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Citations sur Premières nouvelles - Le Diable à Paris (11)

« Nous rendons grâce au grand esprit qui nous permet de nous trouver parmi les Français nos anciens amis et nos anciens alliés. Nous les trouvons plus aimables et plus affectueux que les Anglais. Quand j’étais un petit enfant, mon père m’avait emmené dans les établissements des Anglais, en Amérique. Ils nous faisaient beaucoup de présents et nous avions part à beaucoup de butin. Aussi nous pensions que les Anglais étaient les meilleurs parmi les blancs. Mais nous avons bien compris, depuis, qu’ils ne voulaient que nous tromper et nous tuer tous avec l’eau de feu. Comment nous donneraient-ils la richesse, eux qui, dans leurs pays, ont des hommes qui meurent de faim ? Depuis que j’ai vu cela, mes yeux se sont ouverts comme s’ils voyaient pour la première fois la lumière du jour. Nous n’avons eu que du malheur en Angleterre. Nous y avons perdu un de nos frères et un de nos enfants. Heureusement, en France, nous nous portons bien et nous espérons en sortir tous vivants pour retourner dans notre pays où nous raconterons tout ce que nous avons vu et où nos enfants l’apprendront à leurs enfants. » (p106/107)
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« Quelle est donc cette grosse femme qui danse ? demandai-je au Parisien qui me pilotait pour la première fois à travers le bal.
– C’est ma tante, me dit-il, une personne très-gaie, très-jeune, et, comme vous le voyez à ses diamants, très-riche. »
Très-riche, très-gaie, cela se peut, pensai-je ; mais très-jeune, cela ne se peut pas. Je la regardais tout ébahi, et, ne pouvant découvrir nulle trace de sa jeunesse, je me hasardai à de-mander le compte de ses années. (p69)
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On ne connaît que ce qu’on aime, on ignore presque toujours ce qu’on hait (p61)
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Tu m’as fait promettre, honnête Flammèche, de te dire aussi mon mot sur Paris ; et, comme un diable candide et bénin que tu es, tu as insisté au point de rendre un refus impossible. Prends garde de te repentir de ta politesse car, en vérité, tu ne pouvais t’adresser plus mal. Personne ne connaît Paris moins que moi. On ne connaît que ce qu’on aime, on ignore presque toujours ce qu’on hait ; et, je te l’avoue, je hais Paris au point de passer tout le temps que je suis forcé d’y demeurer à fermer mes yeux et mes oreilles, pour tâcher de ne pas voir et de ne pas en-tendre ce qui fait, au dire des riches et des étrangers, le charme et le prix de cette riante capitale. C’est une aversion passée à l’état de monomanie ; si bien que j’ai oublié Paris, comme j’ai oublié mes existences antérieures. Je ne saurais donc te peindre que les misères du coin du feu, et valent-elles la peine d’être dites ? Le seul moyen d’y échapper, c’est, diras-tu, de sortir de chez soi. Où aller dans Paris, à moins qu’on n’y soit forcé ? où trouver le ciel qu’on puisse regarder sans heurter les passants et sans se faire écraser par les voitures, pour peu qu’on n’ait pas la faculté de regarder à la fois en l’air et devant soi ? où respirer un air pur ? où entendre des harmonies naturelles ? où rencontrer des figures calmes et des allures vraies ? Tout ce qui n’est pas maniéré par l’outrecuidance, ou stupide comme la préoccupation du gain, est triste comme l’ennui, ou affreux comme le malheur. Tout ce qui ne grimace pas pleure, et ce qui par hasard ne grimace ni ne pleure est tellement effacé ou hébété, que les pavés usés par les pas de la multitude ont plus de physionomie que ces tristes faces humaines. Que se passe-t-il donc dans cette ville riche et puissante, pour que la jeunesse y soit flétrie, la vieillesse hideuse, et l’âge mûr égaré ou sombre ? Regarde ces masures décrépites et puantes auprès de ces palais élevés d’hier. Regarde ce monde d’oisifs qui marche dans l’or, dans la soie, dans la fourrure et dans la broderie ; et, tout à côté, vois se traîner ces haillons vivants qu’on appelle la lie du peuple ! Écoute courir ces légers et brillants équipages ; entends ces cris rauques du travail et ces voix éteintes de la misère ! La plus nombreuse partie de la population condamnée au labeur excessif, à l’avilissement, à la souffrance, pour que certaines castes privilégiées aient une existence molle, gracieuse, poétique et pleine de fantaisies satisfaites ! Oh ! pour voir ce spectacle avec indifférence, il faut avoir oublié qu’on est homme, et ne plus sentir vibrer en soi ce courant électrique de douleur, d’indignation et de pitié qui fait tressaillir toute âme vraiment humaine, à la vue, à la seule pensée du dommage ou de l’injure ressentis au dernier, au moindre anneau de la chaîne. (p61/62)
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C’est donc ainsi, pensa-t-il qu’ils épouvantent les enfants et les femmes ! C’est par de tels artifices qu’ils troublent la raison humaine pour voiler leurs forfaits. Et ils brûleront de prétendus sorciers, eux qui au nom de Dieu présentent partout l’image du diable aux esprits faibles ! J’ai eu peur, pensa-t-il encore en approchant du cadavre en contemplant ses traits hideusement décomposés. (p55)
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Extrait de la Nouvelle, Quelques mères, dans le beau monde
« Quelle est donc cette grosse femme qui danse ? demandai-je au Parisien qui me pilotait pour la première fois à travers le bal.

