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EAN : 9782296116771
335 pages
Editions L'Harmattan (31/05/2010)
4.85/5   10 notes
Résumé :
Lawrence d'Arabie : Thomas Edward, cet inconnu

Qui n'a entendu parler de Lawrence d'Arabie, soit à travers le film réalisé par David Lean, soit par la lecture des Sept Piliers de la Sagesse, soit encore par le biais d'une biographie ? Et pourtant, malgré cette célébrité, l'homme conservait, par-delà la mort, le mystère qui l'enveloppait de son vivant. C'est pour mieux le comprendre que l'auteur a écrit ces lignes. Des questions surgissent, qui nous fo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Comme le dit la quatrième de couverture, nous avons plus ou moins entendu parler de ce personnage. S'y intéresser est autre chose et j'avoue que je ne l'aurais pas fait si je n'avais pas connu l'auteur de cet ouvrage. Bien sûr, on connaît le militaire, celui qui fut agent de liaison et qui participa à la prise de Damas. On retient de lui le costume qu'il portait, à la manière des bédouins. Que dire de plus ? Finalement, on ne connaît pas grand chose...

François Sarindar s'attache ici à la psychologie du personnage. Il sonde Thomas Edward, essaie de faire des rapprochements entre son vécu et sa personnalité. Car on peut dire que celui qui était surnommé "Ned" par sa famille n'a pas vraiment eu de chance ! Fruit d'un amour défendu entre son père et la gouvernante de ses enfants légitimes, il pâtira, comme toute la fratrie (5 enfants), de ce manque de reconnaissance administrative. Car Thomas Chapman ne pourra jamais obtenir le divorce de sa première femme, celle-ci le refusant pour des motifs religieux. Ceci pourrait expliquer sa tendance à changer de nom. Sa mère, Sarah Junner Lawrence était elle-même une fille illégitime. Est-ce pour cela que, fervente religieuse, elle n'accepta pas la situation dans laquelle elle se trouvait et pratiqua sur elle et sur ses enfants la flagellation ? Ned en restera marqué, on peut le concevoir aisément. Cela va forger, sans nul doute, sa personnalité... quelque peu inquiétante lorsqu'on y réfléchit !

Quel travail ! On sent à quel point l'auteur a mis ici toute sa passion pour nous faire découvrir le personnage ! J'ai vraiment pris plaisir à le lire. Pourtant ce n'était pas gagné car le bonhomme, je le disais au début, ne m'intéressait que peu. Mais le fait justement que l'on s'intéresse ici à l'homme et pas seulement au militaire, que l'on décrive sa famille et les relations complexes notamment avec sa mère permettent de mieux le comprendre. Ajoutons à ceci - cerise sur le gâteau - que le style est fluide, très agréable. Ce livre qui apporte un autre angle, un autre point de vue sur le personnage. Je suis certaine qu'il est une référence pour quiconque s'intéresse à Lawrence d'Arabie. Chapeau bas !
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Thomas Edward Lawrence, Alias Lawrence d'Arabie, personnage romanesque s'il en est, impose à celui qui le suit, de franchir les frontières du rêve, de l'imaginaire et de la mesure, de se tenir bien au-delà, acceptant de facto qu'un homme puisse développer avec autant d'esprit, de fulgurance, de volonté, de risques et de passion ou de désespoir son désir de pousser toujours plus loin les limites de ses possibilités qu'elles soient intellectuelles, émotionnelles, instinctives ou manuelles.


L'écrivain historien François Sarindar, ami très actif et attentif sur Babelio, nous propose de le suivre en France, en Angleterre au Moyen-Orient. Il est un véritable guide, sachant doser d'une manière claire et très accessible certains rappels historiques qu'il couple avec de nombreuses connaissances géopolitiques. Il met en relief les points stratégiques et l'évolution de la situation notamment en Moyen-Orient.


Je ne connaissais Lawrence que par les bribes d'informations glanées ici ou là. Cette rencontre m'a étonnée. Non ce mot n'est pas assez fort. Elle m'a subjuguée. Elle m'a transportée. Ces heures n'ont pas été de tout repos, loin s'en faut. Ce voyage que ce soit dans l'espace, dans le temps ou dans les petits recoins insoupçonnés de la psychologie a mobilisé mon énergie, mon attention et ma réflexion. François si vous me lisez, vous l'aurez compris : j'ai beaucoup aimé Lawrence sous votre plume, ses audaces, ses faiblesses, son courage, ses incohérences, ses défaites et ses victoires, sa fierté et son humilité, son émotivité et son indifférence, mais surtout sa capacité à explorer tout ce qui se présentait à lui pour en créer une histoire digne des contes les plus fantastiques et originaux.


