C'est l'histoire d'un mec.....
Le livre finit par déranger un peu, le mec en question finit par se perdre en politique avec un oeil très raciste, qui montre à quel point les différences de confessions étaient des barrières infranchissables il n'y a pas si longtemps que cela.
On suit donc le chemin de Lucien, jeune en manque de repères qui vit des relations amicales un peu particulières, qui s'essaie à une relation homosexuelle et finit par s'acoquiner avec un parti d'extrême droite, tout ceci en 130 pages, autant dire qu'on a pas vraiment le temps de souffler.
Un beau travail, un beau livre.
Commenter  J’apprécie         120
Dans cette nouvelle, Lucien est à la recherche de lui-même. Son avenir est tout tracé puisqu'il est censé succéder à son père, chef d'entreprise, mais il ne s'en sent pas capable. Son identité se trouve selon lui à l'extérieur de la cellule familiale, il se considère différent et n'arrive pas à éclaircir ses pensées, ses envies, qui se résument à un épais brouillard. Après différentes expériences et rencontres notamment avec un groupe fasciste qu'il influencera rapidement et dans lequel il se fera un vrai place, il pense finalement trouver la clé de sa personnalité au sein même de ce qu'il croyait rejeter c'est-à-dire son destin de chef. Enfance d'un chef, chef depuis l'enfance.
Commenter  J’apprécie         50
Lucien, pour la seconde fois, se sentit plein de respect pour lui-même. Mais, cette fois-ci, il n'avait plus besoin des yeux de Guigard : c'était à ses propres yeux qu'il paraissait respectable — à ses yeux qui perçaient enfin son enveloppe de chair, de goûts et de dégoûts, d'habitudes et d'humeurs. « Là où je me cherchais, pensa-t-il, je ne pouvais pas me trouver. » Il avait fait, de bonne foi, le recensement minutieux de tout ce qu'il était, « Mais si je ne devais être que ce que je suis, je ne vaudrais pas plus que ce petit youtre. » En fouillant ainsi dans cette intimité de muqueuse, que pouvait-on découvrir, sinon la tristesse de la chair, l'ignoble mensonge de l'égalité, le désordre?
[ … ] Lucien resta seul dans sa chambre. Il se coucha sur son lit et se mit à bàiller. Il lui semblait être un nuage capricieux et fugace, toujours le même et tou jours autre, toujours en train de se diluer dans les airs par les bords. «Je me demande pourqu?i j'existe ? » Il était là, il digérait, il bâillait, il entendait la, pluie qui tapait contre les vitres, il y avait cette brume blanche qui s'effilochait dans sa tête : et puis après ? Son existenc(:! était un scandale et les responsabilités qu'il assumerait plus tard suffiraient à peine à lajustifier. « Après tout, je n'ai pas demandé à naître » , se dit-il. Et il eut un mouvement de pitié pour lui-même. Il se rappela ses inquiétudes d'enfant, sa longue somnolence, et elles lui apparurent sous unjour neuf : au fond, il n'avait cessé d'être embarrassé de sa vie, de ce cadeau volumineux et inutile, et il l'avait portée dans ses bras sans savoir qu'en faire ni où la déposer. «J'ai passé mon temps à regretter d'être né. » Mais il était trop déprimé pour pousser plus loin ses pensées : il se leva, alluma une cigarette et descendit à la cuisine[ … ]
pp. 89-90
Le vrai Lucien - il le savait à présent -, il fallait le chercher dans les yeux des autres, dans l’obéissance craintive de Pierrette et de Guigard, dans l'attente pleine d'espoir de tous ces êtres qui grandissaient et mûrissaient pour lui, de ces jeunes apprentis qui deviendraient ses ouvriers, des Férolliens grands et petits, dont il serait un jour le maire. Lucien avait presque peur, il se sentait presque trop grand pour lui.
Pardon Monsieur, lui dit-il à la fin d'une classe, est ce qu'on peut soutenir que nous n'existons pas ? Le Babouin dit que non.
Cogito, dit-il, ergo çoum. Vous existez puisque que vous doutez de votre existence.
Le 6 mars 2024, le philosophe et académicien Jean-Luc Marion était l'invité de la "Fabrique des idées", la série de masterclass que vous propose Philosophie magazine. Spécialiste de Husserl, le phénoménologue a tracé une petite généalogie de ce courant de pensée philosophique, n'hésitant pas à tacler Jean-Paul Sartre, qui n'est "pas un grand phénoménologue", selon lui.
Pour assister à toutes nos "Fabriques des idées" revoir ces masterclass librement, abonnez-vous à partir de 2€/mois, sans engagement
https://abo.philomag.com/loggia/site/philomag/abo-new/fr/abo/index.html