Dans cet essai stimulant,
Gisèle Sapiro nous donne des pistes pour tenter de trouver notre réponse propre à la question qui donne son titre au livre, et au-delà à adapter notre réaction.
Pour cela, il convient de différencier les cas de figures. Est-ce que l'acte mis en cause de l'auteur ou de l'autrice relève de sa vie privée (
Polanski) ou bien est-ce une action publique ? Voire même, est-ce au coeur de son oeuvre (
Matzneff) ?
Deuxième axe de différenciation, la temporalité. Est-ce une erreur de jeunesse (Grass) ou bien le signe d'une "déchéance" liée à une fin de parcours (Millet) ? Ou encore est-ce un "secret" bien caché pendant toute la carrière (Heidegger) ?
De nombreuses citations viennent rappeler le contexte et les faits des cas de figures étudiés. Et se replonger dans "l'affaire
Matzneff" en pleine "affaire Duhamel" donne une nausée empreinte de vertige.
Dans le même ordre d'idée, relire une citation de
Finkielkraut sur
Polanski, rappelle grandement une autre intervention du même triste sire à propos de Duhamel. J'ai mis en citation la phrase en question.
Rappeler les faits, c'est aussi rappeler les revendications ou demandes des protestant.e.s à chaque nouvelle affaire qui sont souvent renvoyé.e.s par un fallacieux anathème : l'accusation de volonté de censure.
Demande qui, par ailleurs, peut venir de collectifs ou associations militantes mais qui ne sont en général pas les positions des personnes publiques prises pour cible dans la contre-offensive.
Gisèle Sapiro rappelle à de nombreuses reprises la différence entre représentation et apologie, à l'origine d'une partie des polémiques. Elle donne à réfléchir sur la relation entre l'oeuvre et son auteur, et sur la façon dont ils s'influencent l'un l'autre.
La partie centrale du livre est un peu plus complexe, rappelant que l'autrice est une universitaire.
Ce livre me donne de nouvelles clés pour affiner mon positionnement sur cette question qui agite la société.
Peut-on dissocier l'oeuvre de l'auteur ? Et si non, que faire ?
Une lecture qui amène plus de questions que de réponses. Une réussite donc.