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EAN : 9782930585833
128 pages
Genèse Édition (15/09/2016)
3.15/5   10 notes
Résumé :
Les franges d'une ville, quelque part en Europe, ruelles pleines d'ombre, friches industrielles. Là, vit Antoine Comino, garagiste. Son train-train quotidien est ponctué par deux passions : une moto d'époque qu'il bichonne sans fin et un petit carnet dans lequel il répertorie soigneusement chaque client avec ses particularités faciales. La découverte au point du jour d'un cadavre anonyme, gisant sur l'esplanade de la mairie, va bouleverser cette non-vie. Les enquête... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Pourquoi Antoine Comino, citoyen bruxellois, émigré d'Italie durant son enfance, respectable garagiste à la vie tranquille, va-t-il s'inventer "enquêteur" ? Parce qu'un pauvre bougre s'est tiré une balle dans la tête sur le parvis de la mairie ?
C'est bien à la recherche de la clé de cette énigme que Giuseppe Santoliquido entraîne son lecteur.
Roman "policier", presque à la manière d'un Simenon, par la qualité de l'écriture, l'ambiance un peu grise qui donne une couleur à cette histoire ; alors que c'est un soleil écrasant qui baigne la ville. Quelle que soit la lumière estivale, les centres commerciaux, les immeubles rapidement bâtis sont toujours nimbés de tristesse, d'une vacuité, presque, infinie.
Quelle ville au fait ? Bruxelles, dévoilée par ce terme qui revient souvent : le piétonnier, terme qui désigne une zone piétonne, lieu de croisement de personnes qui s'ignorent. Et Antoine Comino va beaucoup marcher, déambuler dans des quartiers qu'il a connu dans une autre vie, quartiers de déshérence .
Dicrètement un thème s'insinue, entrelace les mots et les phrases : ce manque d'échanges de regards, cette incapacité à voir l'autre, sorte de déshumanisation par indifférence.

Ce jour-là, des policiers surprennent Antoine Comino dans son atelier, complètement concentré sur la réparation de son "joujou" ; une belle américaine vieille de plus d'un demi-siècle. Immédiatement, un sentiment de culpabilité le submerge, celui qui nous étreint quand nous sommes face aux forces de l'ordre, ou vieux réflexe d'émigré, vite suivi par de la commisération pour un mort dont personne ne se soucie. C'est décidé ; il va enquêter pour redonner une personnalité, une vie à celui qui va être enterré au carré des indigents.
Pas facile de s'improviser détective avec de vagues souvenirs cinématographiques. Et pourtant... Il va en croiser de ces gens qui hantent les quartiers les plus pauvres, les hôtels miteux, mais aussi des êtres lumineux qui se réchauffent et l'accueillent, un instant, au plus chaud de leur tribu.

Guiseppe Santoliquido prend le temps d'installer son personnage, dans sa ville et dans sa vie, un cadre si commun avec le notre, celui que nous partageons avec lui : c'est notre civilisation, notre « air du temps ».
Guiseppe Santoliquido est un politoloque belge d'origine italienne avant d'être écrivain. Ce métier lui permet en quelques phrases de donner corps tant au réfugié du Liban, qu'au chef de chantier serbe qui « donne » du travail au noir à toute une population tentant de survivre à la marge de nos sociétés .

Encore une belle découverte grâce à Genèse Edition et Babelio. Merci de faire découvrir des auteurs aussi talentueux.

Non ce n'est pas le gris qui règne sur nos villes, plutôt ce violet choisi pour la couverture du roman, couleur du demi-deuil, le demi-deuil de nos renoncements ?
Mais ce livre apporte plein d'espoir : l'énergie de ce héros de tous les jours . Ce livre terminé, m'a convaincue d'ouvrir grands les yeux et de voir, pour de vrai, mes concitoyens.
Action !
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Antoine Comino est un banal garagiste, un amateur de voitures anciennes, bien ancré dans le ronron de sa petite routine. Et voilà qu'un jour, cette bulle protectrice vole en éclats. Deux policiers viennent le chercher. Antoine est terriblement anxieux. Qu'a-t-il bien pu faire ? Il ne se souvient pas avoir commis la plus petite infraction.
