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sur 288 notes
La mort est-elle une femme ? Une femme discrète, squelettique, entourée d'un drap blanc, vivant dans une pièce glaciale aux murs blanchis à la chaux et dentelés de poussiéreuse toiles d'araignées, ayant pour seule compagnie une vieille faux rouillée et usée d'avoir trop servie ? Invisible en public mais qui se fait voir à quelques rares élus à la vue pénétrante, dont Proust. Il aurait vu, lui, une grosse femme vêtue de noir…

C'est à partir de cette image d'Épinal , que Gustave Doré a d'ailleurs superbement immortalisée sur un cheval, qu'a construit son récit l'auteur portugais José Saramago. Mais il va en faire une femme particulièrement facétieuse, capricieuse, blagueuse. Intermittente dans ses désirs et ses volontés. Presque humaine. Une femme comptable également qui tient rigoureusement son registre des morts dans d'innombrables armoires munies de grands tiroirs remplis de fiches, une femme qui aime écrire de mystérieuses lettres violettes…Vous remarquerez que l'auteur ne met pas de majuscule, aucune négligence de sa part, il s'agit bien de la mort, cette mort routinière et banale, ancestrale, qui touche quotidiennement, partout dans le monde, sans relâche, tout être vivant, et non de la Mort, plus grandiloquente, plus globale, plus grave, celle qui toucherait tous les êtres vivants en même temps. L'apocalypse.

Dans un mystérieux pays inconnu, la mort va faire grève. Pendant une année, elle va en effet s'arrêter d'oeuvrer, pour reprendre ensuite de plus belle. Et Saramago, de sa plume érudite et irrévérencieuse, caustique et savante, de mettre en valeur les conséquences en chaine de cette grève. Sachant que les pays limitrophes, eux, ne sont pas touchés par cette bénédiction - Enfin, bénédiction de prime abord -. Sachant que cette grève ne concerne que les être humains et non les animaux. Sachant enfin que si la mort s'arrête, la vieillesse, elle, ne cesse pas. Les souffrances et les maladies non plus. Imaginez un peu les conséquences…les conséquences ubuesques que cette grève va engendrer.

Entre l'affolement de l'église (sans mort, pas de résurrection, et donc plus d'église), le désespoir des pompes funèbres, l'angoisse des hôpitaux face à l'afflux de malades au seuil de la mort qui ne meurent plus, celle des foyers pour le troisième et le quatrième âge dans lesquels les sorties ne compensent plus les entrées, l'obligation pour les familles de reprendre les mourants éternels, la recherche de nouveaux profits des compagnies d'assurance qui voient l'explosion des résiliations et les calculs effrayants des caisses de sécurité sociale pour l'équilibre du système de retraite, l'auteur nous brosse un croustillant tableau de ce qui s'avérait être de prime abord un nouvel Eden. Reste la philosophie pour essayer de prendre du recul et la « maphia » aussi engagée à côté du gouvernement dans un étonnant trafic de clients terminaux, écoulant en douce les quasi-macchabées de l'autre côté de la frontière…

Au bout d'un an exactement, la mort va reprendre du service et cette fois ci elle décide d'alerter les prochains élus par voie postale aux moyens de lettres violettes qui arrivent mystérieusement à leurs destinataires pour annoncer la sombre prophétie qui a lieu à chaque fois une semaine plus tard. le temps pour eux de prendre leurs dispositions…Je vous laisse imaginer les réactions et des gens concernés, et du gouvernement qui va tenter d'approcher la mort, d'analyser son écriture, de trouver où elle se cache. En vain. Une mise en scène de la mort très originale dans cette deuxième partie du récit que j'ai trouvé cependant moins passionnante que les conséquences de la grève dans la première partie.

