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EAN : 9782917084502
160 pages
Attila (30/08/2012)
3.98/5   150 notes
Résumé :
La ville de Catane, en Sicile, au début des années 30. Le fascisme se déploie sur l’île, quand une enfant ressort exaltée d’une salle de cinéma de quartier.
Elle a la démarche chaloupée, une cigarette imaginaire au bec et l’œil terrible. Elle vient de voir le film Pépé le Moko et, emportée par cette incarnation du désir et de l’insoumission, elle n’a désormais plus qu’une idée en tête : être Jean Gabin.
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Critiques, Analyses et Avis (40) Voir plus Ajouter une critique
3,98

sur 150 notes
Si Natacha, bibliothécaire de mon village n'avait pas présenté ce livre lors du cercle de lecture, je serais certainement passée à côté d'une pépite. L'art de la joie vous dit quelque chose ? C'est le même auteur ou plutôt la même autrice.

Elle raconte quelque jours de sa vie, enfant. Goliarda, garçon manqué, vit avec son ami virtuel Jean Gabin qui incarne le courage et liberté pour cette fillette. Elle passe tout son temps dans la salle de cinéma du quartier la Civita ou elle vit avec sa famille fantasque. Sa mère, militante et adorée, son père avocat des pauvres, sont à la tête d'une tribu nombreuse. L'éducation libre mais non sans principes, donne beaucoup de temps libre à Goliarda. Un de ses frères est chargé de son éducation scolaire.

En sortant de la salle de cinéma, elle bouscule une fillette et sa mère. Elle doit gagner son argent de poche et le remettre à cette femme en dédommagement, conseil de sa propre mère. Goliarda va nous entraîner dans son quartier populaire, quêtant du travail ou des pièces pour honorer sa dette. Quand elle daigne rentrer, souvent, quelques membres de sa famille ont été arrêtés. Entre la mafia et le fascisme, cette famille garde le cap malgré les représailles.

La lecture de ce récit, oh combien, beau et enlevé donne envie de faire partie de cette famille haute en couleurs, libre et chaleureuse. L'ambiguïté de certaines scènes qui se veulent réconfortantes nous donne une autre version de la réalité si nous sommes capables de lire entre deux lignes. Les faits sont effleurés. La biographie en fin de livre nous éclaire un peu plus sur la vie au sein de cette famille.

Goliarda, fillette à l'esprit vif et imaginatif, deviendra une femme tourmentée et angoissée.
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Un quartier populaire de Catane, La Civita, une famille socialiste recomposée, les Sapienza, une éducation très libre, une tripotée d'enfants et parmi ceux-ci, Goliarda, la petite dernière. C'est elle qui raconte une enfance des années 30, dans une famille engagée politiquement à gauche sur une île, dans un pays, où le fascisme monte en flèche. Goliarda, gamine insouciante, passe plus de temps à déambuler dans sa ville que sur les bancs d'une école qui de toute façon lui polluerait l'esprit. C'est son grand frère Ivanoé qui est chargé de son éducation. Et pour la vie, c'est Jean Gabin qui lui transmet les vraies valeurs. Au cinéma où elle dépense l'argent qu'elle gagne à la sueur de son front, elle dévore, avec les yeux et avec le coeur, l'acteur français aux yeux bleus clairs qui devient son modèle. C'est décidé! Goliarda sera Jean Gabin ou ne sera pas!


