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Critique de Nastasia-B


Je n'aurais jamais pensé lire un jour ce livre. Il aura fallu tout le pouvoir de persuasion d'une amie polonaise (que je salue au passage) avec laquelle je parle d'ordinaire plutôt de Witold Gombrowicz ou de Bruno Schulz. « Tu t'intéresses aux auteurs polonais, me dit-elle, et tu ne connais pas XWVZMQHOIEBBJHFZ CNDKLHSYQIUTBZLOUSKWXI ? » (Amis polonais, excusez-moi, mais les noms des auteurs polonais prononcés en polonais étaient, sont et demeureront, j'en ai peur, à jamais incompréhensibles et imprononçables pour mes oreilles et ma langue profanes.)

Effectivement, les jeux vidéo et la Fantasy n'ont jamais spécialement été mon jardin mais, contrairement aux lourds a priori que j'ai eus en découvrant la couverture, je n'ai pas détesté, loin s'en faut. En fait, je trouve ce livre plutôt bien écrit — sans toutefois me pâmer sur son style — et les très nombreux emprunts ou détournements de contes traditionnels y sont amusants.

J'y ai perçu notamment des clins d'oeil aux Métamorphoses d'Apulée, aux contes de Grimm ou encore aux contes des Mille et Une Nuits. Je trouve particulièrement savoureux les détournements de Blanche-Neige et du Pêcheur et le Djinn.

L'ouvrage se présente sous une forme un brin bâtarde, mi-roman, mi-recueil de nouvelles. (On dit " fix-up ", paraît-il en pareil cas, bien que je répugne à utiliser ce mot. " Assemblage " sonne mieux à mes oreilles et rappelle l'opération vinicole qui consiste à produire un vin standard et acceptable à partir de cépages pas tous exceptionnels.) C'est, à mon avis, un défaut car chacune des six nouvelles (Le Sorceleur, Un grain de vérité, le moindre Mal, Une question de prix, le Bout du monde et le dernier Voeu) sont amalgamées les unes aux autres par une sauce fade et poussive de quelques pages à chaque fois intitulée La Voix de la raison, numérotée de 1 à 7.

Ce liant me paraît tout à fait inutile d'un point de vue littéraire ; d'un point de vue éditorial, à l'époque de la parution, il était peut-être plus facile de faire avaler un roman (même bricolé) plutôt qu'un recueil de nouvelles. Ceci pouvant peut-être expliquer cela. Je n'en sais rien, je n'ai pas creusé davantage la question et peu importe.

L'auteur, Andrzej Sapkowski, a donc pour projet de nous présenter un héros, Geralt de Riv, exerçant le délicat métier de sorceleur, une profession qui se situe en quelque sorte à mi chemin entre le chasseur de primes (façon Sergio Leone), le samouraï, le moine Shaolin et le prêtre exorciste, le tout évoluant dans une sorte de Moyen-Âge fantasmé mittel-européen peuplé de créatures aussi fantastiques qu'effrayantes.

Tantôt destructeur de monstres abominables, tantôt désenvoûteur d'honnêtes citoyens métamorphosés en affreux sanguinaires par l'effet d'un charme, tantôt sage conciliateur de parties inconciliables, tantôt conseiller des puissants, tantôt hors-la-loi, tantôt allié de druides et de magiciens, tantôt opposé à eux, tantôt indéfectible ami, tantôt gardien d'une certaine forme de moralité, tantôt rustre, tantôt raffiné, etc., etc. Enfin, vous voyez le tableau, quoi…

L'ensemble est plutôt bien conduit même si, d'après moi, il y a quelques faiblesses, notamment quand l'auteur essaie de faire passer des pseudo messages qui n'ont pas beaucoup d'envergure. La forme narrative choisie (héros très typé récurrent dans chaque nouvelle) empêche justement ce héros d'évoluer véritablement. C'est très pratique si l'on souhaite écrire beaucoup de volumes, ce qui semble être le cas, mais cela reste, d'après moi, d'un intérêt limité car ce qui me passionne en littérature, c'est de voir évoluer les personnages une fois qu'ils ont été bien campés.

Donc une impression d'ensemble assez bonne, sans plus, pas un mauvais livre, pas un chef-d'oeuvre, juste un agréable divertissement, ce qui n'est déjà pas si mal. D'ailleurs, n'ayant jamais eu l'honneur ni l'avantage de voir sortir un quelconque génie d'une quelconque amphore me sommant de lui soumettre trois voeux, je me contenterai d'en formuler un seul (ce sera le dernier, promis). le voici : ne prenez pas cet avis trop au sérieux, ce n'est qu'un simple avis, c'est-à-dire pas grand-chose.
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