Fable prétexte pour développer de nombreuses réflexions sur la mort, la façon de raconter de José Saramago est très singulière. L'écriture est quelque peu alambiquée, faite de longues explications, d'absence de majuscules parfois. L'humour est corrosif et vient donner une belle touche de légèreté au ton très professoral de l'auteur. Certaines explications très détaillées et minutieuses pourraient paraitre fastidieuses mais c'est sans compter sur l'autodérision du lusitanien ; il se moque en effet de cette érudition qu'il étale avec moult détails, et se moque même de son lecteur au passage.

« Il est possible que seule une éducation soignée, phénomène de plus en plus rare, s'accompagnant du respect plus ou moins superstitieux que le mot écrit instille habituellement dans les âmes timorées, ait poussé les lecteurs, bien qu'ils ne manquent pas de raisons pour manifester explicitement des signes d'impatience mal contenue, à ne pas interrompre ce que nous avons profusément relaté et à vouloir qu'on leur dise ce que la mort avait fait depuis le soir fatal où elle avait annoncé son retour. Etant donné leur rôle important dans ces événements inouïs, il convenait d'expliquer avec force détails comment avaient réagi au changement subit et dramatique de la situation les foyers du crépuscule heureux, les hôpitaux, les compagnies d'assurance, la maphia et l'église catholique… ».


Cette singularité est très différente d'un autre géant des lettres portugaises, je veux parler d'Antonio Lobo Antunes. L'érudition et l'irrévérence de récits de l'un le dispute au flux de conscience oniriques, aux soliloques envoutants, de l'autre. La fable fantastique et philosophique versus les obsessions ancrées sur l'histoire dictatoriale et coloniale du Portugal. La rumeur dit que les deux auteurs ne s'apprécient guère…En tout cas, ces deux géants montrent à quel point la littérature portugaise est d'une incroyable richesse, d'une passionnante complexité, d'une grande variété et surtout, surtout, d'une étonnante singularité telle l'âme, sans doute, de ce pays et de ses habitants.


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L'immortalité dont vous n'avez jamais rêvé…

La mort a décidé de faire la grève dans un pays inconnu, personne ne meurt plus. Mais cette immortalité est loin d'être une félicité, puisque la maladie, la douleur, elles, ne se sont pas arrêtées. Des accidentés au corps ravagés ne meurent pas de leurs blessures, des vieillards croupissent indéfiniment à l'article de la mort. Une immortalité qui est loin d'être agréable, ce n'est pas la mort, mais ce n'est pas la vie…

La mort se remettra au boulot quelques chapitres plus loin, mais l'auteur aura eu le temps de lancer des critiques sur le système politique, la « maphia », les pompes funèbres (qui ne pompaient plus d'argent), les hôpitaux et les maisons de retraite et même l'armée, les religions et la philosophie.

Madame la mort continuera ensuite ses facéties et on fera plus ample connaissance avec celle qui signe « mort » et sa compagne de toujours, la faux. On aura aussi de belles pages sur la vie et la musique.

Un Saramago que j'hésitais un peu à entreprendre. D'une part, la prose de l'auteur est particulière, un vocabulaire recherché avec une économie de majuscules, de paragraphes ou de tirets de dialogues. D'autre part, la mort n'est généralement pas un thème réjouissant…

Mais avec une promesse de printemps dans l'air, j'ai osé aborder ce mortel sujet et je ne l'ai pas regretté. Ce qui fait la difficulté de l'oeuvre de Saramago, c'est aussi ce qui fait son charme : une lucidité dans sa description du monde et une plume incisive, parfois irrévérencieuse, souvent sur le bord tranchant de l'humour.
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Dans un pays inconnu, la mort ne frappe plus, même les habitants en phase terminale , à commencer par la Reine Mère.
Après une euphorie compréhensible , les problèmes surviennent et certaines corporations , comme les pompes funèbres ou les assurances commencent à s'énerver , tandis que l'Église a perdu elle aussi son fond de commerce.

