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Anaïs Bokobza (Traducteur)
EAN : 9782754026192
314 pages
First (19/05/2011)
3.68/5   14 notes
Résumé :
La nuit, à Favonio, sur le mur d'enceinte du vieux château transformé en. pénitencier, un jeune homme prie pour que le vent tombe et le laisse rentrer chez lui. Agé de 20 ans, il fait son service militaire sur l'île, comme geôlier de chefs mafieux. Mais bientôt désarroi et angoisse cèdent la place à la fascination pour les histoires de ces cellules sombres et humides : vengeances atroces, privations cruelles, passions dévorantes et amitiés sincères. Tandis que le ga... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Mon expérience de la littérature italienne est plutôt faible si je dois la comparer à mon expérience de l'opéra italien. Je n'ai guère lu (récemment) qu'Alberto Moravia, Federico Moccia, Susanna Tamaro, Curzio Malaparte et, bien sûr, Andrea Camilleri, qui m'a offert mon seul contact littéraire avec la mafia.
Dans les nuits de Favinio, il est principalement question de cette organisation, vu d'un point de vue très particulier : celui d'un tout jeune gardien de prison, chargé de surveiller des fin de peine jamais. Il n'a pas choisi ce métier, il effectue son service militaire de neuf mois sur l'île de Favonio et le roman s'ouvre avec sa première nuit de garde, qui sera ponctuée par un événement tragique (le premier, mais pas le dernier). Les nuits désignent non seulement ses tours de garde, mais aussi le temps qu'il passe à noircir ses cahiers où il note ses souvenirs, ses impressions. Sa découverte de ce milieu éclipse peu à peu sa vie d'avant, et même son histoire d'amour avec la sensuelle Nella.
Nous assistons ici à une conception de la Mafia "à l'ancienne". Certes, la guerre des clans existent, personne ne le nie, mais les mafieux ont un code de l'honneur et sont attachés à le faire respecter. Pas de meurtres d'enfants, pas de meurtres d'innocents, sinon les coupables sont "dénoncés" par leur propre commanditaire. Gare à celui qui rentrerait à la prison et aurait commis les pires des crimes (viol et meurtres d'enfants ou d'innocents) : le jugement de ce tribunal implacable est pire que celui du tribunal ordinaire et les enquêtes ont beau être diligentées, peu de choses peuvent être empêchés. Que peuvent craindre de pire les "fin de peine jamais" ? Nous ne sommes pas encore à l'époque des repentis.
Je diviserai ce livre en trois parties. Dans la première (approximativement les cent premières pages), le narrateur apprivoise le monde de la prison, découvre ses us et coutumes (les anciens le laissent parfois patauger), s'en étonne d'abord puis s'habitue. il nous décrit cette vie quotidienne sous forme de courts chapitres, ponctués par les confidences de quelques détenus. Les détenus ont beau avoir un lourd passé criminel (homicides, enlèvement, extorsion de fonds, des "curriculums impressionnants"), le calme qui règne dans cette prison, où cinq à six détenus peuvent cohabiter par cellule, est surprenant. Les rites sont immuables et ponctuent le quotidien : la douche (deux à trois fois la semaine), la promenade, le repas (copieux) du dimanche et surtout, les visites de la famille.
La seconde partie montre l'étrange amitié qui se lie entre lui et le parrain Carmelo Sferlazza. Même au sein de la prison, il reste le chef incontesté et respecté. Je m'attendais au pire quant aux "services" qu'il demanderait au jeune homme, je ne m'attendais pas à quelque chose d'aussi surprenant.
La troisième partie (après la page 250) nous amène doucement vers l'époque actuelle et montre les conséquences de cette année très particulière sur la vie du narrateur. Un petit regret : le dénouement m'a fait songer à une comédie romantique (mais cela n'engage que moi).
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Si l'aspect violent des conditions de détention est souvent abordé, le point de vue des gardiens l'est un peu moins. Dans 'les nuits de Favonio', le gardien et narrateur est un tout jeune homme de 20 ans, qui a choisi de faire son service militaire comme gardien de prison près de chez lui plutôt que d'effectuer un service militaire 'classique'.