Je n'ai pas l'intention de raconter ce livre. François Sarindar l'a fait mieux que quiconque et résumer un tel parcours, serait terriblement réducteur. Je me demande vraiment quels sont les passages de sa vie essentiels et/ou déterminants : Son enfance tellement singulière tant par sa filiation que par la manière dont elle s'est déroulée ? Sa jeunesse, tout absorbée par sa passion pour l'histoire médiévale et l'archéologie, son amour des livres « grand amateur de littérature française et d'oeuvres de nos penseurs » ?
L'étincelle, que dis-je, la foudre qui le propulse en Orient et fait de lui un explorateur, un géographe, un naturaliste, un cartographe, un sportif endurant, un ingénieur,, un politique, un prince. le prince du désert qui parlait, outre sa langue maternelle l'anglais, le français et le dialecte syrien ?
Sa sexualité qui est abordée sans artifice par l'auteur du livre s'appuyant sur des documents précis fruits de témoignages ou d'écrits de Lawrence lui-même ? . .
Ou ses talents d'écrivain qui fait des « sept piliers de la sagesse » un livre « classé parmi les chefs d'oeuvres de la littérature du xxème siècle » ?.


Je propose quelques mots picorés ça et là dans l' ouvrage de François Sarindar, les sortant de leur contexte, juste pour mettre en appétit le lecteur potentiel qui ne manquera pas d'aller plus loin dans cette belle découverte :
« Aussi devons-nous prendre Lawrence tel qu'il était à ce moment-là et non pas comme on nous le présente dans nombre de biographies où l'on a tendance à juger l'homme d'après les événements qui allaient survenir de 1918 à 1922 » (page 110)
« Lawrence a voulu masquer son insatisfaction derrière un écran d'autodérision » p 158.
« le roi était nu. Et Lawrence n'avait rien pu faire pour empêcher de perdre sa couronne » p 208 .
« (Lloyd George : Selon moi le Colonel Lawrence est l'une des personnalités les plus remarquables et les plus romantiques des temps modernes ».(p209)
« « Sykes était venu s'entretenir avec Fayçal ….puis avec le Chérif Hussein……Sykes détruisit ainsi une partie du rêve qui animait Lawrence……Cette absence de sens moral suscitait d'autant plus l'indignation (des fonctionnaires britanniques envoyés en Arabie) qu'ils redoutaient de passer pour des hypocrites et des menteurs auprès des Arabes……..Lawrence et ses compagnons éprouvèrent ce dégoût. »(p149)


Quel angle choisir ?
Parler de son rôle actif pendant la guerre au Moyen-Orient l'espoir qu'il fondait à aider la Syrie (constituée de l'actuel Liban, de la Syrie, de la Palestine et de la Transjordanie lors de la révolte arabe) ou évoquer la promesse qu'il a faite à Fayçal roi de Syrie dont il était conseiller, la main sur le coeur, d'oeuvrer pour un affranchissement de cette région menacée par les turcs alors qu'il connaissait les accords secrets Sykes-Picot négociés entre la France et le Royaume-Uni et prévoyant un découpage du Proche-Orient. La France recevant mandat du Liban et de la Syrie tandis que la Grande Bretagne celui de la Mésopotamie, de la Transjordanie et de la Palestine ?.
(« j'affirmai donc à mes compagnons de lutte que l'Angleterre respectait la lettre et l'esprit de ses promesses. Rassurés là-dessus, ils se battirent vaillamment. Pour moi, loin d'être fier de ce que nous faisions ensemble, je ne cessai de remâcher une amère honte » extrait des 7 piliers de la sagesse page 152

Parler de son humanisme lui qui a rencontré les personnes les plus en vue dans le monde des arts, de la culture et de la politique, lui qui a cotoyé les plus humbles avec le même intérêt, la même attention, la même amitié ?

