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4,46

sur 1991 notes
Riad Sattouf continue la chronique de son enfance. Cet épisode est un peu plus sombre que les précédents. Riad arrive à l'adolescence : l'âge des premiers amours, platoniques ; celui où l'on quitte le collège pour le lycée ; le temps des idées noires ; et surtout, pour l'auteur, le conflit familial. le père est rentré en Syrie, emmenant avec lui le petit frère, Fadi, que toute la famille veut faire revenir en France ; mais les démarches sont longues...

J'ai beaucoup aimé les quatre premiers tomes. J'ai été encore plus touché par ce cinquième : quand un ado ne parvient plus à nommer son père "papa" mais seulement "le père Satouff"...
Il y avait dans les premiers tomes une sorte de détachement : l'auteur portait en quelque sorte un regard extérieur, en recul, sur son enfance. La fin du tome 4 marquait une bascule : le départ du père, enlevant le 3ème fils, plongeait Riad dans le conflit familial.
Dans le tome 5, l'enfance est terminée. le gamin n'en a peut-être pas envie, mais il s'implique aux côtés de sa mère, pour retrouver le petit frère plus que contre le père. Cela au tout début de l'adolescence, un moment où il y a la vie que l'on rêve (ou qu'on cauchemarde), et celle, très différente, que l'on vit. le dessin, qui a gardé toute sa pureté, montre bien ces deux dimensions (fond blanc pour la réalité, fond rouge pour le reste). L'auteur semble plus impliqué dans son texte, moins observateur et plus acteur.
Textes et dessins constituent un assemblage réussi de transparence et de pudeur : Riad Sattouf nous dit beaucoup, sans doute pas tout, et le fait avec pudeur. le lecteur n'a jamais le sentiment de devenir voyeur.

Bref, un album fort, sur une période sans doute difficile de la vie du dessinateur. Excellemment réussi !
Lien : http://michelgiraud.fr/2020/..
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Je viens de déguster la cinquième livraison de L' Arabe du futur et le régal est toujours là pour moi, l'intérêt intact et toujours renouvelé.
Il faut dire que Riad Sattouf sait maintenir le suspens de son récit entre deux tomes!
Pas de jugement, chez Riad qui grandit, mais une observation juste et acérée, des souvenirs splendidement servis par cette bichromie bleue et rouge pour l'opus 5.
Cette cinquième partie est terrible, baignée dans uns sorte de spiritisme.
Il y a les rêves, les lectures de Lovecraft et le père absent qui s'est barré en Syrie avec Fadi, l'autre frère. Il y a cette maman dévastée, en colère, qui veut récupérer son troisième petit... L'aide des grand-parents ...Et riad qui pousse... collège, lycée, filles, dominants, profs ... Jusqu'à cette réapparition improbable...
Merci à vous ,Riad! prenez soin de vous et ne tardez plus trop à nous livrer le tome 6 de votre histoire.
Oh!.. Cette attente, à chaque fois, de vous retrouver!
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Dernière année de collège pour Riad et découverte du lycée.
Il s'intègre plutôt bien parmi ses congénères grâce à son talent pour le dessin, même s'il se mélange peu aux 'dominants', se contentant de les observer d'en bas. Comme beaucoup d'entre nous à cet âge, sa grande crainte est de rester 'puceau à vie'.
Les trois grands-parents maternels sont très présents, et la maman s'étiole (entre dépression, coups de gueule et espoirs), en attendant de retrouver, un jour peut-être, Fadi.

Je n'ai pas relu les précédents tomes avant de me jeter sur ce 5e opus hier soir. Je n'ai pas relu mes billets non plus.
Comme ça, de loin, je dirais que ce dernier album est moins géo-politique, plus familial, et centré sur l'adolescence. On retrouve des thématiques présentes dans la série 'Esther' du même auteur : souci de l'apparence, loi du collège et hiérarchie entre gamins généralement liée à l'origine sociale.

La personnalité de Riad se dessine, il découvre Lovecraft et des grands de la BD (Bilal, Moebius...). Et tandis que la famille traverse une grosse crise, il s'affirme de plus en plus comme l'aîné qui rassure la maman (quitte à mentir) et fait le mariole pour détendre l'atmosphère.

