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Geneviève Leibrich (Traducteur)
EAN : 9782020403986
473 pages
Seuil (09/03/2000)
4.18/5   189 notes
Résumé :
Si José Saramago avait vécu quelques siècles plus tôt, nul doute que ce cinquième évangile lui aurait valu les foudres de l’Église et le bûcher. Mais contredire aujourd'hui une histoire qui depuis deux millénaires appartient au domaine du sacré, est la mémoire symbolique et la matrice de notre civilisation, n'apparaît plus comme relevant de l'hérésie ou du blasphème. Encore que d'autres pays et d'autres religions n'hésitent pas à prononcer d'impitoyables sentences d... >Voir plus
Que lire après L'Evangile selon Jésus-ChristVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
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Remember,
Pour la fin du monde, Gérard Palaprat, Face B, "Svasti", je vous donne le La :
"Adrien le charpentier, qui vient faire rire à tous les banquets [...],
Ils ont dit Svasti, ils ont dit paix sur tous les êtres
Ils ont dit Svasti, ils n'étaient pas de grands prophètes."
Je vous passe pas tout le disque, mais l'idée centrale est cernée....Alors oui, cette Face B, je l'ai passée en boucle (faut peut être rappeler qu'a l'époque, c'étaient des 45t, et qu'il fallait encore se lever pour changer le disque...), bref, tout ça pour dire que mon Aîné s'appelle Adrien et son Cadet, Thibault, est Charpentier....comme le début de la chanson, Face B, que je passais en boucle....dingue non !? coïncidence !?
Alors j'en viens à Saramago, L'Evangile selon Jésus-Christ, je l'assimilerai bien à la Face B des Quatre évangiles (Matthieu - Marc - Luc - Jean) ; bon OK, je n'ai lu que Marc dont ses sept pains pour quatre mille hommes, l'inventeur du MARKetting koi ! Non, les Evangiles, bien que Chloe, ma fille,( la guitariste de Svasti, face B que je n'ai pas retranscrit en entier....) m'avait gentiment offert au Noël 2015, ne m'ont absolument pas converti, d'ailleurs je n'en ferai pas allusion dans Babelio, car sujet à trop de polémiques enflammées ....Mais le José, lui a su m'intéresser à cette histoire du petit Jésus, il a pu interpréter à sa façon les signes avant coureurs d'un futur Grand Homme....
Moralité : Tous les 25 Décembre, les Chrétiens et Jésus crient : Joyeux Noël
En 1998, le monde entier clamait Saramago prix No(B)el ......Noel. Nobel. Face B .Ad Libitum.
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Le parcours de vie de Jésus de Nazareth est abondamment relaté dans les évangiles, textes-phares du Nouveau Testament.
J'ai conservé d'une lointaine catéchèse le souvenir de textes empreints d'un mélange de mystère, de magie, de mysticisme. Les évangélistes Jean, Luc, Marc et Matthieu ont rédigé ces écrits sur la foi de témoignages peu ou prou similaires et leurs ressemblances tant sur le fond que sur la forme sont patentes.

L'Evangile selon Jésus-Christ” du Nobel portugais José Saramago, paru en 1991, permet de découvrir une interprétation différente de la vie du Fils de l'Homme.
J'en vois déjà qui rient sous cape, incrédules à l'idée qu'un communiste athée natif de la subversive région de l'Alentejo puisse avoir un quelconque avis en matière de spiritualité, puisse s'intéresser aux choses de l'au-delà, puisse s'embarquer dans Dieu sait quoi…

Saramago n'est pas le premier profane venu et son érudition impressionne. Un long repérage de cette terre de Galilée où vécurent Marie, Joseph et leurs neuf enfants lui a sans doute été nécessaire pour retranscrire avec autant de minutie l'ambiance de la bourgade de Nazareth avec sa population juive louant à longueur de journée le Seigneur pour ceci, pour cela et pour cela encore...
La région est de toute beauté , il ferait bon y vivre sinon que les légions romaines l'occupent et que les crucifiements à répétition plombent le moral des autochtones.
De la naissance de Jésus dans une grotte de Bethléem à sa mort sur la croix, Saramago explore les zones d'ombre de l'Histoire. En équilibre sur la crête des plausibilités, sans jamais se départir d'un humour subtil, il s'emploie à démystifier la vie de ce jeune homme à l'esprit sain dans un corps sain.