Cet auteur est absolument déroutant. Après avoir rendu aveugle une population dans @L'aveuglement , le voici qui nous prive de la mort . Son étude de l'évolution de la société , de l'opportunisme de la mafia à s'adapter à toutes les situations , des actions de certains corporatismes sont tout simplement brillantes.
Et que dire de la deuxième partie ,mettant en scène la mort et sa nouvelle façon de procéder.
La aussi , opportunisme , revirement de veste , tout y passe.
Et s'il m'a moins enthousiasmé , le final est aussi très bien mené, car inventer de telles histoires est brillant mais en sortir proprement l'est encore plus.
Quand au style, que l'on peut trouver déroutant , fait d'énumération , de dialogues imbriqués ou d'absence de majuscule aux noms propres , il donne une dynamique au récit , tout en le saupoudrant d'humeur , plus ou moins noir .
Bravo
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C'est le thème très étrange de ce roman qui a attiré mon attention : la mort qui, à l'aube d'une nouvelle année, décide de ne plus oeuvrer jusqu'aux limites des frontières d'un pays imaginaire, plongeant dans l'euphorie une population devenue immortelle. C'est en commençant la lecture de cet ouvrage que j'ai fait mes premiers pas dans le monde imaginaire de José Saramago, grand écrivain portugais, prix Nobel de littérature en 1998.
L'histoire est délirante à souhait. Traitée avec beaucoup d'humour, on retrouve, une fois les premiers temps emplis d'allégresse passés, une population confrontée à une multitude de problèmes. La vie éternelle certes mais pas l'éternelle jeunesse, et rapidement chacun doit gérer une situation nouvelle, que faire des nombreux mourants qui ne meurent plus, de malades en phase terminale interminable. Il est facile d'imaginer le chaos qui va s'en suivre.
Si j'ai aimé le déroulement de l'histoire, j'ai cependant été dérouté par le style de cet immense écrivain. Je ne connais de lui que ce roman et c'est un peu court pour se faire un avis mais "Les intermittences de la mort" est écrit à la façon d'un long article de presse, l'auteur prenant par moments le lecteur à témoin dans une suite de témoignages un peu longs. Un style qui ma rendu, à de nombreuses reprises, la lecture de ce livre un brin ennuyeuse. Dommage...
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Le troisième roman que je lis de ce génial auteur, après l'Evangile selon Jésus-Christ et l'Aveuglement.

Dans celui-ci, les gens d'un petit pays, un premier de l'an, s'arrêtent de mourir, mais, pour la majorité d'entres elles et d'entre eux, ça ne veut pas dire recouvrer la santé, non, c'est rester de façon stationnaire à l'état où ils étaient avant. Cela semble d'abord une nouvelle merveilleuse, mais très vite les inconvénients de la survie des moribonds et des autres apparaissent, pour les Hôpitaux, les Maisons de retraite, les familles gardant chez elles leurs proches malades et mourants, …mais aussi, les Pompes Funèbres, les Compagnies d'Assurance, et même « l'ACAR », l'Eglise Catholique, Apostolique et Romaine, car si plus de mort, comment pouvoir parler de résurrection future?

Mais certains trouvent un moyen de contourner le problème, et l'idée est reprise par une certaine « maphia » (sic) qui impose ses conditions impitoyables.
Jusqu'à ce que….la mort reprenne du service…

Tout cela est raconté avec le style si spécial de Saramago, et il est au mieux de sa forme pour nous raconter tout cela, avec son ironie dévastatrice, avec ses bons mots, ses citations humoristiques, sa façon d'interpeller le lecteur. C'était presque trop appuyé, cette farce sur la mort, et j'allais trouver que ce roman était un peu moins bon que les deux précédemment lus.

Mais c'était sans compter sur la surprise de la dernière partie du roman, absolument géniale, je trouve, que je ne vais pas « spoiler » comme disent les jeunes, mais qui m'a bluffé et je n'en dis pas plus, si ce n'est que Saramago sait rendre ses personnages féminins formidables.

Au final, j'ai beaucoup souri et même ri à la lecture de ce roman loufoque, et la fin a stimulé mon imagination et ma réflexion.
Donc je ne peux que lui attribuer mes 5 étoiles d'appréciation.
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Un gros coup de coeur !

