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EAN : 9782707301253
140 pages
Editions de Minuit (01/10/1957)
3.47/5   252 notes
Résumé :
« Les tropismes, a expliqué l'auteur, "ce sont des mouvements indéfinissables, qui glissent très rapidement aux limites de notre conscience ; ils sont à l'origine de nos gestes, de nos paroles, des sentiments que nous manifestons, que nous croyons éprouver et qu'il est possible de définir". Vingt-quatre petits tableaux d'oscillations intérieures presque imperceptibles à travers clichés, lieux communs et banalités quotidiennes : vingt-quatre petits récits serrés, où ... >Voir plus
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L'auteure a expliqué les tropismes comme étant « des mouvements indéfinissables, qui glissent très rapidement aux limites de notre conscience ; ils sont à l'origine de nos gestes, de nos paroles, des sentiments que nous manifestons, que nous croyons éprouver et qu'il est possible de définir ». de fait dans ce premier livre de Nathalie Sarraute composé de vingt-quatre textes très courts il s'agit de situations banales, sans trame romanesque, où des personnages anonymes semblent mus par la seule volonté de faire les choses du quotidien ou de passer le temps. Et pourtant sous cette banalité apparente il existe une intensité sous-jacente des sentiments, des rapports humains complexes et violents qui donnent une force inouïe à ces Tropismes.
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Dans les années cinquante, nombre de français ont été soumis à d'étranges expérimentations littéraires, toutes ayant pour objectif d'éprouver leur résilience à diverses contraintes telles que l'absence de sujet, de personnages ou la disparition de la ponctuation. Toutes ces expériences ont été regroupées sous l'appellation commune de « nouveau roman ». Elles se sont déroulées sur une dizaine d'années avant de disparaître mystérieusement. Personne n'est à ce jour capable d'expliquer le but qui était recherché ni pourquoi ces expériences ont été réalisées. Certaines théories évoquent la possibilité qu'il puisse s'agir d'une action de déstabilisation d'ampleur, réalisée par des groupes terroristes, des pays ennemis, voire par des puissances extra-terrestres. Cependant, aucune revendication ou preuve de ces affirmations n'a jamais été produite par quiconque. La communauté littéraire mondiale reste encore à ce jour avec cette interrogation : « mais enfin, c'était quoi, le nouveau roman ? »
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C'est en 1932 que l'auteure a écrit le premier des 18 textes qui feront partie de la première édition de Tropismes parue en 1939 aux éditions Denoël. Il faudra cinq ans à Sarraute pour rédiger ces 18 brefs textes (« On ne peut pas imaginer la lenteur de ce travail » écrira-t-elle), et ensuite deux ans pour être éditée, allant de refus en refus, tant son oeuvre est atypique. Elle écrira entre 1939 et 1941 six nouveaux textes qui prendront place dans la nouvelle édition de l'ouvrage entreprise à la demande d'Alain Robbe-Grillet aux Editions de Minuit en 1957, un des textes de la première version a été en revanche supprimé, c'est cette édition que est considérée comme définitive et éditée en l'état actuellement. Cette genèse extrêmement longue montre l'importance de ce texte pour l'auteure : « Au fond, je n'aurai vécu que pour une idée fixe » déclare-t-elle à la fin de sa vie, tous ses textes poursuivant au fond la traque de ces tropismes.

Emprunté au vocabulaire de la biologie, la notion de tropisme est essentielle dans l'oeuvre de Sarraute. Elle traduit la démarche de l'ateure qui s'attache à saisir des manifestations infimes du moi, à transformer en langage les vibrations, les tremblements du « ressenti », les mouvements intérieurs produits sous l'effet d'une sollicitation extérieure, « des mouvements ténus, qui glissent très rapidement au seuil de notre conscience » et se déroulent comme de véritables « actions dramatiques intérieures ». Il s'agit de saisir le plus authentique, le plus véritable, l'essence des êtres, au-delà de l'anecdotique, d'un narratif convenu, les éléments originaires, les mécanismes de la conscience antérieurs à l'expression. Cela nécessite d'un travail particulier sur la langue, sur l'expression, sur la ponctuation. Chaque mot doit être signifiant et juste.

Tout cela peut sembler théorique, abstrait, froid, alors que c'est tout le contraire. Je ne sais trop comment traduire le plaisir euphorique et intense que ces textes m'ont procuré. La justesse des mots, le rythme des phrases, la densité des contenus : ces textes sont essentiels, rien n'est gratuit, rien n'est du remplissage, tout est là parce que cela signifie, capte quelque chose de fondamental, qui gît au fond de chacun d'entre nous. C'est comme une sorte de vibration à l'unisson de notre moi le plus profond.