Les plus : les apparitions du papi rigolo / grande gueule, et pour moi, les allusions à des quartiers rennais que je connais bien.

Très bon moment. Vivement le 6e, hélas annoncé comme le dernier de la série.

♥ merci au clic & cueillette de V. ♥
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"Je vais te prêter mes Lovecraft, tu DOIS les lire !" (Sébastien, l'un des rares potes à Riad, 14 ans, dans leur collège de Rennes où "L'air sentait la pluie fraîche et les gaz d'échappement.")... Han, si tout cela ne nous évoque pas de merveilleux ou cuisants souvenirs !!! Et juste avant, le même Sébastien, dents écartées et enthousiaste, lâche à la table de leur cantoche : "Riad Sattouf", c'est syrien ?!! HAN LA CHANCE QUE T'AS !" [...] "C'est génial et mystérieux !".

Et nous voilà à nouveau embarqués entre les pages bichromes de ce qui est devenu, album après album, LE génial Classique moderne d'un XXIème siècle sans autre issue mirobolante...

Rapport à la qualité graphique de ce cinquième tome évidemment extraordinaire, ce bon Guillaume ALLARY, éditeur du travail de Riad SATTOUF, aura peut-être un tout petit peu trop "pressé" son auteur-phare pour terminer rapidement l'ouvrage avant "les fêtes" (sans parler de nous tous, ses lecteurs "addicts", toujours impatients de découvrir la suite de cette Odyssée du quotidien d'un gamin d'ascendance syrio-bretonne) ...

Toujours est-il qu'à force d'être plus "souple", aisé et délié, le trait perd parfois en détails (la plage de l'île d'Oléron est tout de même beaucoup moins bien peaufinée que les terrains vagues de Ter Maaleh à la poésie intense des sacs plastique volant tels des mouettes erratiques dans les premiers Tomes) mais on remarque également que certains des personnages comme Anaïck, la Muse de l'ado, ou Clémentine Sattouf, la maman du héros - nez en pyramide du Caire, le même que celui de la chère grand-mère du Cap Fréhel, sont trop rapidement esquissés (à force sans doute de les dessiner, album après album, un peu trop à l'identique... ).

Bon, mais dans "L'Arabe du futur", c'est comme dans "l-halouf "! (l' côchon), tout est bon ! Comme d'hab...

Et ça fourmille de personnages balzaciens, à nouveau !

Tels Gregory la bientôt-star du collège (devenant copie-carbone de Kurt Cobain du groupe "Nirvana" en moins "destroy"), Nicolas et Sébastien (les "dominés" mais fans de "L'Appel de Cthulhu" issu de l'imaginaire du Maître de Providence, clairs initiateurs des lectures de Riad), les "gros bourges" et autres "dominants" au cou de taureau et super-basketteurs "rouleurs de pelle" à doudoune Chevignon, Anaïck la rebelle au père dessinateur" (en fait, non, "typographe" donc "roi des lettres et des pubs") dont Riad devient amoureux (un peu pour son anticonformisme total marié à son odeur de sueur et de lavande), Titouan Juvert (le gogol de service, apprenti-tourmenteur de Riad, puis se calmant...), Abdul Al-Azred "l'Arabe dément" du père Lovecraft, les Grands Anciens (figures d'un damné polythéisme impie...), Azathoth, Yog-Sothott, Nyarlathotep le Chaos rampant, Hastur, Shub-Niggurat, Cthulhu se prélassant dans sa Cité sous-marine de R'Lieh, Yahia Sattouf (cadet de Riad, semblant se débrouiller mieux pour se faire des copains), Fadi Sattouf (le petit frère absent-"kidnappé-resté au Pays" dans la famille du paternel), Clémentine Sattouf la mère en pleine dépression (Comme on comprend...), le couple des grands-parents recomposés (Charles le tendre est admirateur de Mermoz), le grand-père maternel nudiste à Oléron, anti-flics ("Des feignasses !") et breton-chauvin-fin limier-découvreur d'avocats efficaces dans l'Annuaire des Postes ("AH ! LE QUEMENER : ça j'aime. le Quemener, très bien."), "Le Livre des Esprits" d'Allan KARDEC, une voyante barrée vivant sous une ligne à haute tension, les services de l'Ambassade recommandés par Danièle Mitterrand (un vieux qui se permet de faire la morale à Clémentine et de la décourager...), les trois bas-de-plafonds violents (deux sbires "de souche" et celui qui semble leur chef ,"rebeu") qui f...tent la zone dans les bus et hantent les trottoirs de Rennes...