Un homme non identifié s'est suicidé en se tirant une balle dans la tête sur le parvis de la mairie. Sa voiture est garée tout près. Une voiture qu'il a récemment achetée chez Antoine.
J'ai entendu deux critiques très enthousiastes à propos de ce roman, dont celle de Nicole Debarre, à qui je fais confiance, en général.
J'ai lu le premier ouvrage de Giuseppe Santoliquido, « L'audition du Dr Fernando Gaspari » que je n'ai pas trop aimé. Celui-ci me paraît très différent.
Un seul personnage principal, qui n'a rien de particulier. Un banal Monsieur Toutlemonde. Une ville dont nous ne savons presque rien. Pourquoi pas Bruxelles, puisque l'auteur est belge ?
Ce pourrait être un roman policier, puisqu'il y a une enquête. Détrompez-vous. Ce n'est pas du tout le cas. Giuseppe Santoliquido va balader son personnage désabusé dans une cité grise, peu hospitalière. Pourtant, c'est l'été. Or, Antoine déambule sans fin dans des endroits peu sympathiques, pour ne pas dire louches. Il n'est pas rassuré. Il s'attend à tout moment à être attaqué, dépouillé, assassiné, peut-être. Il croise des travailleurs illégaux, des négriers, des loueurs de galetas qui profitent de la misère humaine, des SDF. Une femme a les cheveux « rasés très près du crâne à la façon d'un militaire et une barrette ponctuée de deux anneaux lui traverse l'arcade de bas en haut, comme une épingle, juste au-dessus de l'oeil ».  Des entrepreneurs véreux « ont l'air capables de tout, (…) y compris de le torturer en pratiquant Dieu sait quel supplice. » A l'entrée d'une église, « une masse brunâtre qu'il avait prise pour un tas de haillons abandonnés se met à remuer ». C'est un clochard qui lui réclame son paquet de cigarettes et lui tient des propos délirants. A la pension du « Lyonnais », « le tenancier est un petit homme rond à la peau grumelée, une fine mèche de cheveux lui traverse le crâne pour former une anse grise et poisseuse avec ses favoris. A ses pieds, recroquevillé sur une carpette, sommeille un vieux chien dont le pelage ressemble à un plan d'herbe calcinée. » Ici, un homme lui fait boire une infâme piquette, dont lui-même écluse plusieurs litres, là, un travailleur libanais lui parle de fantômes, un SDF évoque les « flux cosmiques de [ses] semblables » qu'il détecte grâce aux capteurs dont son corps est couvert. Une faune étrange et inquiétante, donc, tout autant que les lieux : « un hall aux parois ornées d'appliques et de miroirs sans cadre. Il lui faut ensuite descendre une dizaine de marches étroites, d'une blancheur rendue aveuglante par le reflet brutal des néons ». « Une barrière surmontée de tessons de bouteilles. le chiffre cinquante y a été gribouillé à la peinture blanche. Avec ses façades trouées et ses vieilles carcasses de ciment, le coin est invraisemblable, d'une laideur grotesque : les entrailles de la ville exposées à ciel ouvert. » «  Une chambre minuscule, le mobilier est douteux, sordide, usé jusqu'à la corde, les ronds de poussière sur le linoléum rappellent les nombreux défilés de talons aiguilles. Et puis il y a ces grognements de plaisir gras qui lui parviennent depuis la chambre voisine. »
Qui donc aurait envie de traverser de tels endroits ? de croiser de telles personnes ? Pourquoi Antoine le fait-il ? Parce qu'il lui est insupportable de penser qu'un homme s'est tué de façon violente, sans qu'on sache pourquoi . Sans qu'on sache qui il est. Parce que les autorités vont arrêter les recherches et que l'inconnu sera enterré dans le coin des indigents, sans que personne s'en soucie. Peut-être a-t-il une famille quelque part, qui ne saura jamais ce qui lui est arrivé. Peut-être a-t-il dû quitter son pays et accepter un travail ingrat pour survivre, tout comme a dû le faire le père d'Antoine.