Quelle gamine cette Goliarda! Effrontée, rebelle, mature, débrouillarde, ce garçon manqué n'a pas la langue dans sa poche. Elle n'est pas de ces bécasses qui s'émeuvent d'un rien, elle n'est pas amoureuse de Jean Gabin, non, elle veut ETRE Jean Gabin. Comme lui, elle veut affronter la vie avec courage et sauver des demoiselles en détresse. Son franc parler, ses espiègleries, ses rêves, ses questions nous la rendent tellement attachante! Drôle et touchante, elle sait se faire sa place dans une famille pour le moins atypique. le père, Giuseppe, est l'avocat des pauvres, la mère Maria est une féministe, militante socialiste très active. Tous deux ont connu plusieurs mariages, ont eu beaucoup d'enfants et ont fait des séjours en prison au nom de leurs idées. Ils élèvent leurs enfants dans la liberté, le respect et bien sûr l'anti-fascisme. Chez les Sapienza, chacun est libre d'agir à sa guise, l'école n'est pas obligatoire, l'argent de poche se gagne en travaillant. Goliarda grandit au milieu des domestiques qui sont tous d'anciens clients que son père a fait libérer, dans un foisonnement d'idées politiques, amoureuse de son quartier et de ceux qui le peuplent.
J'ai vraiment eu un gros coup de coeur pour ce livre qui est comme un rayon du soleil de Sicile.
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L'effet d'un oxymore (enfin presque), ce titre associé à la photo de couverture. Quel rapport entre cette fillette costumée et "Gueule d'amour"? La petite fille de la photo est bien l'auteur du livre, Goliarda Sapienza. Elle revient dans ce roman autobiographique, écrit dans les dernières années de sa vie, sur son enfance singulière à Catane, en Sicile, dans les années 30. Elle grandit au sein d'une famille d'intellectuels, socialistes pour les uns, anarchistes pour les autres, davantage préoccupés de choses "importantes et vitales" telles que "Le Bien du peuple", "le Progrès", "la Douleur du monde" que des contingences domestiques. Entre une mère militante et fascinante, un père avocat des pauvres, charismatique et séducteur, une tribu de demi-frères et soeurs, Goliarda grandit assez libre, mais non sans principes (gagner son argent de poche, ne pas s'en remettre à quelqu'un, notamment un homme, pour résoudre ses ennuis...). Elle fréquente assez peu l'école, gangrénée par la propagande fasciste mais se nourrit des lectures de la bibliothèque familiale, tente de comprendre Diderot et Voltaire avec l'aide d'Ivanoé, le demi-frère chargé de sa formation intellectuelle. Quel rapport, disais-je, entre Goliarda enfant et le célèbre acteur au regard bleu acier ? C'est une fascination en forme d'identification, à croire que la demoiselle, biberonnée à l'idée d'insoumission, cherche à se démarquer de tous les modèles que sa famille entend lui proposer. Elle qui évolue dans le quartier populaire de la Civita où son père est tenu informé de ses moindres faits et gestes, a trouvé dans cette identification à l'acteur, un espace de liberté et de rêve. Elle analyse sa vie et ses émotions à l'aune de ce que Gabin aurait dit ou fait, elle transpose son moi sur cet homme à la fois doux et viril. Il l'accompagne et la rassure quand ses proches semblent oublier qu'elle n'est qu'une enfant. Elle ne se contente pas d'aller voir ses films au cinéma, elle les étudie pour mieux se l'approprier.
On l'aura compris, le matériau de ce livre est riche et pourtant, j'ai eu le sentiment de passer un peu à côté (surtout dans la première partie). L'écriture est belle, c'est indéniable mais par moment, j'ai été quelque peu perdue dans le propos, notamment dans certains passages où elle emploie "nous" pour parler d'elle et du Jean imaginaire à ses côtés. La relecture que j'ai entreprise atténue cependant cet effet. L'identification entre la fillette et l'acteur m'a semblé, de prime abord, un peu artificielle ( le livre débutant en trombe sur cette idée) mais il faut reconnaître qu'elle est bien défendue, nourrie, argumentée tout au long du roman et que j'ai fini par l'intégrer.
En somme, c'est un livre que j'ai appris à apprécier pleinement, en le relisant, en y repensant, ce qui est peut être préférable à un enthousiasme immédiat suivi de peu d'effets.

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En recevant ce livre, très belle couverture au demeurant, un instant de doute m'envahit. Ce livre parlerait de Jean Gabin et sur la photo…. une petite fille déguisée en marquise. Les traits fins ne peuvent appartenir qu'à une petite fille. Heureusement, la 4ème de couverture m'en dit un peu plus.

Moi qui ai appris de Jean Gabin à aimer les femmes, je me trouve maintenant avec la photographie de Margaret Thatcher devant moi…. C'est important une première phrase et celle-ci me plait.
Goliarda, c'est son enfance qu'elle nous raconte, va nous promener au rythme de ses longues déambulations dans la Catane de son enfance.
Seule déambulant d'un pas court et énergique éclatant de courage altier, j'adaptais mes petits pieds à la démarche pleine d'autosuffisance virile de Jean Gabin, en fixant les yeux ténébreux de ma casbah de lave et la métamorphosant instantanément en l'enchevêtrement d'une resplendissante clarté de sa casbah à Lui.