Evidemment, on peut être presque gênés ("intrusifs" sans nous sentir coupables de voyeurisme) mais il y a ici une telle mise à distance humoristique de ces multiples "grands malheurs", grosses frayeurs et petits-bonheurs vécus en notre adolescence... qu'on se régale ici sans vergogne !

Son art du récit (une saga autobiographique), qui aurait pu être banalement anecdotique et bientôt daté, devient un objet captivant, immédiatement magique et universel...

Et il y a, contenue dans ces pages palpitantes, la genèse lente d'un dessinateur (vite fasciné par le travail de Druillet, Moebius, Bilal - albums de bédés empruntés au père d'Anaïck), sorti d'une argile fragile tel un Golem incertain : Riad SATTOUF... Curieux qu'après Hergé, Edgar P. Jacobs, Jacques Martin et autres grands créateurs-pionniers, Riad SATTOUF ait su inventer une autre "Ligne claire" désormais reconnaissable à 100.000 lieues à la ronde...

L'apparition du père Sattouf, à l'image d'un "pauvre type" suivant de loin sa petite famille sur les trottoirs lugubres de Rennes dans les dernières pages de l'ouvrage : le "kidnappeur d'enfant [le sien]" est de passage, revenu de Syrie sans Fadi, dans l'espoir idiot de ramener en Syrie ses deux autres fils (et Clémentine, "des fois qu'elle accepterait")... Pathétique, détestable et toujours si émouvante silhouette paternelle !

Une comédie humaine fourmillante de talent, de péripéties, de personnages "vrais" échappés du défunt XXème siècle... Bref, "THE" Classique à l'immense succès critique et populaire (à l'international) inattendu et bien mérité !

Encore cette parenthèse, à savoir que noues restons un peu moins convaincu par l'autre série-phare de l'auteur, "Les Cahiers d'Esther", tout à fait charmants et respectueux de la personnalité de leur héroïne mais... (et qu'on veuille nous pardonner bien vite pareil jugement de valeur !) travail nous semblant un rien vide de contenu, plutôt répétitif et convenu, surtout beaucoup moins inspiré (Certes, "Faut ben rester à l'écoute des Djeun's...") et pour nous assez ennuyeux... Mais bon, puisque "ça plaît"... :-)

Mais Riad l'inventif (bourré d'humour fin) est un Génie pour lampe à huile d'Aladin : on a confiance...

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Le cinquième tome relate la vie de sa famille après l'enlèvement de Fadi, son plus jeune frère, par son père. On se situe désormais dans les années 1992-1994. Riad a 14 ans et ses cheveux blonds ont disparu laissant place à un physique plutôt ingrat puisqu'il a été désigné comme le garçon le plus laid de sa classe.

On notera au passage l'inaction de la police française qui ne prend pas au sérieux les femmes mariées. Je m'imagine à la place de cette mère désemparée à qui on enlève son garçon. Pour moi, l'attitude du policier relève de la grave faute professionnelle justifiant un licenciement sur le champ. Mais à la place, on lui rétorque qu'elle peut être poursuivie pour outrage à agent de la force publique, simplement parce qu'elle est insistante à ce qu'il fasse son boulot correctement. On se rend compte que la police détient bien des pouvoirs.

C'est un véritable déchirement dans la vie de l'auteur. La période de l'adolescence est également celle du questionnement amoureux. J'ai effectué le rapprochement avec son film « les beaux gosses » et surtout avec sa dernière série en date à savoir « le jeune acteur » où il est question du jeune Vincent Lacoste, timide et complexé, qui n'avait jamais imaginé être acteur. On se rend compte que c'est sa propre vie.

Il y a également la vie de famille à organiser surtout après l'enlèvement du jeune frère. Tous les moyens seront d'ailleurs mis en oeuvre pour le retrouver. Sa mère usera de tous les moyens légaux pour récupérer son fils. Elle se rend compte de son erreur de vie avec cet homme fourbe et elle s'en veut de ne pas avoir suffisamment protéger son plus jeune fils. Malheureusement, elle se tournera également vers des charlatans qui la plumeront en exploitant sa peine.

