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Dans ce magnifique roman, Sartre parvient encore une fois avec finesse et beaucoup d'intelligence, à nous faire une leçon d'existentialisme tout en nous contant une histoire extrêmement belle et prenante! Chapeau Monsieur!
Sans conteste l'une de mes oeuvres sartriennes préférées, "Les jeux sont faits" met en scène Eve et Pierre, que tout séparait mais qui, trahis et assassinés le même jour par l'un des leurs, se retrouvent aux portes de la mort et se rendent compte qu'ils étaient peut-être fait l'un pour l'autre. Leur est alors laissée une chance de revivre, si ils arrivent à faire gagner leur amour contre tout, mais les choses ne sont pas si simples, car qui dit existence dit engagement, et quand les troupes défilent dans la rue au pas de l'oie et qu'une soeur est menacée de mort, peut-on vraiment attendre des hommes qu'ils ferment les yeux et continuent à s'aimer aveuglement sans rien voir autour?...
Très beau roman, agréable à lire, au style fort et touchant, "Les jeux sont faits" est une magnifique allégorie de la philosophie existentialiste. On y retrouve en effet tous les thèmes chers à l'auteur tels que la liberté, l'engagement, l'aliénation et la responsabilité...
Autant pour le plaisir de la découverte fictionnelle que pour les pistes de réflexions qu'il propose, je recommande chaudement "Les jeux sont faits" à tous les penseurs, rêveur, curieux, et autre lecteurs en tous genre...
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Ce livre est une excellente introduction à Sartre. Moi qui avais quelques à priori sur l'homme de lettre, ce récit m'a donné envie d'approfondir ma connaissance de son oeuvre. Court, accessible et écrit dans un style très efficace, ce livre est non seulement prenant mais aussi très réflexif. Après l'avoir refermé, on continue de s'interroger sur l'histoire des personnages, mais aussi de façon plus générale sur la nature de l'homme.


L'intrigue de Sartre est essentiellement basée sur la notion de libre-arbitre. Aux portes de la mort, si l'homme se voit donner une seconde chance, s'il se voit confier les clés de son propre destin, quel choix fera-t-il?


Même si je ne partage pas du tout ce point de vue sur l'âme humaine, ce livre mérite que l'on s'y attarde pendant les deux petites heures que constituent sa lecture.
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Suranné est le mot qui me vient à l'esprit après la lecture de ce roman. Les ficelles sont grosses, les héros un peu niais mais cela n'en fait pas un mauvais roman pour peu qu'on se souvienne qu'il date d'une autre époque.
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Jean Paul Sartre, avec ce scénario écrit en 1943, semble faire une incursion dans le fantastique. Pierre et Eve viennent de mourir, assassinés. Au guichet d'admission des âmes vers un autre monde on leur annonce la possibilité pour eux de redescendre dans notre monde s'ils arrivent à s'aimer sincèrement pendant 48H00. Sartre nous parle ici de la prédestination, de la force de l'amour, des intérêts qui interfèrent dans les sentiments et de la place que laisse la société et ses conventions sociales à ses derniers. le choix pour les deux héros de cette histoire est simple. Soit ils tournent le dos à leur ancienne vie pour vivre leur amour à peine naissant, soit ils ne le peuvent pas et alors une nouvelle existence leur est refusée. Un formidable film a été tiré de ce scénario réalisé par Jean Delannoy avec Micheline Presle et Marcel Pagliero. Cet ouvrage est avec "l'Engrenage" un des deux scénarios écrits par Sartre.
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Je ne savais pas que ce bon vieux JPS avait donné dans le scénario, et en plus, il s'en sort diablement bien, le bougre ! Ce film, sorti en 1947, est une très belle et émouvante parabole sur l'illusion de refaire sa vie, avec, en arrière plan, la lutte des classes au sein même de la relation amoureuse. Bon, il ne me reste plus qu'à dénicher le DVD, les images paraissant à la hauteur du texte au vu de la couverture du bouquin...
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Un petit livre de Jean-Paul Sartre, qui a été écrit en 1942 comme scénario pour un film. Le film a été réalisé en 1947. Le livre présente une histoire peu compliquée avec un langage simple. Évidemment, des livres avec un langage simple sont toujours bien appréciés par moi, parce que je n'aurais pas tellement besoin de mes dictionnaires. Incidemment, on peut encore trouver le film ou lire « la vidéo » sur Internet.
Après leur mort, Pierre et Ève, deux personnes qui ne se connaissent pas du tout, reçoivent une seconde chance à vivre. Les morts chez Sartre, après avoir signé le registre pour conformer leur décès, retournent au monde de vivants comme spectres. Les morts peuvent aller où ils veulent, car « les morts sont libres ». (Question : le chat, couchant sur ce registre, est-il mort aussi ?). Donc, Pierre et Ève peuvent faire demi-tour et commencer une nouvelle vie, cette fois ensemble.
Il y a une seule condition. Pierre et Ève ne doivent pas simplement rester ensemble dans leur nouvelle vie, ils sont dans l'obligation de tomber amoureuses. Alors, quand Pierre et Ève retournent comme vivants, ils essaient de rester ensemble et, en effet, ils tombent amoureux. Malheureusement, après ce début qui donne de l'espoir, les problèmes commencent. Bien que Pierre veuille rester avec Ève, il veut aussi rejoindre ses camarades pour faire la révolution (le livre est conçu en 1942 !). Il doit choisir. Ève, à son tour, elle a l'intention de se venger de sa propre mort sur son époux, qui l'a empoisonnée, et protéger sa soeur.
Et alors, ils découvrent que les jeux sont faits. Les camarades ont perdu confidence en Pierre et ne veulent plus s'associer avec lui. La soeur d'Ève ne veut pas sa protection. Bref, malgré leurs bonnes intentions initiales, Pierre et Ève, ils se trouvent morts à nouveau.
Au début, j'avais l'espoir que cet ouvrage m'aiderait à mieux comprendre l'existentialisme. J'ai déjà lu quelques autres livres de Sartre (Le mur, La nausée). Hélas, ce petit livre n'a pas éclairci beaucoup plus. L'existentialisme reste un concept imprécis pour moi.
Quoi qu'il en soit, le livre m'a plu énormément, malgré, ou peut-être grâce à la simplicité de l'histoire. Je regardai le film ou lirai la vidéo plus tard. Cependant, pour vraiment comprendre l'existentialisme de Jean-Paul Sartre, j'ai besoin de lire plus, mais ça ne sera pas un châtiment.

