Ce roman démarre sur les chapeaux de roue, après le prologue habituel de John Saul en début de la plupart de ses livres. Et là, c'est encore une fois une plongée directe dans l'action.
Un gamin joue dans la chambre de ses parents, et se cache dans un placard en les entendant arriver. le couple fait l'amour, ne se doutant de rien... et c'est là que leur fille entre à son tour et les assassine à coups de hache sans raison apparente.
30 ans après ces événements, Peter Balsam, prêtre en devenir, est invité par l'un de ses vieux amis, Monseigneur Peter Vernon, à enseigner dans un lycée à Washington. Mais notre jeune aspirant remarque que son vieil ami est devenu rigoriste et intolérant, et fait partie d'un groupe, la Société de St Pierre Martyr, rejoignant les idées de saints plus inquisiteurs que bienfaisants.
Mais voilà, le jeune Peter n'est pas encore prêtre et il s'éprend d'une femme divorcée, à la grande consternation de la population majoritairement catholique pour ne pas dire coincée, de la petite ville.
Il poursuit néanmoins son enseignement, jusqu'à ce que l'un de ses étudiants se suicide... ce qui entraîne d'autres tentatives parmi les élèves, phénomène plutôt alarmant, dont les parents, les autres enseignants et autres blâment le jeune professeur.
Acculé, Peter rejoint la société de son ami; mais soupçonne qu'il se passe des choses bizarres lors de ces réunions dont il n'a plus aucun souvenir une fois sorti de la pièce, et, incité par sa petite amie, il emporte un magnétophone dont l'écoute de la bande est plus qu'édifiante.
Le jeune homme se met alors à enquêter sur les suicides des jeunes filles ainsi que sur ladite société, persuadé qu'il y a un lien entre les deux. Il sombre dans la déprime et se dresse contre son ancien ami qui devient un ennemi acharné. C'est alors qu'on apprend beaucoup de choses grâce à l'enquête de Peter, que je ne relaterai pas, bien entendu.
Peter Saul aborde là un sujet qui ne lui est pas vraiment habituel, puisque dans la lutte du bien contre le mal, ce sont ceux censés faire le bien qui apportent le mal. Il met le doigt sur la corruption de l'église et le fait de manière magistrale encore une fois et c'est comme s'il avait anticipé la déviance sexuelle qui fait l'actualité depuis quelques années. Ce sujet, tout comme le suicide des ado, n'était jamais abordé, ni dans les livres, ni dans l'actualité. On peut dire que
John Saul était un précurseur.
Je ne dirais pas que
le châtiment des pêcheurs est un chef d'oeuvre, parce que plusieurs de nos questions resteront sans réponses, et des points d'ombre demeurent, mais il reste un ouvrage remarquable, qu'on ne peut lâcher qu'après la dernière ligne lue.
Je le dis et je le répète,
John Saul est un très grand auteur.