Et la religion officielle ajoutait : « Les sages et les bons pour l’éternel bonheur, les aveugles et les rebelles pour l’enfer ! » Donc peu importe au sage que l’insensé périsse ?
Tous trois avaient rêvé d’escalader le ciel et d’atteindre ces régions sereines où les passions n’ont plus rien de terrestre ; mais cela n’est pas donné à l’homme : c’est déjà beaucoup pour lui de se croire un instant capable d’aimer sans trouble et sans méfiance.
Quand une tête doit tomber sur l’échafaud, la foule va regarder, et c’est tout naturel. Il n’y a pas que les émotions douces qui nous fassent vivre. Il nous en faut d’épouvantables pour nous faire sentir l’intensité de la vie.