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EAN : 9782343173719
312 pages
Editions L'Harmattan (02/05/2019)
4.67/5   3 notes
Résumé :
Charles V le Sage (1338-1380) est considéré comme l'auteur de la consolidation du pouvoir de la dynastie valoisienne, après la double sanction militaire de Crécy en 1346 et de Poitiers en 1356, lourdes défaites consenties face à l'envahisseur anglais. Mais avant de présider aux destinées du royaume de France en 1364, il dut affronter, de fin 1356 au mois de juillet 1358, la méfiance d'une bourgeoisie parisienne, commotionnée par ces terribles revers et par la captur... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Il y a plusieurs vies dans la courte vie de Charles V le Sage (1338-1380), qui devait devenir roi de France en 1364 et ne régner que seize ans mais qui est crédité d'un résultat considéré comme miraculeux : le fait d'avoir recouvré la pleine souveraineté sur des territoires perdus après la défaite et la capture de son père, Jean II le Bon, à Poitiers-Nouaillé-Maupertuis en 1356, bataille au terme de laquelle le Prince Noir, fils du roi d'Angleterre avait remporté la victoire.
S'il m'est permis, je montrerai dans un second volume que les choses ne sont pas aussi simples et aussi positives que l'on a bien voulu nous le dire depuis des siècles à propos des résultats obtenus par Charles V le Sage au cours de son règne.
Mais ici, J'ai voulu surtout m'attacher à ce qui s'est passé entre le retour de Charles à Paris après la déconfiture de Poitiers où il dut assumer, alors qu'il n'y était pas préparé, à dix-huit ans, la charge du pouvoir, aidé par les conseillers de son père et par les siens, en tant que duc de Normandie et premier Dauphin de l'Histoire de France, et la mort en 1358 du Prévôt des marchands de Paris, Étienne Marcel, qui devait jouer un rôle capital durant ces deux années.
J'en termine avec une légende concernant Étienne Marcel, qui ne fut pas, au départ, l'homme de main du roi de Navarre, dit Charles le Mauvais, arrière-petit-fils de Philippe IV le Bel, tenté de se mettre dans le jeu devant l'affaiblissement des Valois, Jean le Bon étant prisonnier à Bordeaux puis en Angleterre, et son fils Charles ne jouant plus ou moins qu'un rôle de représentation en l'absence du roi malchanceux. Non, Étienne Marcel ne fut pas ce "traître" et ce serviteur du roi de Navarre trop souvent décrit dans maints ouvrages. Il était prévôt des marchands de Paris et assistait aux délibérations des États de langue d'oïl, convoqués par Jean le Bon pour pouvoir lever l'impôt exceptionnel qui aurait dû lui permettre de battre les Anglais à Poitiers grâce à la levée d'une armée de trente mille hommes. Après la déculottée de Poitiers, Jean le Bon n'avait plus besoin de la réunion des États, car celle-ci signifiant la continuation des hostilités avec l'Angleterre, il lui était au contraire nécessaire de faire la paix avec Edward III, pour pouvoir payer la rançon qui lui permettrait de retrouver la liberté, quitte à amputer le royaume de France de toute sa partie sud-ouest, convoitée par les Anglais depuis que Philippe Auguste et ses successeurs avaient privé les Plantagenêts de plusieurs de ces possessions continentales. Mais refusant cette politique du roi Jean, qui cédait aux Anglais trop de territoires, les États de langue d'oïl continuèrent de se réunir sous l'autorité d'un Dauphin, notre Charles, que l'on surveillait étroitement. Il s'agissait donc pour Étienne Marcel de jouer cette carte, de tenir sous sa main le jeune duc de Normandie, qu'il ne voulait absolument pas écarter du pouvoir au profit du roi de Navarre, et dont il s'agissait au contraire d'obtenir qu'il continuât de convoquer les États afin que ceux-ci pussent tenter d'assainir les finances du royaume, d'établir une monnaie stable et de ne plus d'évaluer cet argent au seul avantage du roi par le biais du monnayage, de lever l'impôt dont le seul emploi devait être la défense du royaume face aux incursions et ambitions anglaises. Cela irritait Jean le Bon et mettait mal à l'aise le Dauphin Charles, qui n'était pas forcément opposé à tout le programme de réforme des États mais qui n'avait qu'une envie, celle d'échapper à ceux qui le contraignaient malgré lui à parapher des décisions qui ne lui agréaient pas totalement à l'aide du sceau du Châtelet - sceau du Prévôt royal qui se substituait ainsi au grand sceau du roi dont on ne pouvait faire usage puisque Jean II le Bon, enfermé dans une autre logique, refusait de jouer le jeu.

