Choisir et décider, c'est toujours sacrifier...
C’était hier. Je jouais aux billes. Et puis… je courais. Après un ballon. Après les ennuis. Après les copains, à « Chat » ou à la « Déli-Délo ». Après des notes qui sonnaient faux. Après un but. Après le flouse. Après les filles ? Non ! Après, une fille. Cette fille. Celle pour laquelle on use des semelles, des méninges et ses draps le soir.
Aimer. Il en a fallu, des sages à la barbe grisonnante pour donner corps à ce mot ; et dire qu’il suffit d’une rencontre pour en piger le sens…
Maman a toqué à ma porte et l’a ouverte dans la foulée. J’étais en train de me préparer pour partir au lycée.
– Maman, je t’ai pas dit de rentrer !
Sérieux, j’avais plus six ans ! De quel droit pouvait-elle encore mater mon zizi ?
Comme d’habitude, elle m’a envoyé sur les roses :
– Un jour tu m’essuieras les fesses, comme je l’ai fait pour toi. Alors, on reparlera d’intimité.
– C’est ma chambre ou pas ?
– C’est moi qui paie le loyer ou pas ?
J'étais ulcéré de ne jamais pouvoir aider les miens faute de pouvoirs; de ne jamais réussir à faire entendre ma voix faute de légitimité. A force d'être faible, issu d'une minorité si invisible, je n'avais aucun moyen de hurler contre l'injustice.
On court tous après ce qu'on n'a pas.
"Personne ne veut se contenter de son sort, or on n'en change pas sans changer d'image : le maigre soulève des poids, le gros fait des régimes, le pauvre veut avoir l'air riche, l'opulent rêve de pouvoir. On court tous après ce que l'on n'a pas."
"Le terme crise signifie "faire un choix" et "décider". Hé bien, choisir et décider, c'est toujours sacrifier."
"Les larmes que l'on oublie de semer ne s'évaporent pas, elles deviennent des rivières !"
"Est-ce qu'on est libre quand on est seul ?"
"Elle m'a serré dans ses bras. Je ne pouvais me débattre tant que je voulais, un enfant ne peut s'échapper de l'étreinte de sa mère."
On ne sait jamais de quoi demain sera fait. Pourtant, chaque jour, on se réveille avec des certitudes aussi fragiles que de dire "Je t'aimerai pour toujours". On croit que le malheur, c'est pour les autres... et parfois, on a tort.
Ce n'était pas demain que les petits, les faibles, les jeunes auraient leur mot à dire sur la manière dont devait fonctionner la Cité. Mais au moins, on s'était poilés !
On grandit et on tombe ensemble, pas vrai ?
– Putain, Djiraël… t’as foutu que de la merde !
Sacha, comme une grande tornade blonde en colère, tirait la tronche. On venait de perdre un 2 contre 2 : seul face au panier, j’avais loupé les deux points de la victoire en même temps que le double pas le plus facile de l’histoire des playgrounds.
– Ca arrive même aux meilleurs, j’ai répondu, philosophe.
– Sérieux, Djiraël ?! C’était un shoot de gonzesse.
Y avait pas plus mauvaise perdante que Sacha. N’empêche, je n’ai pas apprécié son attaque sur le contenu de mon caleçon :
– Hé ! Mes pecs sont p’têt plus gros que tes seins, mais ça fait pas de moi une meuf.
Sacha était faite tout en muscles et elle culminait à plus de 1m80. Un tank, silhouette Canderel : petits seins, grosses fesses.
– Ah, c’est ça en fait ! ? T’était trop concentré sur mes nichons.