Salvatore Satta/5
4 notes
Résumé :
Il s'agit d'une montagne qui n'est nullement magique : cette véranda, dans un sanatorium des Alpes, est la terrasse commune à la population masculine des lieux, et où le narrateur, un jeune avocat, l'un des rejetons de la famille placée au centre du Jour du jugement, fait l'apprentissage d'un monde trop humain, toutes classes et toutes régions d'Italie confondues, où la hantise de la maladie - le thermomètre, la balance - mais aussi quelque amour ou amourette - car... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1)
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Le sanatorium, dans la littérature et dans l'amour, a connu une certaine fortune : la "phtisie romantique" de La dame aux camélias, La montagne magique, Paul Eluard et Gala, entre mille. De Roland Barthes à Thomas Bernhard, l'effet littéraire stimulant de ces séjours en retrait du monde, dans la société restreinte des patients et le mystérieux environnement de la montagne, n'est plus à démontrer. Le voisinage de la maladie unit Eros et Thanatos.
Salvatore Satta, sur le sujet, écrit un roman, plus ou moins autobiographique, en deux volets : le premier, le plus réussi, enchaîne une série de scénettes comiques, où le tragique de la maladie mortelle se dégrade en vulgarité quotidienne : farces loufoques et persécution entre les pensionnaires, concupiscence vis-à-vis des bonnes sœurs, des visiteuses, ignorance et bêtise générales. L'enfer, c'est les autres, et il ne s'arrête pas à la porte de la véranda. Le second volet renonce à cette veine burlesque pour se tourner vers l'élégie. Voici, avec la guérison, le désenchantement du monde et la dissolution du désir. De retour à Milan, le narrateur se sent étranger à la ville, comme il est demeuré inférieur à l'exigence d'une liaison nouée à l'hôpital.
Si les qualités du romancier du Jour du jugement sont manifestes dès La véranda : sensibilité, élégance, sens du symbole, elles restent encore immatures. C'est presque d'autant mieux : on voit à l'oeuvre un écrivain de la première grandeur, avec ses maladresses si "divinement gauches" - personnages caricaturaux, confessions inutiles ou mal venues, déséquilibre des parties...mais l'ensemble vibre d'authenticité et de ferveur. Un émouvant aperçu du laboratoire mental de l'écrivain.
Salvatore Satta, sur le sujet, écrit un roman, plus ou moins autobiographique, en deux volets : le premier, le plus réussi, enchaîne une série de scénettes comiques, où le tragique de la maladie mortelle se dégrade en vulgarité quotidienne : farces loufoques et persécution entre les pensionnaires, concupiscence vis-à-vis des bonnes sœurs, des visiteuses, ignorance et bêtise générales. L'enfer, c'est les autres, et il ne s'arrête pas à la porte de la véranda. Le second volet renonce à cette veine burlesque pour se tourner vers l'élégie. Voici, avec la guérison, le désenchantement du monde et la dissolution du désir. De retour à Milan, le narrateur se sent étranger à la ville, comme il est demeuré inférieur à l'exigence d'une liaison nouée à l'hôpital.
Si les qualités du romancier du Jour du jugement sont manifestes dès La véranda : sensibilité, élégance, sens du symbole, elles restent encore immatures. C'est presque d'autant mieux : on voit à l'oeuvre un écrivain de la première grandeur, avec ses maladresses si "divinement gauches" - personnages caricaturaux, confessions inutiles ou mal venues, déséquilibre des parties...mais l'ensemble vibre d'authenticité et de ferveur. Un émouvant aperçu du laboratoire mental de l'écrivain.
Citations et extraits (1)
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Bienvenue, ma sœur la neige ! Le monde merveilleux que nous avons ici devant nos yeux commençait à nous ennuyer dans sa monotonie de carte postale (et, sur notre véranda, on a envisagé toutes les nouveautés possibles, des chaises longues volantes aux sanatoriums démontables) : mais voilà que, sans fracas, toi, tu nous en donnes une qui est plus vivante, plus joyeuse et plus belle.
Il y a là de quoi te bénir, pour la joie que tu apportes parmi les hommes : rien ne les réjouit peut-être plus que ta grâce, si légère qu'elle s'accompagne d'un sentiment de tiédeur, et le froid, le méchant froid, s'efface sous ta caresse.
Mais la joie des hommes, ô ma sœur, n'est pas un doux spectacle : même si leur exaltation n'est pas causée par l'amour ou par le vin, mais rien que par le mystère qui est dans ta beauté, leur joie est toujours bruyante, véhémente, violente, et fait presque regretter l'ennui des heures ordinaires.
Et maintenant, entends-tu ? Pavie, fatigué de grincer en fausset "qu'elle est belle, qu'elle est belle", a détaché une traverse de sa chaise longue et tape, continue à taper sur le plancher, on croirait qu'il est payé pour le faire.
Il y a là de quoi te bénir, pour la joie que tu apportes parmi les hommes : rien ne les réjouit peut-être plus que ta grâce, si légère qu'elle s'accompagne d'un sentiment de tiédeur, et le froid, le méchant froid, s'efface sous ta caresse.
Mais la joie des hommes, ô ma sœur, n'est pas un doux spectacle : même si leur exaltation n'est pas causée par l'amour ou par le vin, mais rien que par le mystère qui est dans ta beauté, leur joie est toujours bruyante, véhémente, violente, et fait presque regretter l'ennui des heures ordinaires.
Et maintenant, entends-tu ? Pavie, fatigué de grincer en fausset "qu'elle est belle, qu'elle est belle", a détaché une traverse de sa chaise longue et tape, continue à taper sur le plancher, on croirait qu'il est payé pour le faire.
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