Le Vatican, au dogmatisme figé dans le marbre, s'est évidemment offusqué du fait que l'iconoclaste Saramago aborde avec naturel la sexualité du Christ. Pourtant la relation fusionnelle entre Marie de Magdala et Jésus est d'une sincérité émouvante, elle apporte de la crédibilité au roman et en constitue l'un des points forts.

José Saramago convie le lecteur à cheminer aux côtés d'un Jésus avançant avec circonspection vers sa destinée et ce serait péché de se priver de sa divine humanité.
En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui lira ”L'Evangile selon Jésus-Christ” goûtera ici-bas à un moment de vraie félicité !
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Me voilà arrivée au bout de ce long chemin de souffrances et de moments de totale jubilation.
Et voilà que je me découvre en train de penser et de m'exprimer d'une manière qui ne m'est pas commune !
C'est que je sors d'un livre difficile, dérangeant, captivant, mené de main de maître, cela va sans dire, par José Saramago.

Par quoi commencer ?
Par ma difficulté. Ma difficulté à entrer dans cette prose sans espace pour respirer, uniquement composée de virgules, sans aucun tiret marquant les dialogues, sans aucun paragraphe.
Difficulté aussi à comprendre où l'auteur voulait en venir, et donc surprise totale devant cette réécriture de l'histoire de Jésus, oui, mais mêlant subtilement humour grinçant, légèreté, iconoclasme, psychologie profonde.

Par quoi continuer ?
Par mon plaisir profond à suivre cette famille dont tout le monde parle depuis la nuit des temps, dont ma famille m'a parlé depuis mon enfance. Ce Joseph, taciturne et – comme tous les hommes de cette époque – méfiant à l'égard des femmes, même de la sienne. Cette Marie, discrète mais têtue. Ce Jésus, adolescent rebelle et tourmenté, puis homme amoureux d'une femme et aimant les gens.

Plaisir mêlé de trouble, aussi, de découvrir la face cachée des choses, à la manière de Saramago : un Joseph hanté par sa culpabilité – celle de n'avoir pas pu prévenir à temps le village de Bethléem du massacre des tout-petits – et mis à mort comme le sera son fils : crucifié, mais par erreur.
Un Jésus hanté lui aussi par la culpabilité de son père, et ne sachant comment se débarrasser de ce remords pourrissant.
Un Diable au demeurant bien sympathique ! Bien plus sympathique que ce Dieu présenté comme cruel, vindicatif, orgueilleux. D'ailleurs, je ne résiste pas à vous recopier ce passage ô combien essentiel mais tellement irrévérencieux, au moment où Dieu envoie Jésus en mission et où il révèle ses pensées cachées :
« Tu t'es fabriqué là un joli destin, après 4000 ans de travail et de soucis que les sacrifices sur les autels, pour abondants et variés qu'ils soient, ne compenseront jamais, tu continues à être le dieu d'un tout petit peuple qui vit dans une partie minuscule du monde que tu as créé avec tout ce qui s'y trouve, alors dis-moi, mon fils, si je peux me tenir pour satisfait (...) Tu peux m'aider à étendre mon influence, à faire en sorte que je sois le dieu de beaucoup plus de gens. »
Bref, le ton est donné, et je comprends très bien pourquoi l'Eglise catholique a crié à l'assassin à la sortie de roman ! Mais moi, je me suis esclaffée, et j'ai réfléchi, aussi, très sérieusement, à cette religion catholique faite de « renoncement, clôture, souffrance, mort, guerres et carnages » (ces pages bouleversantes sont le summum !).

Plaisir enfin à suivre les méandres de la pensée du narrateur, qui n'hésite pas à interpeller le lecteur en comparant les choses anciennes à notre propre modernité, et toujours avec beaucoup d'humour.

Finalement, je ressors de cet évangile dévastateur toute pleine de cahots, secouée par le rire et l'interrogation, bénéfiques et libérateurs.

