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Persépolis tome 2 sur 4
EAN : 9782844140791
88 pages
L'Association (10/10/2001)
4.5/5   358 notes
Résumé :
1982 : il pleut des bombes irakiennes à Téhéran et Marjane a douze ans. A peu près l'âge des gamins, ceux de la femme de ménage s'entend, qui seront envoyés sur les champs de bataille munis d'une clé en plastique censée leur ouvrir les portes du paradis. Après avoir fait connaissance avec la révolution et ses corollaires terrifiants, Marjane découvre la guerre à sa fenêtre et apprend à faire la différence entre un Mig et un F14. C'est la guerre. Alors, comme dans to... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Du chiffon rouge au vert de rage…(1)

Persepolis, de Marjane Satrapi auteur franco-iranienne, est une bande-dessinée en noir et blanc racontant l'enfance de cette femme en Iran dans les années 80. Dans le premier album, après avoir chassé le Shah du pouvoir en Iran lors de la révolution islamique, la famille Satrapi n'a cessé d'agiter le chiffon rouge devant cette radicalisation religieuse forcée.

Dans le tome deux, l'Iran étant affaibli, l'Iraq en profite pour attaquer son voisin et entre en guerre en septembre 80.

Après la fermeture des universités et le changement vestimentaire obligatoire, un deuxième drame s'abat sur la population iranienne : les bombes iraquiennes.

Le nouveau pouvoir en place va chercher dans cette guerre à ressouder l'esprit nationaliste iranien disloqué après les lendemains douloureux de la révolution. Afin de s'attaquer à Saddam Hussain, les pilotes enfermés en prison par les islamistes ressortent comme des héros pour bombarder Bagdad. En échange, l'Hymne iranien jusqu'alors formellement interdit est diffusé de nouveau à la radio.

L'Iraq étant mieux armé, l'Iran joue sa seule carte maitresse, le nombre d'hommes mobilisables. En effet, les enfants des familles pauvres sont envoyés au front pour être massacrés. Heureusement pour eux, ils emportaient autour du cou une petite clé dorée qui leur permettrait d'atteindre, le cas échéant, le paradis…

Afin d'éviter tout exode de population, le gouvernement a interdit à tout iranien de quitter le pays entre 80 et 83. Par la suite, malgré l'assouplissement de la mesure, les garçons de plus de treize ne pouvaient toujours pas quitter l'Iran.

Conjuguant la guerre extérieure avec l'Iraq et une répression intérieure religieuse, Marjane Satrapi nous fait vivre de l'intérieur cette période terrible de l'Iran, alliant un humour savoureux à une émotion palpable. Les dessins sont très évocateurs et éclairent à merveille les effets dévastateurs d'un pays doublement en guerre.

Je finirai par cette anecdote cruelle concernant cet ancien laveur de carreau promu directeur d'hôpital par la grâce de la révolution. Pourtant sans aucune compétence, lui seul peut décider du sort de l'oncle de Marjarne gravement malade et nécessitant une opération urgente. « Si Dieu le veut bien » comme le dit si bien ce directeur barbu et fanatique!

Je ne peux que vous inciter à vous plonger dans Persépolis, réussite graphique et historique, mettant en avant cette fillette verte de rage contre cet état meurtrier. Magnifique !


(1) le premier album de Persépolis était rouge, le second étant vert pour des raisons que j'ignore encore.
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Dans ce deuxième tome, Marji est une pré-ado et a l'esprit de révolte qui va avec. Cette fois-ci, elle a "troqué" Dieu contre des sentiments nationalistes face à l'attaque des troupes de Saddam Hussein qui abattent leurs bombes sur l'Iran.

En plus de ce conflit, ce tome décrit avec la même précision "humoristico-tragique" l'installation progressive de l'extrémisme dans la vie quotidienne : le sacro saint le voile pour les femmes et la barbe pour les hommes, mais aussi les dénonciations des voisins, la police de la moralité qui arpente les rues à la recherche d'âmes égarées par les valeurs occidentales, mais aussi l'ascenseur social plus que douteux qui permet à des gens complètement incompétents d'accéder à de hautes responsabilités (merci la barbe et la brosse à reluire bien placée !).
Pour épargner à Marji ce quotidien peu enviable, ses parents décident de l'envoyer en Autriche, dans un lycée français de Vienne. Et c'est là qu'arrive la scène que j'avais beaucoup aimé dans l'adaptation cinématographique : la dernière nuit avec la grand-mèrequi mettait des fleurs de jasmin dans son soutien-gorge. Et surtout, qui lui livre une leçon de sagesse sur "les cons". Il s'en dégage la même intensité d'émotion dans le roman graphique.

Alors que la thématique premier tome était très centrée sur L Histoire, celui-ci s'attache aux émotions et à la solidarité.

Vite vite la suite !!!
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Après le premier tome de Persepolis où, à travers les yeux de la petite Marji, on suit la chute du Chah d'Iran et l'arrivée au pouvoir des islamistes, le deuxième tome nous éclaire sur la guerre Iran-Irak et ce qui l'a provoquée. Et comme le tome précédent, ce deuxième opus est passionnant.

