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sur 2811 notes
Je n'aurais jamais pensé lire un jour ce livre. Il aura fallu tout le pouvoir de persuasion d'une amie polonaise (que je salue au passage) avec laquelle je parle d'ordinaire plutôt de Witold Gombrowicz ou de Bruno Schulz. « Tu t'intéresses aux auteurs polonais, me dit-elle, et tu ne connais pas XWVZMQHOIEBBJHFZ CNDKLHSYQIUTBZLOUSKWXI ? » (Amis polonais, excusez-moi, mais les noms des auteurs polonais prononcés en polonais étaient, sont et demeureront, j'en ai peur, à jamais incompréhensibles et imprononçables pour mes oreilles et ma langue profanes.)

Effectivement, les jeux vidéo et la Fantasy n'ont jamais spécialement été mon jardin mais, contrairement aux lourds a priori que j'ai eus en découvrant la couverture, je n'ai pas détesté, loin s'en faut. En fait, je trouve ce livre plutôt bien écrit — sans toutefois me pâmer sur son style — et les très nombreux emprunts ou détournements de contes traditionnels y sont amusants.

J'y ai perçu notamment des clins d'oeil aux Métamorphoses d'Apulée, aux contes de Grimm ou encore aux contes des Mille et Une Nuits. Je trouve particulièrement savoureux les détournements de Blanche-Neige et du Pêcheur et le Djinn.

L'ouvrage se présente sous une forme un brin bâtarde, mi-roman, mi-recueil de nouvelles. (On dit " fix-up ", paraît-il en pareil cas, bien que je répugne à utiliser ce mot. " Assemblage " sonne mieux à mes oreilles et rappelle l'opération vinicole qui consiste à produire un vin standard et acceptable à partir de cépages pas tous exceptionnels.) C'est, à mon avis, un défaut car chacune des six nouvelles (Le Sorceleur, Un grain de vérité, le moindre Mal, Une question de prix, le Bout du monde et le dernier Voeu) sont amalgamées les unes aux autres par une sauce fade et poussive de quelques pages à chaque fois intitulée La Voix de la raison, numérotée de 1 à 7.

Ce liant me paraît tout à fait inutile d'un point de vue littéraire ; d'un point de vue éditorial, à l'époque de la parution, il était peut-être plus facile de faire avaler un roman (même bricolé) plutôt qu'un recueil de nouvelles. Ceci pouvant peut-être expliquer cela. Je n'en sais rien, je n'ai pas creusé davantage la question et peu importe.

L'auteur, Andrzej Sapkowski, a donc pour projet de nous présenter un héros, Geralt de Riv, exerçant le délicat métier de sorceleur, une profession qui se situe en quelque sorte à mi chemin entre le chasseur de primes (façon Sergio Leone), le samouraï, le moine Shaolin et le prêtre exorciste, le tout évoluant dans une sorte de Moyen-Âge fantasmé mittel-européen peuplé de créatures aussi fantastiques qu'effrayantes.

Tantôt destructeur de monstres abominables, tantôt désenvoûteur d'honnêtes citoyens métamorphosés en affreux sanguinaires par l'effet d'un charme, tantôt sage conciliateur de parties inconciliables, tantôt conseiller des puissants, tantôt hors-la-loi, tantôt allié de druides et de magiciens, tantôt opposé à eux, tantôt indéfectible ami, tantôt gardien d'une certaine forme de moralité, tantôt rustre, tantôt raffiné, etc., etc. Enfin, vous voyez le tableau, quoi…

L'ensemble est plutôt bien conduit même si, d'après moi, il y a quelques faiblesses, notamment quand l'auteur essaie de faire passer des pseudo messages qui n'ont pas beaucoup d'envergure. La forme narrative choisie (héros très typé récurrent dans chaque nouvelle) empêche justement ce héros d'évoluer véritablement. C'est très pratique si l'on souhaite écrire beaucoup de volumes, ce qui semble être le cas, mais cela reste, d'après moi, d'un intérêt limité car ce qui me passionne en littérature, c'est de voir évoluer les personnages une fois qu'ils ont été bien campés.