— C’est ma tante, me dit-il, une personne très-gaie, très-jeune et, comme vous le voyez à ses diamants, très-riche. »

Très-riche, très-gaie, cela se peut, pensai-je ; mais très-jeune, cela ne se peut pas. Je la regardais tout ébahi, et, ne pouvant découvrir nulle trace de sa jeunesse, je me hasardai à demander le compte de ses années.

« Voilà une sotte question, répondit Arthur, riant de ma balourdise. J’hérite de ma tante, mon cher, je ne dis point son âge. » Et voyant que je ne comprenais pas, il ajouta : « Je n’ai pas envie d’être déshérité. Mais venez, que je vous présente à ma mère. Elle a été très-liée autrefois avec la vôtre, et elle aura du plaisir à vous voir. »

Je suivis Arthur, et auprès d’un buisson de camélias nous trouvâmes deux jeunes personnes assises au milieu d’un groupe de papillons mâles plus ou moins légers. Arthur me présenta à la plus jeune, du moins à celle qui me parut telle au premier coup d’œil ; car elle était la mieux mise, la plus pimpante, la plus avenante et la plus courtisée des deux. J’étais encore étourdi par les lumières et la musique, par mon début dans le monde de la capitale, par la crainte d’y paraître gauche, et provincial ; et précisément je l’étais à faire plaisir, car je n’entendis pas le compliment de présentation qu’Arthur débita en me poussant par les épaules vers cette dame éblouissante, et il me fallut bien cinq minutes pour me remettre du regard à la fois provoquant et railleur que ses beaux yeux noirs attachèrent sur moi. Elle me parlait, elle me questionnait, et je répondais à tort et à travers, ne pouvant surmonter mon trouble. Enfin je parvins à comprendre qu’elle me demandait si je ne dansais point ; et comme je m’en défendais : « Il danse tout comme un autre, dit Arthur, mais il n’ose pas encore se lancer.
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– Ils ont donc daigné, les superbes, te pardonner ton génie ! Dis-moi, ton mari te pardonne-t-il aussi d’être belle comme l’entendait Wandyk ? Ne t’a-t-il point prescrit de lisser tes boucles rebelles à la main de la camariste, de serrer dans des lames d’acier ton corsage andalous, de baisser tes yeux de feu et de faire usage de cosmétiques pour pâlir ton coloris oriental ?… Oh ! calme-toi… ton époux est charmant, ta belle-mère par-faite… On se résigne à toi, on t’admet sans reproches. Sais-tu bien maintenant les devoirs que ta condition t’impose ? Con-nais-tu l’esclavage ? As-tu passé une heure entière dans une prison, et sais-tu que la vie est longue ? Tiens, regarde ces fossés qui n’ont plus d’eau, ces bastions écroulés, cette herse qu’on ne baisse plus ; autrefois c’est ainsi que l’on gardait les femmes… Dans la cour, des hommes d’arme, des préparatifs de combat ; de l’autre côté du mur, la guerre et les dangers, les meurtriers ou les ravisseurs, le trépas ou l’infamie. C’était peu de chose, après tout, tant qu’il y avait un beau page dans le château et un mari en Palestine. Eh bien ! aujourd’hui, il y a des entraves plus fortes pour la femme que le fer des lames et la pierre des fortifications : le préjugé, l’usage ! Voilà vos liens, et malheur à celle qui les brise ! Il lui reste du mépris dans le cœur des femmes, et dans celui des hommes un amour qui outrage. Adieu donc la liberté ! La récolte manquera, ou la faveur du ministre ; puis ta belle-mère aura la goutte, il faudra soigner l’héritage d’un oncle riche et cacochyme… Et lorsque tu seras sur le point de donner un fils à ton heureux époux, dans la crainte de voir s’évanouir une espérance aussi chère (car une femme comme toi ne pourra devenir mère à la manière du peuple), une prudence féroce t’imposera les ennuis rongeurs d’une captivité de six mois, et sacrifiera sans pitié les beaux jours de la jeunesse à l’espoir in-certain d’un rejeton illustre, déjà vicomte dans ton sein. (p18)
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Où trouver une âme assez forte, assez sceptique pour hésiter devant les promesses de l’amour, pour repousser ces sermens si flatteurs à l’oreille et qui vont si doux au cœur ? Si cette âme existe, ce n’est pas du moins celle d’une femme. Elle rêvait donc de bonheur et d’amour, lorsque des pas firent crier le sable à ses côtés… (p16)
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– Or donc, dit-il, qu’est-ce que nous pourrions faire de gai ?
– C’est ce que nous venons te demander.
– Faisons quelque chose de bête.
– Ça ne changera rien à nos habitudes.
– Si fait, il y aura préméditation.
– Eh bien, insultons les passants.
– S’il en passe !
– Réveillons les gens paisibles. Sonnons aux portes.
– C’est bien connu, mais c’est toujours bon. (p7)
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– La belle femme ! dit l’un.
– Ça ? c’est un homme.
– Mais non. Ça danse très décemment.
– Et puis ça a le cou blanc comme du lait, c’est une femme, et pas paysanne du tout.
Le docteur Verneuil, qui est le coq de village des belles ouvrières, se trouve fort intrigué. Il ne reconnaît pas celle-là. (p6)
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