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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Peut-on tuer à cause d'un livre histoire ?
Ça dépend du livre...
Shlomo Sand, professeur d'histoire à l'université de Tel-Aviv, est l'auteur de deux livres qui ont été controversés. Leurs titres "Comment le peuple juif fut inventé" et "Comment la terre d'Israël fut inventée" explique d'emblée pourquoi ils n'ont pas plu à tout le monde.
Il n'est pas question de résumer ici les thèses de l'auteur ( je ne peux au demeurant qu'en conseiller la lecture, ils sont très accessibles et dénués de tout pédantisme universitaire). On peut cependant les exposer ainsi : l'archéologie démontre le caractère mythique des évènements racontés dans la Bible. le judaïsme apparaît vers le septième siècle av JC en Judée, parmi les autochtones Cananéens. Après la destruction du Temple par les Romains en +70, il n'y a pas de dispersion des Juifs. Ils restent sur place. La preuve en est qu'ils se révoltent à nouveau n +132 (révolte de Bar Kochba). En revanche il y a eu des conversions massives au Judaïsme sur tout le pourtour de la Méditerranée. Là est l'origine des Juifs orientaux ou Sépharades. Ces points ne font pas controverse dans la communauté des historiens et sont attestés par l'archéologie. Voir à ce sujet les ouvrages d'Israël Finkelstein, directeur du département d'archéologie de l'Université de Tel Aviv.Mais Sand est attaqué sur la deuxième partie de ses théories, concernant l'origine des Ashkénazes, Juifs d'Europe orientale. Selon Sand, ils ne descendent pas des Hébreux du premier siècle, mais d'un peuple de la Steppe, les Khazars, dont le royaume a existé jusqu'au 13eme siècle dans la région de la Caspienne, convertis au Judaïsme au 8eme siècle.
Évidemment cette thèse remet en cause les justifications historiques du Sionisme, créé précisément par des Ashkénazes au 19 ème siècle, puisque les descendants des Khazars n'auraient aucun lien avec la Palestine. Tout le monde ne l'accepte donc pas, malgré les preuves indiscutables de l'existence du royaume juif des Khazars.
Et voilà le point de départ de notre roman : un universitaire israélien qui a travaillé sur les Khazars est assassiné en 1987. Puis un autre 20 ans plus tard. Et..
On ne raconte pas un roman policier.
Parce qu'il s'agit d'un véritable roman policier, il y a une enquête, des rebondissements. Les personnages sont crédibles. On apprend aussi énormément de choses sur la société israélienne.
Shlomo Sand a réussi avec succès le passage souvent difficile au roman.
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Schlomo Sand est un universitaire, historien à l'Université de Tel Aviv.  Il a écrit des essais: Comment le peuple juif fut inventé,(2008)Comment la terre d'Israel fut inventée (2012), comment j'ai cessé d'être juif (2013) La fin de l'intellectuel français? (2016) qui ont été édités en français, et bien sûr, d'autres publications, antérieures ou non traduites. 

La mort du khazar rouge est une fiction, un polar de 383 pages, se déroulant sur 20 ans de 1987 à 2007. L'enquête commence avec le meurtre d'un universitaire Litvak, historien, qui s'apprêtait à publier un livre sur les Khazars, royaume s'étendant de l'Ukraine au Caucase ayant adopté la confession juive. Ces travaux dérangeant une partie des universitaires israéliens. le policier Emile Morkus est un Arabe chrétien de Jaffa  fait équipe avec Shimon Ohayon un juif marocain. Peu d'indices pour élucider cet assassinat. D'autres assassinats - le frère jumeau de Litvak - une étudiante gauchiste, ne sont pas plus résolus, le procès du violeur de l'étudiante aboutit à une erreur judiciaire. Après un nouvel assassinat, 20 ans plus tard  l'enquête reprend. La victime est un autre historien, un orientaliste.  Son sujet de recherche :  Himyar, un royaume  yéménite également converti au judaïsme au IV ème siècle de notre ère. 


Je déteste les critiques qui spoilent les polars. Ne comptez pas sur moi pour vous donner plus de détails sur l'intrigue qui est très bien conduite et qui tient le lecteur en haleine.

En revanche, j'ai pris grand intérêt  à retrouver vingt ans d'histoire d'Israël :  la première Intifada, les espoirs nés à Oslo ,l'assassinat de Rabin en 1995...Grand intérêt également à découvrir tout un pan d'histoire du peuple juif sous un angle que j'ignorais (les khazars, non, mais le royaume yéménite complètement).


Rencontre avec un écrivain que j'ai eu le plaisir d'entendre sur des vidéos de Youtube qui m'ont appris que la fiction était basée sur des faits réels : Litvak, le personnage a été inspiré d'un historien Abraham Polak qui a vraiment étudié les Khazars, le  policier arabe d'un véritable policier.
Lien : https://netsdevoyages.car.blog
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Pour un premier roman, c'est un coup de maitre. Ce beaucoup-plus-qu'un polar est surtout une réflexion sur la difficulté de déconstruire le mythe fondateur biblique de l'État moderne d'Israel, domaine de prédilection de l'historien et professeur d'université israélien Shlomo Sand. Parallelement a la dimension criminelle, le récit met donc en scene le profond malaise que provoque, dans le milieu universitaire israélien, la remise en cause de l'histoire officielle du peuple juif. Dans le livre, ce malaise est lié chez certains au refus de ce qui est percu comme un mensonge justifiant occupation territoriale et discriminations ethniques alors que, chez d'autres, il est beaucoup plus lié au danger que représente une telle remise en cause subversive pour leur carriere académique.

Roman a l'intersection entre histoire, idéologie et politique, c'est aussi une observation psychologique fine et décapante du milieu académique israélien rayon histoire, avec lequel le professeur Shlomo Sand avait apparemment un compte a regler.

Ce livre se veut un message de paix dans le contexte du conflit israélo-palestinien sous la forme d'une fiction criminelle autour d'une remise en question historique qui, elle, n'est pas fictive. Une telle remise en question est inévitablement percue par certains comme une atteinte a leur identité et, de ce fait, déchaine leur fureur ou, tout au moins, une forte réprobation et c'est la que la fiction rejoint peut-etre la réalité, crimes en moins heureusement.

Apres avoir lu ce livre, je me fais la réflexion que les Juifs sont comme une grande famille animée de relations passionnelles et parfois conflictuelles mais toujours subordonnées a l'appartenance familiale. Moi qui ai perdu mes racines, me prends alors a regretter de ne pas faire partie de cette famille meme si, comme toute grande famille, celle-ci contient des secrets pouvant etre perturbants. En tout cas, je me réjouis de lire le prochain roman de Shlomo Sand.
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