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EAN : 9782070759286
304 pages
Gallimard (25/08/2000)
3.44/5   32 notes
Résumé :

Pour Boualem Sansal, "on ne parlera jamais assez dans les siècles à venir" du pénitencier de Lambèse, en Algérie.

Après une rapide esquisse du passé de l'établissement, chargé de journées toutes aussi absurdes et violentes, l'auteur nous entraîne en l'an de grâce 1995. L'on y assiste aux dialogues incessants entre deux condamnés à mort : Pierre Chaumet et Farid. Chacun s'y raconte et donne les raisons qui l'ont conduit en prison.

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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Ce n'est pas le livre de Sansal que j'ai préféré. Comme le "Serment des barbares", je l'ai trouvé un peu confus et un peu hermétique (on a parfois du mal à comprendre à quoi il fait allusion). Mais la langue est déjà là, truculente, dénonciatrice, "Que seriez-vous si, comme ces enfants perdus, vous aviez été trafiqués dans vos ressorts par un Frankenstein modelé au Moyen Age oriental ?", engagé. Avec un humour féroce, il dénonce la situation dans laquelle est tombée l'Algérie, en proie aux fanatismes, à la corruption, aux guerres intestines. Une liberté mal digérée, l'histoire réelle de la guerre d'indépendance falsifiée, la montée de l'islamisme, la violence, l'indifférence aux droits de l'homme, la misère, voici quelques-uns des maux dont souffre l'Algérie "moderne".

A travers le dialogue de deux prisonniers condamnés à mort, un Français, Pierre, à la recherche de sa véritable identité, et un Algérien, Farid, dont l'unique crime est d'avoir tué un salopard, Sansal fait le procès d'une société qui refuse de grandir, de l'archaïsme de son système judiciaire, de la monstruosité de la prison de Lambèse.

L'enfant fou de l'arbre creux est une allusion aux enfants bâtards que l'on attachait à des arbres pour qu'ils ne se mêlent pas aux autres...un bâtard ne peut pas hériter, c'est un danger pour la transmission des traditions...Dans la cour de la prison, l'enfant est attaché. Il n'a pas de nom. Il est là depuis toujours. Accompagné d'un chien errant, plein de vermine et de maladies, mais toujours vivant…Symbole de l'Algérie, d'un peuple enchaîné et aveugle, de ses relations difficile avec la France, de sa difficulté à se dessiner un vrai visage, il est le coeur invisible d'un régime corrompu.
Un roman dont on ne peut que saluer le courage intellectuel.
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1995, section des condamnés à mort de la prison de Lambèse, Algérie. Deux prisonniers, un français quarantenaire et un algérien de 20 ans, monologuent réciproquement leur histoire en forme de confession. Parfois les dialogues des deux condamnés relancent leurs monologues et creusent encore leurs confessions.
Pierre était venu chercher ses racines, une partie de son histoire. Né en Algérie d'un père harki (?) assassiné, d'une mère tournée folle, il a grandi à Avallon, adopté par une "mère" française autrefois militante d'une ONG dont le mari médecin est lui aussi mort en Algérie avant le rapatriement. Peu avant sa mort, cette mère fait l'aveu à Pierre de son adoption. Il décide de partir à la recherche de sa mère biologique.
Farid, enfant du bled, désoeuvré, sans but, sans repère, a participé aux atrocités commises par les islamistes ou par ceux qui les ont cyniquement utilisés, sans même adhérer plus que ça aux idées que ceux-ci essaient de propager.
Au milieu de la cour de la prison vit un enfant fou, aveugle, enchaîné à un arbre creux.