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Des hommes armés, au pas cadencé.
Partout, l'Ordre et la terreur - l'ordre par la Terreur.
Mais il y a Pierre, qui ne veut -ne peut?- courber l'échine: car Pierre croit en la liberté... et en l'homme. Il veut changer le monde; sans compter que, la faim, la misère, la honte, il connaît - a déjà donné. Et désormais il lutte contre "les autres" (détenteurs de pouvoirs, gardiens du Temple des choses établies...).
Mais il y a Eve, une "autre" justement.
Autre monde, autres intérêts... Et autre souffrance, réelle tout autant (mauvais mari, mauvais mariage).
Ces deux-là ne devaient pas se rencontrer; ceux-là se sont trouvés: un grain de sable dans l'engrenage ('L'engrenage', autre pièce de l'auteur).
Ici, le grain de sable s'appelle Lucien, qui dénonce, qui trahit, qui a honte... Et pense supprimer cette honte, et le témoin de l'ignominie, en déscendant Pierre ... ... au moment précis où le conjoint de celle-ci la tue...
La suite est attendue: nos deux morts se retrouvent dans l'au-delà, se découvrent, s'aiment et en gagnent la Terre comme d'autres pourraient gagner le ciel. Car la vie leur est rendue pour qu'ils se consacrent à leur amour. Làs, nul n'échappe à lui-même: "Les jeux sont faits voyez-vous. On ne reprend pas son coup", LJSF, p.185.

Cette courte pièce, très accessible, très agréable à la lecture également, permet d'approcher sans souffrance ni connaissance particulière l'un des thèmes essentiels du philosophe: la liberté (celle du sens à constuire, à donner, à soutenir).
D'un point de vue philosophique, tout le paradoxe sartrien s'y retrouve: d'une condition humaine prise dans une suite de données indépassables "en faits" (la situation) mais qu'il s'agira de soutenir et réorienter en fonction d'un but librement choisi... L'orgueil sartrien donc, qui conduit à introduire cette notion de liberté absolue...
Ainsi, "est mort" celui qui n'agit plus.
"Est mort" celui qui est sans attaches ni contraintes ni buts (choisis, voulus, assumés).
Ou encore, celui qui est sans corps, sans émotions, sans rien.... : libre et cependant aliéné car perdu à lui-même - hors l'humain.
Reste donc à inventer la liberté: comme idéal, au sens platonicien (un modèle, mais un modèle agissant).

Pierre ne voulait pas mourir, ni Eve... :"L'essentiel, c'est d'avoir fait ce qu'on avait à faire"...

