J'ai toujours été partagée en lisant l'histoire de
Sultana. Car s'il est vrai qu'elle ne maîtrise pas sa propre vie, son enfance étant dirigée par son père puis sa vie d'adulte par un époux choisi par ce dernier, elle a quand même plus de chance que n'importe qu'elle autre femme ordinaire de son pays ou même de tout autre pays islamiste comme l'Iran.
Car après tout, sa vie est peut être un long sacrifice, mais comme le dit
Marius à
Fanny dans la trilogie de
Pagnol, elle se sacrifie de bon appétit : des milliers de dollars d'argent de poche, se levant à midi puisque les domestiques s'occupent des enfants, se faisant masser les pieds, vivant dans des maisons immense pourvues de tout le confort moderne, voyageant dans compter entre les différentes capitales, juste pour faire du shopping…
Quant à ses « manquements » aux règles, ils ne sont guère sanctionnés. Là où toute autre jeune fille serait emprisonnée et risquerait la flagellation ou même la mort,
Sultana ne récolte que des regards noirs et des sermons.
Mais d'un autre côté, c'est cette « protection » que lui donne sa naissance royale (car les hommes de sa famille craignent plus que tout un scandale public et ne peuvent pas punir de manière trop cruelles leurs filles ou épouses, au risque que la raison de cette punition ne se sache) qui lui permet de nous dévoiler les dessous de la vie des saoudiennes, celles qui n'ont pas sa chance.
Comme la jeune fille de 13 ans, lapidée pour avoir eu des relations sexuelles alors qu'elle a été violée par les amis de son frère en l'absence de ses parents, celle de 17 ans, mariée à un homme de 57 ans au fond du désert pour avoir eu un comportement déplacé, au même âge, et pour la même faute, une autre sera exécutée par son père…
Sultana nous parle aussi des domestiques, surtout les philippines, qui sont régulièrement battues et violées par les familles qui les emploient.
Même si la vie de
Sultana est contrôlée par les hommes et par les lois clairement faites contre les femmes dans son pays, je la trouve parfois très naïve. Elle vit sur un tapis d'or, son père lui a choisi un époux assez proche d'elle en âge, séduisant, aux idées assez modernes pour un saoudien, elle n'a pas été excisée, son père ayant interdit cette pratique après qu'un médecin l'ait informé que sa femme l'avait fait sur ses trois filles aînée et lui ait expliqué les dangers de la pratique, elle a été éduquée, d'abord enfant, puis en reprenant des études une fois adulte… Je ne sais pas si elle réalise à quel point sa vie est facile comparée à celle des femmes de conditions plus modestes.
Ce livre est très intéressant car il parle de la condition féminine en Arabie Saoudite, mais il faut parfois remettre les choses à leur place et imaginer les mêmes situations dans une famille qui ne dépense pas 6 millions de dollars comme nous dépensons 5€.