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Lélia tome 0 sur 3

Pierre Reboul (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070429257
608 pages
Gallimard (15/09/2003)
3.38/5   69 notes
Résumé :
Ce roman (1833) est inspiré, moins par la vie que par la personne de George Sand. L'héroïne est une femme d'action, mais dévorée du démon de l'analyse, et dont le charme opère sur bien des hommes : le poète Sténio (on songe à Musset), l'ancien aventurier converti, Trenmor, l'ermite Magnus. Lélia cherche la paix en devenant l'abbesse d'un couvent. Sténio l'y retrouve et c'est le drame. George Sand distinguait elle-même dans son livre une question psychologique, une q... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Ma découverte de George Sand s'est faite avec Lelia, chemin risqué et plutôt éloigné du parcours plus traditionnel de ses contes et autres romans champêtres.
Si c'était à refaire, je recommencerai à l'identique et sans hésitation !

'Lelia' est puissant, profond, intense, cynique, noir, sublime, magique, délicat ; tout ça à la fois - un chef d'oeuvre.
J'ai connu deux chocs dans ma courte vie de lecteur qui me font dire "il y a un avant et un après telle oeuvre" : le premier avec Anna Karénine, le second avec Lelia.
Dès les premières lignes, je me suis senti en phase, en connexion avec George Sand, ou devrai-je dire Lelia. A la fois mentor, amie, amante et guide, Lelia m'a emporté à bras ouverts ; j'étais comme hypnotisé par sa sagesse, sa connaissance, ses visions et autres lucidités.

Lelia est noire. Lelia est 'fanée' par la vie et les Hommes mais qu'importe. je suis tombé éperdument amoureux.

Ce livre est sublime.
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"Qu'est-ce donc que Lélia ? Une ombre, un rêve, une idée tout au plus. Allez, là où il n'y a pas d'amour, il n'y a pas de femme."

Étrange objet que celui-ci ! Touffu, foisonnant, ce roman de jeunesse au lyrisme gothique ne cesse d'interpeller. La première partie est intrigante qui voit se dérouler un dialogue désincarné par chapitres interposés : on ne comprendra que plus tard qu'il ne s'agit pas là d'un échange entre télépathes mais d'une correspondance tronquée entre une glaciale adorée et son ardent admirateur. le rideau du castelet ouvert, se meuvent alors des marottes figées et le lecteur est plongé dans un roman faussement vampirique : l'exsangue Lélia, escortée de l'austère Trenmor ("Traîne-Mort" ?), fascine Sténio l'enfançon a[sthéni]que. le ton, éthéré et distancié, semble celui d'une fable ésotérique quand une ligne de points, coupant abruptement le livre, nous plonge dans un récit soudain au présent, comme pour nous mettre à l'épreuve du réel.

Revenue du royaume des ombres, strige cruelle ("Voyez, on s'écarte de vous, on craint de toucher votre linceul, on ose à peine vous regarder au visage ; le silence de la crainte plane autour de vous comme un oiseau de nuit. Votre main est aussi froide que le marbre d'où vous sortez."), Lélia suce métaphoriquement le sang de sa pauvre victime, Sténio qui, ballotté entre amour et répulsion, se vide petit à petit de ses talents de poète et se dessèche. C'est que la désirable goule est en fait une femme frigide, blessée par un premier amour et qui ne connaîtra jamais l'extase des sens. Allumant les désirs autour de son image de sphynge (le prêtre Magnus, tout droit sorti de chez Lewis avec ses yeux exorbités par la lubricité, ne s'est-il pas damné pour elle ?), Lélia s'est enfermée dans un sarcophage d'orgueil et de dédain pour mieux nier son anaphrodisie. Toute pièce ayant son revers, Pulchérie la soeur de notre iceberg est une courtisane sensuelle : leur rencontre au mitan du roman résonne comme les dialogues de Justine et Juliette, les frangines sadiennes, chacune défendant ses infortunes et ses prospérités.

