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3,68

sur 523 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Albertine Sarrazin fut la première écrivaine française à parler de prison, de cavale et de prostitution dans ses romans. C'est sa vie – sans doute romancée parfois – qu'elle nous raconte dans ce premier roman.

Incarcérée à 18 ans en 1955 pour un hold-up manqué, Anne s'évade en sautant le mur de la prison deux ans plus tard. Elle se brise l'astragale, petit os du pied. Incapable de marcher, elle rampe jusqu'à la route et rencontre l'amour de sa vie, Julien Sarrazin, également en cavale. C'est ainsi que débute le récit. Il se déroulera sur plus d'un an, de planques en planques (fournies par Julien, chez sa famille, chez des amis), de l'opération à la guérison (Albertine boitera toujours), jusqu'à ce qu'elle soit arrêtée de nouveau.
Albertine Sarrazin nous entraîne dans les années 50. On côtoie les ouvriers, on rencontre les truands et les prostituées de Paris et de province.

Albertine écrit avec vigueur, avec rage. Elle est prenante et fascinante. Elle narre sa vie scandaleuse avec une écriture fluide, magnifique : vocabulaire argotique et passages poétiques sont entremêlés, le ton est parfois brouillon et oral, mais aussi bourré de pépites.
Elle est impertinente, elle est directe. Elle prend la vie avec un optimisme rageur, parce qu'il faut avancer, parce qu'hier est mort et que nous sommes vivants. La cavale plutôt que la prison au risque d'être prise. Elle exprime sa frustration d'être clouée au lit avec un pied bloqué alors qu'elle est faite pour courir et sauter. Elle se prostitue et vole l'un de ses clients pour aider Julien comme il l'a aidée lorsqu'il est emprisonné, pour vivre heureuse avec lui.
Faut-il mieux vivre cinq minutes intensément ou passer toute une vie à s'ennuyer ? Albertine n'hésite pas et choisit la vie passionnée.

Elle ne cherche pas à émouvoir. Je n'ai pas eu l'impression en tout cas qu'elle souhaitait qu'on la prenne en pitié. Elle connaissait les risques de la vie qu'elle menait (les délits, la prison, la cavale), mais ne cherchait pas forcément à les éviter. Certes, elle aimait passionnément Julien et voulait s'installer avec lui, mais elle ne pleure pas lorsque leurs projets sont remis à plus tard. Lorsqu'elle se fait arrêter alors qu'elle devait s'enfuir de Paris avec Julien, ce n'est pas un ton geignard qu'elle prend. Elle est lucide, pragmatique, mais elle reste optimiste.
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Dans ce roman d'amour autobiographique poignant Albertine Sarrazin témoigne du milieu carcéral et décrit son parcours de rejetée dans la France d'avant 1968.

"L'astragale" est un petit os de la cheville que s'est cassé Anne, une jeune fille de dix-neuf ans, en sautant du mur de la prison pour s'évader alors qu'elle est condamnée à sept ans de réclusion pour braquage. Elle rampe vers la route où elle est récupérée par hasard par Julien, un petit voyou, une âme soeur. Il la conduit de planque en planque : chez sa mère, chez Nini et Pierre puis chez Annie et sa fille Nounouche à Paris.
Anne est une éclopée éprise de liberté mais traquée par les avis de recherche, sans identité, elle reste condamnée à attendre son merveilleux malfrat. Car Julien est l'amour de sa vie et si elle se prostitue c'est pour son indépendance financière avant de pouvoir vivre pleinement sa passion.

Je me suis attachée à ces personnages plus vrais que nature. D'ailleurs, j'aime les romancier.e.s marginaux qui savent écrire même si Albertine Sarrazin est unique comme le dit Patti Smith dans sa préface élogieuse. On est embarqué dans le périple d'Anne qui ne voit son avenir qu'avec celui qu'elle aime.