Il y a toujours cette alternance entre des passages plutôt drôles et d'autres qui sont plus mélancoliques. Cela reste d'une sincérité magnifique. A noter également des passages un peu plus mystiques dont certains peuvent faire peur. L'ombre du père plane incontestablement sur ce tome.

Le dessin est toujours aussi chouette et cela apporte beaucoup au récit entre souvenirs et petites anecdotes.

C'est toujours aussi captivant même si cela dénote un peu par rapport aux tomes précédents. Il fallait sans doute apporter une autre touche afin d'explorer toutes les facettes de ce personnage qui évolue avec le temps qui passe. Il y a toujours cette merveilleuse part d'humanité qui le rend si touchant.

Je partage également le regard de l'auteur sur les mythes fondateurs des religions dont il a relevé les deux points communs à savoir la haine de la liberté sexuelle et la domination de l'homme sur la femme. Je suis en phase avec ce qui constitue une lutte contre l'obscurantisme religieux et une liberté d'expression. J'espère toutefois que notre auteur ne va pas subir toute la haine qui a été dirigé contre l'écrivain Salman Rushdie pour ses versets sataniques.

Beaucoup de finesse, de respect et sans aucun doute de dignité. Magnifique au final ! Encore un album au top ! Bref, tant au niveau du dessin que du scénario et des dialogues, c'est un sans-faute qui vous remue. Il sera difficile de faire mieux dans le genre.

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Riad, quatorze ans, est au collège, en classe de Quatrième et va bientôt passer en Troisième puis au lycée. Il habite à Rennes avec sa mère et son frère Yahya, son autre frère Fadi ayant été enlevé par son père qui l'a emmené en Syrie (c'est ainsi que se terminait le tome 4). Sa mère, désespérée mais combative, cherche tous les moyens qui pourraient lui rendre son plus jeune fils. ● Par rapport aux quatre albums précédents, celui-ci est le seul à se passer uniquement en France. La couleur rose, celle de la Syrie, en est donc complètement absente, et c'est le bleu « français » qui domine, avec de nombreuses touches de rouge, illustrant notamment les difficultés de l'adolescence ou encore les colères de la mère. ● Ce tome est ainsi plus centré sur l'adolescence de Riad et sur sa famille française, notamment ses grands-parents maternels – la grand-mère et son compagnon et le grand-père. ● Les questions géopolitiques, qui émaillaient les autres albums, ne sont évoquées que lorsqu'il s'agit d'exercer des pressions pour obtenir le retour de Fadi. ● Au collège, Riad ne fait pas partie de ce qu'il appelle « les dominants », les beaux jeunes gens sportifs, souvent issus de familles aisées, et surtout qui attirent les filles. Pourtant, il a une ébauche de relation avec Anaïck, qu'il ne trouve pas si belle que ça et, grâce à ses talents de dessinateur, arrive à approcher un peu le haut de la hiérarchie adolescente. Mais la plupart du temps, il est avec de bons élèves « moches », comme lui (croit-il), qui ont peur de « rester puceaux à vie ». ● Ne se caractérisant ni par sa force ni par son courage, il fait tout pour éviter les voyous qui tournent autour du collège ou de chez lui, dont des Arabes, lui-même ne se considérant pas vraiment comme tel, ou du moins ayant une double identité dont il ne révèle volontiers que la bretonne, sauf quand il s'agit de s'identifier au personnage de Lovecraft, l'« Arabe dément » Abdul Al-Azred, qu'un ami lui fait découvrir. ● C'est aussi le temps de la découverte d'auteurs de bd comme Bilal, Druillet ou Moebius. Riad est conscient de ses capacités en dessin, même s'il trouve que d'autres dans sa classe dessinent encore mieux que lui. ● Sa mère, qui semblait athée dans les autres albums, redécouvre la foi catholique dans l'espoir qu'elle pourra l'aider à retrouver son fils Fadi. Elle se rend compte de son erreur initiale et s'en veut de s'être laissée séduire par le père de Riad, d'être allé au rendez-vous avec lui à la place de sa copine de fac, comme on le voit dans le tome 1 : « Pourquoi mais pourquoi je suis allée au rendez-vous à la place de ma copine ? Elle, en 30 secondes elle avait compris que ce type était un problème à fuir… Moi ça m'a pris 20 ans » (page 22) ● L'album fonctionne sur le même mode que les précédents, c'est-à-dire que tout est vu par les yeux du jeune Riad. L'humour, discret, est omniprésent, mais aussi la tendresse pour le jeune qu'il fut, pour sa famille, même pour son père malgré ce qu'il a fait. ● Certaines critiques disent qu'il ne se passe rien dans cet album, qu'il est un peu bâclé par rapport aux autres ; je n'ai pas trouvé. Il n'y a pas un seul temps mort et j'y ai retrouvé ce qui m'avait plu dans les tomes précédents.
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Quel plaisir de retrouver notre petit Riad ! Une période dramatique et triste pour l'auteur puisque son père a kidnappé son petit frère et l'a emmené en Syrie. Heureusement, on y trouve sa première amourette et son autodérision sur son physique et bien sûr son fabuleux papy. Spectateur naïf dans les tomes précédents, ici il commence à affirmer ses positions. Que ça va être long d'attendre le dénouement final !
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J'attendais de découvrir ce cinquième tome avec impatience (heureusement que mon amie, celle qui m'a fait découvrir non seulement les quatre premiers mais aussi, de manière générale Riad Sattouf, se l'était acheté...donc, en somme il ne fallait plus que je lui demande car en gros, ce dernier n'attendait que moi et maintenant, je suis bien avancée [léger goût d'amertume et d'impatience mélangé dans la gorge] en sachant que ces chroniques sont loin d'être terminées et qu'il va falloir que je prenne mon mal en patience avant de pouvoir découvrir le tome 6 voire plus...) mais bon, disons que j'ai déjà fait un pas en avant ici avec cette découverte du cinquième tome (toujours voir le côté positif).