Donc une impression d'ensemble assez bonne, sans plus, pas un mauvais livre, pas un chef-d'oeuvre, juste un agréable divertissement, ce qui n'est déjà pas si mal. D'ailleurs, n'ayant jamais eu l'honneur ni l'avantage de voir sortir un quelconque génie d'une quelconque amphore me sommant de lui soumettre trois voeux, je me contenterai d'en formuler un seul (ce sera le dernier, promis). le voici : ne prenez pas cet avis trop au sérieux, ce n'est qu'un simple avis, c'est-à-dire pas grand-chose.
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J'aime décidément cette littérature et la variété de styles et d'univers qu'elle propose !
Il est amusant de constater que cette saga du "sorceleur" aura trouvé son lectorat essentiellement grâce à un jeu vidéo et une série sur Netflix, et si cette lecture était dans ma PAL depuis longtemps, je dois pourtant avouer que j'ai joué au jeu avant d'en tourner la première page.
C'est donc avec le sentiment de connaître un peu Jéralt de Riv que j'ai commencé cette lecture.
Le "dernier voeu" est un recueil de nouvelles (six) qu'il est préférable de lire (avec l'épée de providence) avant de commencer la saga proprement dite car elle "pose" le décor et le contexte de cet univers résolument "fantasy".
En passant, le "dernier voeu" est le titre de la sixième nouvelle, le moment où Jéralt fait la connaissance de Yenefer, autre personnage majeur de la saga.
Pour commencer à parler du livre, je dirais que l'auteur s'y entend pour raconter des histoires et créer un contexte. J'ai lu quelques réserves sur le style, pour ma part je l'ai trouvé sobre et précis, agréable même pour dire mon ressenti, un bel équilibre entre la mise en place du contexte, la psychologie des personnages et l'action, ajoutons que toutes ces nouvelles sont intéressantes à suivre et révèlent un personnage assez complexe en la personne de Jéralt.
Car si Jéralt ressemble de prime abord à un de chasseur de prime, à un tueur impitoyable (la réputation des sorceleurs), il sait faire preuve de discernement et d'une certaine morale, d'une certaine tolérance et d'une réelle finesse de jugement à l'encontre des nombreuses créatures qu'il croisera sur sa route, ce qui va nous donner des histoires variées et gardant chacune leur suspense.
Autre attrait, la découverte à dose homéopathique des sorceleurs et de leurs particularités, bref, j'ai apprécié cet apéritif et je vais passer à la suite avec confiance, cet univers me plait bien ;)
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Striges, ondines, basilics, loups-garous, goules, vampires, manticores, chimères, dragons, djinns, griffons, et d'autres créatures encore, aux noms imprononçables mais non moins terrifiantes.
Infernale ménagerie munie de crocs, de griffes, de serres, de grandes gueules, et d'yeux flamboyants comme des braises. Assoiffés de sang, la rage au coeur, ces monstres viennent du diable vauvert, de nos contes ancestraux, ou de nos mauvais rêves. En vieillissant, on finit par ne plus croire à cette animalerie cauchemardesque. Et pourtant, elle reste tapie dans nos coins d'ombre. Allez savoir pourquoi ? Peut-être parce que nos lointains aïeux connaissaient bien mieux que nous le monde des ténèbres, et avaient appris à le redouter. Ces ancêtres se promènent toujours dans nos gènes, et nous chuchotent parfois une de leurs histoires horrifiques…
Geralt de Riv est un sorceleur. On l'a transformé, on lui a fait perdre son humanité pour lui donner les moyens de combattre tous ces monstres qui peuplent les rivières, les forêts et les plaines de son monde abracadabrant. Il est puissant et rapide comme l'éclair. Il a la magie au bout des doigts et son glaive est étincelant. Les monstres n'ont aucune chance de survie en face de lui. Mais les combats sont toujours difficiles et, à chaque fois, il y perd un peu de ses forces.
Geralt est un personnage charismatique. Des cheveux blancs comme la neige. Une démarche féline. Il a l'humour des désabusés, de ceux qui sont revenus de tout. Il a la tristesse et la nonchalance des espèces en voie d'extinction.
Ce récit est une succession de nouvelles. Il n'est pas structuré, mais il colle bien à notre héros. Car Geralt de Rive n'a ni passé, ni présent, ni avenir. Il est de nulle part. Il erre à travers monts et vallées à la recherche de son humanité perdue qu'il ne retrouvera jamais. Son unique certitude est, qu'un jour de grande fatigue, il finira par se faire découper en morceaux.
j'ai adoré le style de l'auteur, tour à tour sombre, désenchanté, patelin, souvent drôle. Ses discussions de comptoir avec les marchands du coin, et sa première rencontre avec la magicienne Yennefer valent leur pesant d'or, ou de monstres…
Et si Geralt de Riv était bien plus que tout cela ? S'il était le gardien de nos nuits, empêchant, à l'aide de ses formules magiques nos pires cauchemars de venir nous dévorer tout cru ?
Qui sait ?
Je suis tombé sous le charme vénéneux de ce récit.