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En s'évadant de son école-prison, Anne se brise l'astragale, un os du pied. Elle sera recueilli par julien, lui-même truand. Commence pour eux une une drôle histoire d'amour, faite de cavale et de planques.
Roman d'amour et de prison, L'astragale s'inspire de faits réels, vécus par l'auteur (mais il n'est pas dit dans quelle mesure). le lecteur pénètre dans l'envers des 30 Glorieuses, dans les quartiers populaires, où la débrouille frôle la petite truanderie.. Où un amour véritable n'a que peu de chance de s'épanouir, les amants se retrouvant en prison, ayant besoin d'avoir une confiance absolue en l'autre. Et pourtant ce la se révèle possible.
Écrit dans un style plutôt familier, parfois un peu argotique, le roman ne tombe jamais dans la vulgarité ou la facilité. L'intrigue et les personnages sont construit, ont de la profondeur. le lecteur (du moins la lectrice que je suis) se prend d'affection pour ce couple improbable, espère et tremble pour lui.
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Le style est clair, précis et sans ambages inutiles: Albertine Sarrasin, petite météorite des lettres de ces années soixante, nous raconte son évasion qui la rend prisonnière de son astragale brisée!
Albertine/Anne trouve, dès après son saut, ceux et celles qui vont l'aider dans sa cavale... Hommes et femmes que Julien (son "sauveur en chef") va rétribuer et mettre à contribution pour planquer celle qui ressort comme un "colis".
Albertine nous parle-donc de ces gens qui l'accueillent, plus ou moins de bon gré, dans ces logements misérables des années 50... Sans rien cacher, elle nous montre ses clopes, l'alcool pour tenir le coup et le tapin pour se faire rapidement de l' osier (une fois son astragale opérée) et rembourser Julien qui ne lui réclame rien.
Mais au fond, Anne/Albertine sait que l'histoire (parenthèse douloureuse de sa jeune vie) ne peut se finir que d'une façon...
La fin précoce d' Albertine Sarrasin, en 1967, met en relief le bref destin d'une femme qui se voulait vivante: Une affranchie.
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Il y a des livres qui vous parlent avec des phrases que l'on suit. L'Astragale, film de Brigitte Sy, d'après le roman d'Albertine Sarazin, sort sur les écrans le 08 avril 2015. Besoin de relire le livre d'Albertine. Après plus de trente ans. Albertine. Alors le plaisir ? Intact. le parfum ? Présent. Les couleurs, les bruits, les odeurs ? le balancement des mots ? Vivants, toujours et encore plus en corps. Il y a dans ce roman, un attachement. L'écriture sans aucun doute. Cette écriture palpable, cette note juste, la réalité incroyable d'un bonheur. Bien sûr la matière est là. le pesant de cette matière, cette veine du vivant. Mais que ferait cette matière sans le style et le talent de son auteure ? « ce passe peine » qui vous traverse. Cette poésie de l'échappe, du secours, de l'espoir, ce braquage incessant des faux fuyants. Sans la pertinence de la réalité des sentiments. Sans la mise à nue de l'amour dans l'urgence d'être et de demeurer toujours vivant, cette cavale sublime au delà de nos enfermements, et qui peut au détour d'une adresse détruire tous les murs qui se dressent. L'astragale vous reste dans la peau comme un peau-aime. C'est avec des mots pareils qu'on devrait tous apprendre à marcher.

Astrid Shriqui Garain
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Elle m'a accrochée par son charme désuet, suranné, son argot poétique, libre et virevoltant, l'écriture d'Albertine.

Elle m'a émue, sa vie faite d'abandons, de viol, de prostitution, de larcins, de prison et de cavales. Mais aussi d'amour et d'écriture. Elle n'a même pas vécu 30 ans, elle était brillante, elle a filé.

C'est qu'elle voulait se faire la malle Albertine, purgeant sa peine dans une prison-école suite à un braquage armé, elle s'en échappe en sautant d'un mur. Son astragale se brise net, elle se traîne jusqu'à la route où Julien, un jeune malfrat qui passait par là la ramasse. Naissance d'une idylle et d'un amour en cavale. Improbable mais vrai.