Ce roman est divisée en deux parties : La première dédiée aux circonstances et aux conséquences de l'arrêt brutal de l'activité de la mort sur toute une population dans un pays, et juste un seul pays ; ceci ne concernant que les humains et non les animaux et végétaux, laissant tous ces habitants à un avenir d'immortalité. La deuxième est consacrée à la remise en service de la mort, puis à un évènement singulier mettant en lumière un personnage en particulier.

En premier lieu, s'arrête de s'abattre sur la population la mort, au premier jour de l'année. Ce qui s'avère être au fil du récit une catastrophe, les pompes funèbres obligées de se reconvertir avec les animaux domestiques, les maisons de retraite et hôpitaux surchargés, les compagnies d'assurance mettant en place un « gentlemen's agreement » afin de sauver leur légitimité, l'Eglise voyant s'effondrer tous les fondements de son existence « si la mort disparaît, il n'y aurait plus de résurrection possible et que sans résurrection l'église perdrait tout son sens », les familles désabusées et s'en remettant à une pratique humiliante et honteuse. La « Maphia » (écrit comme cela dans le texte) vient « sauver » la population avec une organisation sous le manteau, permettant de soulager les familles (en échange d'un pécule non négligeable, inutile de le mentionner) en menant les moribonds en dehors du pays (idée de départ d'une famille d'agriculteurs et suivi par d'autres, organisée ensuite par la Maphia). Mais il s'avère que les 3 pays limitrophes commencèrent à voir d'un mauvaise oeil la venue de tous ces gens provoquant des enterrements clandestins et un peu n'importe où, qui plus est. La Maphia trouva donc une solution, lui permettant d'augmenter de surcroît ses tarifs. Solution qui fût également bénéfique pour les pompes funèbres. Les républicains en profitèrent pour prôner leur cause dans ce pays monarchique, mettant en exergue l'injustice et la contre logique de ce système face à l'immortalité.

En second lieu, la mort reprend finalement du service face aux incohérences de cette suspension momentanée, mais avec un petit changement, reconnaissant que « le procédé habituel (est) injuste et cruel consistant à retirer la vie aux gens en toute mauvaise foi, sans préavis(…) ». En effet, les futurs morts recevront une lettre 8 jours avant la date fatidique, afin de leur laisser le temps de faire toutes les démarches nécessaires au bon ordre de leurs affaires. Mais en attendant, tous les moribonds s'éteignirent simultanément au 1er janvier minuit, pour un retour à la normale, un réajustement. Tous les habitants furent heureux de cette modification, cependant, l'annonce d'une mort future sous huitaine angoissa la population et une psychose se mit en place. « La semaine d'attente édictée par la mort avait pris la proportion d'une véritable calamité collective ». C'est alors qu'un fait inattendu pour la mort apparut, qui la plongea dans l'expectative et l'obligea à réfléchir à la bonne mise en oeuvre d'une solution contrecarrant ce phénomène. Un violoncelliste a fait son apparition dans l'histoire… La mort arrivera t'elle donc à un mode opératoire efficace et à son application ?

Le style de José Saramago est très particulier. Il fait de longues phrases qui ont l'air de ne jamais s'arrêter, avec des virgules à profusion. Cela surprend au départ, mais une fois bien lancé on s'habitue très bien au style voulu de l'auteur : « la syntaxe chaotique, l'absence de point final, l'élimination obsessive des paragraphes, l'emploi erratique des virgules et, péché sans rémission, l'abolition intentionnelle et diabolique de la lettre majuscule ». Les dialogues sont complètement intégrés au récit, ce qui signifie qu'il n'utilise pas les tirets ou guillemets, juste des majuscules pour la première lettre du mot prononcé par chacun des interlocuteurs. On s'y fait très vite. Il est le maître de l'ironie, de la dérision. Avec un thème comme celui là c'est juste excellent ! Et son humour, enrichi d'un vocabulaire exceptionnel, est intelligent et émoustillant. On se retrouve dans des situations volontairement loufoques, une façon, à mon avis, de minimiser l'irrévocabilité de la mort. L'utilisation qu'il fait de digressions rend très vivant le roman, on a pour ainsi dire le sentiment de discuter avec le narrateur et c'est d'un caustique plaisant. « L'humanisation » qu'il fait de la mort la rend presque sympathique et on en oublierait presque qui elle est en réalité, la faisant passer, par exemple, pour une employée comme une autre avec ses soucis techniques, sauf que elle, elle a des pouvoirs ! Il fait parler la mort et même sa faux, ce qui est franchement très amusant et nous fait penser qu'on parle d'un sujet léger, alors qu'il n'en est rien.