Mais quel était le projet réel d'Étienne Marcel et sur quels moyens comptait-ils s'appuyer pour le réaliser ? C'est ici que les historiens se contredisent et n'arrivent pas à donner une idée cohérente de l'action du Prévôt des marchands. En fait, conscient des forces en présence, celui-ci ne pouvait qu'essayer d'unir des contraires difficilement conciliables mais prêts à s'entendre dans le contexte où se trouvait le royaume du fait que Jean le Bon était le prisonnier des Anglais, situation inédite. C'est donc à la signature d'un programme commun avec la bourgeoisie que Marcel conviait l'aile réformatrice de l'aristocratie et du clergé, à travers les États, et d'ailleurs le Conseil réuni autour du Dauphin vit plus de ces nobles et de ces clercs à l'esprit plus ouvert intégrer ses rangs que des représentants de la bourgeoisie, tard entrés dans ce gouvernement. Mais le Prévôt des marchands ne réussit pas à transformer durablement l'essai, et bientôt la noblesse, peu tentée de donner trop de place à la bourgeoisie, fit faux bond et regimba, surtout quand le Prévôt ordonna le 22 février 1358 l'élimination physique sous les yeux du Dauphin, de deux des conseillers militaires - et politiques - de ce dernier, les maréchaux de Champagne et de Normandie, soupçonnés d'armer l'esprit du jeune homme contre Étienne Marcel et contre les États et de faire le jeu de Jean le Bon.
Prétextant la nécessité de ressouder les liens avec des représentants de la noblesse qui devaient se réunir hors de Paris, le Dauphin sortit de la capitale, sans doute avec l'accord d'un Prévôt des marchands peu méfiant, et sitôt dehors, jetant le masque, Charles se mua en organisateur de la résistance à Étienne Marcel, soudain ramené au seul soutien de ses fidèles et trahi par des bourgeois dont certains ne voulaient pas se mettre à dos le Dauphin. Et l'on devine le dénouement de l'histoire, alors que tardivement Étienne Marcel n'eut plus d'autre ressource, en dernière extrémité que de tenter de se tourner vers le roi de Navarre qui lui proposa de s'aider du concours de ses troupes anglo-navarraises pour conserver ses acquis à Paris, faisant faire au Prévôt des marchands un reniement de ses principes, lui qui s'était fait fort d'incarner la lutte contre les Anglais et qui se trouvait à présent obligé de s'appuyer sur des mercenaires anglais, c'est-à-dire sur ses ennemis pour se maintenir au "pouvoir", alors qu'il n'était jamais intervenu au Conseil, sauf subrepticement, une seule fois.
Il n'est pas inintéressant, en ce moment, alors que le pouvoir présidentiel et le programme politique d'Emmanuel Macron ont été contestés par une large majorité de Français, de relire les événements qui ont conduit il y a bien longtemps à la politique de réforme puis à la révolte d'Étienne Marcel, même si les enjeux ne sont pas les mêmes. Toutefois, on notera que, dans les deux cas, il est question de la politique fiscale du roi, d'un côté, et du pouvoir macronien en 2018-2019.


Cependant, je ne me suis pas arrêté à ce seul aspect et l'on trouvera dans ce livre des réflexions sur l'éveil de l'intérêt prononcé pour les livres et le savoir, en tout domaine, que manifesta plus tard le prince devenu roi, et je montre qu'il fut aidé par des parents aux goûts déjà affirmés en ce domaine, notamment grâce au mouvement favorisé alors par eux de la traduction d'ouvrages latins en français, ce qui m'amène à démontrer que les choses commencèrent à se mettre en place dans son esprit plus tôt que ne l'ont dit mes devanciers.
Je peins également le tableau des premiers affrontements qui marquèrent les débuts de la guerre de Cent Ans entre royaumes de France et d'Angleterre (on trouvera dans mon livre les descriptions des batailles de L'Écluse, de Crécy et de Poitiers-Nouaillé-Maupertuis), ainsi que le récit des événements liés à la grande révolte des Jacques - les paysans d'Ile-de-France et de Picardie en 1358 - doublée d'une action militaire des milices parisiennes pour tenter d'empêcher le blocus de Paris par les forces féodales ralliées au Dauphin après sa sortie de la capitale.
Partant de la naissance de Charles en 1338, je suis donc parvenu à écrire la moitié de la biographie de Charles V le Sage et je vais probablement m'atteler à la rédaction d'un travail complémentaire sur la seconde partie de cette vie, où il sera question du règne et de la manière de reconsidérer à présent ce dernier, à la lumière de ce qui le précède, de ce qui l'accompagne et de ce qui le suit.