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Eh bien, voilà ! Je viens de lire ma première bible. J'en suis tellement heureuse que je doute, dès à présent d'en lire une autre plus brillante ou qui puisse me combler davantage. Je pensais dans ma jeunesse que croire ne pouvait finalement nuire à personne, soit qu'une telle démarche ne pouvait que tourner vers les autres, quelque esprit par trop individualiste, par exemple et sans dire, je suis athée, je disais à qui m'interrogeait, je crois en les hommes ; ceux de bonne volonté, de bon augure, cela va sans dire. Je me disais qu'un Dieu en valait un autre et dans un même principe, j'en restais là, m'accommodant des uns comme des autres, pourvu qu'ils ne me changeassent point et ni moi leurs adeptes. Entre ces lignes, il me suffit d'entrer comme on dit, dans la peau des personnages pour tenir ma devise et je dois dire ici, que je suis souvent le Diable, parfois Jésus, mais très rarement Dieu. Évidemment, il faut lire José pour savoir de quelle diablerie je parle, et pour autant se rendre compte que si l'un manque à sa vocation l'autre y pourvoit bien plus souvent qu'à son tour. Alors tout comme moi, ‘On' se questionne. Pourquoi Dieu manque-t-il régulièrement à sa tâche quand le monde va mal et que les hommes souffrent ? Est-ce à dire qu'il n'est pas d'homme sans Jésus tout comme il n'est pas de Dieu sans Diable… Soit, que tous comme un seul sont interchangeables, tantôt homme, dieu, diable. Il m'apparait alors et bien que ce ne soit promptement qu'une mienne apparition, qu'il en soit ainsi au quotidien, quand un homme, fut-il le meilleur à un moment donné, put être le même mais pourtant le pire ou le moins bon dans un autre temps, etc. Ce qui m'amène à penser comme un blasphème les multiples interprétations dites profanatoires sur les jugements portés sur telle ou telle de l'une des religions du monde, quand on sait que l'esprit voyage et que comme je viens de le dire il habite de multiples personnages. Censurons l'un ! nous condamnerons tous les autres, soit qu'après, aucune bible ne fut écrite…
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Quelle drôle d'idée, écrire un évangile de plus, une nouvelle version de la vie de Jésus.
Déjà, bien qu'il soit étiqueté « Roman », c'est l'assurance d'avoir des ennuis avec les ultras. Ce qui ne manqua pas d'arriver et provoqua l'exil de l'écrivain, en réaction à la décision de l'état portugais de le faire retirer de la liste pour un prix littéraire. Et on ne parle pas ici de temps obscurantistes reculés ou d'intolérance liée au régime d'extrême droite de Salazar, mais du Portugal démocratique de 1991, plus de quinze ans après la Révolution des oeillets. Bref…

Un aspect du livre concerne d'ailleurs la question, qu'est-ce qu'un évangile, qu'est-ce qui doit y figurer, comment ça s'écrit. Notamment pour l'équilibre de son contenu entre la part de recension la plus fidèle possible et la part de mise au goût du jour, comment faire comprendre au lecteur ces événements si lointains, et pour lui faire passer quels messages.
Mais attention, rien d'une thèse barbante dans ce propos. Ce sont plutôt des notations plaisantes en marge de la narration proprement dite, qui sont autant d'allusions à ces questions.

Pour le principal, Saramago développe une histoire à la marge des épisodes des vrais évangiles, et il l'insère dans le canon en reprenant certains de ces épisodes de façon plus ou moins fidèle.
Ainsi, la première partie est centrée sur Joseph, finalement peu présent dans les vrais évangiles et qui en disparait au milieu sans plus d'explication. Elle est aussi l'occasion de planter le décor, le contexte de la société juive du premier siècle dans la Palestine sous joug romain.
Ensuite, la partie la plus importante est celle de la « formation » de Jésus, comment il passe de l'enfance à l'adolescence, puis devient adulte. Et comment lui vient progressivement et incomplètement la conscience de son statut particulier.
Enfin, mais presque à regret (et plutôt rapidement), la partie la plus connue de sa vie de prêcheur menant à la crucifixion. En prenant beaucoup de libertés vis-à-vis de l'histoire canonique officielle.
Le tout avec une imagination impressionnante, car mêlée d'érudition, avec humanisme et une ironie mordante vis-à-vis de la religion, y compris via un soupçon de fantaisie narquoise. Ce qui en fait une très chouette histoire.