Goliarda va calquer sa vie, sa façon d'être en fonction de ce qu'elle ressent en regardant les films de son acteur chéri, Jean Gabin. Lorsqu'elle se bat, voici ce qu'elle répond à son père : « Gabin aurait fait la même chose ».

Mais, parlons de la famille Sapienza. Sa mère, socialiste convaincue, féministe de la première heure et son père avocat ne s'occupant que de la cause des petites gens, n'éduquent pas leurs enfants dans la foi chrétienne et leurs laissent une grande liberté. J'avais été élevée de façon moderne, moi, et je savais, je n'étais pas l'une de ces petites bécasse abruties par l'opium du mensonge qui pullulaient sur les chemins du monde, du moins selon ce que disait le professeur Jsaya. Goliarda avait sept demi-frères et soeurs, du côté de sa mère, et son père avait eu un fils, mort très jeune, Goliardo, dont elle porte le prénom, un prénom lourd à porter quelque fois. Les entourent Tina, Zoé sauvées de la prison par son père et dévouées à la famille. Et puis, il y a les oncles Nunzio, Giovanni qu'elle adore bien qu'il n'ait pas voulu lui apprendre le métier de cordonnier. Lorsqu'il veut lui donner de l'argent elle réplique : je suis venue chercher du travail, pas l'aumône.

Goliarda adore sa famille, admire ses parents : Moi, au moins, j'avais un père rebelle, même s'il n'était pas de la stature de Jean, et une mère aussi, qui, ce n'est pas pour dire, avait également été –et va plusieurs reprises – en prison pour le bien des pauvres et des opprimés.

Si Goliarda a besoin d'argent, elle doit le gagner. Les sous, c'est vraiment étrange, tant qu'on les garde entiers ils peuvent durer un mois, mais si on les change en un tas de petite monnaie qui sur le moment paraît une montagne, ils se volatilisent en un clin d'oeil ; phrase que l'on répète souvent en craquant nos billets de 20 euros !!!

L'école…. Elle y va en pointillé. Son frère Ivanoe est, dans la fratrie celui qui est chargé de son éduction, pour ne pas fréquenter l'école fasciste. A8 ou 10 ans, elle a lu Diderot, Voltaire... Elle va seule au cinéma et rentre le soir tard. Les repas pris ensemble sont très rares, pourtant cette famille respire l'amour et la cohésion malgré les tempéraments de feu siciliens.


Elle fréquente beaucoup de monde. Dans l'atelier du commendator Insanguine, marionnettiste, elle répare et recoud les hardes des marionnettes «Nous reprisons point après point les déchirures des captes provoquées par la grande querelle du soir précédent. J'avais appris de maman Insanguine cet art de soigner les plaies ouvertes dans les robes, les capes… ». qui lui apprend la patience. Dans la rue, très populaire, elle est la demoiselle de l'avocat, elle aime à discuter avec « les femmes et les hommes qui font commerce d'eux-mêmes –on ne dit pas putain, c'est méprisant, c'est un métier comme un autre, vieux comme le monde »

Les fascistes sont là avec la peur et cette petite fille, nourrie de liberté, de socialisme, de philosophie, d'anarchie demande à son père « Promets-moi que même si le fascisme devient le plus puissant des puissants des puissants, tu lutteras toujours pour les pauvres, qu'eux aussi ils puissent faire des études comme moi et n'être plus humiliés par les autres. »

Pui, il y a sa rencontre avec Jean, attention à ne pas confondre, ce n'est pas son Jean, mais une américaine réfugiée chez les Soeurs françaises à Rome. Elles sont là, cachées pour échapper aux SS et qu'elle retrouvera plus tard.

A travers les souvenirs de son enfance, Goliarda nous raconte la vie de son quartier populaire avec la grâce sautillante et rieuse de la petite fille qu'elle fut. Les tirades percutantes et définitives montrent combien son éducation anarchiste mais rigoureuse voire rigide l'a marquée, son respect pour les petites gens et sa morgue à l'encontre des bourgeois et autres arrivistes, je ne parle même pas des fascistes, est très vivace. de temps à autre, il faut revenir en arrière pour retrouver une filiation, certains passages sont touffus, mais il y a ce petit quelque chose de musical qui trotte dans la tête, de tempérament de feu qui vous enflamme.
J'ai noté l'Art de la joie pour une prochaine lecture.

