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sur 5353 notes
Le petit Riad, alors âgé de 2 ans en 1980, suscitait l'admiration des passants de par sa longue et épaisse chevelure blonde mais, surtout, celle de ses parents, Clémentine, d'origine bretonne, et Abdel-Razak, syrien. Ils se sont rencontrés sur les bancs de l'école, à La Sorbonne. Dans l'espoir de faire un jour de la politique (et pourquoi pas un coup d'état!), il avait choisi histoire. Devenu docteur en 1978, un peu déçu par la mention "Honorable" et comme pour se venger de la France, il a fait des demandes un peu partout dans le monde pour enseigner. Et voilà comment toute la petite famille a fait ses bagages et s'est envolée pour Tripoli, dans un pays gouverné par Kadhafi. Une maison vétuste qui se fissure, l'eau qui goutte du plafond, des chantiers à l'abandon, des rues désertes, voilà les premières images que retient le petit Riad. Il reste toute la journée avec sa maman qui a la tâche de garder la maison, fait la connaissance avec ses petits voisins de palier, un Yéménite et une Indienne, va faire la queue sur les épaules de son papa pour aller chercher la nourriture dans une coopérative et écoute les leçons de vie de ce dernier qui impose sa loi selon une certaine tradition...

Dans ce premier tome, Riad Sattouf nous raconte les premières années de sa vie. de la France où il est né, à la Lybie de Kadhafi où son père enseigna ou à la Syrie d'Hazed Al-Assad où un autre poste d'enseignant l'attend, entrecoupé d'un séjour en terre bretonne, l'on suit les périples de ce petit bonhomme à la chevelure dorée et de sa famille. de son regard d'enfant posé sur le monde, il relate avec force et densité les gens qui l'entourent, entre la grand-mère qui lèche les yeux des enfants, les gamins des rues sans coeur, les tantes qui sentent la sueur ou la voisine de la grand-mère bretonne qui vit comme au Moyen-Age. A la fois historique, didactique et très personnel, ce récit foisonne de petits détails, passionne tout autant qu'il étonne. L'auteur met en lumière les failles de ces régimes. Et pourtant, le ton est souvent drôle, anecdotique mais terriblement parlant et intelligent.

L'arabe du futur... prometteur...
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L'Arabe du futur est une bd de l'excellent Riad Sattouf qui retrace sa jeunesse depuis sa naissance jusqu'à ses 6 ans, ballotté entre la Lybie, la France et la Syrie. Né d'un père syrien et d'une mère française, en 1978, l'auteur a l'avantage de pouvoir nous offrir un point de vue double, à la fois arabe et français. Bon, il faut reconnaître que le genre autobiographique n'est pas forcément le plus adapté au neuvième art, mais après tout pourquoi pas et il faut bien avouer que Riad Sattouf s'en tire plutôt bien.

Commençons directement par ce qui fâche, à savoir l'aspect graphique du bouquin. Non pas le dessin en soit, toujours très expressif et efficace, avec une remarquable économie de moyens, mais la composition des planches, très monotone, on peut éventuellement friser l'ennui par moment. Quant à la monochromie, même topo, même si elle participe d'une certaine ambiance et permet de se repérer facilement avec un code couleur simple : Syrie = rouge, France = bleu, Libye = jaune.

Par contre l'évocation de sa vie est l'occasion pour l'auteur de mettre en avant sa sensibilité et sa personnalité, et cet arabe du futur, appelé de ses vœux par son père, offre de multiples dimensions.

-une réflexion sur la mémoire, en tant qu'elle est subjective, et donc, par extension sur la construction de soi, in fine, en tant qu'elle est, d'une certaine façon, faussée. Mais c'est notre lot à tous et il faut reconnaître qu'il faut du courage pour affronter ainsi son passé. On est frappé du regard sans concession, ambivalent, mais néanmoins plein de tendresse que Riad Sattouf porte sur son père, ainsi que par la présence toute relative de sa mère, qui semble un peu spectatrice des événements, même si elle sait se positionner fortement par moments.

-une dimension historique : légère mais bien réelle, elle nous permet de (re)découvrir ce que furent les régimes de Kadhafi et de Assad père (ce qui, au passage, surtout pour ce dernier, peut éclairer l'actualité) et le contexte dans lequel ils sont nés.