Le pénitencier en question, une prison de haute sécurité, est situé sur l'île de Favonio, au large de la Sicile. La plupart des détenus sont des chefs mafieux et beaucoup sont condamnés à perpétuité.

Les journées sont longues sur cette île et les détenus, bavards, n'hésitent à raconter leurs erreurs passées, leur vie d'avant, leur famille...

Des liens se tissent, l'humanité présente en chacun ressort et loin des clichés sur l'ultra violence, le narrateur se prend d'affection pour certains détenus et leur famille qu'il rencontre lors des visites. Les permissions, qu'il attend au début avec impatience, lui importent moins au fil du temps.

Il faut dire que ces détenus, malgré leur passé, ont de la classe. Ils appliquent les codes (de la mafia) et sont très dignes. Leur attachement à leur famille, à la gastronomie sicilienne, le respect qu'ils se témoignent entre eux les rendent tout à fait attachants.

Pour autant, la vie dans la prison n'est pas toute rose, loin de là. Les règlements de compte, suicides et passages à tabac sont de mise et c'est cette ambivalence qui est intéressante.

L'auteur, journaliste, s'est inspiré de sa propre expérience pour écrire ce roman qui du coup sonne très juste.



Un petit bémol: je n'ai pas aimé la fin (les toute dernières pages) que j'ai trouvée un peu "fleur bleue" mais ça n'altère en rien la grande qualité de ce livre très humain.
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Le choix ne sera pas facile surtout quand on a 20 ans mais pour ce jeune homme choisir d'être gardien de prison au lieu de faire son service militaire comme soldat, semble être la décision la plus logique à prendre. On lui a assuré qu'il pourrait se retrouvé dans une prison proche de chez lui malheureusement une erreur administrative l'amènera sur la petite île de Favonio. Celles-ci hébergent les plus grands noms de la mafia italienne.

J'ai été agréablement surprise par ce roman qui retrace le quotidien sur 9 mois d'un jeune homme face à ses peurs, ses doutes, ses questions sur la vie. Une vie sur un petit nuage qui devra se confronter à la dureté de la prison et des vies brisées sans oublier les lois strictes qui ont été mises en place par la mafia dans la prison. Ce roman se lit avec beaucoup de plaisir, on y trouve de l'humour, de la tristesse, des souvenirs, des anecdotes. Un roman sur la vie et son poids qui pèse sans limite sur la vie quitte à la dévaster.

Superbe
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Le narrateur a 20 ans. L'âge du service militaire. Pour ne pas trop s'éloigner de sa maison et gagner un peu d'argent, il décide de faire son service dans le corps des surveillants pénitentiaires. Il est alors envoyé au large de la Sicile, sur l'île de Favonio où, dans un décor paradisiaque se dresse un vieux château transformé en prison de haute sécurité. Ce sont surtout des mafieux, condamnés pour la plupart à perpétuité, qui y sont enfermés. le jeune homme n'a jamais mis les pieds dans une prison, n'a aucune connaissance du monde carcéral et redoute le premier contact avec les détenus. Il a neuf mois à tirer. Neuf mois qu'il présage bien longs comme cette première nuit de service dans la guérite perchée sur le mur d'enceinte de la prison où, dans les bourrasques d'une tramontane déchaînée, il décompte péniblement les heures avant de pouvoir reprendre l'hydroglisseur qui le ramènera chez lui pour sa première permission. Jusqu'à ce que dans le noir profond de cette nuit de tempête surgisse un cri déchirant : « Gaaaaaardien… ». Un parrain de la mafia vient d'être assassiné par son co-détenu. le narrateur devra garder le corps, le temps que les enquêteurs débarquent sur l'île. Son premier « mort ».
Enfermé sur l'île comme la chenille dans son cocon pour une lente et inexorable métamorphose, le narrateur va multiplier les premières fois et petit à petit laisser derrière lui l'innocence de ses vingt ans et les oripeaux de sa vie d'avant. Il expérimentera le crime, la souffrance, la violence, l'automutilation, mais aussi les rites et les codes, l'honneur, l'amitié et la compassion. Dans ce microcosme factice où la vie se poursuit sans avenir, mais avec résignation, un rayon de soleil, un bon repas, l'effluve de la mer, un sourire ont valeur de trésors. Dans l'horizon bien sombre des vies enfermées se dessinent ainsi en mode mineur quelques lambeaux d'espoir.
Après neuf mois sur l'île et bien des découvertes, l'heure est aux adieux. Déchirants. Papillon aux ailes encore engluées d'hésitations, le narrateur s'offre une seconde naissance aux portes de l'âge adulte. Mais cette expérience d'enfermement jamais ne le quittera.