L'appendice en fin de livre est une biographie succincte mais très renseignée de la vie de l'auteure. Son sentier d'enfance a été déterminant pour continuer la route de sa vie d'adulte. Goliarda a gardé ses fêlures, ses convictions, sa liberté. Les photographies montrent une belle femme au regard puissant et mélancolique.


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« Ne crois pas aux balivernes libérales de ton père et de ta mère ! Balivernes ! Utopies d'intellectuels viciés ! de la misère à la gloire...Personne ne sort de la misère, synonyme d'ignorance, et ne devient un génie, Si tu n'y crois pas, va voir d'où viennent tous leurs écrivains, peintres, musiciens, de familles aisées, sinon riches, aisées ! Tu comprends ? Pour ne rien dire de ta mère qui était d'une famille riche, Ton père aussi, qui se vante tant de son origine populaire,tu le sais comment il est arrivé à sortir de l'esclavage de l'ignorance ? Tu le sais ? »

"Tu ne dois jamais te soumettre à personne et moins que quiconque à ton père ou à moi. Si quelque chose ne te convainc pas, rebelle-toi toujours."

" Nous ne sommes pas affamés! Et si parfois nous n'avons pas d'argent, c'est que nous n'exploitons personne, cher oncle. Et puis Marx aussi souffrait de la faim pour écrire le Capital."


En quelques extraits nous cernons l'expérience de la petite Goliarda, fillette grandie un peu comme une herbe folle au milieu d'intellectuels anarcho-socialistes dans la Sicile des années 30, le Duce menace déjà de faire marcher l'Italie au pas et jette les opposants en prison. La mère de Goliarda, Marie, avec ses sept enfants d'un premier mariage auxquels s'ajoutent ceux du second compagnon puis les petits derniers, a fait de la prison pour incitation à la grève. Giuseppe, le père, est un avocat (instruit grâce au sacrifice de ses frères, cf ci-dessus) qui s'est mis au service des pauvres. Au milieu de la tribu, Goliarda grandit, instruite par son frère Ivanoé (on se méfie de l'enseignement, probablement très bien-pensant). Toute jeune elle connaît les philosophes et argumente pour défendre ses idées. Dans la famille, on ne crie pas, on ne punit pas : on explique. On ne donne pas l'argent des petits plaisirs : on le fait gagner par de menus travaux.

Et de l'argent, Goliarda en a besoin pour aller voir son idole au cinéma, ce Jean Gabin auquel elle s'identifie, carrure, démarche, ton, arguments, elle tente de tout copier. Puis elle « vend » sa narration du film aux gamins du voisinage,

L'histoire est amusante, intéressante, elle restitue la Sicile des années fascistes et le monde libertaire qui a tenté de s'y opposer, La gamine est vive, drôle, pétillante, sa famille plutôt originale et sympathique, Mais...comment dire ? C'est presque « trop », Trop gentil, trop bien écrit, trop sympathique, bref on n'a pas vraiment l'impression qu'il s'agit de souvenirs mais d'un récit largement idéalisé,
Goliarda a reçu le prénom (Goliardo) d'abord de son frère aîné, mort bien avant sa naissance et fils seulement de Giuseppe, puis celui de Goliarda, la petite soeur morte très peu de temps après sa naissance : comment trouver sa vraie place, sa vraie identité, c'est déjà tellement difficile certainement dans une fratrie si nombreuse. Et quand on sait que Giuseppe a eu des relations incestueuses avec deux de ses belles-filles, le tableau se ternit quelque peu,

En conclusion, un livre agréable à lire et intéressant mais auquel, pour ma part, je n'ai pas tout-à-fait accroché,
Je remercie le Tripode pour cette découverte qui va maintenant m'inciter à lire « L'art de la joie » dont j'entends le plus grand bien !