Ici, nous continuons à suivre la jeunesse de Riad, alors que celui-ci s'apprête à rentrer au lycée, qu'il a son premier coup de coeur pour une fille et qu'il ne fait toujours pas partie des mecs les plus populaires du collège. Mais bon, disons que, grâce à un heureux concours de circonstance (notamment son talent pour le dessin), ces derniers le tolèrent (c'est déjà ça) mais en plus lui parlent comme à l'un des leurs. Bien que traînant toujours avec ses anciens copains, Riad commence à s'intégrer de plus en plus (comme quoi, le dessin, ça aide parfois et ceux qui vous diront que les arts plastiques ne sont pas une matière comme les autres car trop facile et pas assez intellectuelle n'y comprennent vraiment rien) mais ce qui m'a le plus bouleversé (comme tant d'autres d'entre vous je suppose) et qui est le fil conducteur de cette histoire est l'enlèvement du plus jeune de la fratrie Sattou, Fadi, par son père. En effet, ce dernier a décidé de l'emmener avec lui en Syrie (rappelez-vous les premiers tomes ou Riad a lui-même vécu là-bas) afin d'en faire un bon musulman. Cela aurait pu se passer différemment mais là , en l'occurrence, le fait que la mère des trois jeunes garçons, d'origine bretonne, ne soit pas du tout au courant et se retrouve arraché à l'un de ses fils contre sa volonté, ne sachant pas dans quelles conditions il vit est un supplice atroce, autant pour cette dernière, que pour ses parents à elle (divorcés mais en bon termes) et le lecteur lui-même ! Aussi, la grand-mère maternelle de notre jeune protagoniste (ici, je parle de Riad bien sûr) va-t-elle réussir à convaincre sa fille de faire appel à Danielle Mitterrand alors que son mari est alors président de la République à cette époque-là ! Après tout, qui ne tente rien n'a rien ! Appel sera également lancé à l'émission télévisée "Perdus de vue", qui, bien qu'eux aussi touchés par cette histoire, ne pourront pas prendre le risque d'intervenir en Syrie, pays jugé trop dangereux à cette époque ! Comment faire ? Attendre ? Se rendre directement en Syrie afin de récupérer Fadi ? Alors que toute la famille est aux abois, Riad a néanmoins d'autres préoccupations en tête et notamment celle-ci : comment séduire celle qui fait chavirer son coeur à savoir la belle Anaïck (enfin, comme il le dit lui-même, pas super belle non plus mais en tout cas, elle l'est pour lui) ? Ah, mystères de l'adolescence, quand tu nous tient...mais je crois que le sujet de l'amour est tout simplement intemporel et qu'il traverse tus les âges de toute façon !