Si l'histoire des nuits de Favonio tient la route (le sujet est vraiment bon), le style littéraire de Carmelo Sardo se révèle par contre bien moins emballant. Sans relief, d'une platitude confinant à l'élémentaire, son écriture se contente de peu. Dialogues sans saveur, balbutiants même, vocabulaire peu recherché, phrases banales… l'épreuve est de niveau scolaire. Et que dire de la construction même du récit ? Très ennuyeuse et commune, elle réserve peu de surprises et ne s'ourle d'aucun artifice.
En résumé, voilà une bien belle histoire, mais piètrement racontée. Dommage…
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Favonio est une prison en pleine mer au large des côtes Siciliennes, un vieux château transformé en pénitencier dont le mur d'enceinte abrite de petites guérites de garde souvent aux proies du vent et de la pluie. J'ai mis du temps à me créer l'image de ce lieu tant mon esprit me renvoyait la vision d'Alcatraz. Vision qui au fil du roman c'est évaporée pour laisser place à l'île, son port, ses criques et ce petit village où tout le monde vie de la prison. Comme toute île sont rattachement au continent dépend de la nature et du temps.

Cette prison abrite les peines à vies “fin de peine jamais”, ces mafieux condamnés à mourir enfermés, punis pour leurs crimes et qui souvent ont encore le pouvoir de donner des ordres vers l'extérieur : exécutions, vengeances, trafics.

Le narrateur nous raconte son expérience au sein de la police pénitentiaire lors de son service militaire vingt ans plus tôt dans les années 1980. Il ne connait rien de ce monde, de ce milieu, il arrive pour ses neuf mois de service qu'il imagine comme une parenthèse après laquelle il reprendra sa vie normale. Mais il n'en est rien, les neuf mois passés à Favonio vont changer sa vie, lui ouvrir les yeux et le contraindre à faire des choix.

Dès son arrivée il est confronté à l'assassinat d'un détenu, puis quelques semaines plus tard à l'immolation d'un autre. Il assiste également à l'arrivé d'un détenu violeur d'enfant battu à mort dans les douches sous l'oeil complice des gardiens. Toutefois nous sommes loin d'actes de violence répétées. Les détenus savent qu'ils ne sortiront pas vivant de Favonio et se sont organisés pour vivre ensemble. Repas du dimanche, tour de bronzage sur la seule chaise accessible aux rayons du soleil, les détenus acceptent leurs peines, ils savaient ce qu'ils risquaient en étant mafieux. Ils acceptent leurs peines car cela fait parti d'un code d'honneur, ont doit payer pour nos actes.

La relation entre gardien est détenu est apaisé, certains ce côtoient depuis des décennies. Chacun accepte son rôle. le narrateur va tisser des liens particuliers avec Carmelo Sferlazza, mafieux repenti. Il se fait complice de la conception d'un « bébé parloir », et deviendra même le parrain de l'enfant. Mais avoir accepté ce rôle l'entrainera à devoir choisir entre sa parole et l'amour d'une femme qui ne peu accepter cela.

Il ne reviendra qu'une fois bien des années plus tard sur cette ile qui est comme un retour au source de l'homme qu'il est devenu.

Ce roman est très beau et puissant. Il nous invite à réfléchir sur le pardon, la rédemption, le poids d'une parole donnée et la force de l'amitié. Je trouve également la couverture magnifique.
Lien : http://mespetitesidees.wordp..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
La vie à la prison pesait sur mes vingt ans, bien au-delà de ce que j'avais pu imaginer.
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Eux d'un côté, nous de l'autre, en attendant nous étions tous derrière les barreaux.
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