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Critique de ange77


"Il y a des secrets qu'il vaut mieux laisser enfouis,(...) des portes qu'il vaut mieux laisser fermées..."

Hantise (que j'aurai plus volontiers vu sous le titre Emprise), est mon deuxième roman de l'écrivain américain John Saul.

"... les paroles prononcées par Rubis, résonnèrent dans son esprit :
《Vous êtes un Devereaux, et vous resterez à Sea Oaks...》
Malgré la chaleur lourde de l'après-midi, un frisson le parcourut."


En quelques mots ;
Une famille sacrifiée sur l'autel de la folie dévastatrice d'une vieille harpie autoritaire et tyrannique sans scrupule.
Jusqu'où va mener l'aliénation contagieuse de cette femme sectaire et rongée par une haine épidermique ? Car même une fois décédée, la fielleuse Helena Devereaux continuera a maintenir une prépotence despotique sur ses proches. C'est d'une main de fer qu'elle a toujours régné sur l'île de Sea Oaks et ses habitants, et elle escompte bien qu'il en soit toujours ainsi...
"Elle ne possède pas uniquement cette île, songeait Anne (...). Elle possède Marguerite, et elle vient de reconquérir Kevin. Et elle veut possèder également mes propres enfants."
D'après moi, le titre original "The Unloved" (1988) en dit long et siérait même d'avantage ici au terrible drame familial engendré par le venin perfide de cette abomination livrée avec talent par son auteur.
"Elle n'a pas l'intention de nous laisser partir. Jamais."


Mon avis :
À l'instar des "Chroniques de Blackstone", Saul se joue ici aussi de son lecteur, en imprégnant à son récit un sentiment de fantastique dès le départ, grâce aux légendes de fantômes hantant le cimetière les nuits où rôde la mort elle-même...

"Le fantôme de sa grand-mère était revenu..."

Le romancier décrira magistralement, entre autres, une île en proie aux vents violents pendant une terrible tempête, nous faisant ressentir embruns et gifles de la mer en furie, se déchaînant sur des décors sauvages et abruptes, avec une telle ferveur qu'on s'y croirait.

"Entre ces arbres séculaires croissaient tant bien que mal quelques pins et des magnolias éclatant de blancheur. Mais c'étaient les branches énormes des chênes qui captivaient le regard de l'adolescente ; elles semblaient protéger la maison d'un danger indéfini.
- Mais... c'est un manoir ! souffla-t-elle."

L'ambiance particulièrement pesante, étouffante et même malsaine, devrait rapidement accrocher le lecteur malgré, je le concède, quelques petites longueurs superflues au début de l'histoire.

"Même pendant son agonie, il voulait s'écarter d'elle, échapper à son influence. (...) Il n'avait pu lui échapper quand il était enfant, et il ne pouvait lui échapper à présent."

Les personnages assez typiques, presque caricaturaux, n'en sont pas moins intéressants et attachants, chacun servant l'intrigue efficacement et trouvant naturellement la place qui lui est dévolue au fil du récit.

"- Mais pourquoi, Mrs. Devereaux ? s'enquit Anne d'une voix faible. Que s'est-il passé ici ? Pourquoi gardez-vous cette pièce fermée ?
- Pour empêcher des gens comme vous d'y entrer ! hurla la vieille femme (...). Comment osez-vous pénétrer ici ?"

Le machiavélisme et la perversité dont use John Saul m'a une fois encore prise à la gorge, et scotchée par tant de réalisme et de cohésion, à un point tel qu'il m'a été vraiment difficile de lâcher le morceau et ce, même s'il on comprend très vite où il veut en venir. Son imagination est juste terrifiante.
On lui pardonnera les quelques clichés servis avec parfois trop de facilité, tant les mises en scène sont extrêmement convaincantes, et les protagonistes n'y sont pas totalement étranger. Comment rester indifférent au sort de cette famille dont chaque membre souffrira de l'aura prégnante de cette grand-mère acariâtre, aura encore décuplée après sa mort...?

"Et tous ces problèmes découlaient du testament diabolique d'une vieille femme aigrie. Helena était la cause de tous leurs ennuis."

On tremblera, moins de peur ou de panique que de réelle frayeur psychologique, primale, et c'est là toute la quintessence de ce roman classé 'terreur'.
John Saul a le don de nous maintenir en haleine alors même que l'on se doute du dénouement, et c'est justement là tout le paradoxe qui force mon respect envers cet écrivain que je découvre un peu plus, avec un entrain renouvelé.


Avant sa carrière d'auteur de thriller à succès, il a publié une dizaine de livres sous divers pseudonymes et exercé différents emplois pendant une quinzaine d'années.
Saul a d'abord écrit plusieurs romans d'horreur pour se tourner ensuite vers le thriller policier. Genre que j'affectionne aussi. C'est donc sans hésiter que je signerais pour une nouvelle lecture bouleversante, voire traumatisante, avec l'un de ses autres romans (une petite trentaine à son actif^^) dès que l'occasion se présentera ;-)
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