-une dimension culturel, à travers la confrontation entre une culture européenne et une culture arabo-musulmane, les tiraillements que provoquent les va et viens entre les deux, ainsi que les modes de vie, les structures familiales, notamment en ce qui concerne la société syrienne. A la limite, on est parfois pas loin d'une visée ethnographique.

En résumé, l'exercice de style est intéressant, même si l'enjeu est évidemment bien plus fort que cela pour Riad Sattouf et sa sensibilité tout comme son authenticité nous emportent, malgré un aspect graphique des plus austère.

note : 3,5/5
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L'arabe du futur c'est ce que répète le père de Riad quand il est enfant , l'arabe du futur c'est lui qui doit aller à l'école , pour être un digne représentant de son père
L'auteur raconte son enfance , né d'un père Syrien et d'une mère française d'origine bretonne , avec la particularité qu'il va passer sa petite enfance d'abord en Lybie , puis dans la Syrie d’Hafez al Assad .
L'enfant est blond comme les blés et attire tout le monde , il est un dieu pour ses parents jusqu'à l'arrivée de son petit frère , il devient alors presque invisible , déjà ce passage m'a touché par sa justesse , on ne se rend pas toujours compte de l'effet que ça peut faire sur un enfant
Les souvenirs de la Lybie de Kadhafi sont sans concession , l'auteur nous montre un pays où les portraits de Kadhafi sont partout , où l'approvisionnent dans les magasins nous étonne , on n'y trouve quasiment rien , parfois des bananes à profusion
Les logements n'ont pas de clés , il arrive parfois qu'une autre famille s'y installe
Après un bref retour en France , c'est le départ en Syrie , dans le village natal du père , près de Homs , là ce ne sont plus les portraits de Kadhafi qui ornent les murs mais ceux de Hafez al Assad , le père de Bachar al Assad .
C'est un des grands intérêts de cette BD autobiographique , c'est qu'elle se passe dans deux pays arabes où il aura la guerre quelques années plus tard
Ici on est à la fin des années 70
On voit des changements qui se produisent chez le père , il rêve de construire une grande maison , d'avoir une mercerdes , il veut montrer qu'il a réussi , mais le retour au pays n'est pas si idyllique que ça , sa famille ne s'attendait pas du tout à son retour , surtout avec une femme française
Le père instruit , intelligent a du mal à trouver sa place , il veut tout à coup que son fils aille à l'école , alors que celui ci ne parle pas arabe , n'est pas accepté de ses cousins à cause de ses cheveux blonds , on l'appele le Juif .
J'ai vraiment aimé cette BD , on sent un sens d'observation hors du commun , un don précoce pour le dessin aussi
J'ai été émue par l'évocation de la maman , qui va travailler à la radio à son arrivée en Lybie , mais qui attrapera le fou rire lors d'une émission , ne pouvant se résoudre à lire le texte , qui essayera de sauver un chiot , tombè aux mains d'enfant , qui vont le martyriser et le tuer de façon violente
Elle essaye de garder le cap entre les deux cultures comme elle le peut .
Une BD à lire , un témoignage très intéressant sur cette enfance tiraillée entre deux mondes si différents , mais une enfance heureuse .

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Riad Sattouf, né d'une mère bretonne et d'un père syrien, raconte son enfance peu banale en France puis en Lybie et en Syrie dans les années 80. Cette BD pleine d'humour, aux dessins épurés en noir et blanc avec des courbes arrondies et un décor assez discret est de la même veine que Persepolis de Marjane Satrapie. Pour accentuer l'atmosphère propre à chaque période, Riad Sattouf apporte un peu de bleu et une touche de rouge pour les périodes passées en France, de l'orange avec une touche de vert pour celles passées en Lybie et enfin du rose et une touche de rouge pour la Syrie.
La saveur de la lecture tient à la qualité du récit qui ne faiblit jamais et au regard décalé du garçonnet à la chevelure blonde sur la vie dans des pays, des cultures et des systèmes politiques très différents, même s'il n'a pas la même espièglerie que la petite Marjane.
Riad Sattouf livre les faits sans concessions, il n'y a aucune trace de tendresse et on ne s'attache pas particulièrement à la famille de Riad Sattouf, certaines attitudes sont parfois difficiles à comprendre mais il serait trop hâtif de les juger avec sa propre histoire et sa propre culture.
On prend malgré tout un plaisir jubilatoire à regarder le monde à travers les yeux du petit Riad et on voudrait déjà lire la suite dans le prochain tome.
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Comment retranscrire en quelques mots le bonheur de lecture que j'ai ressenti ?
L'Arabe du Futur , c'est Riad Sattouf. Dans ce premier tome , il a entre 2 et 6 ans . Son père , Syrien, est venu faire ses études en France et est tombé amoureux d'une bretonne. Sa thèse obtenu, il quitte la France avec sa famille, peu content de la mention honorable !
La Lybie accueille la famille les bras ouverts... Pendant ce temps , lRiad se plaît à dessiner Pompidou !

