l'horreur suprême exprimée dans une langue magnifique, pour une mémoire indispensable.
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Et ne nous prie plus
Dieu
ne nous prie plus
Ne tourne plus vers nous ta prière
autistique
car nous sommes coulés dans le
non
encastrés dans l'a
privatif
de nom
de linceul
et de mémoire
Notre mode n'est pas
d'être
n'a pas d'être
Notre mode
est l'apnée perpétuelle
d'une falaise de larmes
pétrifiées
l'apnée perpétuelle
d'un bloc brûlant de basalte sans bouche
l'apnée tombeau du cri
jamais jailli
Jamais
Ne nous prie plus
Car nous n'avons que faire
de ta prière
car ton amour
nous indiffère .....
Notre avenir parmi les hommes est le mutisme
de la couche supérieure des juifs et des tziganes .....
LA QUESTION EST D'ORDRE MORAL : avais-je le droit ?
Ce bouleversement rageur qui m'a submergé à la lecture du livre " Moi , Pierre Seel , déporté homosexuel " constituait-il une raison suffisante pour m'emparer , comme je l'ai fait dans ces quelques vers , de l’innommable ? Pour chausser , ( bien trop grandes pour moi ) les bottes de Celan et les contraindre à s'orienter dans la voie , non de la dénonciation , mais de la désignation d'un silence plus terrible encore d'être entretenu aussi par les anciens compagnons de détresse ? Comme si la projection de l'ombre rose du triangle sur l'étoile d'or en adornait l'éclat d'une équivoque insupportable . Le débat , douloureux , mais par quoi seul assurément s'ouvrira une brèche , par delà les décennies de mutisme hostile , vers la réciprocité des compassions , reste à aborder ......