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Marcel Barang (Traducteur)
EAN : 9782020663298
228 pages
Seuil (28/08/2004)
4.08/5   13 notes
Résumé :
"Le révérend père Tiane avait un nombre infini de choses à raconter. Ses histoires étaient parfois loufoques parfois tristes parfois effrayantes et maintes fois regorgeaient de formules magiques et de miracles... L'histoire de la fois où il s'était rendu en pèélerinage en Inde et il s'était trouvé confronté à une harde d'éléphants à en avoir le souffle coupé, les enfants l'avaient déjà entendue et voulaient l'entendre encore; l'histoire de la fois où il en était enc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Une histoire vieille comme la pluie est un livre étrange, à moitié fable, à moitié faux récit autobiographique, à moitié thiller de chasse (oui, je sais, ça fait trois moitiés) qui commence dans un petit village Thaïlandais en cours de désertification, dans tout les sens du terme, mais surtout qui commence sur un style narratif foisonnant et quelque peu surprenant (voir même rebutant) de premier abord, qui va pourtant vite se révéler immersif, et va en s'atténuant au fil de la lecture.
L'ouverture du livre nous décrit le village et ses habitants, tels qu'ils sont mais également leur devenir, la trajectoire de leur vie et parfois leur fin, quelques anecdotes, le tout en phrases immenses qui débordent parfois sur plusieurs pages, scandées de répétitions et d'aller-retour dans le temps. Et c'est au détour de ce premier aperçu de la population, en arrière-plan des destins de ses condisciples, que le lecteur fait la connaissance du révérend père Tiane, moine bouddhiste de son état, sur lequel la narration va progressivement se focaliser.
Le vieil homme est aimé de tous, mais plus particulièrement des enfants, pour lesquels il a toujours des histoires incroyables et fascinantes, que ces derniers se plaisent à écouter et à répéter, à entendre encore et encore. Mais peut-être plus intéressante encore est l'histoire du révérend père Tiane lui-même, qu'il raconte un soir au coin du feu.
La narration s'apaise et se fluidifie une fois que la voix du révérend père prend le relais et qu'il raconte sa propre vie. Car c'est là le coeur d'une Histoire vieille comme la pluie : le récit haut en couleur et en détails d'une époque où la jungle s'étendait encore à perte de vue, et dont, enfant, son père lui a appris tout les secrets. La jungle est un personnage presque aussi important que Tiane, un milieu foisonnant dont il parle avec émerveillement et un respect rétrospectif, mais aussi avec une familiarité presque pédagogique car il a appris à y pécher, y chasser, il en connait tous les animaux et ne les craint pas plus qu'il ne craint l'orage... sauf les tigres, qui sont depuis le début un thème récurent dans les histoires que raconte le vieil homme.
De la première rencontre de l'enfant avec un fauve, l'auteur parvient au tour de force de mettre en place une tension montante dans la narration, qui force le lecteur à tourner page après page. le récit est toujours prenant et intéressant en lui-même, mais petit à petit au fur et à mesure que Tiane avance dans sa propre vie s'installe une angoisse sourde, dont le dénouement dramatique n'a rien à envier à celui d'un thriller.
On peut regretter une fin un peu abrupte, mais Une histoire vieille comme la pluie n'en reste pas moins un excellent livre que je recommande tout à fait.
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Une histoire vieille comme la pluie pourrait être la version longue de « Venin » avec cette fois l'affrontement d'une famille et d'un tigre dans une jungle somptueuse de plus en plus menaçante. Tout le roman semble se lire dans un seul souffle avec un rythme au départ presque frénétique dans cette accumulation de récits mythiques emboîtés les uns dans les autres, contés par un vieux prêtre qui captive son auditoire. Il semble faire le portrait d'une jungle enchantée et presque paradisiaque dans des descriptions fabuleuses. Puis le récit se ralentit et devient plus introspectif. le prêtre recentrant sa narration sur un drame familial qu'il prend le temps de développer avec beaucoup de force. L'écriture de Sangsuk est vraiment merveilleuse de richesse dans les détails, d'évocation au bord de l'onirisme ou du fantastique tout en restant réaliste. le rythme lancinant du roman a quelque chose d'incantatoire et l'ensemble a réellement une dimension chamanique. J'ai beaucoup pensé au tigre chaman du film d'Apichatpong Weerasethakul, Tropical Malady. Et le traumatisme familial prend effectivement une dimension maladive comme si le narrateur devenait fou ou possédé par les sortilèges de la jungle qui l'entoure. La jungle paradisiaque est devenu un enfer et un espace mental. Un texte d'une grande beauté.
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"Une histoire vieille comme la pluie" offre une expérience de lecture complexe et immersive, avec une intrigue qui mélange habilement des éléments de fable, de récit de la vie de famille de ce moine boudhiste avant son engagement religieux et le drame qui a marqué sa vie, tout en explorant la relation entre l'homme, la nature et les légendes.
Beau moment de dépaysement assuré
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Apre. La vie et le parcours d'un enfant de la jungle Thaie .. du debut de ce siecle à nos jours.... et la mutation de la campagne thailandaise....
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
p. 32
Quand il racontait des histoires, on aurait dit qu'il s'adressait aux enfants uniquement, car il voulait voir le sourire des enfants, l'effroi des enfants et l'émerveillement des enfants, alors qu'il ne prêtait guère attention aux adultes. C'était là un comportement dont il n'avait pas conscience. Il savait bien que ces adultes étaient trop léthargiques, trops mesquins, trop contusionnés, trops désespérés et navrés "au point que l'enveloppe de leur coeur est insensible, épaisse et dure comme la plante de pieds qui ont trop marché", et il semblait qu'il n'y avait que les enfants qui l'écoutaient avec attention. La Prè Antchane, la fille de M. Poute Antchane, une enfant de dix ans aux grands yeux et aux cheveux emmêlés d'un noir roux de dévitaminée et avec une cicatrice bistre au bord de l'oeil gauche, qui avait une écriture étonnamment belle, lisait couramment, était meilleure en calcul que n'importe lequel des enfants de sa classe, avait reçu en secret pour instruction de la part de madame l'institutrice Prayong Sîssane-ampaï de coucher par écrit toutes les histoires que le révérend père Tiane racontait. La Prè avait la plume facile et elle notait même des choses que l'institutrice ne lui avait pas demandées, telles que l'apparition d'arcs-en-ciel, notant le jour, l'heure et l'endroit où elle en voyait un, sa durée et même ce qu'elle faisait alors, avec qui elle était ou si elle était seule et quels arbres étaient en fleurs, quels oiseaux chantaient, rédigeait ce que racontait le révérend père Tiane et ses notes sur les arcs-enciels (que l'institutrice finit par découvrir) et lisait ses compositions chaque après-midi à l'école pendant le cours de thaï.
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Il savait bien que ces adultes étaint trop léthargiques, trop mesquins, trop contusionnés, trop désespérés et navrés "au point que l'enveloppe de leur coeur est insensible, épaisse et dure comme la plante de pieds qui ont trop marché", et il semblait qu'il n'y avait que les enfants qui l'écoutaient avec attention.
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Les enfants voulaient entendre ces histoires encore et encore parce que l'âme des enfants est étrange: elle ne fait pas la différence entre réalité, rêve et imaginaire car l'enfance à vrai dire est par elle-même un rêve merveilleux.
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