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Citations et extraits (55) Voir plus Ajouter une citation
Elle le dit avec un tel désir de confirmation que je ne me sens pas de la décevoir. Jean ne le ferait jamais, de décevoir une femme fragile sans défense. Un petit mensonge est toujours préférable à une vérité cruelle, comme dit mon père, et je m'entends dire :
-Eh oui, je suis triste que tu t 'en ailles.
J'avais l'intention de dire un mensonge mais, complexité de la nature humaine !, en le disant je comprends que c'est vrai, ça me rend triste, et en un clin d’œil, exactement comme au cinéma, je me retrouve enlacée à ses énormes épaules – on dirait des coussins, oh -, à sangloter et, chose vraiment honteuse, à l'implorer de ne pas partir, de ne pas nous laisser dans la poussière qui à chacun de ses départs s'accumule sur le sol, sur les meubles, sur mon corps même.
Page 96
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« Alessandro, là-haut devant la ferme, il y a ces messieurs [des milices fascistes] avec leurs matraques qui terrifient nos paysans, vas-y et vois ce que tu peux faire ». Alessandro remonta à l'air libre, ôta la matraque des mains de l'un de ces messieurs et avec cette même matraque leur fracassa le crâne, à lui et à ses camarades. Quand Alessandro eût fini de donner une leçon à ces messieurs, sa grand-mère, tenant, de son bras tendu la lampe haut au-dessus de sa tête pour éclairer la scène – la nuit était tombée entre-temps -, cria aux paysans qui avaient assisté en cercle, muets et tremblants, au combat : « Et maintenant, nettoyez le terrain de toute cette saloperie qu'Alessandro a dû faire à cause de votre lâcheté. Allez, au travail ! »
Page 16
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Il semble que dans un village lointain, au plus profond de l'intérieur de l'île, au milieu de montagnes si hautes que les habitants des vallées ne voyaient jamais le soleil, il y ait eu un château plus ancien que tous les châteaux du monde, habité par un vieux monsieur sans âge au frais visage d'enfant et aux membres tordus de vieillesse séculaire. Cet homme, pour se garder en vie, avait besoin de la chair fraîche d'une jeune innocente, très belle et sans tache. Il ne faisait rien à cet enfant quand ses serviteurs – ils étaient plus de mille, lâchés dans l'île entière – la lui amenaient. Il ne faisait que dormir enlacé à elle, mais dans le sommeil il rajeunissait et elle, tout doucement, au fur et à mesure que le jour se levait, vieillissait rapidement, jusqu'à expirer à midi, décrépite, aveugle et sans plus un souffle dans son âme glacée.
Page 54
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Allez, allez à l'école, vous ! Que pouvez-vous faire d'autre sinon vous trouver un petit ou grand emploi de fonctionnaire et engraisser obscènement en compagnie de tous les parasites, voleurs légalisés, de l’État fasciste ! Moi, au moins, j'avais un père rebelle, même s'il n'était pas de la stature de Jean [Gabin], et une mère aussi, qui, ce n'est pas pour dire, avait également été – et à plusieurs reprises – en prison pour le bien des pauvres et des opprimés.
Page 29
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Voilà comment la bourgeoisie émissaire du pouvoir corrompt ceux qui les divertissent, les corrompt avec des gâteaux de riz. Ce n'est pas qu'elle vous dire : si tu me racontes ce que je veux de façon à ce que ça m'amuse, je te donne, mettons, mille lires... Comme ça ce serait facile parce que toi, l'artiste, tu répondrais : eh non ! Je te raconte ce qui m'amuse, moi, et je ne me vends pas. Mais avec le croquant frit passé ensuite dans le miel fondu doré comme la soie...
Page 120
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Liberté, désir et rébellion. Dans Moi, Jean Gabin, Goliarda Sapienza retrace l'histoire d'une enfance insoumise dans la Sicile des années Trente. À une époque où le fascisme étouffe la société italienne, une enfant de Catane, captivée par les images du film Pépé le Moko, ne rêve plus que de devenir Jean Gabin, symbole d'une vie libre et passionnante. Par l'auteure de L'Art de la joie, Moi, Jean Gabin est l'un des plus beaux textes de Goliarda Sapienza, à la fois roman autobiographique et testament philosophique qui célèbre la liberté et les rêves. À l'occasion du centenaire de la naissance de l'écrivaine, Marie Vialle met son talent et sa virtuosité au service d'une histoire magnifique.
À lire – Goliarda Sapienza, Moi, Jean Gabin, trad. de l'italien par Nathalie Castagné, le Tripode, 2012
Lumière par Hannah Droulin Son par Alain Garceau Direction technique par Guillaume Parra Captation par Marilyn Mugot
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