Albertine Sarrazin saute d'une hauteur de dix mètres pour s'évader de prison et se fracture
l'astragale, un os du pied. Elle est secourue par un malfrat, Julien, qui la cache chez des proches et l'aide à se soigner. Cet homme va devenir l'amour d'Albertine jusqu'à ses vingt-neuf ans, où elle meurt dans une salle d'opération négligente. le couple réuni pensait trouver la sérénité dans leur maison de l'Hérault. La jeune femme était, dit-on, affaiblie par le tabac et l'alcool.
Le récit autobiographique (1965), rédigé en prison par Albertine – car elle sera reprise, tout comme Julien commettra d'autres délits qui lui vaudront l'enfermement – est considéré comme un petit roman d'amour pour «son homme».
Une écriture avec de belles trouvailles, pas trop d'argot, rien à voir avec le témoignage hardi de
Jeanne Cordelier ("
La dérobade"), bien qu'Albertine se prostitue, sans revenus durant sa cavale. Envers et contre tout, malgré Rolande, liaison de prison, malgré Jean, client épris, cette fille résolue de dix-neuf ans garde Julien rivé solidement au coeur : "Merci, Julien, d'avoir su me faire si mal. Tu mets un terme aux chimères, après un corps tu me fais un coeur de femme, ces femmes dont je méprisais le pouvoir mendiant, les attachements et les servilités forcenées. Maintenant, c'est moi qui renifle tes liquettes...".
Je n'ai pas l'impression que l'histoire, presque bienséante, est édulcorée : cette "âme sans détours" est émouvante de sincérité.
Préface de
Patti Smith : "Sans Albertine pour me guider, aurais-je fanfaronné de la même façon, fait face à l'adversité avec la même ténacité ? Sans
l'Astragale comme livre de chevet, mes poèmes de jeunesse auraient-ils eu le même mordant ?"
L'adaptation au cinéma (2015) de Brigitte Sy (malgré une Leïla Bekhti convaincante) ne m'a pas accroché du tout. Les extraits de celle de
Guy Casaril (1968) ne m'inspirent guère mieux. Il y a dans une telle lecture une proximité avec l'écrivaine que je ne peux retrouver à l'écran.
Extrait à suivre.
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