François Sarindar, auteur de Charles V le Sage - Dauphin, duc et régent (1338-1358), publié le 2 mai 2019.
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Charles V fait donc partie des Valois. Il est le fils de Jean II le Bon et de Bonne de Luxembourg. François Sarindar nous relate ici les vingt premières années de son existence. le reste fera – nous l'espérons – l'objet d'un autre tome. Et l'on peut dire que ces premières décennies sont déjà riches ! Comme à son habitude, l'auteur met l'Histoire à notre portée et nous intéresse grâce à sa plume inimitable. Il donne son avis non sans argumenter ce qui montre qu'il lui tient à coeur de nous faire découvrir ses personnages historiques. Si j'ose l'expression, « il écrit avec ses tripes ». Nous découvrons ainsi les dessous, les coulisses presque, de ces hommes encensés, souvent, par les Chroniqueurs et les Historiens et nous en apprenons beaucoup sur cette période.

Je ne cacherai pas que mes périodes de prédilection sont antérieures puisque je m'intéresse surtout au Haut Moyen Âge et à une partie du Moyen Âge central. J'ai donc lu avec un oeil presque neuf cet essai sur Charles V le sage, que je connaissais, certes, mais pas suffisamment dans les détails. Et comme à son habitude, François Sarindar a réussi à m'embarquer dans une Histoire sur laquelle je ne me serais pas forcément attardée. J'y ai pris grand plaisir et cela m'a donné envie d'aller faire un peu plus de recherches non pas sur Charles V puisque l'auteur nous offre ici ses travaux mais sur son père, Jean II le Bon dont l'attribut, comme il nous est rappelé, signifie la vaillance et non la bonté. En effet, j'ai découvert un être assez machiavélique, faisant tout pour placer son « favori », Charles de la Cerda.