A lire !
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Cela fait partie des classiques que je garde près de moi, et que je me suis promis de lire.
Le style est percutant, c'est très bien écrit, et le récit est captivant.
Anne traverse des moments durs, glauques, le tout est annoncé sans détours, mais avec une certaine pudeur.
Un excellent roman (autobiographique à peu de choses près)
Je vous le conseille, c'est une belle découverte
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A sa parution, ce roman a été considéré comme extraordinaire. En effet, clairement autobiographique, il décrit ce qu'est la vie d'une criminelle en cavale. Le récit commence à l'instant où elle s'évade de prison (en se blessant gravement) et finit quand un flic vient la "cueillir" alors qu'elle partait vivre enfin avec son homme qui venait de purger sa peine. Et le plus étonnant, c'est que son écriture n'a rien de laborieux ou de vulgaire: qui aurait cru que cette jeune femme marginale et parfois violente aurait un style si soigné et si personnel ?
L'astragale, c'est le nom de l'os que l'héroïne ("Anne") s'est cassé lors de son évasion. Dans sa malchance, elle a bénéficié d'un étonnant concours de circonstances: elle a été tout de suite prise en charge par un repris de justice, Julien, qui devient son amant. Très mal soignée dans sa "planque", elle doit accepter d'aller à l'hôpital, au risque de se faire pincer. Guérie (ou presque), elle file s'immerger dans Paris. Elle se débrouille comme elle peut, au jour le jour, sans scrupule moral, sans claire perspective. Elle est à la fois désabusée et animée d'une volonté farouche de vivre sa vie comme elle l'entend, sans compromission avec la société. Elle voit trop rarement Julien qui, de son côté, continue sa carrière de truand, jusqu'à ce qu'il se fasse arrêter...
Il faut noter qu'Albertine Sarrazin ne fait aucun effort pour replacer cette période de sa vie dans son contexte global. En particulier, elle n'écrit rien au sujet des motifs de son incarcération, et encore moins sur son enfance. Plus généralement, son écriture est elliptique, à la fois concrète et parfois presque poétique, très éloignée d'un ton objectif… le lecteur doit la suivre dans son récit et accepter les "blancs" et flous qui parsèment le livre. Malgré cette difficulté, je trouve que ce roman mérite l'attention et qu'il n'a pas vieilli.
A mon avis, ce roman doit être lu tel quel, sans recul. Mais, après l'avoir achevé, rien n'interdit de consulter une encyclopédie pour s'informer "objectivement" de ce que fut sa vie… qui s'est arrêtée à l'âge de 29 ans.
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Anne, 19 ans, légalement encore mineure, saute du mur de 10 mètres de la prison dans laquelle elle purge une peine de sept ans. Elle se casse un petit os situé dans la cheville, et rampe jusqu'à l'autoroute où elle est recueillie par un jeune homme à moto, Julien, un petit escroc, qui l'aide à se cacher chez diverses connaissances pendant qu'elle se rétablit. Les deux jeunes vont vite devenir inséparables. C'est l'amour. C'est la liberté.
L'astragale est autobiographique, Anne est l'alter ego d'Albertine Sarrazin. Sarrazin - orpheline, métisse, victime d'abus - a écrit le livre, ainsi que la suite, en prison, et a fini par épouser Julien avant de mourir à l'âge de 29 ans. J'avais découvert cette auteure grâce à Patti Smith qui en parle dans "Just kids", un livre qu'elle a beaucoup aimé. Un livre qui est sorti en 1965, cela s'entend dans certaines expressions. L'astragale du titre est l'os de la cheville (plus précisément celui appelé « os du saut » en suédois). le roman porte le nom du prix qu'elle paie pour la liberté : la capacité de courir, de danser, de conduire une voiture, de marcher pieds nus, la laissant libre d'être liée au même monde que celui qui l'a conduite en prison en premier lieu. Elle boite de cachette en cachette, tombant dans l'amour qu'on lui porte, essayant de se libérer, de devenir.
L'oeuvre ne serait sans doute pas autant appréciée si elle n'était pas aussi bien écrite. Albertine Sarrazin raconte tout cela dans un style qui n'a jamais l'air d'essayer d'être littéraire ou « de rue », mais qui est simplement, un mélange d'impressions, de pensées et de souvenirs détaillés, inébranlables, mais jamais trop délibérés, qui font que l'histoire se déroule en un long monologue, une histoire haletante, même pendant les longues périodes où il ne se passe pas grand-chose. Une prose très belle, très visuelle. J'ai vu le film quelques années plus tard, mais je ne me souviens que des images que mon cerveau avait créées en lisant le livre (contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, ce n'est pas une histoire d'amour, ni une histoire avec une "happy end", un de ces récits dans lequel la liberté et l'amour arrangent tout !). C'est juste un livre très touchant, bien écrit, ce n'est pas un roman noir non plus, non, ce livre reste « léger » même si les choses qu'il porte devraient « l'alourdir ».
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J'étais une toute jeune fille ( et voui ) quand j'ai lu Albertine Sarrazin et j'ai été bouleversée par sa violence et sa fragilité. Quelle femme, quelle sensibilité à fleur de peau
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