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Critique de 5Arabella


Sans doute la pièce la plus célèbre de Jean-Paul Sartre, écrite en 1943 et représentée pour la première fois en 1944 au Théâtre du Vieux Colombier, donc un an après la publication de L'être et le néant, l'oeuvre emblème de la philosophie existentialiste de Sartre. de nombreux analystes ont fait le lien entre les deux ouvrage de Sartre, mais Huis-clos est avant tout une pièce, qui reste encore maintenant très efficace sur le plan dramatique, que l'on connaisse ou non la philosophie sartrienne.

Nous sommes donc en Enfer, un enfer aux allures d'un appartement du milieu de XXe siècle. Trois habitants viennent le peupler, l'un après l'autre, et font connaissance, en prenant conscience qu'ils sont condamnés à partager les lieux pour l'éternité sans échappatoire possible. Il y a tout d'abord Joseph Garcin, un journaliste qui vient d'être fusillé. Arrive ensuite une suicidaire, Inès Serrano, une employée de poste lesbienne, qui a entraîné dans sa mort sa compagne, qu'elle reconnaît avoir torturée psychologiquement, après avoir poussé son mari au suicide. En enfin Estelle Rigault, une jeune et jolie femme, morte d'une pneumonie, mariée à un vieil homme riche, qui refuse de reconnaître ses fautes, mais qui révèle au fur et à mesure son égoïsme et son indifférence aux autres, qui ont provoqué des catastrophes dont elle se fiche complètement.

Les personnages révèlent petit à petit leurs secrets honteux, ils voient quelques scènes de leur environnement, leurs proches, après leur mort. Ils se révèlent à eux-mêmes dans le regard des autres, aussi bien ceux qui sont toujours vivants, que les deux autres condamnés avec qui ils sont appelés à partager l'éternité. le rapport à soi-même prend en quelque sorte corps dans la reflet du regard de l'autre. Les trois personnages rassemblés ont été choisi de telle manière que les accommodements, les adoucissements des rapports humains, les hypocrisie de la vie sociale qui permettent de supporter, ne soient pas possibles. La dynamique des rapports en jeu aboutit forcément à un impitoyable jeu de massacre, sans possibilité de compromis. Et surtout, il n'y a rien à faire dans ce lieu, et donc tout ce qui reste sont les individus, livrés à eux-mêmes et leurs ruminations. Il n'y a pas la possibilité d'action, de remédiation à ses choix passés, à les réparer. Ils sont devenus irréversibles, définitifs. Les trois protagonistes sont donc figés dans leur faillite en tant qu'êtres humains, et les autres leur renvoient en permanence cette faillite.

Malgré quelques aspects datés maintenant, ce qui est inévitable, la pièce reste extraordinairement efficace et percutante, en jouant sur plusieurs registre, avec quelques effets comiques, un aspect jeu de massacre, tragédie. Elle mérite pleinement la dénomination de classique.
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