Faut-il mettre mon grain de sel et souligner ses contradictions lorsqu'il veut s'affranchir d'une mère trop pesante tout en continuant pendant des années de lui écrire et lui rendre compte de ses faits et gestes ?
du sentiment d'ambiguïté qui m'assaille parfois ne sachant pas comment définir ses actions, ses manières et passant d'une admiration profonde à une défiance déterminée, une incompréhension, un flou dérangeant entourant ses desseins ?
Son désir à peine voilé parfois de fuir lui le frondeur, le guerrier, l'aventurier ?
Ses mensonges ayant pour but de le faire paraître plus grand qu'il n'est ? Ou peut-être d'un orgueil déplacé qui pourrait être le pilier de sa politique personnelle du tout ou rien.

Même si, dans l'épaisseur des pages de ce livre je parle de nos petits différends, je l'admire Lawrence. Je lui demande de m'honorer de son amitié et de son soutien et je le remercie de notre intimité de ces derniers jours.

Tout comme Lawrence qui a mes yeux était adepte du tout ou rien que je viens d'évoquer, je conseille au lecteur potentiel de tout lire ou de ne rien lire. On ne peut demander à quelqu'un d'apprécier un tableau à partir d'une esquisse !

Dans cette biographie soignée et très documentée, de François Sarindar à laquelle Claudia son épouse a participé, j'ai trouvé un écho des sentiments qu'inspirait Lawrence à ses contemporains. Il a mis en relief le comportement d'un homme que la nature avait doté de grands talents ainsi qu'un témoignage sur la diversité de ses projets. Cela m'a permis d'évaluer l'influence de ce dernier sur l'échiquier international mettant en évidence une région du monde encore d'actualité aujourd'hui.

Lawrence fût doté d'un grand pouvoir de raisonnement qui, joint à l'intelligence, à la faculté de mener sa vie comme il l'entendait, ne l'a pas empêché d'emporter avec lui les explications les plus rationnelles concernant certains de ses actes ou quelques-uns de ses comportements. . François a proposé son interprétation étayée, un travail que je salue.

J'adresse toutes mes excuses aux lecteurs pour la longueur de ce billet. Il est d'autant plus long que la vie de Lawrence fût courte. C'est un paradoxe. Cependant ma tête est encore pleine de cette rencontre. Je n'ai pas su trier, je suis encore sous l'emprise de Lawrence. de cet homme sans nul doute charismatique et influent. Puisse-t-il m'habiter encore longtemps ! Je souhaite vivement que cette épopée orientale ne glisse pas de mes doigts comme les grains de sable du désert. J'aimerais me souvenir de tout........ou de rien ce qui m'étonnerait vraiment.

Ce billet est long certes mais c'est aussi une lettre a un ami.
Merci Claudia. Merci Lawrence. Merci François.
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Il n'est pas ici l'intention d'encenser ni de démystifier le personnage et c'est tant mieux car à l'appui de différentes sources nous pouvons approfondir et scruter l'être en profondeur à travers l'historicité des événements. Féru d'histoire et passionné par la construction médiévale, tout comme notre auteur du reste, le jeune Lawrence marche très tôt vers son destin qui le conduit aux pieds d'illustres édifices, les châteaux féodaux de France puis très vite vers les contrées d'Orient au contact desquelles, plus tard il écrira :
« Tous les hommes rêvent, mais pas pareillement. Ceux qui rêvent la nuit dans les recoins poussiéreux de leur esprit s'éveillent au jour pour découvrir que ce n'était que vanité ; mais les rêveurs de jour sont des hommes dangereux, car ils peuvent jouer leur rêve les yeux ouverts et le rendre possible. C'est ce que j'ai fait. J'ai voulu créer une nation nouvelle, faire revenir au monde une influence perdue, donner à vingt millions de Sémites les fondations sur lesquelles bâtir ; de leurs pensées nationales, un château de rêve. Un but si élevé en appelait à la noblesse intrinsèque de leur esprit, et leur fit prendre une part généreuse aux événements ; mais quand nous gagnâmes, on m'accusa d'avoir compromis les dividendes du pétrole anglais en Mésopotamie et ruiné la politique coloniale française dans le Levant. Oserai-je dire que je l'espère ? » p. 111.
Est-ce naïveté que de vouloir conserver l'image de Lawrence d'Arabie telle que parue dans le film de David Lean sous les traits de Peter O'Toole ou le fait que nous nous devons d'observer les faits en veillant à les bien replacer dans le contexte d'époque. Quand à l'être, je ne doute pas qu'il fut gagné à la cause des arabes et je ne vois pas comment il aurait pu en être autrement. Par ailleurs, si moult questionnements persistent, n'est-il pas vrai que paradoxalement, c'est quand l'homme ne croit plus à rien qu'il a le plus de force pour entreprendre. Et si la suprématie avait été donnée pour unifier l'Arabie toute entière peut-être aurions-nous là encore une autre perspective...
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J'avais 16 ans lorsque j'ai vu pour la première fois l'épopée de "Lawrence d'Arabie" au cinéma. J'en ai été tellement ébloui que pendant toute une semaine, j'ai multiplié mes démarches diplomatiques auprès de ma mère (ranger ma chambre, faire la vaisselle...), pour y retourner le dimanche suivant. J'ignore si c'était une question de couleurs: celle du sable du désert d'Arabie, la tunique blanche et les yeux bleus-bleus irlandais de Péter O'Toole, qui incarnait Lawrence à l'écran ? La performance de cet acteur de "King Lear" de Shakespeare m'a, en tout cas, totalement séduit. J'e n'étais, d'ailleurs, pas le seul, puisque, à part l'oscar du meilleur acteur, Péter O'Toole (1932-2013) a recueilli pleins de prix.
Il y a bien entendu la belle histoire de ce personnage : intrigue, mystère, courage, rêve et déception... dans un cadre de dépaysement superlatif.

