L'Eveil de Mademoiselle Prim est un livre qui ne ressemble pas aux autres.
Trouvé par hasard dans les rayons d'une médiathèque, un jour de fatigue, sa couverture de 2013, chez Grasset, est une photo d'une pile de (gros) livres sur du parquet ancien. Un escarpin de dentelle blanche trône au sommet de la pile de livre.
Et pourtant, ce n'est pas de la chick lit, enfin, je ne crois pas !
Le titre ensuite :
l'éveil de mademoiselle Prim, qui ressemble à celui d'un mauvais roman érotique. Traduction littérale de l'espagnol "El despertar de la senorita Prim" langue dans laquelle cela passe peut-être mieux. (On passe sur Prim/Primavera, allusion trop facile pour se retourner dessus.)
La 4e de couverture nous apprend qu'une jeune femme va être engagée en tant que bibliothécaire par un homme avec lequel elle va avoir quelques heurts.
L'esprit quelque peu fatigué, je me suis réjouie à l'avance de ce roman d'amour facile dans lequel, de mon point de vue, la jeune femme épouse à la fin l'homme riche qu'elle n'aimait pas au début. Que la lectrice qui n'a jamais lu ce genre de livre un soir de fatigue, me jette le premier livre.
J'avais trop vite occulté la partie de la 4e de couverture consacrée au village de St Irénée d'Amois et son étrange communauté.
L'éveil de mademoiselle Prim est en réalité un roman étrange. Un genre de bibliothèque des coeurs cabossés, (très) légèrement plus intello. D'abord, le roman est espagnol (catalan) sans trouver une trace ibérique dans ses influences (traduction ?). le nom du village, le vignoble, certaines habitudes évoquent plutôt soit un village de Bourgogne, soit un charmant village anglais (notamment au moment de Noël).
Mademoiselle Prim est engagée pour être bibliothécaire particulière d'un homme qui possède de magnifiques volumes dans son manoir. Il instruit des enfants, neveux et villageois, à propos des lettres classiques. Les petits lisent et citent auteurs latins et grecs.
Alors que Mademoiselle Prim s'aventure dans le village, elle se rend compte que celui-ci est organisé en communauté. le point commun de ses habitants : la lecture ! le plaisir de plonger dans les livres et de s'instruire autrement. La maîtresse n'est pas la détentrice de l'instruction, ceux qui souhaitent travailler vont exercer une activité utile à la communauté. Evidemment, l'inconvénient est que chacun s'occupe des affaires des autres, y compris de la vie sentimentale de Mademoiselle Prim.
Selon sa jauge personnelle, certains trouveront ce roman "cucu", d'autres apprécieront son côté loufoque et déjanté.
J'avoue avoir été séduite par cette communauté utopique basée sur les livres. C'est une belle idée.
Reste le fond improbable (c'est un roman), et le personnage masculin pas du tout attirant (malgré de nombreuses allusions à Orgueil et Préjugés, on en est loin ! ).
C'est le premier ouvrage de l'auteur, elle a déjà une belle imagination, ses prochains ouvrages seront encore meilleurs.
Ce peut être une sympathique lecture rapide, à condition d'accepter de se laisser enchanter par le village.