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J'adore le genre Heroic Fantasy mais je lis peu de romans qui y appartiennent car j'ai l'impression de toujours tomber sur la même histoire : quête menée par des individus de races différentes, lutte entre le Bien et le Mal ou bien contre un être maléfique qui veut étendre sa domination sur le monde connu. Et souvent, ces histoires peu originales sont racontées par des auteurs à l'écriture très ordinaire. Eh bien, avec le sorceleur, me voici comblé. Un grand merci à Andrzej Sapkowski. Exit le naïf héros annoncé par une prophécie, pareillement pour sa longue mission ardue. Geralt de Riv appartient à la race des sorceleurs, ces êtres au physique étrange (cheveux blancs, yeux félins, etc.) qui le distingue des autres hommes, qui provoque le rejet, occupe la « profession » de tueur de monstres, de la succubes au plus terrifiant des ogres. Toute une spécialité ! Mais il a son code d'honneur qui lui est propre, ne pensez pas à lui demander de neutraliser un humain, non ! C'est aussi un individu solitaire mais il est capable de tisser des liens et il a son histoire, qu'on apprend petit à petit, au fil des rencontres. Par exemple, son amourette avec la magicienne Yennefer, son amitié avec le barde Jaskier, etc.

Un héros troublé, vous me direz, ça s'est déjà vu, et vous avez raison. L'autre façon dont cet ouvrage se distingue, c'est qu'il s'agit en fait d'un recueil de nouvelles. Geralt de Riv ne passe pas 400 pages à essayer de remplir une seule mission, le bouquin est constitué d'une dizaine de petites histoires, autant de « commandes », de monstres à éliminer. Et elles ne sont pas liées les unes aux autres. C'est donc rapide à lire, on ne perd jamais le fil.

Aussi, j'ai adoré les clins d'oeil aux contes merveilleux dans plusieurs de ces histoires. La première nouvelle faisait plusieurs références à la Belle et la Bête. J'ai retrouvé un peu plus loin les Sept Nains et ainsi de suite. Il ne s'agit pas de pastiche ni de parodie, ces éléments sont intelligemment insérés à la trame que l'auteur raconte. C'était drôle et rafraichissant. Et le style de Sapkowski est supérieur à beaucoup de romans de Heroic Fantasy. Un vocabulaire recherché, des dialogues intelligents, un bon sens du suspense, des descriptions suffisantes qui ne freinent pas l'histoire. Sur ce point, j'aurais aimé en voir un peu plus pour aider à créer une ambiance, à visualiser son univers, mais je suppose qu'il ne faut pas trop en demander…

Toutefois, là où les autres auteurs que je pourfendais un peu plus haut gagnaient des points, c'était dans la création d'un monde complexe. J'ai un peu l'impression que Sapkowski ne sait pas plus que ses lecteurs où son imagination l'entraine. Je ne sens pas une vision globale. D'ailleurs, il n'y a pas de cartes géographiques ni d'annexes ni quoi ce que soit pour nous aider à nous y retrouver. Quoique, ce n'était pas le but et rien ne l'y oblige, s'il peut délaisser certaines conventions, pourquoi pas celle-là aussi ?
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Cela faisait un moment que j'avais envie de lire ce roman. J'ai donc sauté le pas grâce à la série diffusée sur Netflix ( je regarderais la série plus tard d'ailleurs).

Je n'ai rien trouvé d'exceptionnel à ce premier tome. Nous sommes dans du déjà vu, avec des clins d'oeil aux contes de notre enfance. J'ai , il faut l'avouer, eu bien du mal a rentrer dans ce roman. J'ai trouvé l'écriture froide et distante , ce qui ne rend pas particulièrement attachant le personnage principal. Et puis la façon de faire de l'auteure avec des histoires décousues n'a pris sont sens que vraiment à la toute fin du roman.

Je reste donc sur ma réserve quand à la qualité et a l'attrait réel que je vais avoir avec cette série. Je me réserve le tome deux pour me donner un vrai avis, et pour savoir si je poursuis ou non la saga.