Mais qui était au juste l'énigmatique Thomas Edward Lawrence (1888-1935) ? Outre voyageur infatigable, explorateur, aventurier, archéologue, officier, espion, diplomate et écrivain ? Au cinéma il a été supplanté par l'acteur et même en lisant des livres de lui et sur lui, il faut que j'admette que la vraie personnalité de ce personnage m'a toujours échappé. C'est le très grand mérite de François Sarindar, sur la base d'une recherche exemplaire, d'avoir réussi à cerner ce mythique et légendaire Lawrence mieux que quiconque. Quand bien même qu'il a (trop) modestement intitulé son oeuvre "Lawrence d'Arabie : Thomas Edward, cet inconnu". Avec l'accent sur le dernier mot. J'en conviens qu'il reste de cet homme, 83 ans après sa mort, à l'âge de 46 ans, des questions non élucidées, mais honnêtement François Sarindar, beaucoup, beaucoup moins qu'avant, grâce à votre effort.

Avant même de lire le premier mot de cette biographie de Lawrence d'Arabie, je suis allé jeter un coup d'oeil sur les sources, les notes et la bibliographie de cet ouvrage et j'ai été stupéfié par la grande solidité du travail de son auteur. Je n'avance pas cet argument bêtement parce qu'il se trouve que François Sarindar et moi-même sommes amis sur Babelio. L'auteur, a beau remercier gentiment son épouse pour son aide - ce qui est très sympa de sa part - n'empêche que l'ampleur de son travail est carrément impressionnante. Pour un amateur d'histoire qui n'est pas un historien diplômé, le résultat est à tout point de vue remarquable. Par acquit de conscience, j'ai vérifié son oeuvre avec la biographie de Phillip Knightley et Colin Simpson "Les vies secrètes de Lawrence d'Arabie" et bien que le premier cité soit aussi l'auteur d'une biographie du super espion Kim Philby, et qu'il avait ses entrées dans les arcanes du pouvoir à Londres, Sarindar gagne la comparaison haut la main. Il est vrai que le duo Knightley-Simpson ne disposaient, en 1969, pas d'autant de sources que François.une quarante d'années plus tard. N'empêche qu'il sortirait victorieux s'il s'agissait d'une véritable compétition !

C'est un peu regrettable que je ne sois pas un très grand fan de l'héroïne française (nationale) et que je ne lirai probablement pas votre autre oeuvre historique "Jeanne d'Arc : Une mission inachevée" , pour vérifier si vous avez fait preuve de la même rigueur historique et psychologique. Les chroniques sur Babelio m'assurent cependant que je n'ai point de soucis à me faire de ce côté-là.

