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Critique de Meps


J'ai bizarrement mis beaucoup de temps à finir cette bande dessinée. Je l'ai commencée au moins quatre à cinq fois, l'ai laissée sur la table de nuit sans la terminer...

Pourtant tout me plaît dans cette série: le regard décalé par le biais d'un enfant sur les évènements de plusieurs pays du Moyen-Orient, les ressentis d'un enfant métissé entre deux cultures, le vécu par rapport aux autres enfants du fait de sa différence, entre admiration et rejet, l'humour très simple et très efficace, les choix graphiques marqués (couleur d'ambiance différente selon les pays traversés).

Si j'essaie de trouver les raisons de ce retard, il est peut-être du au chapitrage, qui est assez rare en bande dessinée et m'a peut-être déstabilisé. Je me rends compte que les pauses étaient souvent en fin de chapitre et comme je lis souvent les BD en même temps que d'autres livres, la pause me ramenait sans doute au livre et je finissais par oublié mon Arabe du futur.

Autre chose qui m'a troublé, mais finalement plu, c'est le personnage du père du jeune héros. Il est clairement dépeint assez bête, notamment dans ses prises de positions politiques tranchées... mais variables. Il représente assez bien les difficulté à se positionner des jeunes adultes arabes à cette période, pris entre le nationalisme arabe, les guerres israelo-palestiniennes, le rejet de l'Occident pour se retrouver dans les bras de dictateurs "éclairés". On n'a donc un peu de mal à s'attacher à lui... alors que l'attachement que le héros devrait lui porter en tant que père devrait nous permettre de raccrocher les wagons. Comme on connait le caractère hautement autobiographique de l'ouvrage, on ne peut que questionner le rapport de Riad Sattouf à ce père qui éprouve beaucoup de mal à protéger son fils contre la confrontation de son métissage et de sa culture d'origine.

Les relations entre les enfants sont dépeintes de façon criante de vérité, depuis la plus tendre enfance jusqu'aux premiers temps de la scolarité. Pour avoir également lu quelques planches des cahiers d'Esther dans la presse, je ne peux que saluer la justesse de Sattouf sur la question, alors qu'il est si facile d'être caricatural quand on essaie de représenter l'enfance. La fibre artistique doit clairement permettre de garder un esprit d'enfant car on a vraiment la sensation de lire une BD écrite par un enfant, comme s'il nous racontait son histoire au moment même où il la vivait. La découverte de la vie au quotidien dans la Libye de Khadafi ou la Syrie d'Assad père est également très intéressante, avec là encore le décalage du regard enfantin qui permet de donner un autre éclairage (l'impression de vide des habitations libyennes ou syriennes semble ainsi encore renforcée vue de la petite taille de Riad le blondinet).

J'ai donc enfin pu profiter pleinement... d'un cadeau que j'avais fait à mon épouse, très intéressée par le devenir de cet Arabe du futur qui se construit à partir de toutes les incohérences de ses deux cultures. J'ai également la chance d'avoir offert la suite, et je peux donc aisément continuer l'aventure !
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