Une fin d'année en demi teinte avec deux déceptions (roman fini en début d'année) … j'espère que le premier roman entamé pour cette année sera meilleurs ( cela dit je n'ai pas pris de risque j'attaque par une nouvelle du King :)
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Un agréable divertissement. Ni trop, ni trop peu

Soyons honnête. Si je connaissais la série littéraire, ce qui m'a fait sauter le pas, c'est clairement la série Netflix avec mon héros préféré : Superman. (Série ayant elle même vu le jour grâce au succès des jeux, que eux je ne connais pas).
Y a-t-il de quoi s'embrouiller ? Non, il suffit de commencer par le commencement. Et donc par le recueil ici commenté.
Si la saison 1 TV semble être un mix des deux premiers opus livresques, on reconnaît d'entrée de jeu les héros et nos acteurs incarnent parfaitement leur personnage.
C'est donc une lecture où si l'imagination joue moins, le visuel compense efficacement.

C'est de l'heroïc fantasy, légèrement dark. Moins qu'un Abercrombie, mais largement plus qu'un Fiest, et qui, n'oublions pas, a déjà 30 ans. On a fait mieux ou pire depuis.

Une curiosité remise au goût du jour grâce à Netflix et grâce aux jeux. A découvrir donc.
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Je vais être honnête, sans la sortie de la série The Witcher, je ne me serais pas encore attaqué à lecture de ce premier tome du Sorceleur
Et pourtant…. Ce livre était dans ma Pal depuis plusieurs années… J'étais lors de son achat assez pressée de commencer sa lecture, puis j'avais découvert qu'il s'agissait plutôt d'un recueil de nouvelles. Ce format de lecture n'étant pas mon préféré, cela explique qu'au bon d'un moment, le livre s'est retrouvé relégué aux fins fonds de ma Pal que je qualifierais d'assez monstrueuse…
Quand on me parlait du jeu Witcher ainsi que de la série qui allait en être tirée, je n'avais absolument pas fait le lien avec « le Sorceleur »….Ce n'est qu'en voyant il y a un peu plus d'un mois une bande annonce sous-titrée que la lumière s'est enfin emparée de mon petit cerveau.
Apres être partie en expédition pour exhumer ce livre, je me suis empressée de le lire en parallèle du visionnage de la série. (Ce fut plus un hasard qu'intentionnel d'ailleurs )
Il s'agit donc d'un recueil de nouvelles qui permettent de planter le décor, c'est-à-dire l'univers dans lequel évolue le héros Geralt de Riv.
Le style de l'auteur est simple et fluide et l'action est au rendez-vous. Une fois passé le temps d'acclimatation à tous les monstres que l'on peut côtoyer ( entre les kikimores, les striges, les patins et les couffins….), je n'ai eu aucune peine à concevoir pourquoi cette saga a été adaptée en jeu vidéo.
Le personnage, Geralt de Riv, genre vieux loup solitaire ( après tout on l'appelle bien le loup blanc dans certains lieux ), est attachant . Bien que plus tout à fait humain, il en possède les valeurs et ne manque pas de le rappeler à ceux qui veulent l'exploiter pour faire toute sorte de sale boulot. Il est un tueur de monstres, pas un tueur à gages…
Je suis assez pressée de lire la suite, je dois le reconnaitre…



Challenge ABC 2019/2020
Challenge Mauvais Genres 2020
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Pour Noël, je me montre raisonnable, pas de dilemme livre-famille, soit une relecture ou des nouvelles. le Sorceleur répondait à cette attente avec une histoire par chapitre,ainsi j'ai assuré ma dose quotidienne.

J'ai énormément apprécié le héros Géralt de Riv, homme qui détient une connaissance qui lui confère un pouvoir de vie et de mort sur toutes les créatures possibles et imaginables. Il est à la fois craint et détesté par ceux qui font appel à lui. Mais ce que j'ai aimé par dessus tout c'est qu'il garde son libre arbitre, ne tue pas si il peut faire autrement et parfois est attaqué en premier.

Les histoires sont très agréable à lire et je suis restée mitigée sur cette lecture jusqu'à l'arrivée Nenneke, Yennefer et Jaspier qui ont apporté le rythme qui manquait jusque là et l'envie de retrouver Geralt pour d'autres aventures.
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Après avoir découvert les jeux vidéo The Witcher, voici qu'une nouvelle série télévisée (produite par Netflix) vient adapter les récits de fantasy médiévale écrits par le polonais Andrzej Sapkowski : le Sorceleur (Witcher en anglais, Wiedzmin en polonais). le dernier voeu est le premier tome (en VF) de la série de cet auteur et est en fait un recueil de nouvelles réunissant sept courtes histoires qui placent le décor et le personnage principal en situation.

