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Critique de Pavlik


L'Arabe du futur est une bd de l'excellent Riad Sattouf qui retrace sa jeunesse depuis sa naissance jusqu'à ses 6 ans, ballotté entre la Lybie, la France et la Syrie. Né d'un père syrien et d'une mère française, en 1978, l'auteur a l'avantage de pouvoir nous offrir un point de vue double, à la fois arabe et français. Bon, il faut reconnaître que le genre autobiographique n'est pas forcément le plus adapté au neuvième art, mais après tout pourquoi pas et il faut bien avouer que Riad Sattouf s'en tire plutôt bien.

Commençons directement par ce qui fâche, à savoir l'aspect graphique du bouquin. Non pas le dessin en soit, toujours très expressif et efficace, avec une remarquable économie de moyens, mais la composition des planches, très monotone, on peut éventuellement friser l'ennui par moment. Quant à la monochromie, même topo, même si elle participe d'une certaine ambiance et permet de se repérer facilement avec un code couleur simple : Syrie = rouge, France = bleu, Libye = jaune.

Par contre l'évocation de sa vie est l'occasion pour l'auteur de mettre en avant sa sensibilité et sa personnalité, et cet arabe du futur, appelé de ses vœux par son père, offre de multiples dimensions.

-une réflexion sur la mémoire, en tant qu'elle est subjective, et donc, par extension sur la construction de soi, in fine, en tant qu'elle est, d'une certaine façon, faussée. Mais c'est notre lot à tous et il faut reconnaître qu'il faut du courage pour affronter ainsi son passé. On est frappé du regard sans concession, ambivalent, mais néanmoins plein de tendresse que Riad Sattouf porte sur son père, ainsi que par la présence toute relative de sa mère, qui semble un peu spectatrice des événements, même si elle sait se positionner fortement par moments.

-une dimension historique : légère mais bien réelle, elle nous permet de (re)découvrir ce que furent les régimes de Kadhafi et de Assad père (ce qui, au passage, surtout pour ce dernier, peut éclairer l'actualité) et le contexte dans lequel ils sont nés.

-une dimension culturel, à travers la confrontation entre une culture européenne et une culture arabo-musulmane, les tiraillements que provoquent les va et viens entre les deux, ainsi que les modes de vie, les structures familiales, notamment en ce qui concerne la société syrienne. A la limite, on est parfois pas loin d'une visée ethnographique.

En résumé, l'exercice de style est intéressant, même si l'enjeu est évidemment bien plus fort que cela pour Riad Sattouf et sa sensibilité tout comme son authenticité nous emportent, malgré un aspect graphique des plus austère.

note : 3,5/5
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