Ce qui m'embête légèrement pour rédiger un billet de ce livre c'est l'excellente chronique de LydiaB du 02/12/2014, que je vous recommande de consulter, car Lydia Bonnaventure a parfaitement bien réussi à mettre en exergue l'essentiel de l'oeuvre de François Sarindar. En plus, nous partageons la même admiration pour son auteur.

Après le film de David Lean, j'ai d'abord lu l'ouvrage de Jacques Benoist-Méchin "Lawrence d'Arabie ou le rêve fracassé", qui est d'une lecture agréable - comme la plupart de ses livres - mais peut-être pas très original et ensuite le livre précité du duo Knightley et Collins. de Richard Aldington j'ai lu "Lawrence l'imposteur" qui m'a déplu et d''Alistair MacLean "All about Lawrence of Arabia", qui m'a bien amusé.

De Lawrence lui-même, j'ai approfondi son "Guérilla dans le désert" et j'ai eu la chance inouïe de tomber en 1976, lors d'une foire aux livres à Canterbury, sur une première édition de son chef-d'oeuvre "Les Sept Piliers de la Sagesse : Un triomphe" de 1926. Cet opus autobiographique occupe, comme "collectible", évidemment une place de choix dans ma bibliothèque !

Je termine mon billet en copiant les derniers mots de Lydia : "Chapeau bas !"

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Après l'hommage vibrant de Jolap , j'ai bousculé mes plans de lecture et je viens de refermer à regret cette oeuvre magistrale !

Mais , l'excellence des critiques parues me semble à elle-seule suffisante pour honorer cet ouvrage.
Tout est dit et magnifiquement exprimé !
Je serai donc brève mais sincère .

Lawrence d'Arabie , jusqu'à cette lecture , avait pour moi les traits de Peter O'Toole . le film était ma seule référence à Thomas Edward et il ne m'a jamais donné envie de le connaître davantage.
Et là, j'ai vraiment eu le sentiment que plus j'avançais dans la lecture , plus le personnage du film me paraissait bien falot en comparaison de celui que présente François Sarindar.

Alors, non seulement cette biographie passionnante est agréable à lire mais elle offre surtout une véritable immersion dans un puits de lumières !
Un tel partage d'érudition pour qui aime les belles lettres , l'histoire, l'aventure , la psychologie ...est un moment de pur bonheur !

Chapeau Monsieur Sarindar !
...et merci :-)
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Le 4 février 1931, vers 11h30, un des trois hydravions Blackburn Iris de la base de Mount Batten - le S 238 - effectuait sa descente pour se poser sur la plaine liquide du Sound quand Lawrence et Clare Sydney Smith le virent s'écraser sur les flots et disparaître dans les profondeurs de la mer. Thomas Edward Lawrence se joignit aux sauveteurs, mais l'on ne put ramener à terre que six naufragés.

[A partir de ce moment, Lawrence se consacra aux essais de mise en service de bateaux rapides d'intervention.]

Thomas Edward savait-il qu'avec ce travail entièrement consacré à la mécanique, aux moteurs et aux essais de pilotage d'engins de navigation, c'était 'influence sous-jacente de sa mère qui refaisait surface ? Ne se souvenait-il pas que le père de Sarah avait été lui aussi un constructeur de bateaux ? Et les essais de vedettes de sauvetage qu'il lui arrivait de faire n'avaient-ils pas un rapport avec la fin tragique de son frère William, disparu en mer avec son avion militaire au cours de l'automne 1915 ?

[...]

"Je suis entré dans la R.A.F. pour servir un objectif mécanique, non comme meneur d'hommes, mais comme un rouage. Le mot-clé, je pense, c'est la machine" devait-il écrire le 4 février 1935 à Robert Graves. Et sans nul doute ne fut-ce pas un hasard s'il intitula ses notes sur la R.A.F. "The Mint". En effet, ces deux mots, que l'on peut traduire en français par La Matrice, désignent aussi bien un moule qui peut donner forme à des pièces métalliques que l'uterus, organe dans lequel est renfermé le foetus pendant la gestation.

[...]

