Voilà qui me réconcilie avec
Riad Sattouf, dont je n'aime pas les Pascal Brutal. Là, il réalise un travail utile et intéressant, un reportage sur la jeunesse dorée de notre pays. Point de vue inhabituel, c'est certain. Et ce n'est pas tant sur les adultes, que la critique est acerbe, après tout, ils ressemblent à presque tous les profs de France, mais sur les enfants. L'auteur n'y va pas de main morte, et il croque tous leurs travers. Pour montrer, surtout, que ces établissements de qualité ne sont pas exempts de tous les ennuis que connaissent les collèges moins bien dotés. Racket, souffre-douleurs, phénomènes de mode, histoires d'amour, rien de neuf. Par contre, Sattouf pointe aussi des spécificités assez dérangeantes, et je pense notamment à une sexualité exacerbée pour des enfants de cet âge. Des 3e, j'en ai connus, des bisounours, des difficiles, et pourtant je n'ai jamais vu un tel ancrage sur le cul. Chez les mecs, principalement, mais aussi chez les filles, puisque Sattouf les montre avec le string bien souvent haut au dessus du pantalon. Des choses qu'on voit à peine dans les ZEP, avec attouchements, et surtout, banalisation. Rien ni personne ne vient sanctionner les garçons qui abusent des filles. Ca m'interpelle et m'intrigue. Faut-il y voir une caution de la société patriarcale, où l'Homme est maître des choses, et où donc ces actes deviendraient peu importants? L'auteur interroge, c'est indéniable. Bon, sinon, le rapport à l'argent est bien sûr infâme, surtout quand les gamins racontent qu'ils ne sont pas si riches, puisque les riches, eux, vont dans le privé. Quand on est de gauche, on est pris d'envies révolutionnaires, à cette lecture.
Retour au collège se base sur un trait assez instinctif de la part de Sattouf, on sent des croquis pris sur le vif, des idées jetées pendant la quinzaine passée avec eux, et ensuite remises en ordre. On ne l'attend donc pas sur sa maîtrise graphique, sur cet album, mais plutôt sur la spontanéité.
J'ai vraiment apprécié ma lecture. Comme je l'ai dit, c'est un point de vue inhabituel, qui permet aussi de relativiser ce que certains veulent mettre en avant comme des symboles. Il n'y a pas plus d'humanité dans ces établissements haut-de-gamme, que dans les ZEP. Et l'inhumanité, elle, toujours présente, ne fait que se manifester différemment. C'est marrant, un homme politique que j'apprécie vient récemment de dire que l'Ecole de la République était bonne pour les gosses de cité, comme pour les fils de riches. Cet album en est l'illustration. Enfin, l'illustration qu'il faut redonner la priorité à l'éducation, dans notre pays.
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