La Voix de la raison
Les nouvelles sont en alternance avec des textes plus courts encore (des novelettes ?) qui dessinent une trame englobante. Ainsi, les petits épisodes de la Voix de la raison laissent à penser que Geralt de Riv narre ses aventures à une prêtresse, Nenneke. Celle-ci tente de protéger une de ses disciples, Iola, de l'influence masculine exercée par le sorceleur. Toutefois, au fil des récits entrelacés, on comprend vite que Geralt de Riv navigue un peu à vue entre ses petites aventures individuelles, ses relations avec certains amis de passage ou avec les petits seigneurs locaux (ici la prêtresse de Melitele) et ses démêlés avec les puissances politiques qui se jouent parfois de lui et de sa condition.

Le Sorceleur
Dans les environs de Wyzima, Geralt de Riv s'intéresse à l'existence de massacres auprès de l'ancienne résidence du roi local. Cette première nouvelle permet de prendre le pouls du personnage : assez froid, seulement guidé par son travail à effectuer, à l'affût de la moindre information. Cette aventure l'amène à affronter une strige dont l'origine est un peu particulière à la cour du roi Foltest. Intrigues de villages, règlements de compte amoureux… c'est un peu « bal tragique à Wyzima », mais au bout du compte, le Sorceleur doit bien venir à bout du monstre devant lequel tous les autres ont échoué. C'est l'occasion pour le lecteur de comprendre les origines mutantes de la corporation des sorceleurs, le fonctionnement des sorts et des potions ainsi que les stratégies mises en place en termes d'enquête, puis de combat à l'épée (en argent notamment).

Un grain de vérité
En allant vers sa prochaine étape, Geralt de Riv tombe par inadvertance sur une scène de massacre le long d'un chemin peu fréquenté, il explore donc les environs. Ce coup-ci, Andrzej Sapkowski s'inspire de la Belle et la Bête pour faire se rencontrer le Sorceleur et Nivellen, un petit seigneur transformé en ours augmenté de pouvoirs magiques. Cette variation, comme c'est souvent le cas avec la série du Sorceleur, joue de nos attendus pour renverser une partie du conte original ou le rendre plus tragique encore.

Le Moindre mal
En route pour Yspaden, Geralt tue une kikimorrhe, un animal plutôt malveillant dans les marais alentour, un insectoïde mi-araignée mi-scorpion. Il cherche à se faire payer ce service dans le bourg d'à côté, Blaviken, où il retrouve Caldemeyn, le maire de cette petite ville rédanienne. En manque de fonds, il sollicite le mage qui s'est installé dans le château local qui cherche finalement à recruter Geralt pour une autre affaire : l'enchaînement est intéressant, car le sorceleur n'a pas du tout idée de la quête dans laquelle il s'immisce sans le vouloir. Il se retrouve ainsi entre un mage roublard qui le répugne et une jeune princesse déterminée à se venger de lui. L'histoire de celle-ci s'inspire largement de Blanche-Neige et les sept nains avec une noble jalousée par une belle-mère qui prend conseil auprès de son miroir magique et qui exile sa belle-fille dans la forêt en voulant la tuer, celle-ci s'échappe et détourne sept gnomes de leur travail aux mines. Les détails qui transforment le conte initial sont forcément croustillants et donne un ton intéressant à la nouvelle, même si les réflexions répétées sur « le moindre mal » sont peut-être de trop.

Une question de prix
Bien malgré lui, Geralt se retrouve à la cour de la reine Calanthe qui règne sur Cintra. Elle cherche à l'embaucher pour tuer un monstre le jour où elle doit accorder la main de sa fille et héritière en fiançailles. Or, intervient lors de la soirée, un inconnu qui réclame sa récompense pour avoir jadis sauvé le roi, ce dernier lui ayant alors promis le « droit de surprise », c'est-à-dire le droit sur quelque chose que ni le sauveur ni le sauvé ne connaissent auparavant. Or, cette récompense, c'est la princesse Pavetta elle-même. Cette histoire est un peu longuette par moments et enchaîne l'action rapidement par d'autres. Pour autant, elle intéresse à au moins deux titres, puisqu'elle questionne encore une fois ce qu'on peut véritablement définir comme monstrueux, selon le point de vue choisi, et justifie le lien inaliénable qui unira désormais Geralt à Ciri, la fille à venir de Pavetta.