Un grand merci, François, pour ces heures de lecture ô combien instructives ! Et tout ceci me fait penser qu'il faut, en parallèle du deuxième tome de Frénégonde, que j'attaque mes recherches sur l'Abbé Suger et Louis VI le Gros…
Lien : https://promenadesculturelle..
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Lorsqu'on entreprend de lire un ouvrage de François Sarindar, on est assuré de s'immerger dans un sujet traité avec une grande rigueur et de façon exhaustive. Rien de fastidieux pourtant car la plume aisée de l'auteur donne vie à ce qu'il nous apprend, mettant en scène beaucoup d'anecdotes. Dans ces chroniques, il n'oublie jamais de s'interroger sur la psychologie des personnages, ce qui nous permet de les considérer avec plus d'humanité que de simples figures historiques.
Ainsi en est-il pour son Charles V le Sage, dans la première partie d'une biographie qui retrace la jeunesse du roi : Dauphin, duc et Régent.
François Sarindar nous montre comment se forge une destinée de roi, pour un adolescent naturellement porté sur le rire et les jeux, amené à devenir responsable du royaume de France pendant l'absence de son père, Jean II le Bon, prisonnier des anglais.
Bien sûr, il y a la guerre : cette longue et éprouvante Guerre de Cent ans. Que d'intrigues ! Un véritable imbroglio entre les royaumes et seigneuries en conflit que l'auteur nous démêle pour parvenir à évaluer la situation. Surtout, il y a ce duel que le dauphin devra mener contre Etienne Marcel, le prévôt des marchands. Un duel presque à trois, puisque Charles le Mauvais n'est jamais loin pour faire pencher la balance d'un côté comme de l'autre. L'auteur sait suggérer comment les manigances, les actes spontanés ou non, et, peut-être, le hasard, entrainent les individus dans des situations qui les dépassent parfois eux-mêmes. Déjà, Charles, doit faire preuve de ruse et d'adresse pour s'en sortir. Il reste qu'il est passionnant de suivre le parcours de telles personnalités qui ont marqué de façon indélébile la société française. Intéressant également de réaliser comment la classe bourgeoise tentait déjà d'affirmer son importance en flattant ou en contrant la noblesse, pas encore prête à se substituer à elle mais bien à s'assurer des privilèges.
Nous quittons donc le jeune prince après ses premières armes en politique, qui ne sont pas des moindres ! Nous attendons donc ce qui va le faire vraiment roi et nul doute que François Sarindar nous peaufine le tome suivant avec toute la passion dont il sait faire preuve…
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Ayant reçu de Jean II le Bon une lettre datée du 12 décembre 1356, dans laquelle le roi le saluait comme "gouverneur de notre bonne ville de Paris, qui est chef principal de toutes les autres bonnes villes de notre royaume", Étienne Marcel, dont les chevilles commençaient à enfler mais qui n'entendait pas pour autant être la marionnette du souverain et de son fils, avait reçu cela comme un juste compliment et n'avait pas vu que l'on cherchait à le flatter pour l'amadouer en cherchant à le séduire. Loin de comprendre que le souverain lui faisait là un appel du pied pour l'amener à s'entendre directement avec la famille régnante sans se concerter avec ses collègues des États de langue d'oïl, ce que n'ont remarqué ni Roland Delachenal, ni Françoise Autrand, ni non plus Claude Poulain - ce dernier allant même jusqu'à laisser entendre que c'était dans le caractère fantaisiste de Jean le Bon de surprendre tout le monde et qu'il avait dû faire cela aussi par inconséquence -, le Prévôt des marchands ne réagit pas comme on l'espérait et, y voyant au contraire un encouragement à poursuivre son action, il lia plus que jamais sa cause à celle des membres du Troisième Ordre. Il ne roulait pas vraiment pour lui-même, mais bien pour satisfaire des ambitions plus fortes que les siennes et dont il voulait être le serviteur efficace, mais en se croyant cependant investi d'un pouvoir étendu au-delà des limites de Paris, à toutes les bonnes villes de langue d'oïl, comme il était écrit dans la lettre du roi. Naïvement, Marcel fit copier, pour le faire connaître un peu partout, l'écrit royal, dont on peut voir par exemple une reproduction à Arras, comme si le Prévôt des marchands avait reçu un blanc-seing du roi et son approbation entière pour l'action entreprise au sein des États comme au sein de la Prévôté des marchands. Pensant qu'on l'applaudirait à la Cour, il était bien sûr en train de se fourrer le doigt dans l'œil. N'empêche que; pendant un bref moment, il fut celui vers qui l'on allait se tourner.

Chapitre 6, page 153
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Selon moi, les faiblesses et les forces du futur Charles le Sage se révélèrent très tôt, quand laissé à lui-même, face à tous les périls qu'il devait affronter et aux défis qu'il devait relever, sans l'aide de son père, Jean le Bon, emmené en captivité à Bordeaux puis en Angleterre, il laissa voir d'abord son côté impressionnable et plus ou moins influençable lorsqu'il fut mis par le navarrophile évêque de Laon Robert Le Coq, et plus encore par Étienne Marcel, prévôt des marchands de Paris, en devoir de respecter les décisions prises par les États de langue d'oïl, réunis au début à l'initiative du roi, pour consentir, par l'impôt, l'aide financière exceptionnelle nécessaire à la constitution d'une armée censée être en mesure d'affronter victorieusement les troupes anglaises lancées à l'assaut du royaume de France. Mais, bien que fort inexpérimenté, le jeune Dauphin apprit rapidement à se comporter comme il pensait devoir le faire dans les épreuves et à se tirer de plusieurs mauvais pas, en développant un art de la ruse et de la dissimulation qui laissait croire à ses interlocuteurs qu'il était mallérable et qu'il obéirait aveuglément à ceux qui entendaient tracer le chemin à sa place, alors qu'en réalité il était observateur et assez manipulateur. Le jeune prince cachait bien son jeu et cela devait lui permettre, sous des prétextes bien trouvés, de fausser compagnie à ses chaperons quand la situation, à la limite du supportable, devenait trop critique et qu'il se sentait pris à la gorge. Un événement allait lui fournir l'occasion de filer définitivement d'entre les mains de ceux qui le retenaient auprès d'eux, à son corps défendant, en lui distribuant l'argent dont il avait besoin - besoin qui était jusque-là son fil à la patte : le 22 février 1358, le meurtre de deux de ses conseillers, les maréchaux de Champagne et de Normandie, pris pour cibles par Étienne Marcel, parce qu'ils invitaient le jeune prince à s'émanciper pour de bon, devait éveiller chez le Dauphin, sitôt sorti de Paris, l'envie de prendre lui-même les affaires en main [...].

