C'est l'histoire d'un mec.....
Le livre finit par déranger un peu, le mec en question finit par se perdre en politique avec un oeil très raciste, qui montre à quel point les différences de confessions étaient des barrières infranchissables il n'y a pas si longtemps que cela.
On suit donc le chemin de Lucien, jeune en manque de repères qui vit des relations amicales un peu particulières, qui s'essaie à une relation homosexuelle et finit par s'acoquiner avec un parti d'extrême droite, tout ceci en 130 pages, autant dire qu'on a pas vraiment le temps de souffler.
Un beau travail, un beau livre.
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Dans cette nouvelle, Lucien est à la recherche de lui-même. Son avenir est tout tracé puisqu'il est censé succéder à son père, chef d'entreprise, mais il ne s'en sent pas capable. Son identité se trouve selon lui à l'extérieur de la cellule familiale, il se considère différent et n'arrive pas à éclaircir ses pensées, ses envies, qui se résument à un épais brouillard. Après différentes expériences et rencontres notamment avec un groupe fasciste qu'il influencera rapidement et dans lequel il se fera un vrai place, il pense finalement trouver la clé de sa personnalité au sein même de ce qu'il croyait rejeter c'est-à-dire son destin de chef. Enfance d'un chef, chef depuis l'enfance.
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Lucien, pour la seconde fois, se sentit plein de respect pour lui-même. Mais, cette fois-ci, il n'avait plus besoin des yeux de Guigard : c'était à ses propres yeux qu'il paraissait respectable — à ses yeux qui perçaient enfin son enveloppe de chair, de goûts et de dégoûts, d'habitudes et d'humeurs. « Là où je me cherchais, pensa-t-il, je ne pouvais pas me trouver. » Il avait fait, de bonne foi, le recensement minutieux de tout ce qu'il était, « Mais si je ne devais être que ce que je suis, je ne vaudrais pas plus que ce petit youtre. » En fouillant ainsi dans cette intimité de muqueuse, que pouvait-on découvrir, sinon la tristesse de la chair, l'ignoble mensonge de l'égalité, le désordre?
Le vrai Lucien - il le savait à présent -, il fallait le chercher dans les yeux des autres, dans l’obéissance craintive de Pierrette et de Guigard, dans l'attente pleine d'espoir de tous ces êtres qui grandissaient et mûrissaient pour lui, de ces jeunes apprentis qui deviendraient ses ouvriers, des Férolliens grands et petits, dont il serait un jour le maire. Lucien avait presque peur, il se sentait presque trop grand pour lui.
Pardon Monsieur, lui dit-il à la fin d'une classe, est ce qu'on peut soutenir que nous n'existons pas ? Le Babouin dit que non.
Cogito, dit-il, ergo çoum. Vous existez puisque que vous doutez de votre existence.
Cycle Autour de Minuit
Anne Simonin, Les silences du Silence de la mer
Conférence du mercredi 10 août 2022, qui s'est tenue dans le cadre du banquet du livre d'été « Demain la veille » qui s'est déroulé du 5 au 12 août 2022
À propos du Silence de la mer, première publication en 1942 des Éditions de minuit, alors clandestines dans la France occupée, Sartre écrivit, à la Libération, que ce « conte agréable et un peu languissant sur la guerre en 1939 » n'intéresserait plus personne dans l'avenir : « Il paraît que les bananes ont meilleur goût quand on vient de les cueillir ; les ouvrages de l'esprit pareillement doivent se consommer sur place. » La disqualification fit son effet. le Silence de la mer fut rangé parmi les livres de second rang, ceux qui doivent aux circonstances ou au marché un statut transitoire de chef-d'oeuvre. On tentera ici une tout autre lecture du Silence : une lecture matérielle. On traitera le Silence de la mer moins comme un texte que comme un objet, en interrogeant les différentes traces que porte la première édition du livre, tiré alors à moins de 400 exemplaires (la dédicace, l'imprimeur, le papier, etc.), avec l'idée que les « bananes sèches » pourraient bien conserver le goût d'une autre idée de la littérature
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