Au final après avoir subi moult conversations métaphysiques, discours mystiques, débauches cythéréennes, prêches enragés ou envolées poétiques, le trop fragile Sténio, en bon "enfant du siècle" se suicidera-t-il d'avoir trop et trop mal aimé. So romantisch !

Boursoufflé (avec ses tunnels interminables), crispant, provoquant, ce terrible roman n'a cependant rien du pensum grâce au style de Sand d'une maîtrise totale, qui alterne lyrisme romantique et sécheresse philosophique. Il flamboie tout au long de son récit certes mal fichu ("j'écrivis Lélia, sans suite, sans plan, à bâtons rompus (...)" mais dans lequel la féministe culottée explore des thèmes stupéfiants pour son époque : le plaisir sensuel, la sexualité des femmes, le sapphisme,... Liberté, égalité, sororité !

Ses personnages ont beau être de carton-pâte (abstraits, ils sont avant tout des "types"), on est touché par Lélia qui se refuse à Sténio comme Dieu se refuse à elle et dont l'absolue impossibilité de vibrer comme une harpe éolienne aux souffles du désir la condamne à une morgue inaltérable et à une éternelle errance.

Bon mais indigeste...
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Acheté à l'époque de mon cégep, c'est-à-dire il y a une dizaine d'années, alors que je m'étais prise d'une passion pour les classiques qui s'est vite calmée quand j'ai constaté que seules quelques-unes de ces oeuvres me plaisaient, ce livre a vite été oublié dans ma bibliothèque.
Non seulement le moment n'était jamais opportun pour lire cette oeuvre, mais en plus son épaisseur, des multiples notes de bas de pages et les caractères minuscules m'intimidaient grandement. Au mois de janvier dernier, j'ai décidé qu'il était grand temps de le lire. J'étais loin de me douter que j'en ressortirais seulement cinq mois plus tard.
En effet, Lélia est une oeuvre extrêmement dense, pas du tout le genre qu'on lit pour se changer les idées le soir avant d'aller se coucher. Sa lecture demande une attention de tous les instants, ne serait-ce que pour décoder toutes ces longues phrases interminables ponctuées de figures de style pas toujours évidentes.
La lecture de ce roman demande aussi une assez bonne connaissance de la religion chrétienne, en particulier catholique, de même que de l'époque dont il est question, car les personnages baignent dans une religion qu'ils mettent en doute tout en se voyant obligés de s'y contraindre.
Finalement, il ne faut pas s'attendre à une histoire avec une intrigue en tant que telle. Il n'y a pas du tout d'action, ce qui peut être ennuyant.
À vrai dire, j'ai eu l'impression de lire une succession de litanies de personnes de la haute société qui ont beaucoup trop le temps de penser et qui en oublient de vivre. le personnage de Lélia, apparemment à l'image de Sand, m'a paru froid, hautain et terriblement pessimiste. le personnage de Sténio m'a paru encore plus pathétique dans son amour désespéré pour une femme incapable d'aimer. Par moments, j'ai pensé aux tragédies de Shakespeare, tellement les paroles des personnages manquent de naturel.
Ne vous méprenez cependant pas, je sais que ce livre est le reflet d'un passé révolu, et que pour son époque, Sand avait une pensée remarquablement divergente des autres femmes de son époque. Je comprends aussi que toutes ces phrases longues et difficiles à décoder sont le reflet d'une mode passée.
Malgré tout, je ne peux pas dire que j'ai apprécié ma lecture. Trop de religion, trop de négativisme, trop de drame, trop de plaintes. Ce n'est pas pour rien que j'y ai mis cinq mois, entrecoupant chacune des parties d'un ou deux livres plus légers. Si je m'étais écoutée, je l'aurais abandonné une bonne centaine de fois.
N'empêche que j'y ai trouvé plusieurs belles citations, que j'ai trouvées réfléchies et habiles. C'est sans doute ce qui m'a permis de résister pendant toute ma lecture.