Le Bout du monde
Geralt est cette fois accompagné de Jaskier, le barde, saltimbanque éperdu de romantisme et de rimes lubriques. À force de vagabonder, ils finissent au fin fond de la cambrousse à tenter de trouver du travail pour Geralt là où les paysans patoisants ne racontent que des histoires de fantômes grivois, de dames blanches qui hantent les champs ou de chauves-souris qui tourmentent les enfants. Pourtant, dans un bled encore un peu plus loin, proche des montagnes qui semblent constituer le « Bout du monde », ils acceptent (surtout Geralt, puisque c'est lui qui fait tout le boulot) de mettre hors d'état de nuire un diable qui harcèle et rackettent un village. Racisme ordinaire et mouvement communautaire sont au programme de cette nouvelle dépaysante, mais un brin bourrine.

Le Dernier voeu
Geralt est encore affublé du barde Jaskier quand, en cherchant à pêcher de quoi manger, il tombe sur une amphore fermée d'un sceau magique. Celui-ci est malencontreusement ouvert et Jaskier hérite d'une vilaine blessure à la gorge. Geralt se met donc en quête d'une aide magique dans les villages alentour. C'est ainsi qu'il se retrouve au beau milieu de règlements de compte dans un village où sévit depuis quelque temps une sorcière dénommée Yennefer de Vengerberg. Cette rencontre bouleversera pour longtemps la destinée de Geralt de Riv.

Ce premier tome des aventures du sorceleur Geralt de Riv met donc en place tout un monde qui prend doucement sa cohérence, des personnages le plus souvent avec des personnalités riches et un bestiaire déjà fourni. Bien sûr, regarder en parallèle la série télévisée ou jouer au jeu vidéo donne tout de suite une approche beaucoup plus large de ce monde de fantasy.

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Rarement une franchise, qui ne soit ni américaine ni anglaise, n'aura été adapté sur tous les formats avec autant de succès et entraîner autant d'engouement. Des romans, des bandes dessinées, des adaptations en jeux vidéo et aujourd'hui une série sur l'une des plateformes les plus puissantes du globe (une première série polonaise adaptait le premier livre au début des années 2000), il ne manque plus qu'un film au cinéma, mais ce serait tellement réducteur pour tout ce que ce premier livre a à proposer. Il pose vraiment les bases d'un univers extrêmement riche avec une mythologie très fouillée, même s'il n'est pas aisé d'en saisir toutes les subtilités et les implications que certains événements peuvent entraîner pour  dans le futur. le style d'écriture peut lui aussi laisser les amoureux de la belle langue soutenue sur le côté, mais est-ce à cause de la traduction ? de la façon d'écrire de l'auteur qui n'a surement pas reçu la même qualité d'éducation littéraire comme dans nos contrées en son temps ? de sa maîtrise stylistique qui ne convient peut-être tout simplement pas à notre appréciation toute occidentale ? Allez savoir... Mais c'est bien peu de choses face à l'immensité du projet qui démarre par un recueil de nouvelles publié pour la première fois dans un magazine polonais de 1986. Nous sommes dans de la Sword and Sorcery. Ou comme le mentionne le maître de la taxonomie Apophis, nous sommes dans de la Fairytale Fantasy pour son appropriation des contes populaires comme la Belle et la Bête ou encore Blanche-Neige et les sept nains. le sel du livre tient forcément de son personnage principal, Geralt de Riv, sorceleur de métier et donc chasseur de monstre contre paiement en pièces sonnantes et trébuchantes, dont le caractère désabusé teinté d'humour cynique saura charmer les plus insensibles. Des missions risquées, entre monstres et intrigues de cours, des personnages secondaires forts et au background intéressants, on se laisse facilement happer dans le filet des aventures du sorceleur. La saga gagne par la suite en qualité et nul doute que vous apprécierez encore plus votre voyage si vous persistez. L'engouement actuel sur la série Netflix devrait vous pousser à au moins tenter l'aventure et/ou à vous lancer dans les jeux vidéo. En tout cas, il s'agit là d'une de mes sagas préférées et l'un des univers qui me fascine le plus. J'espère vous avoir donné envie de tenter l'aventure !
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