C'est un réel coup de coeur, je n'avais jamais lu ce type de roman avec une écriture superbe, une idée plus qu'originale et une rhétorique formidable. Je vous le conseille fortement !

Premières phrases du livre : « le lendemain, personne ne mourut. Ce fait, totalement contraire aux règles de la vie, causa dans les esprits un trouble considérable, à tous égards justifié, il suffira de rappeler que dans les quarante volumes de l'histoire universelle il n'est fait mention nulle part d'un pareil phénomène, pas même d'un cas unique à titre d'échantillon, qu'un jour entier se passe, avec chacune des généreuses vingt-quatre heures, diurnes et nocturnes, matutinales et vespérales, sans que ne se produise un décès dû à une maladie, à une chute mortelle, à un suicide mené à bonne fin, rien de rien, ce qui s'appelle rien. Pas même un de ces accidents d'automobiles si fréquents les jours de fête, lorsqu'une irresponsabilité joyeuse et un excès ‘alcool se défient mutuellement sur les routes pour décider qui réussira à arriver à la mort le premier. le passage à une année nouvelle n'avait pas laissé dans son sillage l'habituelle traînée calamiteuse de trépas, comme si la vieille atropos à la denture dénudée avait décidé de rengainer ses ciseaux pendant une journée. »
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Chaque être humain a rêvé au moins une fois d'être immortel mais sans jamais trop réfléchir aux conséquences que cela pourrait avoir car quand on pense à l'immortalité , on pense à la sienne uniquement . José Saramago y a réfléchi pour nous , c'est le thème de ce roman que j'ai eu beaucoup de mal à lire , bon j'avoue , je ne l'ai pas terminé .
Pourtant , je trouve que c'est un thème original mais le style de l'auteur ne m'a pas plu .
Dans un pays imaginaire , la mort a arrêté son travail , au début tout semble pour le mieux mais au bout de quelques temps , les inconvénients apparaissent , les vieilllards n'en finissent pas d'agoniser , les veillées funèbres s'éternisent et les familles n'en peuvent plus , plus de mort , plus d'héritage , plus de travail pour les pompes funèbres .
Les grands blessés ne meurent plus , les hôpitaux sont surchargés , enfin c'est toute la vie quotidienne qui est chamboulée .
Sous cet angle , on se rend compte que la mort a son utilité , que les cycles de vie et de mort doivent se succéder pour le bon ordre du monde .
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Qu'est-ce que c'est ce pays où la mort - elle tient à sa minuscule - décide d'un jour à l'autre de ne plus tuer? de faire grève, en somme?
L'idée semble belle, mais quid des moribonds, des agonisants, des vieux, des malades entre la vie et la mort pour l'éternité? D'une population qui vieillit? de la perte économique engendrée par cet arrêt pour tous ceux qui ont fait fortune avec la mort, les croque-morts, les assureurs, les soignants, l'Eglise même?
En décidant de tout arrêter, la mort avait-elle conscience des perturbations socio-spirituo-économiques qu'elle allait engendrer?
José Saramago, prix Nobel de littérature, nous dépeint non sans humour cette farce morbide à laquelle se retrouvent confrontés les têtes du pays. L'idée est bonne, voire excellente, et je me suis plongée un instant avec plaisir dans le récit.
Malheureusement, vers la moitié, ça tourne court, et peu à peu on s'éloigne du général pour s'intéresser à une relation pour le moins étrange à laquelle je n'ai pas trouvé d'intérêt; elle en aurait eu davantage dans un récit à part...
Petite déception donc après une belle entrée en matière.
Le style de Saramago n'est pas sans rappeler celui des contes De Voltaire, pas désagréable à lire même si ce n'est pas le style que je préfère.
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"La mort, cependant, qui, à cause des devoirs de sa charge,avait entendu tant d'autres musiques, notamment la marche funèbre de ce même Chopin ou l'adagio assai de la troisième symphonie de Beethoven, eut pour la première fois de sa très longue vie la perception de ce qui pourrait devenir une parfaite concordance entre ce qui est dit et la façon dont c'est dit. Peu lui importait que ce fût le portrait musical du violoncelliste, probablement avait-il fabriqué dans sa tête les ressemblances alléguées , réelles et imaginaires, ce qui impressionnait la mort c'était le sentiment d'avoir entendu dans ces cinquante-huit secondes de musique une transposition rythmique et mélodique de toute vie humaine, ordinaire ou extraordinaire, à cause de sa tragique brièveté, de son intensité désespérée, et aussi à cause de cet accord final qui était comme un point de suspension laissé dans l'air, dans le vague, quelque part, comme si, irrémédiablement, quelque chose restait encore à dire."