Il est à noter que mon édition contient une réécriture de Sand faite six ans après la première parution de Lélia. Je n'ai tout simplement pas pu me résoudre à la lire. Je ne peux donc pas donner mon opinion sur cette réécriture qui est apparemment plus optimiste. Tant pis.
J'ai lu quelque part que Lélia n'est pas le bon livre pour commencer à lire Sand. J'ai malgré tout commencé avec celui-ci, et sa lecture m'a effectivement découragée pour un bon bout de temps. Mais puisque je sais que ses autres livres sont différents, je leur donnerai peut-être une seconde chance un de ces jours. Mais pas avant longtemps.
Lien : http://lecturesdisabelle.blo..
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Lélia est très belle, Lélia est très intelligente, Lélia est très riche, Lélia est indépendante, mais Lélia est très triste. Et il lui faut 600 longues pages pour le dire. Elle est tellement présentée comme une femme extraordinaire au sens premier que j'ai pensé à Corinne de Mme de Staël, autre héroïne comme modèle idéalisé de son auteure, qui disserte elle-aussi sur de longues pages sur l'importance de l'amour idéal, sur la pureté des sentiments, et sur la beauté tragique du monde.
Sténio est jeune, Sténio est beau, Sténio est un poète de talent, mais Sténio passe son temps à pleurer sur 600 longues pages. Sténio est amoureux, mais il ne sait pas comment séduire Lélia. Et comme pour le Oswald de Corinne, il aime d'abord sans désir.
Il y a aussi un rapprochement possible entre Lélia et Louis Lambert de Balzac, tous deux partageant une théorie de la volonté, tous deux étant décrits comme tellement supérieurs aux autres qu'ils en deviennent insupportables pour moi en tant que lectrice...
Mais aux milieux de ces longues pages d'idées dépressives, ce sont les passages sur le désir que j'ai préférées, elles apportent en fin un peu d'action, permettent enfin de comprendre un peu Lélia, et révèlent le personnage de Pulchérie qui, seule, semble vivante au-milieu de ces quatre êtres dits exceptionnels mais qui passent leur vie à se plaindre au lieu de vivre. C'est assez original dans la littérature du XIXème siècle que l'héroïne parle d'amour physique, de désir et surtout de plaisir - même si Lélia se plaint de ne l'avoir jamais atteint, à cause d'un amant brutal qui ne s'occupait pas d'elle...
J'ai aussi apprécié la description du paysage montagnard sauvage, on est en plein dans la vision romantique du désert sublime - mais les montagnards ne sont que des personnages-types, des figurants au grand coeur.
Enfin, j'ai été surprise par cette fin brutale, ces dernières lignes dignes d'un roman gothique avec une figure de moine menaçant aux yeux fous, une figure étonnante de la part de George Sand.
Une oeuvre pionnière sans doute pour l'histoire de l'écriture féminine, mais trop de larmes et de plaintes pour moi.
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Voici la première fois que je n'apprécie pas un livre de George Sand, et me voilà toute marrie! Cela a été une lutte d'arriver jusqu'au bout, et je crois que c'est vraiment par esprit de contradiction que je ne l'ai pas abandonné en cours de route. D'ailleurs, la première partie finie, ça a été un peu plus facile, et heureusement, sinon je crois que j'aurais craqué!
De quoi ça parle? Et bien du jeune poète Sténio, qui est fou de Lélia mais ne la comprend pas du tout, et se trouve jaloux du mystérieux Trenmor, du prêtre Magnus à qui la beauté de Lélia a enlevé la foi, ça parle de religion, de liberté des peuples, de séduction et de philosophie...et c'est interminable et verbeux. Lélia a bien trop de temps libre et trop de moyens, finalement. Quand elle explique qu'elle veut se retirer seule dans une abbaye abandonnée pour se couper du monde, c'est tout de même avec ses serviteurs qui lui déposent le nécessaire tout le jour sans qu'elle les voit, il ne faudrait pas exagérer.