Marji a grandi, elle n'a pas sa langue dans sa poche et elle s'agace et se rebelle beaucoup : contre les professeures de religion, contre les islamistes, contre ses parents qui sont soit trop optimistes soit trop pessimistes, etc. En fait, elle veut vivre son adolescence sans avoir à se soucier des bombes qui peuvent tomber ou des coups de fouet qu'on risque de lui donner si son voile ne couvre pas suffisamment ses cheveux. Malheureusement, la situation est ce qu'elle est et Marji se trouve à plusieurs reprises face à des injustices ou à de véritables tragédies. Et son caractère bien trempé suscite la peur de ses parents : rester en Iran devient dangereux pour elle.

Le récit de Marji est vraiment très intéressant. On plonge dans l'Iran des années 1980 avec l'arrivée au pouvoir du régime islamique et son lot d'absurdités : les garçons et les filles sont notamment séparés et ces dernières doivent désormais porter le voile. Et cette question de voile est prédominante : il y a le voile intégral que portent les « intégristes » et celui que portent les femmes modernes. Quant aux hommes, ils ne sont pas en reste : Marji explique qu'il y a ceux qui portent la barbe et la chemise sur le pantalon (les intégristes) et ceux, rasés, qui portent la chemise dans le pantalon (les progressistes). Parallèlement à ces nouvelles obligations, les prisonniers politiques et les morts et blessés de guerre se multiplient. de plus, le rejet de l'Occident entraîne la censure de tout ce qui vient de l'Ouest et le marché noir se développe. C'est là que Marji ira acheter sa cassette de Kim Wilde entre les mains d'un vendeur qui prononce « Estivie Vonder » et « Jickael Mackson ».

Le film Persepolis est déjà très bon à mon goût mais il y manque de nombreux éléments et détails qui se trouvent dans les livres. J'ai vu le long métrage plusieurs fois mais j'ai appris énormément de choses en lisant ce deuxième tome. Et j'aime toujours autant le ton parfois ironique de Marjane Satrapi, ainsi que la sobriété des dessins qui portent pourtant un message très fort. Persepolis est vraiment une très belle oeuvre, à la fois historique et autobiographique.
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Les meilleures leçons d'histoire sont celles que donnent ceux qui l'ont vécue. Marjane Satrapi nous conte celle de la révolution iranienne dans laquelle tant de monde avait fondé tant d'espoirs…. Marjane était enfant mais La compréhension qu'elle en avait est très édifiante . On vit avec elle les changements radicaux qui s'opèrent dans son pays, la propagande, les restrictions des libertés, la guerre contre l'Irak, un gâchis qui ferait regretter à n'importe quelle personne censée le régime du chah pourtant autoritaire et corrompu. On vit l'angoisse de sa famille et on se réjouit que ses parents décident de l'envoyer poursuivre ses études au lycée français de Vienne. Ce deuxième tome est à la hauteur du premier et j'ai hâte de découvrir la suite.
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Dans le second volume de Persepolis, Marjane est adolescente. Suite à la révolution islamique de 1979, l'Iran est affaiblie et son voisin proche, l'Irak en profite pour lui lancer des assauts. En 1980, l'état de guerre est prononcé entre les deux pays. La répression intégriste poursuit ses diktats. Les frontières sont bloquées durant trois ans et les jeunes garçons Iraniens sont envoyés au front en masse afin de répondre aux attaques missiles de l'Irak. La ville de Téhéran est bombardée. Marjane vit dans la terreur des sirènes annonciatrices de bombardements. Parallèlement à ces menaces externes, les islamistes intégristes imposent des contraintes drastiques quant à l'attitude des femmes surtout, le port du voile..
De par son éducation et son tempérament affirmé, Marjane continue de vivre son adolescence non soumise et insouciante à sa façon. L'instabilité du pays et le peu de possibilités d'épanouissement pour leur fille, poussent les parents de Marjane à l'envoyer en Autriche chez un proche afin qu'elle suive une scolarité sereine et prometteuse.
Les adieux sont déchirants. Comment se passera la vie en Autriche pour Marjane loin de sa culture et de sa famille ?
Vite, le troisième album !
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Pour protéger les femmes de tous les violeurs potentiels, le port du voile fut décrété obligatoire.

[Propagande à la TV] - Les cheveux des femmes contiennent des rayons qui excitent les hommes. Les femmes doivent les cacher !

[Le père de Marjane] - Fantastique ! Ils prennent tous les mecs pour des obsédés sexuels !!