Et voici donc l'histoire de la mort , dans ce conte fantastique , qui , dans un premier temps, décide de faire grève! Et ce qui s'en suit, et on peut faire confiance à Saramago pour explorer dans le détail les inconvénients de cet évènement. Et les moyens employés pour contrer ces inconvénients. Et les propres inconvénients liés à ces moyens employés... Mais.. je ne vais pas vous raconter l'histoire, en fait, on a toujours l'impression d'entendre quelqu'un vous raconter une histoire à voix haute, et on attend la suite!
Sachez toutefois que la mort va tomber amoureuse d'un violoncelliste. Et de son chien. Et qu'on ne sait pas si la faux, à qui elle a confié la tâche d'envoyer les enveloppes violettes pendant son absence , va vraiment s'en charger. Ca reste un mystère , car, quand même, le lendemain , personne ne mourut.

Roman paru en 2005, Saramago avait 83 ans. Pas mon préféré de l'auteur mais quand même!

En exergue:
"Pense, par exemple, davantage à la mort- et il serait étrange en vérité que tu n'aies pas accès ,ce faisant ,à de nouvelles représentations, à de nouveaux domaines du langage." L. Wittgenstein
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L'action se passe dans un pays qui ne sera pas nommé, on sait cependant qu'il s'agit d'une monarchie constitutionnelle, à la population majoritairement catholique.
Un 31/12, d'un seul coup, la mort arrête sa moisson : plus personne ne meurt dans ce pays de 10 millions d'habitants.
Passé le moment de stupeur, la population alterne entre euphorie (l'immortalité tout de même !!) et la dépression (les malades ne meurent plus mais restent agonisants !)
Apres quelques passages très drôles sur le rôle des fossoyeurs, des assureurs sur la vie, une famille trouve « la solution » à ce problème de non-mort. Mais je n'en dirai pas plus sur l'histoire qui sait se renouveler : 300 pages sur la vacance de la mort cela m'aurait semblé un peu long.
Que de trouvailles dans ce roman… entre l'Eglise, la maphia (ceci n'est pas une faute de frappe, j'ai bien écrit maphia), la monarchie, les journalistes, les pays voisins …tout le monde en prend pour son grade…
Quant à la mort ? C'est un personnage à part entière (presque en chair et en os (osons !) qui découvrira que la vie peut avoir du sens …
Un livre déconcertant avec des phrases longues, alambiquées, et aussi une absence de majuscule aux noms propres qui m'a un peu gênée … après l'aveuglement, je compte bien poursuivre avec l'auteur … qui nous a fait faux bond en 2010…
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