Il y aurait sans doute plus intelligent à dire sur ce roman très dense: dans toute cette matière, il y a de très belles pages qui auraient mérité que je m'y arrête plus. Cependant, rien à faire, tous ces personnages qui font leur propre malheur, et le malheur des autres, plus par orgueil qu'autre chose, n'ont su que me lasser et m'ennuyer, et les constants débats philosophiques épistolaires de Lélia n'ont franchement pas aidé!
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Citations et extraits (62) Voir plus Ajouter une citation
[...] ne te hâte pas de réaliser ton impatience, conserve et réfrène le désir de ton âme ardente, prolonge de tout ton pouvoir cet aveuglement de l'espoir, cette enfance du cœur qui n'a qu'un jour et qui ne revient plus. Gouverne sagement, garde avec vigilance, dépense avec parcimonie le trésor de tes illusions; car le jour où tu voudras obéir à la fougue de ta pensée, à la souffrance inquiète de tes sens, tu verras ton idole d'or et de diamant se changer en argile grossière; tu ne presseras plus dans tes bras qu'un fantôme sans chaleur et sans vie.
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Pourquoi faut-il souffrir toujours d'un désir de bien-être qui se révèle sous la forme du beau et qui plane dans tous nos rêves sans se poser jamais à terre?
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J'accuse la grande loi du temps, qui veut que tout s'épuise et prenne fin. Ne voyez-vous pas que le flot des siècles nous emporte tous ensemble, hommes et mondes, pour nous engloutir dans l'éternité comme ces feuilles sèches qui fuient vers le précipice, entraînées par l'eau du torrent?
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Ô vie, ô tourment! Tout aspirer et ne rien saisir, tout comprendre et ne rien posséder! Arriver au scepticisme du cœur, comme Faust au scepticisme de l'esprit!
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J'oubliais d'être jeune,la nature oublia de m'éveiller.mes rêves avaient été trop sublimes;je ne pouvais plus redescendre aux appétits grossiers de la matière.Un divorce complet s'était opéré à mon insu entre le corps et l'esprit.J'avais vécu en sens inverse de la destinée naturelle.Au lieu de commencer par la jouissance et de finir par la réflexion,javais ouvert le livre de la vie au chapitre de la science,je m'étais enivrée de méditations et de spiritualisme,et j'avais prononcé l'anathème des vieillards sur tout ce que je n'avais pas encore éprouvé.Quand vint l'âge de vivre,il fut trop tard:j'avais vécu mais si la jeunesse des sens,mais si la vie du corps n'a qu'un jour,qu'il faut saisir et qui ne revient plus,la jeunesse de l'âme est longue et la vie de l'esprit est immortelle.Mon coeur survivrait à mes sens et je me dévouerai en pâlissant et en fermant les yeux.
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Dans le 161e épisode du podcast Le bulleur, on vous présente Storyville, l'école du plaisir que l'on doit au scénario de Lauriane Chapeau, au dessin de Loïc Verdier et qui est édité chez Glénat. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec : - La sortie du deuxième tome de Madeleine, résistante baptisé L'édredon rouge, titre que l'on doit au scénario conjoint de Jean-David Morvan et Madeleine Riffaud, au dessin de Dominique Bertail et c'est publié chez Dupuis dans la collection Aire libre - La sortie du premier tome sur deux de l'adaptation du roman d'Umberto Eco Le nom de la rose par Milo Manara, un titre édité chez Glénat - La sortie du troisième tome de La fortune des Winczlav, un titre baptisé Danitza 1965 que l'on doit au scénario de Jean Van Hamme, au dessin de Philippe Berthet et c'est édité chez Dupuis - La sortie de l'adaptation en bande dessinée du roman Indiana de George Sand, adaptation que l'on doit au duo Catel Muller et Claire Bouilhac ainsi qu'aux éditions Dargaud - La sortie de l'album Je suis au-delà de la mort ! Que l'on doit L'homme étoilé et aux éditions Le Lombard - La réédition de l'album Elle s'appelait Tomoji que l'on doit à Jirô Taniguchi et aux éditions Rue de Sèvres à l'occasion de leurs 10 ans
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