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3,63

sur 1397 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Quelle étonnante découverte !
Je n'ai jamais rien lu de Nathalie Sarraute, l'associant à Marguerite Yourcenar que je trouve parfaitement hermétique (enfin, c'est mon avis).
Or là, surprise, une écriture fluide et vivante.
L'auteur raconte son enfance sous forme d'un dialogue avec elle-même, la poussant à aller de plus en plus loin dans la précision de ses souvenirs.
C'est parfaitement bien mené. Aucune lassitude en lisant, juste de l'admiration pour se souvenir aussi bien de son enfance, moi qui en ai tant oublié.
Elle décrit superbement les joies, la vitalité de l'enfance, mais aussi ses désespoirs, l'impact que peuvent avoir certaines paroles prononcées par les adultes, les blessures qu'elles engendrent, la confiance trahie, la solitude quand on ne sait plus à qui se confier.
A l'école, elle trouve sa place, hors de sa mère qui l'abandonne plus au moins et de sa belle-mère si froide et indifférente.
On sent naître son amour pour les langues et les mots, la naissance inconsciente de sa future vie d'écrivaine.
Nul doute que je vais lire ses romans.
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Brillante et subtile autobiographie, sous forme très originale car l'auteure dialogue avec son double. Cela trouble au départ mais on s'y fait très vite.

Ce double avec qui elle échange permet de mieux creuser l'aura affectif des souvenirs, de critiquer son regard d'adulte déformant quelque peu le passé, de modifier ses impressions, de les redéfinir . Il apporte aussi de la vivacité à l'évocation de l'enfance.

J'ai été admirative devant la précision des détails, quant à ses souvenirs jusqu'à ses onze ans. J'aimerais me rappeler aussi parfaitement qu'elle mon enfance!

Partagée entre son père et sa mère , la petite fille qu'elle était a très vite senti les ambiances, les douleurs sensibles, comme les absences de sa mère, plutôt indifférente. Le père et la jeune institutrice sont eux attachants.

La langue est somptueuse, riche, tout en nuances. Et il flotte sur ce livre une saveur envoûtante de Russie, où l'auteure a habité en partie enfant...

