Et si la littérature était le moyen de faire les plus beaux voyages ? Ou bien, le plus beau moyen de faire des voyages ? N'étant que modestement aventurière, je n'ai jamais voyagé. Mais j'ai toujours été fascinée par les récits de voyages, ainsi que par la Russie, pays continent dont l'immensité semble avoir accouché d'une littérature à sa ressemblance.
Le titre
Canto Transsibérien ne pouvait que me tenter lorsque je l'ai découvert par l'opération Masse Critique.
Récit en IX courts chapitres rédigés à la première personne, Canto Transibérien nous embarque depuis Paris vers Moscou, tremplin d'une course vers les confins. le trajet mythique vers Vladivostock sera rythmé par autant d'étapes que d'occasions d'alimenter une méditation existentielle de l'auteur dans laquelle se mêlent le désespoir, l'histoire soviétique, la littérature, la poésie.
Ce petit texte rythmé et haletant, construit comme une forme de logorrhée, ne comporte quasiment pas de points. Son déroulement évoque le rythme plus ou moins rapide et lancinant des boggies sur les voies ferrées, la lourde réticence des freins à l'arrivée en gare.
Une texte écrit pour être dit, déclamé, et les mots en résonnent à la lecture, on imagine la voix de l'auteur.
Texte poétique, riche en références et réminiscences familières d'un esprit cultivé,
Canto Transsibérien partage le récit d'un voyage en forme de fuite. le lecteur est aux côtés de son auteur, qui se questionne sur le sens même de vivre. Convoquant les poètes et écrivains dans une succession de réflexions obsessionnelles et personnelles,
Raphaël Sarlin-Joly nous ouvre à une vision plurielle du voyage : que ce soit par le rythme de sa prose qui nous embarque comme le roulement du train, par les descriptions des étapes, mais aussi par la trajectoire littéraire des auteurs qu'il convoque à ses côtés.