Voici une ville du sud de l'Inde , centre économique en pleine expansion, où des sites industriels flamboyants peuvent côtoyer , à quelques kilomètres de là , des allées boueuses, ravinées par la pluie , couvertes de crasse et de déchets fétides, constructions agglutinées , bidonvilles, courettes étroites , odeurs de cuisine colorée , mijotée et alléchante, un cocktail de couleurs ....
des plats élaborés et généreux ,épicés , généralement savoureux ...
Anand et Kamala vivent tous deux à Bangalore, deux destins croisés , en apparence opposés et pourtant . .....
Anand , Chef d'une entreprise de pièces détachées automobiles, marié à Vidya,parfois irritante , impatiente , blasée , la fille d'un homme d'affaires mondain, hautain, puissant, sachant plaire aux politiques , mène une vie ouverte , ordonnée jusqu'au jour où il décide d'acheter un terrain afin d'agrandir son entreprise et conquérir le marché japonais .
Mal lui en prend ! il se heurte au harcèlement exercé impunément par un ami influent de son beau - père , furieux de ne pas s'être vu confier la transaction ...
Cette situation périlleuse remettra en cause son équilibre familial et professionnel. ....
Sommes au noir, chantage, pots de vin, maladie virulente de l'Inde, ,bureaucratie tatillonne , connivence avec des politiciens corrompus, menaces non déguisées, négociations douteuses, hypocrisies, Anand sera confronté à la dure réalité quotidienne de l'Inde, ce qu'il désirait à tout prix éviter,...
Kamala, veuve , analphabète élève son fils Narayan , loue un très modeste appartement dans un quartier pauvre de Bangalore .
Tous les soirs elle lave son riz dans la petite cour en bavardant avec ses voisins.
Son arrivée en ville a été synonyme de misère jusqu'au jour où elle a
décroché un emploi de femme de chambre , justement dans la demeure d'Anand .
Elle se lève chaque matin à l'aube pour se rendre à son travail .
Pour son fils , elle rêve d'un avenir meilleur , menacée d'expulsion , pour cause de prochaine démolition de son quartier , chez son employeur, la vie n'est pas facile entre sa patronne Vidya et la cuisinière Shanta , agressive , qui prend un malin plaisir à la contrarier......
L'auteure dresse un portrait attachant, réaliste , vivant , convaincant de cette Inde , en pleine croissance.
Elle décrit le quotidien d'un pays où la corruption pourrit la vie , souille les rapports——— ,des démêlés politiques invraisemblables aux dessous de table douteux——-où les promesses oiseuses arrivent souvent comme une bénédiction afin d'apaiser tous les confits et noyer les rancoeurs.
Mais ni la corruption ni la précarité n'empêchent L'ÉNERGIE d'un peuple prêt à déplacer des montagnes ....rebondir afin d'aller de l'avant entre espoirs fous , travail , action, efforts, fêtes de la lumière , si célèbres et prisées là- bas, .et pires déconvenues !
Très belle première de couverture !
C'est un premier roman aux Éditions Liana Levi.
J'aime beaucoup les romans consacrés à l'Inde .
Un de mes fils a séjourné à Bangalore au cours de ses études .
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Lavanya Sankaran a vécu à New-York avant de revenir vivre à Bangalore et c'est sans doute ce regard d'expatriée, "d'Indienne occidentalisée", désormais plus distancié qui transparaît dans son ouvrage, et lui ôte une part de spontanéité sans pour autant lui ravir son charme oriental, assurément dépaysant et agréable à lire.
Lire la critique sur le site : Actualitte
« Pareil à un courant électrique , Vidya circulait dans le jardin, la véranda , le salon; elle accueillait les invités , les nourrissait , les présentait , riait , étincelait dans sa robe élégante que l’on pouvait voir briller , semblait - il, depuis tous les endroits du rez- de- chaussée en même temps.
Quand elle recevait , elle se mettait à rayonner , affichait une vivacité pétillante tout à fait charmante , balayait les compliments qui pleuvaient sur elle , tournait les yeux et la conversation vers son invité , le baignant dans un halo d’attention chaleureuse » .....
Dix ans plus tôt, l'endroit était entouré de champs ; depuis, il avait été englouti sous la banlieue, les usines et le vacarme de l'autoroute en construction. Le hameau rural était devenu un bidonville grouillant de travailleurs au service des particuliers et des usines. La piste étroite se transformait d'un coup en splendide route goudronnée. Le passage de la crasse à la grâce était net et brutal, marqué par un caniveau et rien d'autre. Ici le chaos. Là, le quartier de son employeur : des bungalows gigantesques, des cours pavées protégées par de hauts murs des jardins et des gardiens. Des maisons si vastes qu'elles renversaient les proportions des bidonvilles : ici, une pièce pour quatre habitants, là-bas, quatre pièces par occupant.
« Certaines rumeurs gênantes circulaient sur monsieur Sankleshwar : chicane judiciaire, pots- de- vin et connivence avec des politiciens corrompus ; on racontait qu’il s’intéressait aussi aux industries du cinéma er de l’alcool, entretenait des liens avec des réseaux de prostitution et avait parfois recours à la violence. Les ragots étaient sûrement exagérés , mais ils suffisaient à inquiéter Anand » ...
Lavanya Sankaran on the modern Indian society