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Critique de Dixie39


Que nous ayons des droits en tant qu'individus et que ces droits ne puissent être bafoués par le gouvernement du pays où nous vivons, nous paraît aujourd'hui allant de soi. C'est l'inverse qui ne l'est pas et nous fait nous insurger, aujourd'hui, contre certains pays où dirigeants au vu de l'actualité du monde : Qui ne s'est pas inquiété pour le sort d'Asli Erdogan, citoyenne turque ? Qui ne s'est pas demandé de quelles armes juridiques la communauté internationale pouvait disposer pour régler certains conflits dans le monde impactant dramatiquement les civils, et quelles étaient leurs réelles portées ?

Et pourtant, ces droits et les revendications qui en découlent sont encore bien récents et fragiles.

Il y a encore quelques décennies, prévalait partout dans le monde l'entière souveraineté de l'État : libre d'emprisonner, tuer, discriminer ses membres, sans avoir aucun compte à rendre… Beaucoup de pays considèrent encore de nos jours que leur souveraineté est au-dessus de tout, et autant aimeraient que le droit international ne sorte pas du monde des idées.

"Avons-nous perdu le sens de l'histoire ? Les États veulent-ils vraiment "reprendre le contrôle" ? Une telle reprise du contrôle entraînerait-elle le retour du droit de traiter les citoyens, ou les étrangers, comme il leur plaît, sans qu'ils soient contraints par le droit international ou obligés par la fidélité aux engagements donnés ?"

C'est cette transition et cette lutte pour inscrire dans le droit international, la notion de crime contre l'humanité, et de façon plus difficile encore, celle de génocide, que nous raconte Philippe Sands, juriste spécialisé dans les droits de l'Homme. Là où Retour à Lemberg est original, c'est que cette trame est soutenue par le récit haletant qu'il nous fait des parcours individuels des membres de sa famille (juifs et donc soumis aux lois raciales nazies) et de la ville de Lviv, berceau de ses origines. Il nous embarque littéralement dans cette (en)quête qui va durer plus de six ans. Six années où son chemin va croiser et mettre en perspective les destins passés ou présents de gens aussi divers que Hersch Lauterpacht et Raphael Lemkin (créateurs des notions de crime contre l'humanité et de génocide), Niklas Frank (fils du gouverneur-général de la Pologne occupée qui fut un ami et fidèle d'Hitler), les accusés et témoins du procès de Nuremberg en passant par l'histoire de ses grands-parents et de sa mère, sans oublier Miss Tilney.

"Ce qui nous hante apparemment, ce ne sont pas seulement les morts, ou les vides que laissent en nous les secrets des autres, ce sont aussi leurs histoires."

De nombreuses photographies illustrent son propos et Philippe Sands nomme, date, cite, inscrivant sans relâche les événements qui font, non seulement sens, mais nous touchent profondément car l'écrire, c'est en laisser trace, ne pas permettre qu'ils s'effacent et que nous les oublions. Et le lire, c'est aussi comprendre pourquoi il n'est jamais vain de connaître nos devoirs et se battre pour nos droits, afin de ne pas un jour avoir à se battre pour nos vies...
Lien : https://page39web.wordpress...
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