Cette B.D. aussi drôle que poignante offre à travers la vie du jeune Riad et de sa famille une vision à l'instant des pays 'arabes ' que sont la Lybie et la Syrie. Culte de la personnalité des dirigeants , certes . Mais au delà des anecdotes truculentes dont est truffée la BD (les Syriens ne finissent pas leur maison car on ne paie des impôts que sur les maisons achevées, les maisons libyennes n'ont pas de serrure et si personne n'est dedans physiquement , une famille peut s'y installer quitte à "dégager" les précédents propriétaires), il y a un vrai regard politique dans cette oeuvre.
Le père de Riad est le vecteur du malaise. Épris de liberté, il passe son temps à haïr Israël, à qualifier les sunnites de seuls véritables musulmans, engendrant l'admiration de Sadam Hussein en passe de botter les fesses des chiites iraniens.
Le père qui pense que la dictature dans les pays arabes est obligatoire si on veut exploiter tout le potentiel de cette population , bigote et feignante.
Un livre sans filtre mais intelligent , drôle, où l'humour adoucit les propos et la dureté de la situation, où les yeux d'un enfant qui découvre la vie atténuent les chocs culturels des différentes civilisations.

Enfin , pas de plaisir en BD si les dessins ne plaisent pas. Ici, des dessins sobres et des textes de taille idéale , ne surchargeant pas l'ensemble.
On notera les petites apartés qui nous plongent dans la tête du petit Riad , nous confrontent aux odeurs. Et puis , les couleurs associées à chaque pays, la France bleue, la Libye jaune et la Syrie rose.
Du génie à tous les niveaux.
Un livre nécessaire.
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Riad Sattouf se souvient...

Seul rejeton d'un père Syrien et d'une mère Bretonne, le petit Riad détonne de par son épaisse chevelure blonde.

Contraints, pour des raisons économiques, de s'exiler en Lybie, les Sattouf n'imaginaient pas le choc de culture et de civilisation qui leur était désormais promis.
Puis viendront les années Bretonnes auxquelles succèderont les souvenirs Lybiens, autant de périples, autant d'images encore bien présentes dans un album de famille truffé d'anecdotes et digne de celui des Harlem Globetrotters...

Pudique, tendre, drôle et évocateur d'un contexte économique et social excessivement délicat ( notamment en terre Syrienne et Lybienne, merci aux humanistes reconnus qu'étaient Kadhadi et Al-Hassad ) , ces déracinés chroniques se dévoilent au gré des expéditions successives, offrant au lecteur des tranches de vie particulièrement touchantes et riches d'enseignement.

Le ton, a contrario des situations traversées, est léger et évocateur d'un passé familial aimant et soudé et ce, malgré l'âpreté des environnements rencontrés.

Le trait est simple, les couleurs pastels, et les personnages bavards sans jamais être ennuyeux.

