En lisant le nom de Boualem Sensal comme signataire de la préface, je savais que ma lecture va être harde et polémique, l'été 62 est le récit de Daniel est l'algérien pied noir traumatisé par l'assassinat de son père à Oran en 1962 pour exorciser ce traumatisme, a fait le choix de raconter son histoire, Nathalie une jeune étudiante répond à son appel.
Tout au long de leur entretien, une problématique est posée : Qu'est-ce qui s'était passé à Oran en 1962, était-ce des événements ou un massacre prémédite.Au fil de leurs rendez-vous un pan d'histoire omis par les deux grandes d'histoires de l'Algérie, mais aussi de la France ; une France qui a volontairement ou par omissions supprimé de ses livres d'histoire une partie dite citoyen français.Ces Français d'Algérie mal accueils, maltraites à leur arrivée aux ports français, ces Français délaissés et reniés par la France, français d'Algérie qu'ils soient pied noir ou harki traités comme des parias
Un récit cru et dur, il est vrai que j'étais choquée de découvrir la face cachée du Général de Gaulle et sa politique (abondant des Français d'Algérie, l'arrivée au pouvoir du clan d'Oujda ........) et par des raccourcis justifiant la colonisation et ses méfaits, des points de vues subjectifs , quelque part logiques et compréhensibles venant de personnes survécues à un massacre obliges de tous quitter mais néanmoins le personnage de Nathalie est là comme un modérateur sensé, pour jeter une certaine objectivité sur un discours où les effets positifs de la colonisation sont trop glorifiés à mon sens (vous citez Camus, dans son ouvrage, la misère en Kabylie disait le contraire.) Je me suis vue et retrouve dans le personnage de Nathalie ; moi algérienne enfant de l'indépendance. Nathalie posait mes questions.Ce qui est bien et intéressant dans cet ouvrage est que l'auteur fait un rappel des politiques françaises envers certaines catégories de sa population en rappelant les rafles pendant
la deuxième guerre mondiale et il ne va pas de main morte avec toutes les lectures faites et interprétées des faits historiques aux grès des intérêts économiques ou politiques des pays ;Moi autant qu'algérienne née post indépendance et vécue...la décennie noire ; je me suis toujours posée la question, pourquoi la France, l'Allemagne. Avaient donné l'asile politique aux émirs du Gia, pourquoi la France ou autres recevaient des dictateurs qui commettaient des génocides dans leurs pays.
La réponse est : les intérêts ……. Il y aura toujours des oublies, des peuples et des ethnies, des religions évincées de la grande histoire.Comme l'avait si bien dit l'un de vos personnages « l'histoire doit être écrite par des historiens et non par des politiciens ».
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J'ai beaucoup aimé ce livre, qui, même s'il est dit comme fiction, donne des dialogues tellement réels et proches de la réalité. J'ai souvent entendu parler de la Guerre d'Algérie sans trop connaître certains détails. Ici Daniel raconte son histoire de cet été 1962 et son horreur, qui vous prend aux tripes. Je le prêterai à mon papa qui a fait cette guerre. Il me racontera peut-être de nouvelles anecdotes de son passé.
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Il était deux heures de l’après-midi quand le navire a levé l’ancre. Deux mugissements de sirènes ont donné le signal de l’appareillage. Ils imposaient à tous un silence lugubre car ils portaient la marque du destin.
Depuis des heures la terre d’Afrique avait disparu à l’horizon. Passagers, nous étions en suspension entre ce pays devenu étranger et une Patrie que nous n’apercevions pas encore, la France, cette inconnue.