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Critique de Dionysos89


Après avoir découvert les jeux vidéo The Witcher, voici qu'une nouvelle série télévisée (produite par Netflix) vient adapter les récits de fantasy médiévale écrits par le polonais Andrzej Sapkowski : le Sorceleur (Witcher en anglais, Wiedzmin en polonais). le dernier voeu est le premier tome (en VF) de la série de cet auteur et est en fait un recueil de nouvelles réunissant sept courtes histoires qui placent le décor et le personnage principal en situation.

La Voix de la raison
Les nouvelles sont en alternance avec des textes plus courts encore (des novelettes ?) qui dessinent une trame englobante. Ainsi, les petits épisodes de la Voix de la raison laissent à penser que Geralt de Riv narre ses aventures à une prêtresse, Nenneke. Celle-ci tente de protéger une de ses disciples, Iola, de l'influence masculine exercée par le sorceleur. Toutefois, au fil des récits entrelacés, on comprend vite que Geralt de Riv navigue un peu à vue entre ses petites aventures individuelles, ses relations avec certains amis de passage ou avec les petits seigneurs locaux (ici la prêtresse de Melitele) et ses démêlés avec les puissances politiques qui se jouent parfois de lui et de sa condition.

Le Sorceleur
Dans les environs de Wyzima, Geralt de Riv s'intéresse à l'existence de massacres auprès de l'ancienne résidence du roi local. Cette première nouvelle permet de prendre le pouls du personnage : assez froid, seulement guidé par son travail à effectuer, à l'affût de la moindre information. Cette aventure l'amène à affronter une strige dont l'origine est un peu particulière à la cour du roi Foltest. Intrigues de villages, règlements de compte amoureux… c'est un peu « bal tragique à Wyzima », mais au bout du compte, le Sorceleur doit bien venir à bout du monstre devant lequel tous les autres ont échoué. C'est l'occasion pour le lecteur de comprendre les origines mutantes de la corporation des sorceleurs, le fonctionnement des sorts et des potions ainsi que les stratégies mises en place en termes d'enquête, puis de combat à l'épée (en argent notamment).

Un grain de vérité
En allant vers sa prochaine étape, Geralt de Riv tombe par inadvertance sur une scène de massacre le long d'un chemin peu fréquenté, il explore donc les environs. Ce coup-ci, Andrzej Sapkowski s'inspire de la Belle et la Bête pour faire se rencontrer le Sorceleur et Nivellen, un petit seigneur transformé en ours augmenté de pouvoirs magiques. Cette variation, comme c'est souvent le cas avec la série du Sorceleur, joue de nos attendus pour renverser une partie du conte original ou le rendre plus tragique encore.

Le Moindre mal
En route pour Yspaden, Geralt tue une kikimorrhe, un animal plutôt malveillant dans les marais alentour, un insectoïde mi-araignée mi-scorpion. Il cherche à se faire payer ce service dans le bourg d'à côté, Blaviken, où il retrouve Caldemeyn, le maire de cette petite ville rédanienne. En manque de fonds, il sollicite le mage qui s'est installé dans le château local qui cherche finalement à recruter Geralt pour une autre affaire : l'enchaînement est intéressant, car le sorceleur n'a pas du tout idée de la quête dans laquelle il s'immisce sans le vouloir. Il se retrouve ainsi entre un mage roublard qui le répugne et une jeune princesse déterminée à se venger de lui. L'histoire de celle-ci s'inspire largement de Blanche-Neige et les sept nains avec une noble jalousée par une belle-mère qui prend conseil auprès de son miroir magique et qui exile sa belle-fille dans la forêt en voulant la tuer, celle-ci s'échappe et détourne sept gnomes de leur travail aux mines. Les détails qui transforment le conte initial sont forcément croustillants et donne un ton intéressant à la nouvelle, même si les réflexions répétées sur « le moindre mal » sont peut-être de trop.

Une question de prix
Bien malgré lui, Geralt se retrouve à la cour de la reine Calanthe qui règne sur Cintra. Elle cherche à l'embaucher pour tuer un monstre le jour où elle doit accorder la main de sa fille et héritière en fiançailles. Or, intervient lors de la soirée, un inconnu qui réclame sa récompense pour avoir jadis sauvé le roi, ce dernier lui ayant alors promis le « droit de surprise », c'est-à-dire le droit sur quelque chose que ni le sauveur ni le sauvé ne connaissent auparavant. Or, cette récompense, c'est la princesse Pavetta elle-même. Cette histoire est un peu longuette par moments et enchaîne l'action rapidement par d'autres. Pour autant, elle intéresse à au moins deux titres, puisqu'elle questionne encore une fois ce qu'on peut véritablement définir comme monstrueux, selon le point de vue choisi, et justifie le lien inaliénable qui unira désormais Geralt à Ciri, la fille à venir de Pavetta.

Le Bout du monde
Geralt est cette fois accompagné de Jaskier, le barde, saltimbanque éperdu de romantisme et de rimes lubriques. À force de vagabonder, ils finissent au fin fond de la cambrousse à tenter de trouver du travail pour Geralt là où les paysans patoisants ne racontent que des histoires de fantômes grivois, de dames blanches qui hantent les champs ou de chauves-souris qui tourmentent les enfants. Pourtant, dans un bled encore un peu plus loin, proche des montagnes qui semblent constituer le « Bout du monde », ils acceptent (surtout Geralt, puisque c'est lui qui fait tout le boulot) de mettre hors d'état de nuire un diable qui harcèle et rackettent un village. Racisme ordinaire et mouvement communautaire sont au programme de cette nouvelle dépaysante, mais un brin bourrine.

Le Dernier voeu
Geralt est encore affublé du barde Jaskier quand, en cherchant à pêcher de quoi manger, il tombe sur une amphore fermée d'un sceau magique. Celui-ci est malencontreusement ouvert et Jaskier hérite d'une vilaine blessure à la gorge. Geralt se met donc en quête d'une aide magique dans les villages alentour. C'est ainsi qu'il se retrouve au beau milieu de règlements de compte dans un village où sévit depuis quelque temps une sorcière dénommée Yennefer de Vengerberg. Cette rencontre bouleversera pour longtemps la destinée de Geralt de Riv.

Ce premier tome des aventures du sorceleur Geralt de Riv met donc en place tout un monde qui prend doucement sa cohérence, des personnages le plus souvent avec des personnalités riches et un bestiaire déjà fourni. Bien sûr, regarder en parallèle la série télévisée ou jouer au jeu vidéo donne tout de suite une approche beaucoup plus large de ce monde de fantasy.

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