Tout est joué donc, sauf le sens du jeu. Ou, plus techniquement, il est des pathologies de la liberté à surmonter – que Sartre mettra en scène dans ses différentes pièces de théâtre, précisant que l'unique imposition de la conscience est celle de sa contingence, que l'unique fatalité de l'individu recouvre son absolue et incessible liberté.
Une liberté qui s'alimente, s'enivre et s'angoisse de sa puissance.
Une liberté qui quelquefois s'égare ou se démet : s'abandonnant à l'autre, s'aveuglant de contraintes ou de nécessités.
Ou rêvant d'aligner le monde et son action et sa morale sur son absolu (in 'Le diable et le bon dieu') mais se condamnant alors à son autre : soit l'impuissance d'une action suspendue, soit la violence d'une action assénée contre les autres hommes (en leur concrétude, singularité, sensibilité et liberté).
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Eve est une jeune femme qu'André a épousée pour sa dot. Elle meurt, empoisonnée par lui, sous les yeux horrifiés de Lucette, sa soeur. Pendant ce temps, Pierre, partisan de la liberté, fomente une insurrection contre le Régent et sa milice. Mais un traître stoppe tous ses projets en l'assassinant. Eve et Pierre se relèvent et leurs destins vont se croiser. Jusqu'à l'inexorable…

Cette lecture fut pour moi un vrai coup de coeur. Il y aurait tant à dire sur cette belle oeuvre, notamment sur un plan philosophique. Je m'en tiendrai à l'aspect littéraire et à mes ressentis.

Cette oeuvre est un scénario qui a été conçu en 1943 et publié pour la première fois en 1947. J'ai beaucoup apprécié ce genre : le style est dépouillé, sobre, efficace et va à l'essentiel. Les descriptions sont sommaires, les dialogues nombreux. On peut sans peine imaginer les scènes du film qui en a été tiré en 1947 (réalisé par Jean Delannoy, avec Micheline Presle et Marcel Pagliero). Les diverses scènes, titrées par le lieu où elles se déroulent, sont courtes, ce qui donne du souffle et un rythme intéressant à l'oeuvre.

J'ai notamment beaucoup aimé le début quand Sartre met en place l'intrigue : il sait prendre le temps de décrire la situation initiale des deux principaux protagonistes puis de montrer le croisement de ces deux destinées. Sartre a écrit une véritable partition réglée au millimètre près. Les événements s'enchaînent selon une progression savamment pensée jusqu'au final éblouissant de tragédie.

J'ai apprécié la noirceur de l'oeuvre qui dépeint l'après vie : Sartre a-t-il voulu décrire un enfer ? Je rapproche le thème de « Les jeux sont faits » d'une BD que je lis actuellement : « Purgatoire » de Chabouté où on donne l'occasion au héros décédé brutalement de racheter ses fautes passées en devenant la conscience éclairée des vivants. On pourrait aussi faire un lien avec le célèbre « Huis clos » de Sartre qui donne une vision désespérée de l'enfer.

Le titre de l'oeuvre délivre le message de l'auteur : « Les jeux sont faits » :
« - Et vous deux… Vous n'avez pas… ? fait le vieillard.
- Non, réplique Eve, non, nous n'avons pas… Les jeux sont faits, voyez-vous. On ne reprend pas son coup » (p. 162).
Même si on vous donne une deuxième chance, même si la vie peut vous sourire une deuxième fois, les jeux sont faits : on ne peut revenir en arrière, la mort vous rattrape fatalement, inexorablement.

Un beau livre qui nous fait réfléchir à l'amour, la mort, les illusions de la jeunesse, la liberté, la révolte. Un livre court, au style ciselé et sobre, qui se dévore d'une traite. Une histoire originale et une fin bouleversante.
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Ecrit pour être un scénario de film, ce court roman est un très bon moyen de plonger dans la pensée sartrienne. le synopsis est simple : nous avons d'un côté Eve, riche jeune femme empoisonnée par son époux, et de l'autre Pierre Dumaine, tué par un des siens alors qu'il préparait une insurrection contre la milice et son régent. Deux personnages, donc, qui n'avaient pas à se croiser de leur vivant mais qui vont se retrouver et se reconnaître une fois morts. Il y a eu erreur : ils devaient s'aimer ! Les revoici de retour à la vie mais seulement pour 24h s'ils ne parviennent pas à tomber complètement amoureux l'un de l'autre. Alors ils sont là, Eve et Pierre, avec leur espoir, avec leur prétendue liberté de vivre, mais on n'échappe pas à ce qu'on est : les jeux sont faits. Ils sont chacun avec leur égoïsme, tiraillés entre le devoir de s'aimer et les vivants qu'ils veulent sauver - incapables qu'ils sont de totalement s'abandonner l'un à l'autre.
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je pense qu'il est bon
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