L'Arabe du Futur de Riad Sattouf : au poil !
Désolé...
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Riad, un petit blondinet bouclé de 2 ans
pas plus haut que trois pommes,
né d'un père Syrien et d'une mère bretonne
quitte la France avec ses parents pour s'installer en Lybie.
Son papa a trouvé un poste à l'université de Tripoli.
Le petit ethnologue en herbe
livre ses première impressions
Ici, tout change de l'hexagone
les odeurs sont plus subtiles,
et les traits plus figés.
Pas de propriété privé
Mais c'est pour autant l'anarchie...
tout le monde fait la queue leu leu... pour s'approvisionner.
Et ses nouveaux copains sont intrigués par la couleur de ses cheveux.
De retour quelques temps en France, le dépaysement total de la Bretagne
avant un nouveau départ pour la Syrie.
Des bulles et des silences qui en disent long...
L'arabe du futur...un vrai regard.
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Un véritable coup de coeur pour cette BD, qui est une véritable perle.

Les graphismes sont un peu enfantins mais c'est ce qui fait tout le charme de cette BD au sujet fort.

Je ne suis certainement pas très objective avec ce livre. Car j'ai retrouvé beaucoup de similitude avec mon histoire. Européenne, mariée avec un homme d'origine maghrébine et 3 enfants issus de cette union. Vivant dans un quartier difficile a majorité maghrébine et ou la mixité est toujours mal vue. En tant qu'adulte on peut passer outre, mais c'est toujours difficile de voir son enfant souffrir parce que meme si il parle arabe, il reste trop blanc de peau.. etc. Enfin je ne vais pas m'étendre sur ma vie privée.
Néanmoins, si certains passages peuvent sembler être des clichés ils n'en sont pas moins véritables.

Enormement de thèmes sont traités par l'auteur, qu'il en est difficile d'e faire le tour.. le plus simple est tout simplement de lire cette BD

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Né d'un père syrien, professeur d'université, et d'une mère bretonne, Riad Sattouf raconte son enfance entre Moyen Orient et France, sous forme de 5 albums de bandes dessinées.
Le regard d'enfant donne beaucoup de vérité au récit de la vie quotidienne. le style graphique de Riad Sattouf est très particulier, minimaliste, presque enfantin, aussi le lecteur comprend les situations vécues avec l'acuité d'un regard d'enfant.

Le tome 1 raconte l'enfance d'un petit garçon tout blond entre la France, la Libye et la Syrie. Il est à la fois drôle et plein de candeur et de lucidité, le narrateur n'a que deux à six ans. L'histoire dépeint chronologiquement les événements quotidiens dans une ambiance parfois sombre et brutale mais toujours avec humour. Riad Sattouf est un fin observateur du monde qui l'entoure et joue avec les stéréotypes, mais on devine une volonté de pédagogie pour décrire le contraste entre deux cultures opposées, dans ce récit autobiographique volontiers caustique.

La BD se partage en trois couleurs dominantes qui permettent de se repérer facilement : le bleu pour la France, le jaune pour la Libye et le rose-rouge pour la Syrie. Selon Sattouf, elles « se sont imposées assez facilement » à lui car ce sont « les codes couleurs de l'émotion ». En effet, le jaune évoque la tromperie du gouvernement de Kadhafi, le bleu dénote un climat de sûreté en France et le rose-rouge symbolise la dangerosité du régime syrien.
Un bon moment de lecture.
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Riad est un petit garçon de père syrien et de mère bretonne qui se sont rencontrés lors de leurs études à la Sorbonne.
Le père obtient un doctorat en histoire contemporaine.
C'est le petit Riad qui nous raconte son enfance et nous découvrons un père admirateur de dictateurs orientaux comme Khadafi et Hafez al Assad.
La famille s'envole d'abord pour la Lybie où le père obtient un travail de professeur. Ils reviennent un peu en France puis repartent en Syrie.
A travers les yeux du gamin, nous découvrons la pauvreté de ces pays, la haine des Occidentaux, sa difficulté de s'adapter vu sa différence physique et culturelle.
Riad pousse plus loin que les réflexions d'un gamin de 4 ans pour nous expliquer les différences entre musulmans.
J'ai beaucoup apprécié les changements de couleurs suivant les ambiances, les pays, les humeurs mais aussi les petites flèches avec les réflexions du petit sur les odeurs notamment.
Comment la mère tient-elle le coup en vivant aux côtés d'un mari aussi "borné", perdu entre deux cultures. Elle est docile mais docile...sauf dans une scène où elle voit qu'on torture un chien.
J'ai tardé à lire le tome 1 mais je ne tarderai pas à lire le deuxième. C'est un régal.
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