Enfance des mots à découvrir, des rêves à poursuivre, des sensations à conserver...si joliment!
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France-culture a sélectionné ce roman dans son émission « les romans qui ont changé le monde » le 22 août dernier. Une opportunité de découvrir cette autobiographie, où l'auteure, Nathalie Sarraute, âgée alors de 81 ans, raconte les premières onze années de sa vie entre Moscou, Pétersbourg, Genève et Paris.
Sous une forme particulière avec « un dialogue avec un « je » imaginaire », qui tente d'exprimer les sensations le plus fidèlement possible, avec un souci d'observation précise des réactions instinctives à un signe extérieur : un regard, une parole, un mouvement…hors du champ de la volonté.
D'une enfant entre des parents divorcés, sa mère fascinante et absente, un père aimant, tendre et attentif et une belle-mère au comportement instable vis à vis d'elle.
Une narration linéaire sans intrigue, avec des fragments d'une enfance restituée comme tels, dans un enchaînement qui peut sembler lié au hasard et rend compte de la remontée des souvenirs au fil de l'introspection, en donne une forme moderne, toujours moderne à ce jour, qui reste logique.
Un excellent moment de lecture avec des moments d'émotion, qui ont résonné en moi.
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Dans ce recueil de souvenirs, Nathalie Sarraute nous raconte ses onze premières années, passées entre la France et la Russie. On retrouve en effet dans cet ouvrage les souvenirs les plus anciens jusqu'à l'entrée en sixième de la petite fille. Pour autant, ne vous attendez pas à un récit chronologique. A la manière d'un enfant qui se remémore ses souvenirs, ceux-ci sont racontés au hasard, sans aucune temporalité. C'est la voix de l'enfant qui organise les souvenirs selon l'importance de ces derniers. Deux voix d'ailleurs dialoguent ensemble dans ce récit. L'une et l'autre représentent l'auteur. Mais alors que l'une raconte, l'autre critique. Nathalie Sarraute dira d'ailleurs «J'ai juste voulu assembler des images d'enfance tirées d'une sorte de ouate où elles étaient enfouies».
Au travers de ces souvenirs distillés au hasard, on peut tout de même dresser un tableau familial. Les personnages qui peuplent les souvenirs de Nathalie sont nombreux mais les plus importants sont son père, sa mère, sa belle mère Vera et le bébé de cette dernière. On surnomme alors la petite Nathalie/Natacha, Tachok. Ses parents sont divorcés et la petite-fille est tiraillée entre ses deux parents. Sa mère, restée à Saint-Pétersbourg, est lointaine et de plus en plus distante avec sa fille. Elle entretient avec elle des relations presque indifférentes. Son père est attentif mais exilé à Paris. Il y a enfin Vera, sa belle-mère, souvent d'une froideur perfide et que sa mère lui interdit d'appeler Maman-Véra. Ainsi, d'anecdotes en anecdotes, le fil de l'enfance se déroule.
L'enfance de Nathalie Sarraute n'est pas tout rose mais on y retrouve les souvenirs d'école, les bêtises, les amis… qui ponctuent souvent ces livres dédiés au récit des jeunes années, le tout teinté de nostalgie.
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Nathalie Sarraute égrène ses souvenirs d'enfance, dans une narration qui n'est pas linéaire, mais faite de petites scènes isolées dans le temps comme le sont tous nos souvenirs d'enfance : un départ en voyage, une sortie, une phrase marquante entendue un jour…
Face à elle, son double avec qui elle dialogue, qui l'oblige à réfléchir sur le sens de ces souvenirs : pourquoi celui-ci ? Que signifie vraiment celui-là ? Comprend-elle maintenant ce que ça voulait dire ?
C'est donc un récit très introspectif. Quand Annie Ernaux tente de donner à ses propres souvenirs d'enfance une dimension sociologique, historique presque, Nathalie Sarraute se penche surtout sur son ressenti d'enfant.
Une enfant ballottée entre deux parents, deux pays - la Russie et la France -, deux langues… Une enfant qui admire sa mère fantasque, qui chérit son père et craint un peu sa belle-mère.
Une enfant solitaire, qui aime lire :
"Je me souviens d'un livre de Mayne Reid, que mon père m'avait donné. Il l'avait aimé quand il était petit… mais il ne m'amusait pas beaucoup… peut-être étais-je trop jeune… huit ans et demi… je m'évadais des longues descriptions de prairies vers les tirets libérateurs, ouvrant sur les dialogues."
J'aime beaucoup l'image saisissante de ces "tirets libérateurs" qui me rappelle à moi aussi des lectures un peu trop ardues pour mon âge.
Et puis une enfant qui aime écrire, inventant la mort d'un petit chien pour une rédaction, apportant un soin maniaque à la belle écriture, au mot juste, à l'orthographe parfaite. Ambition qui apporte une sérénité à cette petite fille tiraillée entre deux foyers :
"La maîtresse nous prend nos copies. Elle va les examiner, indiquer les fautes à l'encre rouge dans les marges, puis les compter et mettre une note. Rien ne peut égaler la justesse de ce signe qu'elle va écrire sous mon nom. Il est la justice même, il est l'équité."
Une ambition que l'on retrouve magnifiée dans ce très beau récit.
LC thématique juillet-août 2023 : "Un.e auteur.e français.e"
Challenge gourmand (Divorcé)
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Dans ce texte Nathalie Sarraute fait resurgir ses émotions, sensations et impressions d'enfance pour ébaucher sous un angle tout à fait particulier son auto-portrait en petite fille.
C'est assez inattendu. L'image fragmentée donne l'impression de regarder un dessin à la façon de Picasso. En début de lecture j'ai été déconcertée par ce style quasiment cubiste avec ses différents points de vue et le morcellement de la narration. Puis je me suis habituée pour finalement apprécier cette itinérance dans les souvenirs de la petite Natacha. Je l'ai découverte avec gourmandise, à petite dose, comme en grignotant une petite madeleine que l'on laisse fondre sur la langue pour bien en savourer le goût . Ce goût ineffable de l'enfance à la saveur douce-amère que l'on garde tous en bouche, qui s'estompe avec le temps mais que l'on aimerait pouvoir raviver éternellement. Un prodige que seule la littérature peut accomplir...
Nathalie Sarraute qui a découvert très tôt le pouvoir des mots, nous livre ici une émouvante démonstration de leur puissance aussi bien enchanteresse que maléfique.
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C'est une autobiographie mais pas seulement. En plus de sa passionnante histoire personnelle, balloté d'un pays à l'autre, de ses relations avec son père, sa mère, sa belle-mère, sa demi-soeur etc. c'est surtout la part psychologique de cet enfant et la façon dont l'auteur la retranscrit qui m'a fasciné. Ce qui donne toute sa dimension à l'oeuvre est la méditation intérieure représentée par ce dialogue avec elle-même. Il apporte une vitalité supplémentaire, une profondeur que ses réflexions, ses "mouvements" de l'âme viennent sans cesse alimenter. On comprend pourquoi Nathalie Sarraute est associée au nouveau roman, là c'est un coup de maître, une révélation. Ce n'est pas une longueur d'avance que cette autobiographie prend sur les autres, c'est plutôt d'un habile pas de côté que Nathalie Sarraute se démarque. A la suite de cette lecture elle devient pour moi incontournable, une référence.
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Une belle autobiographie, livrée avec sensibilité et émotion par l'auteure. Histoire d'un exile et d'une acculturation, histoire d'un rapport mère-fille, Enfance est une autobiographie que j'ai lu en classe et dont j'apprécie d'autant plus la valeur avec le recul des années.
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Ce livre est en fait une promenade dans les souvenirs de Nathalie Sarraute. Elle essaye de retracer avec une délicatesse infinie les sensations que peut ressentir un enfant, ses peines cachées et ses joies.