Une des expériences les plus fortes que la littérature m'ait donnée.
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Ce premier livre de Nathalie Sarraute a laissé perplexes une grande proportion de lecteurs, on s'en aperçoit à la lecture des critiques de Babelio, qui met en évidence l'absence de trame narrative et d'identification des personnages. C'est ce qui a le don de me laisser perplexe…
Dire que près de 60 ans après sa parution, on en est encore à chercher dans la littérature un bon roman à la Balzac, avec des personnages bien dessinés, une intrigue bien rassurante et des descriptions qui rendent le récit bien « réaliste » ! C'est à se demander à quoi sert la littérature. J'ai accompagné cette lecture de Tropismes de celle de son essai sur le nouveau roman L'ère du soupçon , écrit quelques années plus tard. Elle m'a été utile pour mieux saisir non pas les raisons pour lesquelles Nathalie Sarraute utilisait les formes impersonnelles ou à se défaire des sacro-saintes règles narratives, mais plutôt savoir ce qu'elle cherchait dans ces mouvements indéfinissables qui glissent aux limites de la conscience, ces fameux « tropismes ». Voici tout ce qu'elle souhaite retranscrire grâce aux techniques littéraires dans cette suite de scènes quotidiennes et banales. Ces tropismes gouvernent nos comportements, nos attitudes et nos réactions. Ce sont eux qui nous poussent à dire des banalités au cours d'une soirée entre amis, ce sont eux qui forcent un rire, un toussotement, un cri ou une exclamation. Ce sont eux qui nous poussent à aimer les choses insignifiantes et les futilités pour compenser nos angoisses face aux incompréhensions de l'existence. Nous offrir cette expérience, cela vaut bien un Balzac !
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J'avais déjà lu ce livre en février 2012 et je l'ai relu avec un grand plaisir en 2021.
En 1939, Nathalie Sarraute a publié ses premiers textes exprimant son ressenti , ce qui lui a permis de décrire ce qui se passe dans son for intérieur. C'est avec les textes courts de ce recueil intitulé "Tropismes" que j'ai vraiment compris ce qu'était l'introspection.
S'il n'est pas facile de rentrer dans l'univers de Nathalie Sarraute, quand on écoute bien, la profondeur des propos apparaissent.
Ce sont des pensées du commun dont il s'agit. Elle y évoque par exemple ce qu'elle éprouve au cours d'un repas lorsqu'une personne est présente et qu'il faut éviter de dire certaines choses qui fâche en sa présence ou lorsque l'on souhaite quitter la table discrètement.
Ses pensées peuvent aussi vagabonder au cours de promenades ou de rencontres mais pas seulement car dans le monde intérieur de Nathalie Sarraute, la famille et surtout les enfants tiennent une grande place : on les devine donnant la main aux passages cloutés, regarder les vitrines, écouter avec fascination les grandes personnes se parler...
Mais plutôt que le contenu des textes c'est la façon dont elle expose les sujets qui est exceptionnelle dans ce livre excellent parce qu'unique et inclassable dans une catégorie littéraire.


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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
De temps à autre seulement, quand il était trop fatigué, sur leur conseil, il se permettait de partir seul faire un petit voyage. Et là-bas, quand il se promenait à la tombée du jour dans les ruelles recueillies sous la neige, pleines de douce indulgence, il frôlait de ses mains les briques rouges et blanches des maisons et, se collant au mur, de biais, craignant d’être indiscret, il regardait à travers une vitre claire, dans une chambre au rez-de-chaussée où l’on avait posé devant la fenêtre des pots de plantes vertes sur des soucoupes de porcelaine, et d’où, chauds, pleins, lourds d’une mystérieuse densité, des objets lui jetaient une parcelle – à lui aussi, bien qu’il fût inconnu et étranger – de leur rayonnement ; où un coin de table, la porte d’un buffet, la paille d’une chaise sortaient de la pénombre et consentaient à devenir pour lui, miséricordieusement pour lui aussi, puisqu’il se tenait là et attendait, un petit morceau de son enfance.
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Quelquefois le cri aigu des cigales, dans la prairie pétrifiée de soleil et comme morte, provoque cette sensation de froid, de solitude, d’abandon dans un univers hostile où quelque chose d’angoissant se prépare.
Étendu dans l’herbe torride, on reste sans bouger, on épie, on attend.
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Les choses ! les choses ! C'était sa force. La source de sa puissance. L'instrument dont elle se servait, à sa manière instinctive, infaillible et sûre, pour le triomphe, pour l'écrasement.
Quand on vivait près d'elle, on était prisonnier des choses, esclave rampant chargé d'elles, lourd et triste, continuellement guetté, traqué par elles.
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Et elles parlaient, parlaient toujours, répétant les mêmes choses, les retournant, puis les retournant encore, d’un côté puis de l’autre, les pétrissant, les pétrissant, roulant sans cesse entre leurs doigts cette matière ingrate et pauvre qu’elles avaient extraite de leur vie (ce qu’elles appelaient « la vie », leur domaine), la pétrissant, l’étirant, la roulant jusqu’à ce qu’elle ne forme plus entre leurs doigts qu’un petit tas, une petite boulette grise.
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Il paraissait certain, quand on ouvrait la porte et qu'on voyait l'escalier, plein d'un calme implacable, impersonnel et sans couleur, un escalier qui ne semblait pas avoir gardé la moindre trace des gens qui l'avaient parcouru, pas le moindre souvenir de leur passage, quand on se mettait derrière la fenêtre de la salle à manger et qu'on regardait les façades des maisons, les boutiques, les vieilles femmes et les petits enfants qui marchaient dans la rue, il paraissait certain qu'il fallait le plus longtemps possible - attendre, demeurer ainsi immobile, ne rien faire, ne pas bouger, que la suprême compréhension, que la véritable intelligence, c'était cela, ne rien entreprendre, remuer le moins possible, ne rien faire.
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Quand on s'interdit les facilités et les conventions en usage dans le roman, et qu'on poursuit dans une voie purement littéraire, à l'exemple du nouveau roman, quel est le thème qu'aucun écrivain d'avant-garde ne songerait jamais à aborder ?
« Enfance » de Nathalie Sarraute, c'est à lire en poche chez Folio.
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