Ici, de fait, l'élément technique se mêlait à l'humain, et Lawrence qui pensait pouvoir, par ses activités manuelles, éviter de trop penser, surtout à sa famille, ne se rendait pas compte que rien ne le rapprochait plus des siens que ces tâches quotidiennes qui lui faisaient un point commun avec son grand-père maternel et qui, par le remède cherché à ce qui arrivait à trop d'equipages d'engins volants lors de catastrophes aériennes survenues en mer, avaient dû lui rappeler dans quelles conditions son frère Will [le fils préféré de Sarah] avait perdu la vie. Ainsi, Thomas Edward était-il revenu sensiblement à son point de départ, comme s'il avait fallu qu'il bouclât définitivement la boucle.

Extraits des pages 274, 278 et 279.
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Thomas Edward situait la mort symbolique de Sherif Aurens (S.A.) quelques semaines avant la prise de Damas, c'est-à-dire à un moment où il avait dû psychologiquement se dépouiller de sa "seconde peau arabe" et se préparer à rentrer en Angleterre. La liberté ne lui fut jamais donnée, car son retour en Europe allait lui faire retrouver l'homme occidental qu'il avait cru pouvoir abandonner dans ses rêves. Mais il arrivait aussi à un moment de sa vie où il voulait définitivement rejeter en lui le "vieil homme" et faire peau neuve. Entre lui et lui, si grande était désormais la distance, qu'il voulait absolument se débarrasser de la défroque qu'était le nom que lui avaient donné ses parents. C'est sans doute pourquoi Thomas Edward a pu dire à Robert Graves : "Vous avez pris mes paroles trop à la lettre, S.A. existe toujours, mais hors de portée de moi, car j'ai changé".
[Rappel : S.A. est le dédicataire du poème liminaire des Sept Piliers de la Sagesse ; Lawrence a amusé et abusé tout le monde en laissant croire que c'était un Arabe et tout le monde a pensé que c'était Selim Ahmed ou Dahoum, et tous les biographes, même les plus grands sont tombés dans le panneau voulu par Lawrence ; cet Arabe est en réalité, si l'on décrypte bien ce qu'écrit Lawrence en marge d'une page de Lawrence et les Arabes de Graves un dédoublement de lui-même au moment où il abandonne ses habits arabes ; peu après, il abandonnera même son nom, celui de Lawrence, et deviendra John Hume Ross, simple soldat de la Royal Air Force, lui l'ancien colonel, puis Thomas Edward Shaw, pour, au moins, conserver ses prénoms ; toutes les autres identifications de S.A. me paraissent convenues et laissent le cas Lawrence inexpliqué et inexplicable ; il fallait aller plus loin ; ce fut l'un des buts de ma recherche. Francois Sarindar.]
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Dans la plaine coule l'Euphrate , qui est légèrement en crue après la fonte des neiges du Taurus .
Le soleil papillote sur les eaux brunes du fleuve caressé par le vent et l'air raisonne du cri des ibis qui suivent en vol serré ce célèbre cours d'eau .

Sur l'autre bord ,
on distingue le damier que forment les cultures et les plantations du village de Zormara ,
et, dans le lointain ,
on aperçoit la ligne violette des montagnes de Mésopotamie .

Plus près ,
brille le feuillage frétillant d'un bouquet de peupliers dont la haute silhouette se laisse bercer dans la brise printanière .

Passé dix-sept heures ,
le zéphyr devient tempête .
Le vent du nord qui souffle par rafales , soulève des tourbillons de poussière [...]

Puis , d'un seul coup ,
la nature s'apaise et , lorsqu'arrive le soir , on peut voir le soleil empourprer le couchant et la première étoile scintiller dans l'encre bleue du firmament .


p. 63
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"Le 26 février 1935, par une matinée froide et ensoleillée, un homme se tenait en complet veston, une écharpe écossaise nouée autour du cou, le bas des jambes en pantalon serré par des pinces de cycliste, une main posée en appui sur un mur de briques, touchant avec l'autre de la pointe des doigts la poignée du guidon d'une bicyclette, le fessier bien en selle, un pied au sol et l'autre sur le pédalier. Il avait la tête légèrement inclinée et une longue mèche, détachée de sa chevelure, lui barrait verticalement le front."
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Trois ans plus tard, Thomas Robert épousa, pour son malheur, une sienne cousine qui avait la tête près du bonnet. C'était une femme acariâtre, une pie-grièche qu'on surnommait dans les maisons du voisinage : the Vinegar Queen (la Reine Vinaigre).
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