Réquisitoire politique impitoyable de l'Algérie actuelle par le biais de ces deux confessions, "L'enfant fou de l'arbre creux" est écrit dans une langue de conteur, avec truculence, ironie et humour, pure merveille Rabelaisienne. Boualem Sansal, ingénieur de formation, Directeur Général de l'Industrie au Ministère des Finances Algérien, quinquagénaire, possède l'élévation, la distance et la clairvoyance nécessaires pour parler de son pays. Il témoigne, avec des accents de vérité et de vécu, des ravages de la corruption, de l'hypocrisie, de la lâcheté et de la violence aveugle d'une nation qui dérive. Au travers des destins de ses deux protagonistes, il décrit avec rage et lyrisme réaliste le paysage algérien post-colonial, depuis l'indépendance jusqu'à nos jours. L'auteur égratigne au passage de nombreux acteurs de ce drame : au premier rang les Algériens, le gouvernement Algérien, les islamistes, mais aussi la France, la colonisation, le communisme au travers de l'action de l'URSS en Algérie, etc.
Tout d'abord plus ballotté par les événements que véritable acteur, Pierre Chaumet (le Français), menacé de partout, devra défendre son existence et sa liberté, son droit à la parole, le choix de ses valeurs et de son mode de vie. Farid, lui aussi ballotté de factions en factions, choisit également de prendre son destin en main, avec ses désirs et ses envies à lui.
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Il m'énerve, Boualem Sansal. Il m'énerve parce qu'il y aurait quelque chose d'humainement rassurant à ce que de temps en temps il écrive quelque chose de ne serait-ce qu'un peu moins bon que sa moyenne, quelque chose qui nous permettrait de nous dire "ah bon, ben ça va, lui aussi de temps en temps, il a un coup de mou". Mais non. J'enchaîne ses oeuvres et je n'ai encore rien trouvé qui ne soit pas terriblement bien écrit et en plus d'une grande profondeur.
Le plus agaçant, c'est qu'on peut tout à fait résumer ce roman en peu de mots, on peut même complètement "spoiler" en étant absolument certain qu'on ne gâchera rien du plaisir de lecture : c'est l'histoire d'un gars à qui sa mère apprend sur son lit de mort qu'en réalité il est né d'autres parents, pas en France, où il a grandi et où il vit, mais en Algérie. le gars va se débrouiller pour partir à la recherche de ses racines en pleine guerre civile algérienne et va se retrouver à raconter sa vie à son co-détenu dans le couloir de la mort d'une prison moyenâgeuse.
Et une fois qu'on a dit ça, on n'a absolument rien dit du contenu réel de L'Enfant fou de l'arbre creux. Mais vraiment rien. Parce qu'avec un récit d'une grande poésie sombre, Boualem Sansal nous emmène dans les tréfonds les plus désespérants et désespérés de l'Algérie, tout en réussissant par on ne sait quel miracle humain et littéraire à toujours conserver une touche d'espoir. Et aussi géographiquement localisé que soit son récit, il n'en est pas moins universel.
Je n'en démordrai pas : M. Sansal est un des plus grands auteurs de notre époque, et sans doute le plus grand auteur francophone vivant.
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Une écriture superbe, mais, à mon humble avis, pas complètement maîtrisée, lorsque l'on compare aux grand livres suivants. Très lyrique, très violent sur les faiblesses et erreurs de l'Algérie moderne. Mais un livre "faible" de Sansal est déjà un excellent livre !
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magnifique écriture toujours et résumé fidèle de l'évolution de l'Algérie.
Sansal est un lutteur en pleine lumière.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Mais voilà, il faut s'écouter au moins une fois dans sa vie. Et prendre ses pulsions par les cornes : sauter le mur, courir à perdre le souffle, patauger dans les marécages, contourner les postes de contrôle, et s'engager le cœur au vent dans le no man's land.
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Ce n'est pas l'espoir qui fait vivre, hombre, mais l'idée que d'autres ont réussi à le transformer en réalité.
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Nous avons plus d’anciens moudjahidin que nous n’avons fait de combats, plus de sages que nous n’avions de fous, plus de riches que nous n’avions de pauvres. Durant la Thaoura, la clandestinité était la règle, les activistes du Front agissaient sous de fausses identités pour brouiller le travail de la Sûreté. Beaucoup ont profité de ces cafouillages pour se tailler un nouveau burnous.
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On fit bombance chez l’un chez l’autre, d’un palace à un autre plus oppressant, sous le regard stalinien de la télé nationale (algérienne), appelée l’Unique par les indigènes. Les malheureux captent soixante-dix chaînes de quarante pays et s’en crèvent les yeux douze heures par jour pour échapper au massacre mais le bouche-à-oreille les rattrape toujours : ils savent tout du délire de l’Absente. Comment l’expliquer ? Une solution finale ? Plus bas, plus faible, plus lent, serait-il sa devise ? On se demande à quel jeu elle s’adonne toute seule dans son coin.
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On ne tarda pas à relever une anomalie de taille : la rue de la Liberté s’était transformée en impasse. Pas de bruits, pas de couleurs, pas d’odeurs. Renseignement pris, un potentat en avait ainsi décidé au lever du jour ; il était fatigué de freiner pour rentrer chez lui. Mais était-ce bien la rue de la Liberté que nous avions empruntée à l’aller ?
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Videos de Boualem Sansal (64) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Boualem Sansal
Le prix Constantinople récompense depuis 2022 des oeuvres littéraires qui font le pont entre les cultures et les civilisations d'Occident et d'Orient.
Cette année ont été récompensés l'écrivain algérien Boualem Sansal et Delphine Minoui, grand reporter, correspondante à Istanbul pour Le Figaro. Ils sont les invités de Guillaume Erner.
#orient #occident #littérature ____________ Découvrez tous les invités des Matins de Guillaume Erner ici https://www.youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDroMCMte_GTmH-UaRvUg6aXj ou sur le site https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins
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