Un cinquième tome vraiment très prenant, à la hauteur (et je dirais même plus en raison du sujet très sensible abordé ici) avec un graphisme et une mise en couleurs (bleu pâle et rouge) propre à l'artiste et qui ne fait que rendre cette histoire encore plus angoissante par moments mais aussi tendre et émouvante (heureusement) à d'autres ! Bref, j'adore ! Une lecture que je ne peux que vous recommander et si vous n'avez pas encore eu l'occasion de découvrir l'univers de Riad Sattouf, mon conseil : faîtes-le sans hésiter !
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Le tome précédant se terminait sur un coup de théâtre, j'avoue que j'étais impatiente de lire la suite.
Car la pression a augmenté d'un cran : le père de Riad est parti en Syrie en emmenant Fadi, le petit frère.
On va suivre les inquiétudes de la maman, qui ne sait plus comment faire pour convaincre son futur ex mari de lui rendre leur fils. Les grands-parents ne vont pas être en reste comme ressource, car des idées, ils vont en avoir.
Entre temps, Riad grandi et devient un adolescent comme tant d'autres. Avec un physique en pleine mutation, une nouvelle coupe, une voix qui n'a pas encore muée et qui prête aux moqueries, l'adolescent qu'est devenu Riad commence aussi à se démarquer par son talent dans les dessins.
Un épisode très riche, et j'avoue que je suis très pressée de lire la suite car après tout, on a tous hâte de savoir ce qu'il va advenir de Fadi.

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Cette fois encore, bluffée par cette aptitude qu'a Riad Sattouf à se dépouiller de sa vision d'adulte éclairé pour retrouver, avec un naturel confondant, sa psychologie d'enfant à la perception naïve, et non moins anxieuse, des évènements.

Ah ! Riad, Riad... Ado chétif, complexé, introverti, perpétuellement le cul entre deux chaises, se définissant lui-même comme Syro-Breton, et ne sachant trop qui il est ni ce qu'il veut vraiment. Manquant cruellement de confiance en lui, incapable de s'affirmer, il change de goûts et de centres d'intérêt selon les influences du moment. Ses modèles : les cadors du collège, ceux qui sont beaux, musclés, bien coiffés, bien sapés, et dont toutes les filles sont dingues.
Alors, quand à toutes ses préoccupations aussi superficielles les considérons nous, mais ô combien obsédantes pour Riad, se greffe l'enlèvement de son plus jeune frère par son père et leur départ en Syrie, c'est la panique dans sa petite tête.
Il voudrait tant pouvoir faire... mais faire quoi, au juste ? Il ne sait pas.
Il voudrait tant être... mais être qui, en fait ? Il ne le sait pas plus.

Et, c'est dans cette approche et dans un style qui n'appartient qu'à lui que réside le génie de Riad Sattouf : nous relater une situation tragique par la voix d'un enfant, l'enfant qu'il était lui-même. Sans jugement, sans décryptage politique ni analyse sociétale. Juste la tempête dans un crâne d'enfant ; l'enfant qu'il était.
Quant à ses graphismes, ils sont à la fois épurés et si figuratifs que l'on a aucun effort à faire pour ressentir les ambiances et les personnages.

Un seul petit bémol à cette BD : elle n'a pas de fin. Ou disons plutôt qu'elle se termine en points de suspension avec un "à suivre". Et qu'il nous faudra donc attendre la parution du tome 6 pour savoir comment s'est terminée cette triste affaire.
Et, moi, les histoires qui ne se terminent pas et où je vais devoir poireauter des mois pour en connaître la fin, ça m'énerve.
D'autant que, dans ce tome 5, Riad Sattouf s'est beaucoup étendu sur sa vie et ses déboires de collégien, avec des situations assez répétitives, il faut bien le dire. Et que, s'il avait été un chouïa plus bref sur ce point, il aurait eu la place pour développer et achever son sujet principal.
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