Antoine n'a pas détourné le regard, il n'a pas pensé à autre chose, en se disant que, de toute façon, il ne pouvait rien faire. On lui a dit : « Toi (…) tu l'as entendu pleurer, le monde, et c'est ce qui fait de toi, désormais un être différent ».
En déambulant dans ces lieux glauques, en croisant ces êtres inquiétants, Antoine est peut-être à la quête de lui-même. Il va, malgré tout, rencontrer quelques personnes qui lui tendront la main : une prostituée, un prêtre, une bénévole de resto du coeur. Il va ensuite voir sa petite vie autrement.
Giuseppe Santoliquido nous fait réfléchir à propos des migrants, de la solitude, de l'identité, de l'égoïsme et il nous donne une leçon de philosophie.
Son roman m'a rappelé, par certains aspects, « Rue des Boutiques obscures » de Patrick Modiano et je l'ai bien aimé.
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Tout d'abord merci à Babélio, et à Génèse Édition pour l'envoi de ce livre.
Petit livre, pas épais, de 128 pages, à la couverture parme avec au centre de cette couverture des pas décidés sur un parvis.
Je croyais avoir affaire à un roman policier classique, mais point de policiers, hormis pour une convocation en tant que témoin de Antoine Comino, d'origine italienne, ayant émigré en Belgique assez jeune.
Il est garagiste, assez détaché du reste de la population de la ville qu'il habite.
On est venu (une femme) acheter une voiture dans ce garage, et Antoine qui note chaque jour sur un petit carnet tout ce qui se passe dans sa journée, l'a bien mentionné. Cette voiture, sans quelle ne le sache va devenir orpheline car son propriétaire va se suicider sur le parvis devant la mairie de cette ville. Cet homme, devient un inconnu, personne ne le connait, personne ne revendique un quelconque lien de famille.
Antoine, le garagiste, ressens des choses, il va partir à la recherche de l'identité de cet homme.
On le suis comme dans un jeu de piste. Lui très consciencieux dans son travail, presque comme un ermite se consacrant à sa profession, va trouver du temps à consacrer à cette recherche.
Au fil des pages on va rencontrer pas mal de gens, différents, ayant chacun une façon de vivre qui n'est pas celle du garagiste.
Extrait :
" Cependant, dans le chef du garagiste, un certain nombre de questions cruciales se bousculaient encore, notamment la suivante : par quelle anse saisir toute cette histoire ? Se lancer sur les traces d'un mort dont nul n'avait jamais entendu parler n'était pas une mince affaire, on en avait pour preuve le probable classement de l'enquête par la justice. Or, il ne disposait d'aucun élément tangible pour démarrer sa quête. Pas de nom. Pas d'indice. Pas d'adresse. Pas même de souvenir précis du passage de la victime à l'atelier. En somme, comment allait-il s'y prendre ? Et, surtout, par quoi commencerait-il ?"
Voila toute la question à cette histoire. Très bien écrite par ailleurs, avec des expressions assez inusitées, et assez plaisante.
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Antoine Comino est garagiste. Son quotidien est fait de routines : réparer des voitures, faire sa comptabilité, bichonner une Lancia Aurélia et partager quelques repas avec Silvia, la compagne avec qui il partage un lit mais pas sa vie. Antoine n'en demande pas plus.
Jusqu'au jour où deux policiers viennent frapper à la porte du garagiste : selon eux, la voiture utilisée par un homme qui vient de se suicider sur le parvis de la mairie serait passée, il y a peu, entre ses mains.
L'absence d'identité du suicidé pousse Antoine à la recherche d'indice pouvant expliquer ce geste désespéré : qui était-il ? pourquoi s'est-il suicidé ? pourquoi dans cette voiture.
Nous suivons alors Antoine sur 128 pages, à la recherche de la vérité. Rencontre après rencontre, il remonte le fil d'une histoire qui n'est pas la sienne. Jusqu'à en oublier lui-même de vivre sa vie.