Et ce style, dont l'objet est d'écrire comme on raconte une histoire à haute voix.
Formellement, cela donne un joyeux mélange de narration au passé, dialogues et commentaires, souvent uniquement délimités par des virgules. Tout en restant très fluide et lisible.
Pour le fond, cela mélange en permanence l'histoire et sa glose. Avec un décalage volontaire, humoristique, entre cette époque si lointaine et les commentaires si contemporains.
Au final, Saramago a su créer une voix singulière, dont je suis de plus en plus fan.
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Citations et extraits (67) Voir plus Ajouter une citation
L'insatisfaction, mon fils, fut placée dans le coeur des hommes par le Dieu qui les a créés, je parle de moi, évidemment, mais cette insatisfaction, de même que tout ce qui les a faits à mon image et à ma ressemblance, je suis allé la chercher là où elle se trouvait, dans mon propre coeur, et le temps qui s'est écoulé depuis lors ne l'a pas fait disparaître, au contraire, je peux même dire que tout ce temps l'a même rendue plus vive, plus urgente, plus exigeante. Dieu s'interrompit ici un bref instant comme pour juger de l'effet de son exorde, puis il poursuivit, Depuis quatre mille quatre années que je suis le dieu des juifs, peuple d'un naturel querelleur et compliqué, mais avec qui, si on fait le bilan de nos relations, je ne me suis pas trop mal entendu, dès lors qu'il me prend au sérieux et persévère dans cet état d'esprit aussi longtemps et aussi loin que ma vision du futur peut parvenir, Tu es donc satisfait, dit Jésus, Je le suis et je ne le suis pas, ou plutôt je le serais sans mon coeur inquiet qui me dit tous les jours Eh oui, tu t'es fabriqué là un joli destin, après quatre mille ans de travail et de soucis que les sacrifices sur les autels, pour abondants et variés qu'ils soient, ne compenseront jamais, tu continues à être le dieu d'un tout petit peuple qui vit dans une partie minuscule du globe du monde que tu as créé avec tout ce qui s'y trouve, alors dis-moi, mon fils, si je peux me tenir pour satisfait quand j'ai tous les jours devant les yeux cette évidence mortifiante, Je n'ai créé aucun monde, je ne peux pas juger, dit Jésus, Certes, tu ne peux pas juger, mais tu peux aider, Aider à quoi, A étendre mon influence, à faire en sorte que je sois le dieu de beaucoup plus de gens, Je ne comprends pas, Si tu remplis bien ton rôle, le rôle que je t'ai réservé dans mon projet, je suis absolument certain que dans un peu plus d'une demi-douzaine de siècles, même s'il nous faut lutter, toi et moi, contre maintes contrariétés, de dieu des Hébreux je deviendrai le dieu de ceux que nous appellerons les catholiques, à la manière grecque, Et quel est le rôle que tu m'as destiné dans ton projet, Celui de martyr, mon fils, celui de victime, qui est ce qu'il y a de mieux pour propager une croyance et enflammer une foi.

p315
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Il se traîna hors du trou froid comme un tombeau et, enroulé dans la couverture, il regarda devant lui la ville de Jérusalem, les maisons basses en pierre, effleurées par la lumière rose. Alors, avec une solennité plus grande encore pour être prononcées par la bouche de l'enfant qu'il est encore, il dit les paroles de la bénédiction, Je te rends grâce, Seigneur, notre Dieu, roi de l'univers, qui par le pouvoir de ta miséricorde m'as restitué ainsi, vivante et constante, mon âme. Il est certains moments de la vie qui devraient demeurer fixés, rester à l'abri du temps, et ne pas être consignés seulement dans cet évangile, par exemple, ou sur une peinture, ou de façon moderne par la photo, le cinéma et la vidéo, il faudrait que la personne qui les a vécus, ou qui en est à l'origine, reste à tout jamais exposée à la vue des générations futures, ainsi, aujourd'hui, irions-nous à Jérusalem voir de nos propres yeux ce jeune Jésus, fils de Joseph, enroulé dans sa couverture étriquée de pauvre, regardant les maisons de la ville et remerciant le Seigneur de ne pas encore avoir perdu son âme cette fois-ci. Sa vie étant encore à son commencement , il n'a que treize ans, il est à prévoir que l'avenir lui a réservé des heures plus gaies ou plus tristes que celle-ci, plus heureuses ou plus malheureuses, plus plaisantes ou plus tragiques, mais c'est l'instant que nous choisirions pour notre part, la ville endormie, le soleil immobile, la lumière impalpable, un jeune garçon regardant les maisons, enveloppé dans une couverture, une besace à ses pieds et le monde entier, proche et lointain, en suspens, dans l'attente. C'est impossible, le jeune garçon a bougé, l'instant est venu et il est reparti, le temps nous emporte jusqu'au lieu où la mémoire s'invente, cela s'est passé ainsi, cela ne s'est pas passé ainsi, les choses sont ce que nous disons qu'elles ont été.