Avant-propos, p. 10-11.
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Ne faisons pas de Marcel un révolutionnaire déconnecté des réalités de son temps : il n'envisageait absolument pas, dans les premiers temps, d'écarter le Dauphin de sa route vers le trône, mais il voulait mettre ce futur monarque sous contrôle afin qu'il fît appliquer la politique des États de langue d'oïl, par voie d'ordonnance et par le biais des Prévôts, baillis et sénéchaux, relais du pouvoir souverain sur le terrain, et cela malgré les différences nombreuses que l'on pouvait constater entre les décisions prises par ces États, et celles qui étaient arrêtées par les États de langue d'oc, dont les revendications n'allaient généralement pas aussi loin. Le Prévôt des marchands pensait très justement que s'il tenait le Dauphin, les serviteurs et rouages de l'État mettraient forcément en musique les projets des réformateurs qui siégeaient dans les assemblées de langue d'oïl et que cela entraînerait à la longue tout le royaume dans la même voie. Cependant, il suffisait que le fils de Jean le Bon lui échappât pour qu'il perdît toute chance d'arriver à ses fins. Sans la présence du Dauphin à Paris, tout risquait donc de s'écrouler, puisque l'administration, qui n'était pas en lien direct et permanent avec le roi, retenu en Angleterre, n'obéissait qu'à celui que l'on considérait en 1357 comme son Lieutenant et en 1358 comme le Régent.

Avant-propos, p. 13.
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Tous ces épisodes [ceux de la lutte entre Étienne Marcel et le Dauphin, mais aussi, à distance entre le chef de la bourgeoisie parisienne et Jean le Bon] sont d'autant plus intéressants à suivre que, dans cette histoire, on croit entrevoir un conflit qui va perdurer ou renaître au long des siècles : à la lutte entre le Lieutenant du roi [le Dauphin] et le Prévôt des marchands semble succéder, à notre époque, les difficiles rapports de pouvoir entre l'État, représenté par son Préfet, et un Maire de Paris, aux droits encore limités dans des domaines où il devrait pouvoir agir sans voir son action entravée. Même dans la bataille pour la conquête de la Mairie de Paris en mars 1977, qui mit aux prises Michel d'Ornano, candidat poussé par Valéry Giscard d'Estaing, Président de la République, et l'ambitieux Jacques Chirac, qui devait surprendre tout le monde par son élection au terme d'une campagne menée à la hussarde, on croit lire quelque chose de cette lutte éternelle d'un pot de terre - la ville de Paris dont le statut de capitale ne permet pas de jouir de la totalité des compétences dont peuvent s'enorgueillir d'autres collectivités territoriales - contre le pot de fer étatique, fort d'une tradition centralisatrice héritée de la monarchie, de la Révolution et de l'Empire et assumée depuis - pour le meilleur et pour le pire - par la République.

In Charles V le Sage, Dauphin, duc et Régent (1338-1358), page 113.
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Comme on pouvait s'en douter, la nouvelle de la capture de Jean II le Bon par les Anglais sema le trouble dans tout le royaume de France, et, tout d'abord, dans la capitale, qui devait bientôt passer de l'étonnement à la révolte.

C'est un fait que, dans cette période de trouble politique, Paris eut tendance à devenir un "épicentre sismique" et l'on vit un certain nombre des habitants classés parmi les plus riches de la ville principale du royaume, ordinairement prêts à suivre et à obéir lorsque rien ne venait perturber l'ordre public, se dresser contre le roi et ceux qui gouvernaient avec lui. Ce fut effectivement le cas entre 1356 et 1358. Comme le succès n'était pas au rendez-vous, les Parisiens, plus mécontents que jamais, ne craignirent pas, cette fois, de montrer les dents.
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