L'écriture de Giuseppe Santoliquido est juste, précise, assez avare en mot. L'ambiance est relativement lourde sans être pesante et la galerie des portraits est assez croustillante. Un très bon livre.

Merci à Babélio et aux Editions Genèse pour la découverte de cet auteur.
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Un des meilleurs textes de cette rentrée littéraire. Giuseppe Santoliquido signe par ce roman sa maîtrise de la belle écriture.
Une trame policière ciselée par une écriture faite des rêves de passions brûlantes, de maternité, de promenades main dans la main sous un soleil crépusculaire et romantique.
Lien : http://lesplaisirsdemarcpage..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
- Vous croyez aux fantômes ?
- Aux fantômes ?
- Oui, aux fantômes.
Antoine Comino laisse échapper un sourire intrigué.
- A vrai dire, je n'y ai jamais réfléchi.
- Vous devriez.
- Ah bon, et pourquoi ça ?
[...]
- Le plus étrange, reprend le jeune homme, c'est que tout le monde pense qu'ils sont invisibles, les fantômes, mais ce n'est pas vrai, c'est tout le contraire. Et vous savez à quoi on les reconnaît ?
- Non, je l'ignore.
- Au fait que personne ne les regarde, ou plutôt que personne ne veuille les voir, comme s'ils étaient des reflets enlaidis de nous-mêmes, des autres "nous" crasseux et misérables dont il faudrait se détourner de peur d'être entraînés dans leur souffrance.
Il couvre ses yeux du plat de sa main, comme s'il voulait traduire par la gestuelle la portée de ses propos.
- Pourtant, reprend-il, il suffirait d'un regard, d'une attention pour qu'ils redeviennent des hommes et des femmes à part entière, en chair et en os. Faites l'expérience. Dans la rue, par exemple. Arrêtez-vous un moment et ouvrez les yeux, regardez les gens autour de vous, croisez leurs regards. Vous verrez le résultat. Faites-le parce que d'une certaine manière, vous êtes un fantôme, vous aussi, tout comme moi et Katsi. Au fond, à des degrés divers, nous sommes tous des fantômes. D'ailleurs, si les choses se poursuivent de cette façon, un jour ou l'autre l'univers entier ne sera plus peuplé que de fantômes. Croyez-moi. On se croisera en ignorant nos présences respectives, sans se voir, sans même savoir qu'on marche les uns à côté des autres. Aveugles des yeux et aveugles des âmes.
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Puis il allume son autoradio et tombe sur la voix saccadée d'un philosophe à laquelle s'ajoutent, en arrière-fond, les ricanements et les remarques impromptues des animateurs de l'émission qui tournent chaque mot en dérision, interrompent le propos à tout bout de champ et lancent des calembours à l'emporte-pièce. Dans ce grossier tohu-bohu, le garagiste parvient à entendre l'intellectuel évoquer la nécessité, pour chaque être humain, d'emprunter sans plus tarder le chemin de la connaissance, le seul qui vaille, la connaissance de soi et de celle de l'autre. "Notre principal ennemi, c'est l'ignorance, et je vais vous dire pourquoi.", précise-t-il, avant d'être de nouveau interrompu par les hoquets d'un comique de circonstance. Antoine Comino se demande s'il s'agit là de la simple vulgarité du temps ou d'une volonté plus consciente d'étouffer la pensée des meilleurs sous le poids de la médiocrité.
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Cependant, dans le chef du garagiste, un certain nombre de questions cruciales se bousculaient encore, notamment la suivante : par quelle anse saisir toute cette histoire ? Se lancer sur les traces d’un mort dont nul n’avait jamais entendu parler n’était pas une mince affaire, on en avait pour preuve le probable classement de l’enquête par la justice. Or, il ne disposait d’aucun élément tangible pour démarrer sa quête. Pas de nom. Pas d’indice. Pas d’adresse. Pas même de souvenir précis du passage de la victime à l’atelier. En somme, comment allait-il s’y prendre ? Et, surtout, par quoi commencerait-il ?
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