Chaque phrase anodine s'enfonce, se grave dans la tête de l'enfant. Mais l'enfant est seule et malgré l'indifférence qui l'entoure, elle se forme son petit monde loin du monde des adultes. Elle trouve refuge dans les cours où elle peut enfin se considérer comme égale aux autres. Qu'elle importance qu'elle soit délaissée par sa mère Russe et Juive. A l'école, chaque élèves est considéré objectivement en fonction de ses points. Et c'est cet espace de liberté qu'est l'école qui lui permettra de se réaliser.
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C'est avec pudeur et retenue que Nathalie Sarraute près de quatre-vingt après, évoque son enfance, avant que les souvenirs s'estompent dans les brumes du passé. Sa prime jeunesse est ballottée entre la Russie, son pays natal, l'Allemagne et enfin la France. Allusivement on comprend que son père s'installe en France et que sa mère retourne en Russie. Chacun refait sa vie. L'auteure reverra de loin en loin sa mère, distante et lunatique. C'est avec sa belle mère d'abord et une demi-soeur ensuite qu'elle devra composer. Elle n'est pas à proprement parlé maltraitée, mais sa belle mère lui rappelle qu'il elle est, sans égard pour son jeune âge, des mots qui blessent et fragilisent. le père est aimant, mais pas assez présent.

Enfance est une oeuvre douce-amère, mis en musique par les deux voix de Sarraute, celle qui prend en charge le récit, et la conscience qui interroge, encourage, refrène. Un beau livre sur l'enfance, ses menus plaisirs, ses naïvetés, et son cortège de blessures, tout ce passif que nous lèguent nos parents.
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