[La mère de Marjane] - Bien sûr. Ils le sont, eux !
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Dans la vie tu rencontreras beaucoup de cons. S'ils te blessent, dis-toi que c'est la bêtise qui les pousse à te faire du mal. ça t'évitera de répondre à leur méchanceté. Car il n'y a rien de pire au monde que l'amertume et la vengeance...
Reste toujours digne et intègre à toi-même.
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La professeure :
- Depuis que la République islamique a été instaurée, nous n’avons plus de prisonniers politiques.
Marjane :
- Madame ! Mon oncle a été emprisonné sous le régime du Chah, par contre c’est le régime islamique qui a ordonné son exécution ! Vous prétendez qu’on n’a plus de prisonniers politiques. Or de trois mille détenus sous le Chah on est passé à trois cent mille avec votre régime. Comment osez-vous nous mentir comme ça ?
[Applaudissements dans la classe]
La professeure :
- Oh, Satrapi !
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"Le système éducatif ainsi que les propos des livres scolaires et universitaires sont décadents. Il faut revoir tout cela pour que nos jeunes ne s'éloignent pas du chemin de l'Islam. C'est pourquoi nous fermerons toutes les universités pour une durée limitée. Mieux vaut ne pas avoir d'étudiants du tout, que d'éduquer de futurs impérialistes."
Les universités furent donc fermées pendant deux ans.
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- Il suffit que les magasins soient vides un seul jour et vous vous mangeriez entre vous, et ça s'appelle des gens civilisés ! Si chacun prenait selon ses besoins, il y en aurait pour tout le monde !
Et à la sortie du supermarché...
- Combien de boîtes de riz on a pris ?
- Ben, deux !
- Hum... On ira dans le magasin à côté en reprendre. On ne sait jamais !
- ?
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Videos de Marjane Satrapi (30) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marjane Satrapi
Chaque mois, un grand nom de la littérature française contemporaine est invité par la BnF, le Centre national du livre et France Culture à parler de sa pratique de l'écriture. L'auteur Jean-Claude Mourlevat est à l'honneur de cette nouvelle séance.
Cette vidéo ne sera accessible que durant la durée de la conférence.
Né en 1964, Emmanuel Guibert fréquente les Arts Déco de Paris. En 1994, il fait deux rencontres importantes ; celle d'Alan Ingram Cope, un ancien soldat de la Seconde Guerre mondiale, retraité sur l'île de Ré, et celle de David B, qui l'introduit dans un cercle de jeunes auteurs cherchant à renouveler les pratiques de la bande dessinée. Il rejoint un atelier collectif que fréquentent Joann Sfar, Christophe Blain, Emile Bravo, Marjane Satrapi et bien d'autres, où il travaille pendant cinq ans. Sa collaboration avec la maison d'édition l'Association marque une évolution vers un style épuré au service des récits vécus de son ami Alan Cope. Dans cette série biographique, toujours en cours, on trouve La guerre d'Alan (3 volumes), L'enfance d'Alan et Martha & Alan. Il poursuit dans cette veine avec le Photographe (chez Dupuis), d'après des entretiens avec Didier Lefèvre, reporter-photographe en Afghanistan dans les années 1980. Cette trilogie, traduite en 20 langues, vaut à ses auteurs (Guibert-Lefèvre-Lemercier) des récompenses dans le monde entier. Puis il crée plusieurs séries ou albums uniques, notamment Sardine de l'espace (14 volumes) et Les Olives noires (3 volumes). Avec Marc Boutavant, autre camarade rencontré à l'atelier, il lance la série Ariol, chez Bayard, qui totalise à ce jour 20 volumes traduits en de nombreuses langues. Il crée également des chansons en partenariat avec le guitariste Dominique Cravic. Son intérêt pour la musique de jazz lui fait élaborer, avec le graphiste et producteur Philippe Ghielmetti, toutes les pochettes du label Vision Fugitive. En 2007, il est lauréat de la Villa Kujoyama. de cette récompense naîtra l'album Japonais en 2008, recueils de peintures, dessins et nouvelles. Avec un collectif d'amis auteurs, il visite des grottes préhistoriques ornées en France. de cette expérience naissent le volume collectif Rupestres chez Futuropolis et la réalisation de fresques pariétales dans une grotte du Parc Régional des Causses du Quercy. En 2017, il est lauréat du prix René Goscinny pour l'ensemble de son oeuvre de scénariste au festival d'Angoulême. Il mène depuis quinze ans une activité discontinue mais fidèle de visiteur hospitalier et a rejoint Christine Géricot à l'association Sur un lit de couleurs, qu'il vice-préside. Cette association installe et supervise des ateliers d'arts plastiques animés par des enseignants dans les hôpitaux en France. Emmanuel Guibert a reçu le Grand Prix de la ville d'Angoulême lors du Festival international de la bande dessinée en 2020.
Animés par des producteurs et productrices de France Culture, les entretiens du cycle « En lisant, en écrivant » sont réalisés en public à la BnF, puis diffusés dans la grille d'été de France Culture et disponibles en podcast. Genèse des oeuvres, sources d'inspiration, aléas de la vie quotidienne d'un auteur ou d'une autrice, édition et réception des textes – autant de sujets que ces rencontres permettent d'aborder, au plus près de la création littéraire.
Rencontre animée par Arnaud Laporte, producteur chez France Culture
En savoir plus sur les Master classes : https://www.bnf.fr/fr/agenda/masterclasses-en-lisant-en-ecrivant
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