p173
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Alors Abiatar, le plus âgé des trois anciens, prit la parole et dit, Nous ne te questionnerons pas davantage, le Seigneur te paiera sept fois pour la vérité que tu auras dite ou il te fera payer sept fois pour le mensonge avec lequel tu nous aura trompé. Il se tut et continua à se taire, puis, s'adressant à Zaquias et à Dotaim, il dit, Que ferons-nous de cette terre qui brille, la prudence conseille qu'elle ne reste pas ici car il se peut que ce soit un artifice du démon. Dotaim dit, Qu'elle retourne à la terre d'où elle est venue, qu'elle redevienne obscure comme elle le fut naguère. Zaquias dit, Nous ne savons pas qui est le mendiant ni pourquoi il a voulu être vu de Marie seulement ni ce que signifie le fait qu'une poignée de terre brille au fond d'une écuelle. Dotaim dit, emportons-la dans le désert et éparpillons-la là-bas, loin de la vue des hommes, pour que le vent la disperse dans l'immensité et que la pluie l'éteigne. Zaquias dit, Si cette terre est un bien, elle ne doit pas être emportée de là où elle est et si, au contraire, elle est un mal, qu'y soient assujettis seulement ceux qui furent choisis pour la recevoir. Abiatar demanda, Que proposes-tu, alors, et Zaquias répondit, Que l'on creuse un trou ici et que l'on y dépose l'écuelle au fond, recouverte, pour qu'elle ne se mêle pas à la terre naturelle, un bien, fût-il enterré, n'est pas perdu, et un mal aura moins de pouvoir loin de la vue.

p35
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Ils dormaient là où le hasard les menait, sans autre exigence de confort que le giron de l'autre, quelquefois avec le le firmament pour seul toit, l'immense oeil noir de Dieu, criblé de ces lumières qui sont le reflet laissé par les regards des hommes qui ont contemplé le ciel, génération après génération, interrogeant le silence et écoutant l'unique réponse donnée par le silence. Plus tard, quand elle sera seule au monde, Marie de Magdala voudra se souvenir de ces jours et de ces nuits, et chaque fois elle sera obligée de lutter âprement pour défendre sa mémoire des assauts de la douleur et de l'amertume, comme si elle protégeait une île d'amour des attaques d'une mer tourmentée et de ses monstres.

p346
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On donna aussi une pelle à Jésus et celui-ci travailla vaillamment à coté des hommes adultes, le destin, qui en toute chose est le plus sage, voulut même que son père fût enseveli dans le terrain par lui creusé, la prophétie s'accomplissant ainsi, Le fils de l'homme enterrera l'homme mais lui-même demeurera sans sépulture. Que ces paroles, à première vue énigmatiques, ne vous conduisent pas à des pensées élevées, elles relèvent de l'évidence, elles veulent simplement dire que le dernier homme, du fait même qu'il est le dernier, n'aura personne pour lui donner une sépulture. Or ce ne sera pas le cas de ce garçon qui vient d'enterrer son père, le monde ne va pas s'achever avec lui, il nous reste encore des milliers et des milliers d'années de naissances et de morts incessantes, et si l'homme avec une constance sans faille a été un loup et un bourreau pour l'homme, avec plus de raison encore il continuera d'en être le fossoyeur.

p148
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Vidéo de José Saramago
Charlotte Ortiz, traductrice de "Traité sur les choses de la Chine" de Frei Gaspar da Cruz (ouvrage à paraître) nous fait le plaisir de nous parler de deux livres importants pour elle. "L'aveuglement" de José Saramago, roman parlant d'une pandémie ... elle vous en dira plus et, "Européens et japonais, traité sur les contradictions et les différences de moeurs" de Luís Froís où il est question, entre autres, de genre, de cuisine et de belles perspectives ;) !
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